Présidence de l'Assemblée nationale: l'interview de Bruno Retailleau, président de LR au Sénat

  • il y a 3 mois
Bruno Retailleau, sénateur LR de Vendée et président du groupe LR au Sénat, était l'invité de BFMTV à la veille de l'élection du président de l'Assemblée nationale.

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Transcription
00:00Bonsoir Bruno Retailleau, merci beaucoup de nous avoir rejoint, sénateur de Vendée, président du groupe Les Républicains au Sénat.
00:06Pour rebondir sur ce que nous dit Amandine, on a demandé aux Français quel gouvernement pour la France ?
00:11Aucun des scénarios ne fait consensus, mais il y a quand même une idée qui séduit plus que les autres, c'est celle d'une coalition large.
00:19La gauche, or LFI, Ensemble et LR. C'est ce qui rassemble le plus.
00:26Est-ce que vous, vous seriez prêt à travailler avec certains à gauche, avec certains socialistes ?
00:32On a déjà indiqué ce que nous pensions de cette grande coalition, qui serait finalement le grand en même temps.
00:38Le en même temps, je considère que ce n'est pas la solution, c'est plutôt le problème. Pourquoi je le dis ?
00:42Ce n'est pas parce que nous ne voulons pas travailler avec telle ou telle, mais quand on parle de social-démocratie en France, de quoi parle-t-on ?
00:50Bien entendu, je ne parle même pas de LFI, de l'extrême gauche, mais on parle de partis socialistes, écologistes, communistes,
00:59qui ont signé et qui ont tacté un pacte qui est sans doute un des plus archaïques avec le programme commun.
01:08Par exemple, sur l'islamisme, il faudrait abolir le texte séparatiste, qui était déjà un texte timide.
01:15Il faudrait abolir vis-à-vis notamment du terrorisme le texte sur la sécurité globale.
01:22Il faudrait plus d'immigration, puisqu'on crée un statut de réfugié climatique, on donne le droit de vote aux étrangers, etc.
01:31Donc une grande coalition, ça sert à quoi si on ne pense pas à la même chose ?
01:36Mais si vous n'allez pas vers la gauche ensemble et les Républicains, ça ne fait pas de majorité absolue ?
01:41Nous avons proposé. J'entends ce qui est normal. Ensemble, il n'y a pas seulement Laurent Wauquiez, il y a deux groupes.
01:49On pèse 133 plus 45 députés et 133 sénateurs. On est finalement, en termes de parlementaires, le premier groupe.
01:58Et le travail sur le pacte législatif, c'est un travail qu'on a commencé, Laurent Wauquiez et moi, jeudi dernier.
02:06Les députés se sont réunis et je réunis mes sénateurs demain matin. C'est une coproduction totale, complète.
02:13D'ailleurs, pas mal de ces propositions de loi ont été forgées au Sénat.
02:19Donc notre idée, parce qu'on ne veut pas le blocage de la France, c'est une main tendue, on dit on ne va pas participer à un gouvernement,
02:25participer à une coalition qui s'étendrait de la droite jusqu'à la gauche, au centre, parce que ça ne marche pas.
02:32Par contre, on met sur la table des projets pour faire avancer la France. On ne veut pas que la France soit bloquée.
02:38Vous avez 25 mesures ?
02:40Non, ce pacte, on va en faire la synthèse, on le présentera en début de semaine prochaine.
02:46Les choses vont un peu vite, c'est normal, mais ce sera un pacte travaillé sur un certain nombre de priorités,
02:53en entendant le message des Français. Parce qu'il y a eu un deuxième tour, mais il y a eu un premier tour.
02:59Les Français, au second tour, ils ont éliminé. Mais au premier tour, ils ont choisi, ils ont fait un acte positif.
03:05Ils veulent des frontières, moins d'immigration, plus de sécurité, que le travail paye, moins d'assistanat.
03:11Eh bien, nous répondrons à ce que souhaitent les Français et sur des textes qui pourraient, je pense, avoir un très large assentiment dans le pays.
03:19Je vous propose d'écouter Marine Le Pen, elle a été l'invitée de BFM TV ce matin.
03:25Aucun des groupes ou des partis politiques qui sont actuellement dans une forme de majorité diffuse ne porte les idées du Rassemblement national.
03:38Aucun n'a le courage ni n'a l'envie de régler les problèmes qui sont ceux des Français.
03:42Sauf les Républicains qui parlent comme vous, disiez-vous, il y a quelques instants.
03:45Oui, sur un certain nombre de sujets, c'est vrai. Mais moi, je l'admets, sur un certain nombre de sujets, ils parlent comme nous.
03:52Ils devraient passer le même cap que Kéric Chioti, si je comprends ou si j'analyse le sourire que vous avez en coin, je l'écris pour ceux qui nous écoutent.
03:59Ils parlent comme nous.
04:00Mais ils ont passé un accord avec la Macronie dès le premier tour.
04:04Les Républicains parlent comme nous sur certains sujets. Vous lui répondez quoi, Marine Le Pen ?
04:09Je ne vois pas très bien parce que le propre de ce parti, ce n'est pas seulement d'être un parti attrape-tout, mais c'est d'être un parti girouette.
