• il y a 4 mois
Depuis le 30 juin dernier, la réglementation européenne des stablecoins est en place. Si deux émetteurs seront bientôt en conformité, pas sûr que les nouveaux entrants y arrivent facilement. Et pour preuve, certains ont déjà suspendu leurs activités ! On fait le point avec Faustine Fleuret, la présidente et directrice générale de l’Adan.

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Transcription
00:00L'actualité des cryptos, aujourd'hui c'est avec Faustine Fleuret. Bonjour Faustine.
00:09Bonjour Delphine. Je rappelle que vous êtes la présidente directrice générale de l'ADAN
00:12et vous allez nous parler de ce règlement européen MICA Markets in Crypto Assets,
00:19donc un règlement qui s'intéresse au marché des cryptos actifs qui est entré en vigueur
00:24et vous vouliez nous montrer quels en étaient les impacts.
00:28Tout à fait parce qu'une partie du règlement vient d'entrer en application il y a quelques jours,
00:33c'est-à-dire que depuis le 30 juin dernier, ceux qui vont émettre des stable coins,
00:38donc une certaine typologie de crypto actifs qui eux ne sont pas volatiles
00:41mais au contraire gardent une valeur stable dans le temps,
00:44ces émetteurs-là sont déjà sous le joug de la réglementation européenne.
00:47Donc c'est relativement tôt puisque MICA a été adopté il y a tout juste un an
00:51et qu'on le rappelle l'écosystème des cryptos actifs à tout au plus 15 ans si on reprend Bitcoin, 2008-2009.
00:57Donc une réglementation qui s'est mise en place très rapidement pour les émetteurs de stable coins,
01:01ce qui veut dire qu'aujourd'hui pour être en capacité de s'adresser au public européen,
01:05il faut être en conformité avec MICA
01:07et aujourd'hui on a donc Circle et Société Générale Forge qui ont annoncé l'être déjà
01:13mais on a en fait beaucoup d'autres acteurs qui doivent encore se mettre en conformité.
01:17Et ça c'est la première partie de MICA parce qu'à la fin de l'année, au 30 décembre,
01:20c'est le reste des acteurs de marché, les plateformes, ceux qui conservent des cryptos actifs
01:24qui vont devoir appliquer le reste de MICA parce que c'est la fin de l'entrée en application au 30 juin pour ces acteurs-là.
01:30Et donc pendant cet été, ça ne sera pas de tout repos, à la rentrée jusqu'en décembre,
01:35les entreprises françaises et européennes se préparent et se mettent en conformité.
01:39Et alors quoi ? On n'est pas sûr que tous les acteurs aient réussi justement à être en conformité avec ce règlement ?
01:44Alors c'est une réglementation lourde pour les stable coins en particulier
01:48parce qu'elle est très calquée sur les exigences que l'on retrouve dans la directive monnaie électronique
01:53ou dans la réglementation pour les services de paiement.
01:55Donc des réglementations qui ont été faites pour des acteurs traditionnels
01:59mais qui avaient déjà eu le temps de maturer, de se structurer.
02:01Ce n'est pas forcément le cas de l'ensemble de l'industrie des cryptos.
02:05On le rappelle pour Trois Quarts qui sont des très petites entreprises.
02:09Et pour les plateformes qui doivent se mettre en conformité d'ici la fin de l'année,
02:15c'est aussi un gros travail avec beaucoup de coûts, beaucoup de ressources à allouer.
02:19Et de la même façon, on a des jeunes structures pour qui l'exercice va être plus difficile.
02:24En même temps, si on a un nouvel entrant, on se crée tout de suite dans les bonnes conditions,
02:29en adéquation avec le règlement.
02:32Mais c'est la progressivité qui manque.
02:34C'est-à-dire qu'aujourd'hui, un acteur qui va se lancer,
02:38qui va présenter beaucoup moins de risques qu'une très grosse entreprise, une très grosse banque,
02:43elle va avoir un impact beaucoup plus important, elle va présenter plus de risques.
02:47Un petit acteur aujourd'hui qui veut émettre ou qui veut proposer des services sur cryptoactifs,
02:52il va présenter un risque moindre, il va avoir une base de clients moindre.
02:57Donc on peut s'attendre à ce que les règles s'ajustent pour ces acteurs.
03:00Oui, ça semblerait cohérent, oui.
03:01Voilà, tout à fait. Et puis pour les accompagner, pour qu'ils grandissent.
03:04Et en même temps qu'effectivement, il y ait les conditions de confiance pour que l'adoption se fasse.
03:10Donc la réglementation est un de ces éléments de confiance.
03:13Mais le fait qu'il manque de progressivité et de proportionnalité
03:16fait qu'on a crainte que des acteurs qui se lancent aujourd'hui ne puissent pas.
03:21Et que l'on n'ait finalement que des acteurs déjà établis
03:24et en plus des acteurs de la banque et de la finance traditionnelle
03:27qui soient en capacité de se conformer à ces exigences.
03:31Et vous avez déjà vu certains acteurs abandonner ce marché face à la difficulté ou au coût ?
03:37Alors déjà en France, il y a quelques années, puisque la France a une réglementation depuis 2019
03:42et qui était déjà importante.
03:45Quoique la France avait fait le choix justement d'une montée en puissance progressive
03:49avec une partie obligatoire et une partie optionnelle.
03:52Pour que les acteurs en fait priorisent et se mettent en conformité au fur et à mesure.
03:56Mais malgré cela, c'est vrai que l'écosystème étant jeune, il y en a qui n'avaient déjà pas réussi.
04:01Et effectivement avec cette marge très importante que met la réglementation européenne,
04:06la crainte c'est que les plus jeunes qui ne soient pas suffisamment bien accompagnés
04:10ou parce que les délais d'autorisation sont très longs,
04:13ils ne sont pas en capacité d'attendre pour pouvoir proposer leurs services,
04:17gagner de l'argent et rentabiliser tout cela et notamment l'investissement dans la mise en conformité.
04:23Bon, on espère que ce sera entendu jusqu'à la Commission européenne,
04:27puisque c'est à ce niveau-là aujourd'hui que ça se joue.
04:30Merci beaucoup Faustine Fleuret, présidente directrice générale de l'ADAN.
04:33Merci d'avoir été avec nous pour décrypter ce monde des cryptos pendant toute cette saison,
04:37cette saison qui s'achève et donc je vous souhaite à tous, chers téléspectateurs, un très très bel été.

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