Un été de Résistance - Episode 12 - Livron, faire sauter un pont sous le nez des Allemands

  • il y a 3 mois
Dans la nuit du 16 au 17 août 1944, vingt résistants du commando Henri Faure font exploser une voûte du pont de Livron dans la Drôme pour ralentir l'armée allemande qui se retire par la vallée du Rhône. Une opération très périlleuse. Un sabotage réussi, sous le nez de l'ennemi.

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Transcription
00:00Un été de résistance, 80 ans après.
00:11Ivron, faire sauter un pont sous le nez des Allemands.
00:18En juillet 1944, entre le débarquement de Normandie et celui de Provence,
00:23la Résistance s'organise pour ralentir l'armée allemande dans son repli.
00:27Elle passera forcément par la Nationale 7.
00:29L'état-major dromois des FFI décide donc de faire sauter le pont de l'Ivron,
00:34qui enjambe la rivière Drôme,
00:36et il confie cette mission à Henri Fort, 34 ans, alias Gérard.
00:41Il est à la tête de la SAP,
00:42la section atterrissage et parachutage en Drôme-Ardèche,
00:46idéale pour réceptionner des explosifs.
00:49Une partie est cachée dans la ferme de Souliers à Alex,
00:52la ferme familiale de Claude Malval.
00:55Mon grand-père a donné tout de suite à l'ordre à mon oncle
00:57de cacher ces explosifs sous un hangar qui était tenant à la ferme,
01:03donc il les a enterrés.
01:05Et puis, quelques jours après, les Allemands sont passés,
01:09mais simplement, ils sont passés là
01:11pour essayer de récupérer dans des fermes de la nourriture.
01:15Donc ma grand-mère leur a fourni des œufs,
01:17et un des Allemands s'est assis sur les ballons de paille
01:21qui cachaient les explosifs dessous.
01:23Pour le point où ils ne le savaient pas, ça, c'était un anecdote,
01:26mais ils ont eu un moment de frisson quand même.
01:28Le jour J, 16 août 1944,
01:30Henri Fort réunit 20 de ses hommes,
01:33leur explique que la mission secrète jusqu'ici,
01:36et à 22h30, ils marchent vers le pont en longeant la voie ferrée.
01:40Un groupe se poste en protection au nord, un autre au sud,
01:44et quatre hommes montent sur le pont.
01:46Les Allemands sont là, ils ont un barraquement à deux pas,
01:49explique l'historien drômois Robert Serres,
01:52mais ils ne sont pas très attentifs.
01:54D'abord, ils avaient fermé les volets,
01:57parce qu'à l'époque, c'était interdit d'avoir de la lumière.
02:01Et puis, ma foi, c'était quand même un coin tranquille.
02:05Et donc, ils ne se préoccupaient pas tout le monde
02:10du boulot de surveillance dont ils étaient chargés,
02:13et ils chantaient.
02:15Pendant ce temps-là, les quatre hommes sur le pont
02:17creusent deux trous dans le tablier pour y insérer les explosifs,
02:22Maurice Brunet fait partie du commando.
02:24Ils ont travaillé avec des barramines,
02:26puis après, elles truaient les à la main
02:29pour dégager deux trous assez respectables
02:34pour mettre 160 kg de plastique.
02:36Les barramines sont entourées de chiffons pour amortir le bruit.
02:40Les coups sont espacés, raconte Henri Faure.
02:42À chaque fois, on s'arrête, on écoute, on regarde si rien ne bouge.
02:47Il y a des alertes, une voiture allemande qui vient au barraquement,
02:50un soldat qui sort uriner, les nerfs sont mis à rude épreuve.
02:55Les explosifs installés, les hommes se replient.
02:58Avec leur cigarette, Jean Maton et Henri Faure allument les mèches lentes,
03:02s'éloignent.
03:03L'explosion retentit, raconte Claude Malval,
03:06qui perpétue cette mémoire à Livron.
03:08Ils ont eu une pluie de pierre, une pluie de sable,
03:11et bien sûr, tout Livron a été réveillé, même l'Auriole,
03:14et on l'a entendu jusqu'à Alex, jusqu'à Graham.
03:18Ils sont allés coucher à Graham sans savoir trop ce qu'il s'est passé.
03:23Le lendemain matin, l'agent de liaison, Annette Courtial,
03:26va voir le pont et confirme.
03:28Une des trois arches du pont est détruite sur 27 mètres.
03:32Détail capital, argumente l'historien Robert Serre.
03:36Les Allemands, ils avaient des trucs pour réparer les ponts,
03:39mais c'est des traves qui mesuraient 25 mètres.
03:44C'est-à-dire que c'était trop court, alors ils ne pouvaient pas.
03:46Et ils n'ont jamais pu le réparer.
03:48Ce sont les Américains qui l'ont réparé après.
03:51La retraite de l'armée allemande est bien ralentie.
03:53Elle tente de faire passer des véhicules à guet dans la rivière Drôme,
03:56mais ils s'enlisent.
03:58Donc, il y a des unités qui ont été complètement désorganisées.
04:02Et puis, le matériel.
04:04Toutes ces photos d'épave dans le lit de la Drôme,
04:10sur la route nationale 7, c'est vraiment extraordinaire.
04:15Donc, tout ce matériel-là a également été perdu.
04:18Le sabotage du pont de l'Ivron est essentiel pour la bataille de Montélimar.
04:23Cette opération ciblée évite aussi un bombardement du pont par les Américains,
04:27des bombardements aériens approximatifs qui font d'énormes dégâts autour.
04:32À l'Ivron, seul l'objectif est atteint, il n'y a aucune victime.
04:36Mais les membres du commando, comme Raymond Bollac, ne jouent pas les héros.
04:40Je pense que ceux qui ont fait sauter le pont en connaissance de cause,
04:43comme le capitaine Ford, devaient avoir le sentiment d'avoir bien agi.
04:49Moi, j'étais en couverture, j'ai fait de la couverture.
04:53Mais je n'ai pas fait un acte glorieux du tout.
04:5650 ans plus tard, ce pont est rebaptisé pont du commando Henri Ford
05:00et une stèle commémorative a été érigée,
05:03bâtie avec les pierres de l'Arche détruite.
05:13Sous-titrage ST' 501

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