• il y a 5 mois
Le réchauffement climatique est une des manifestations les plus évidentes d’un changement dans les conditions de vie sur terre. Parmi toutes les causes avancées, celle du prix Nobel de chimie 1995 Paul Crutzen, publiée en 2002 dans la revue Nature a connu un succès fulgurant. En avançant l’idée d’une nouvelle ère géologique qu’il baptise « Anthropocène », il désigne l’ère où l’homme devient lui-même une force géologique qui, par son action, bouleverse les forces naturelles qui jusqu’ici régissaient l’évolution du système terrestre. [...]

Category

🗞
News
Transcription
00:00Le réchauffement climatique est une des manifestations les plus évidentes d'un changement
00:13dans les conditions de vie sur Terre.
00:15Parmi toutes les causes avancées, celle du prix Nobel de chimie 1995, Paul Krudzen,
00:22publié en 2002 dans la revue Nature, a connu un succès fulgurant.
00:27En avançant l'idée d'une nouvelle ère géologique qu'il baptise Anthropocène,
00:32il désigne l'ère où l'homme devient lui-même une force géologique qui, par
00:36son action, bouleverse les forces naturelles qui jusqu'ici régissaient l'évolution
00:42du système terrestre.
00:43Mais définir une ère géologique ne peut se faire que sur des critères objectifs acceptés
00:49par la communauté scientifique des géologues.
00:52C'est pourquoi la reconnaissance de l'anthropocène a fait l'objet d'un examen formel depuis
00:57plus de 15 ans à partir d'un dossier établi par la sous-commission du Quaternaire, la
01:02SQS, instance de la Commission stratigraphique internationale dépendant de l'Union internationale
01:09des sciences géologiques.
01:10Le verdict rendu par la SQS et approuvé aux divers échelons de l'Union a été de refuser
01:17de définir la nouvelle ère que serait l'anthropocène.
01:20Le rôle du groupe de travail sur l'anthropocène qui avait préparé le dossier était de proposer
01:26une date, 1952 avait été suggéré, et une validation stratigraphique s'appuyant sur
01:32les traces laissées dans les sédiments, les roches ou les glaces, d'une différenciation
01:37nette entre l'holocène et une nouvelle ère baptisée anthropocène.
01:41Ce groupe de travail avait conclu que les marqueurs de cette transformation géologique
01:47de la Terre étaient suffisamment nombreux pour justifier ce changement d'ère, mais
01:52finalement sans être suivi par la majorité de la SQS.
01:55La décision de la SQS est contestée au sein même de la communauté des géologues sur
02:02la base de divers arguments qu'on peut qualifier de techniques.
02:05Ceux qui refusent la nouvelle nomenclature avancent notamment la distinction nécessaire
02:11entre le temps long de la géologie et le temps court du calendrier humain, argant qu'il
02:16est encore trop tôt pour juger de l'avènement d'une ère nouvelle, même si des signes
02:20visibles de transformation sont réels, présence de plutonium ou de plastique dans les sédiments,
02:26émissions importantes de carbone, perte de biodiversité.
02:29Il ne serait pas suffisant pour indiquer une rupture nette.
02:32Peut-on dès aujourd'hui dire qu'à partir de 1952 commence une période appelée à durer
02:39aussi longtemps que l'holocène, démarrée il y a 11 700 ans ?
02:43Naomi Oreske, coautrice du best-seller Les marchands de doutes avec Eric Conway, se déclare
02:51déçue de la décision de la SQS, au motif que ce refus laisse entendre qu'elle ne veut
02:56pas reconnaître l'évidence d'un changement reconnu par tous.
02:59Toutefois, la question posée par l'anthropocène me semble moins relevée de critères techniques
03:06que seuls les géologues sont à même de trancher, que dans le nom choisi pour cette
03:10nouvelle ère.
03:12Car si l'homme, en tant qu'espèce, prend le pas sur la nature, il l'a toujours fait
03:16dès la domestication du feu, et même avant.
03:19Ce qui serait nouveau et spécifique à l'anthropocène serait surtout le fait que l'échelle de
03:25ces changements est telle qu'elle menace la possibilité de la vie terrestre telle
03:29que nous la connaissons.
03:30Et repérer du plutonium et des plastiques dans des sédiments peut difficilement être
03:35attribué à l'espèce humaine avant la révolution industrielle, quand ni le plutonium
03:40ni les plastiques n'étaient connus.
03:41Or, qualifier cette ère d'anthropocène, c'est attribuer à l'homme, en tant qu'espèce,
03:47la responsabilité de ce changement.
03:49Mais si l'homme est par nature conduit à détruire son environnement, il n'y a pas
03:54lieu de lui en faire porter une quelconque responsabilité.
03:56Ce qui rend la lutte contre le réchauffement climatique bien difficile.
04:00L'homme est alors comme le scorpion qui pique la grenouille qui l'aide à traverser
04:05la rivière, signant ainsi sa propre fin au grand étonnement de cette dernière.

Recommandations