04:18Sur tous les sujets, sur chaque sujet, ils se sont contredits. Ils ont changé d'avis.
04:24Moi, j'étais un des rédacteurs du texte sur l'immigration, qu'ils ont fini par voter.
04:29Mais au Sénat, les sénateurs Rassemblement national avait voté contre en commission mixte paritaire.
04:35Vous savez où il y a sept députés, sept sénateurs. J'en faisais partie.
04:39J'avais en face de moi un député Rassemblement national qui s'opposait à nos mesures.
04:44Et ensuite, ils ont voté sur le nucléaire, même chose, sur la sécurité nucléaire.
04:49C'est fondamental pour le pouvoir d'achat des Français, pour la compétitivité de nos entreprises, de relancer la filière.
04:54Il y avait un texte sur la sécurité. En un mois, quatre votes différents, quatre votes différents.
05:00Donc c'est, je crois, outre ce qu'on n'a pas suffisamment dit, le fameux front républicain.
05:07Ce qui les a desservis, c'est que finalement, les Français ont considéré qu'il y avait beaucoup d'à-peu-près.
05:13Et qu'on ne peut pas confier le gouvernement de la France à des gens qui ne sont pas prêts.
05:17Et je pense que ces changements de pied expliquent pour partie, pour partie, la contre-performance du second tour.
05:23Guillaume Dabat.
05:24On voit bien aujourd'hui que le Rassemblement national n'a pas la possibilité de gouverner.
05:28En revanche, la question se pose de savoir qui du nouveau Front populaire ou d'une majorité alternative
05:34pourrait assurer la conduite des affaires du pays au gouvernement ou en soutien au gouvernement.
05:39Chronologiquement, il y a deux étapes.
05:41Il y a demain l'élection du président de l'Assemblée.
05:43Et ensuite, il y aura la recherche d'une majorité pour soutenir un gouvernement.
05:48On voit bien, quand on fait l'arithmétique, que le seul moyen d'empêcher qu'André Chassaigne,
05:53puisqu'il a été désigné par la gauche, soit élu président de l'Assemblée nationale,
05:56c'est que toutes les voix de l'ancienne majorité et des députés républicains s'additionnent pour élire un candidat.
06:03Est-ce que vous êtes prêts à faire en sorte qu'au troisième tour, éventuellement,
06:07une fois que chaque partie, chaque formation sera comptée,
06:10l'ancienne majorité et la droite se mettent d'accord pour soutenir un candidat commun,
06:16qu'il soit issu des Républicains, si c'est Annie Gennevard qui fait un bon score,
06:21ça serait une très bonne idée, Annie Gennevard.
06:22Ou Yael Brown-Pivet, si au premier tour, au second tour, elle fait davantage de voix qu'Annie Gennevard.
06:27Il y a deux choses très différentes que je veux expliquer.
06:30Autant nous ne sommes pas pour la participation dans un gouvernement,
06:33dans cette grande coalition dont nous parlions il y a quelques instants,
06:36l'organisation de l'Assemblée nationale, c'est différent.
06:38Alors moi, je suis sénateur, donc je fais très attention, évidemment, à ce que je dis.
06:42Mais moi, je pense que la France n'a jamais été autant à droite.
06:46Tout le monde le reconnaît.
06:47Ce serait quand même paradoxal que demain, le président au perchoir
06:51soit un président issu du Nouveau Front Populaire.
06:55C'est une évidence et j'espère qu'il y aura une répartition équitable, proportionnelle,
07:00en tout cas des postes, bien sûr.
07:02Mais sur la présidence même ?
07:03Mais sur la présidence, en tout cas, je pense que ça ne me choquerait pas du tout
07:07si, bien entendu, on faisait obstacle au Front Populaire, pour les raisons d'ailleurs que j'ai dites.
07:13Ils ont quand même co-signé avec LFI un programme qui est un programme stupéfiant.
07:19Et quelle va être la règle pour vous ?
07:21C'est que de tous les candidats alternatifs à la gauche,
07:23c'est celui qui sera le mieux placé au premier ou au second tour,
07:26qui devra porter les couleurs de tout le monde au troisième ?
07:28Très franchement, alors là, vous entrez dans un calcul.
07:33Moi, je ne veux pas y rentrer.
07:35Encore une fois, je suis sénateur.
07:37Donc très franchement, je n'insiste pas aux tractations.
07:39Je n'insiste pas, d'ailleurs, je ne pense pas qu'il y ait de tractations.
07:42Mais pour avoir présidé un département, pour avoir présidé une région,
07:46on voit bien que quand il s'agit d'installer une assemblée,
07:49ce qui est important, c'est qu'il y a un équilibre démocratique entre nous.
07:53Ceux, et notamment à nouveau la gauche, qui veulent exclure, par exemple,
07:59plus de 11 millions de voix en privant, par exemple,
08:03le RN d'une représentation à l'Assemblée Nationale,
08:07ce n'est pas admissible.
08:10Donc vous pensez que le RN doit avoir accès à des postes à responsabilité à l'Assemblée ?
08:17Mais bien sûr, mais bien sûr.
