L'édito de Jérome Béglé : «Transformer un accord électoral en accord de gouvernement lorsque l'on est d'accord sur rien»

  • il y a 3 mois
Dans son édito du 16/07/2024, Jérome Bégle revient sur les désaccords à gauche sur la proposition d'un nom pour Matignon.

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00:00L'édito politique avec vous, Jérôme Béglé.
00:02Neuf jours après être arrivé en tête des législatives,
00:05le nouveau Front populaire ne parvient toujours pas
00:07à se mettre d'accord sur le nom d'un futur Premier ministre.
00:10Mais que se passe-t-il vraiment à gauche, Jérôme ?
00:12Il se passe que transformer un accord électoral
00:14en accord de gouvernement n'est vraiment pas une tâche facile.
00:17Surtout quand vous n'êtes d'accord sur rien ou sur presque rien.
00:19Les socialistes sortis vainqueurs des Européennes
00:21voulaient rééquilibrer cette alliance en leur faveur.
00:24Les Insoumis ont donc dû en rabattre,
00:26mais au final, les amis de Jean-Luc Mélenchon
00:28restent inextrémistes, la première formation politique de l'ensemble.
00:32Mais leurs positions sur la fiscalité à outrance,
00:34sur la Palestine, sur l'Europe ou sur les entreprises
00:37ne sont pas partagées, c'est le moins qu'on puisse dire, par leurs alliés.
00:40Or, selon l'article 21 de notre Constitution, je cite,
00:43le Premier ministre dirige l'action du gouvernement.
00:46Et ce gouvernement, je cite encore,
00:48détermine et conduit la politique de la nation.
00:51Il faut donc un minimum de consensus entre LFI,
00:53le Parti communiste, Europe Écologie-Les Verts
00:56et le Parti socialiste.
00:57Et on en est vraiment très, très loin.
00:59À peine le nom du guet de vélo était-il sorti du chapeau,
01:02qu'il a été retoqué par les socialistes,
01:03avec le soutien tacite, avouons-le, des écologistes.
01:06Pour donner le change, les leaders du Nouveau Front populaire
01:09réclament Urbit et Orbi, à qui Emmanuel Macron nomme l'un des leurs.
01:13Mais le cœur n'y est pas tant il mesure l'océan
01:16qui les sépare les uns des autres.
01:19Une fois n'est pas coutume,
01:20c'est Sandrine Rousseau qui a fait la preuve d'une plus grande clairvoyance.
01:23Je la cite,
01:24on met beaucoup trop de temps et on inquiète les Français
01:26en n'étant pas capables de trouver un candidat.
01:28CQFD.
01:29Alors, que peut faire le Nouveau Front populaire pour reprendre la main ?
01:32Pas grand-chose.
01:33Son score au législatif fut une vraie surprise, c'est vrai.
01:37Pour transformer l'essai, il lui aurait fallu être capable
01:39de former en quelques jours un gouvernement
01:41et montrer que l'ensemble de ses partis
01:43étaient prêts à gouverner, à prendre le pouvoir, en tout cas.
01:45Raté.
01:46Ils sont en train de prouver exactement le contraire.
01:49Leur divergence idéologique, leur impréparation,
01:52la haine qui les anime,
01:54les disqualifie chaque jour un peu plus.
01:56Hier, LFI a refusé une candidature extérieure,
01:59issue de la société civile, pour le poste du Premier ministre,
02:02avant finalement de suspendre les négociations
02:04avec le reste de l'Alliance pour trouver ce fameux mouton à Saint-Pattes.
02:08Ce blocage permet à Emmanuel Macron d'entretenir un mince,
02:10très mince espoir,
02:12celui de rendre possible son improbable coalition
02:14entre la droite, ses troupes et une partie de la gauche.
02:18Ce scénario trouvera un début de crédibilité ou pas, d'ailleurs,
02:21à partir de ce jeudi,
02:22jour de la rentrée des classes à l'Assemblée nationale.
02:24C'est le Nouveau Front populaire qui continue encore sa cacophonie.
02:28À ce stade, tout est possible,
02:30même s'il serait hasardeux de parler de victoire pour qui que ce soit.
02:33En revanche, je connais déjà le nom des perdants.
02:35Ils s'appellent la démocratie,
02:37le suffrage universel,
02:39l'alternance et la pacification des esprits.
02:41C'est lourd.

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