L'invité de RTL Midi du 16 juillet 2024

  • il y a 2 mois
Regardez L'invité de RTL Midi avec Vincent Parizot du 16 juillet 2024.

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00:00RTL midi avec Vincent Parizeau, le suspect de l'attaque au couteau de la
00:04gare de l'Est hier soir avait déjà été impliqué dans le meurtre d'un jeune homme
00:09de 22 ans en 2018, il s'appelait Andy Brigitte, il avait été poignardé lui
00:15aussi également à Paris, à l'époque l'assaillant avait été reconnu
00:20irresponsable pénalement et la mère de la victime s'est exprimée, vous l'avez
00:25sans doute entendu ce matin sur RTL et ne comprend pas pourquoi cet homme
00:29n'est pas resté en hôpital psychiatrique, écoutez
00:32J'ai la haine contre ce monsieur, parce que ça fait 6 ans qu'il a tué mon fils, ça fait 6 ans que j'essaie de faire le deuil de mon fils
00:39et aujourd'hui je repars à zéro, c'est pas normal que ça se reproduise, quelqu'un comme ça on ne le remet pas dans la nature
00:46Il y a une grande faille dans la justice française, il y a une grande faille
00:51Il y a une grande faille dans la justice française, c'est pas normal que ça se reproduise et qu'il se retrouve dans la nature
00:57Voilà pour ce témoignage recueilli par Arthur Pereira
01:00et je vous rappelle ce que l'on vous disait dès midi, à savoir que l'agresseur a de nouveau été interné en psychiatrie ce matin
01:05Invité d'RTL Midi, Roland Coutenceau, bonjour
01:09Bonjour
01:10Expert psychiatre, psychocriminologue, président de la Ligue Française de Santé Mentale
01:15A l'époque, vous aviez examiné Christian Urgando et confirmé à l'audience en 2020 la nécessité de son hospitalisation psychiatrique sous contrainte
01:23Vous vous souvenez de lui ?
01:25Bien sûr et donc ce que je veux dire à vos auditeurs et à tous les français
01:29c'est qu'au fond les experts psychiatres sont très rigoureux pour proposer l'abolition du discernement
01:35qui finalement est validé par les magistrats à la chambre d'instruction
01:39Mais dans cette affaire, il avait été vu par les collègues très compétents de l'infirmerie de la préfecture de police de Paris
01:46puis nos collègues de l'unité pour malades difficiles
01:49puis par un expert d'une UHSA, peu importe, et deux experts nationaux
01:54Tous les experts concluaient à une maladie mentale avec le délire ayant sous-tendu le passage à l'acte
02:02la proposition de l'abolition du discernement
02:04ça c'est le premier élément à bien expliquer
02:08Oui mais alors évidemment on s'interroge et on se demande pourquoi cet homme se retrouve en 2024 dans la rue avec un couteau et attaque un soldat
02:16ça veut dire que depuis, des médecins psychiatres ont estimé qu'il n'était plus dangereux ?
02:22Là aussi, regardez, soyons très clairs pour expliquer les choses
02:25quand quelqu'un bénéficie de l'irresponsabilité pénale
02:29il est orienté d'abord vers un hôpital psychiatrique
02:32ici parce qu'il avait des signes inquiétants aussi sur le plan criminologique, pas simplement psychiatrique
02:39il a été d'abord dans une unité pour malades difficiles
02:41mais évidemment les hospitalisations ont un temps
02:45parfois quand le patient est stabilisé, on le met dans un hôpital psychiatrique plus classique
02:51et enfin surtout, pour expliquer à nos auditeurs
02:54pour sortir de l'hôpital psychiatrique
02:57il doit bénéficier de deux expertises d'experts qui ne se concertent pas
03:02qui font chacun une expertise séparée
03:04et qui va conclure qu'il peut sortir
03:08et il faut que ce soit validé par le préfet
03:10et donc le préfet, ça arrive dans certains cas
03:13ne va pas aller dans le sens même des deux psychiatres qui ont ouvert le jeu
03:17vers la prise en charge en dehors de l'hôpital psychiatrique
03:21et là encore, on a quelque chose qui s'appelle le programme de soins
03:24qui est au fond un contrat
03:26si le sujet ne vient pas régulièrement, par exemple, faire sa piqûre d'un neuroleptique retard
03:31on peut le réhospitaliser
03:32voilà un petit peu comment ça se passe habituellement
03:35mais ça veut dire que pour la sortie de l'hôpital psychiatrique
03:37seuls les médecins et le préfet qui finit par donner son feu vert ont droit à la parole
03:43la justice n'a plus rien à dire à ce moment-là ?
03:47à ce moment-là, effectivement, je crois que la procédure, l'autorité forte
03:52comme pour valider l'irresponsabilité pénale
03:56c'est les juges de la chambre d'instruction
03:58ici, vous avez certes deux psychiatres
04:00mais qui ne sont pas tout puissants
04:01j'ai vu dans certaines affaires délicates
04:04où il y avait un trouble de l'ordre public
04:06du point de vue du préfet
04:08dans l'affaire où le sujet avait bénéficié de l'irresponsabilité pénale
04:11le préfet a bloqué
04:12mais le dispositif pour s'extraire
04:16pour que tout le monde comprenne bien l'hôpital psychiatrique
04:18c'est deux expertises séparées par deux experts différents
04:21qui vont dans le même sens
04:22stabilisation, possibilité de sortir
04:25avec un programme de soins structuré en dehors de l'hôpital psychiatrique
04:28mais validé par le préfet
04:31voilà la procédure pour pouvoir sortir de l'hôpital psychiatrique dans ces situations
04:36il n'y a pas, par exemple, de durée minimale en hôpital psychiatrique
04:42cette sortie, si elle est approuvée par deux médecins et validée par le préfet
04:46elle peut se faire assez rapidement ?
04:49Non, en l'état de législation
04:52effectivement, mais la société peut toujours intervenir
04:55en ce qui me concerne
04:56je pense que le point
04:58où on pourrait peut-être améliorer les choses
05:00c'est ce qu'on appelle le programme de soins
05:02quand in fine, au bout d'un certain nombre d'années
05:04le sujet sort de l'hôpital psychiatrique
05:06il ne sort pas comme ça dans la nature en circulant librement
05:10il y a un programme de soins qui est très rigoureux
05:12qui est un espèce de contraint
05:14je le dis en termes populaires
05:15tu prends ton traitement ou tu es réhospitalisé
05:17et peut-être ces programmes de soins
05:20vous savez qu'il y a dans notre société des gens qui sont pour la liberté du sujet
05:24même des malades mentaux
05:25et donc là peut-être on pourrait proposer des programmes de soins plus longs
05:30voire des programmes de soins à durée indéterminée
05:33ça me semble être comment on peut améliorer dans les sociétés démocratiques
05:36la situation actuelle qui existe dans tous les pays démocratiques
05:38un peu du même ordre
05:39il y a donc des améliorations possibles
05:41c'est ce qu'on retient de votre intervention
05:42merci Roland Coutenceau
05:44expert psychiatre, président de la Ligue Française de Santé Mentale
05:48une courte pause et on fait une pizza