08:19C'est un problème de démocratie.
08:21Il n'y a pas des électeurs de seconde zone.
08:24Il n'y a pas des députés de seconde zone.
08:26Les insoumis aussi.
08:28Mais quand on est dans ce cadre-là, évidemment,
08:30et je ne les porte pas dans mon cœur, bien sûr,
08:34mais quand il s'agit d'une assemblée, de sa représentativité,
08:38en plus, il y a un règlement.
08:40Il y a un règlement qui est la loi de l'Assemblée Nationale.
08:42Que dit ce règlement ?
08:43Il y a des règles de proportionnalité où on attribue des points
08:46en fonction du caster, de la vice-présidence, de la présidence,
08:50et en fonction de la représentativité.
08:52Mais très franchement, il y a quand même une régression démocratique dans notre pays.
08:57Qu'on en soit arrivé là, parce qu'on voit bien la gauche,
09:01ils veulent prolonger le front républicain parce que ça les avantage d'abord.
09:05Ce n'est pas pour la morale qu'ils font ça.
09:07C'est pour des calculs politiciens.
09:09Il faut quand même le dire.
09:10Et quand ils se sont acoquinés avec LFI,
09:14LFI, c'est quoi ?
09:15C'est l'antisionisme déguisé, derrière le masque à peine convenable d'ailleurs,
09:20de l'antisémitisme.
09:21Ensuite, c'est le recours à la violence, une fascination pour la violence.
09:26On va voir Sainte-Seline.
09:27Ce n'est pas très loin de chez moi.
09:29C'est ça.
09:30C'est M. Boyard qui est élu et qui bloque les universités.
09:33C'est M. Guiraud qui, là encore, touille des relents d'antisionisme et d'antisémitisme.
09:40M. Benoît Biteau, Sainte-Seline et autres.
09:43Amandine.
09:44Si demain, Yael Brune-Pivet l'emporte à l'Assemblée nationale et est élue présidente,
09:49est-ce que, pour vous, ça donne un point à Emmanuel Macron,
09:53au sens où son camp pourrait se poser en force centrale
09:58qui voudrait fédérer et construire cette fameuse coalition
10:02dont vous ne voulez pas aujourd'hui ?
10:03Je ne sais pas si c'est elle qui va l'emporter.
10:06Ce n'est pas la personne que je juge.
10:08Simplement, faisons attention.
10:10Je parle de démocratie, de régression démocratique et de déni démocratique.
10:15Mais je me demande quelle est l'image qu'on va donner
10:18si, après une élection qui a été le grand chamboule-tout,
10:22si les électeurs voient revenir les mêmes au même poste.
10:25Je me pose cette question.
10:26Ça ne concerne absolument pas les qualités qu'a l'ancienne présidente de l'Assemblée nationale.
10:31Je crois qu'elle a bien présidé l'Assemblée nationale.
10:34Mais vous voyez ce que je veux dire.
10:35Donc faisons aussi attention au signal qui va être envoyé à travers cette élection.
10:41Et sur les perspectives d'avenir, et notamment sur la place que la droite peut jouer dans le paysage futur,
10:46on voit bien qu'il y a un peu deux visions.
10:47Il y a ceux qui, je pense à Xavier Bertrand notamment, qui dit
10:50qu'il faut un accord avec l'ancienne majorité, la coalition,
10:54qu'il confie le poste de Premier ministre à quelqu'un issu des Républicains.
10:58Et il y a une autre ligne, portée par Laurent Wauquiez ou portée par vous-même,
11:02qui dit qu'on est prêts, si on nous rejoint sur notre pacte législatif,
11:06à permettre le vote d'un certain nombre de lois, mais sans participer au gouvernement.
11:10Est-ce qu'il y a moyen de réconcilier ces deux positions ?
11:15Je vais m'expliquer pour développer le choix que nous avons fait.
11:20Nos candidats ont fait une campagne sur une ligne, l'autonomie et l'indépendance.
11:25Nous avons refusé d'énoncer ce qu'a fait Éric Ciotti.
11:30Mais on a dit non, on est sur une ligne d'indépendance, pas plus avec Emmanuel Macron.
11:35Ce serait paradoxal de participer au pouvoir.
11:38Je parlais de démocratie tout à l'heure.
11:40Soyons humbles, modestes.
11:42On a un groupe sur 577 députés qui fait à peine 10% de l'Assemblée nationale.
11:47Est-ce qu'on a cette force qui nous permet d'occuper le poste de Premier ministre ?
11:54Faisons attention.
11:55Je pense que je m'en tiens à la ligne que, devant les électeurs, on a essayé de tenir.
12:00Une ligne d'indépendance, première chose.
12:02Ensuite, l'arithmétique, c'est 220.
12:05Vous additionnez le groupe LR et les groupes incronistes, vous arrivez à un peu plus de 220, 230.
12:12C'est très loin de la majorité absolue qui est à 289.
12:16Et enfin, si vous faites cela, vous donnez le monopole de l'opposition.
12:22Notamment à Marine Le Pen.
12:24Merci Bruno Retailleau d'avoir été avec nous ce soir.

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