Un été de Résistance - Episode 14 - Dieulefit, un refuge jusqu'au bout

  • il y a 3 mois
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Dieulefit dans la Drôme offre un abri aux juifs, aux intellectuels, aux persécutés des régimes nazi et fasciste. A l'été 44, après le Débarquement de Normandie, avec la débâcle allemande qui se précise, la guerre se rapproche du village mais n'y entrera jamais. Des témoins de l'époque et Muriel Reid-Soubeyran, petite-fille de Marguerite Soubeyran, nous racontent ces deux mois de tensions puis de Libération.

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Transcription
00:00Un été de résistance, 80 ans après.
00:11Diolfi refuge jusqu'au bout.
00:17Pendant la Seconde Guerre mondiale, Diolfi offre un abri aux juifs,
00:21aux intellectuels, aux persécutés des régimes nazis et fascistes.
00:25Le village et ses alentours accueillent environ 1700 réfugiés.
00:29Les dénonciations se comptent sur les doigts d'une main.
00:31C'est ce qu'on appelle le miracle de Diolfi.
00:34Mais à l'été 1944, la guerre se rapproche.
00:37Le 6 juin, après le débarquement en Normandie, c'est l'euphorie à Diolfi.
00:41Les résistants reprennent la mairie et la poste,
00:43décrochent les portraits de Laval et Pétain.
00:46Un comité de libération se forme.
00:48Trotto raconte Muriel Reitz-Huberant, petite fille de Marguerite Huberant,
00:52figure majeure de la résistance diolfitoise.
00:55Les maquisards, les résistants qui étaient venus à visage découvert
00:59dans le village de Diolfi se rendent compte que c'est une grosse erreur.
01:02Chacun remonte dans ses maquis dans sa montagne
01:05et les habitants de Diolfi se retrouvent extrêmement inquiets
01:08parce qu'ils n'ont plus personne pour les défendre
01:10et ils ont peur des représailles de l'armée allemande.
01:13Surtout qu'il y a eu certains villages
01:17où il y a eu des répressions de ce genre
01:19parce qu'il y avait eu un petit peu le même genre de situation.
01:23À Cré, Saillans, Dix, Valréas, Bourdeaux, Sous,
01:27les Allemands mènent des expéditions punitives.
01:30La 9e compagnie des résistants à FTP se poste à Diolfi
01:33pour protéger le village.
01:35L'ennemi n'y entre pas.
01:36Alors, les Allemands ne rentrent pas à Diolfi
01:38puisque une semaine après le 6 juin,
01:41ils viennent avec deux camions, donc une quarantaine d'hommes,
01:44en direction de Diolfi
01:46et ils se rendent compte qu'au niveau du bridon
01:49ou là où la route se resserre, il y a des rochers de chaque côté.
01:53Il y a des groupes de résistants qui sont là
01:55et qui les accueillent avec des mitrailleuses,
01:58qui les canardent et ils sont très impressionnés en se disant
02:01« mais peut-être qu'il y a finalement une résistance
02:04qui est aussi forte que ce qu'il y a dans le Vercors »
02:07et ils se disent « on n'a pas les moyens avec deux camions
02:09de faire face à ça », ils ont repoussé chemin.
02:12Et ensuite, l'intention était quand même
02:15de préparer la bataille du Vercors.
02:17Des hôpitaux clandestins se créent à Diolfi
02:20pour soigner les blessés des alentours,
02:22même des soldats allemands.
02:24Une salle de l'école de Beauvalon devient lieu de soins,
02:27la maison d'un médecin également,
02:29un médecin qui habite rue Dubourg,
02:31en face de l'épicerie familiale de Josée,
02:3312 ans à l'époque.
02:35Quand on habitait en face de chez le docteur Préau,
02:37on lui amenait souvent des blessés
02:39et il venait quelquefois chercher mon père
02:41parce qu'il n'avait personne pour lui aider,
02:43ou le boucher d'à côté pour lui aider à les manipuler.
02:47L'ambiance est donc lourde à Diolfi pendant cet été 44.
02:51Pierre Bursteau a 13 ans.
02:52Ses parents tiennent la pension Jolilo,
02:54qui accueille une dizaine de réfugiés.
02:56Ma mère avait organisé un petit chariot
02:59avec dedans de la nourriture, des habits,
03:03pour qu'on puisse se sauver,
03:05en cas où les Allemands arrivent les premiers pour se sauver,
03:09d'aller jusqu'à Saint-Maurice, se sauver et se réfugier
03:12dans les grottes de Saint-Maurice.
03:13Mais c'était l'idée de ma mère.
03:15Ce n'est pas très réaliste, je pense,
03:18qui montre qu'on vivait dans l'attente de quelque chose.
03:25Des Diolfitois se préparent au pire et dorment aussi dehors.
03:28Alain Zalmanski a 5 ans.
03:30Il a quitté l'Est de la France envahi par les nazis.
03:33Il est réfugié à l'école de Beauvalon avec sa mère,
03:35embauché comme cuisinière.
03:37Par peur de bombardements,
03:39on nous emmène dormir à la Belle-Étoile,
03:42à quelques centaines de mètres de Beauvalon.
03:45Et là, je me souviens, j'ai la photo dans les yeux
03:49d'une myriade d'avions à double fuselage
03:53et qui est remontée vers le nord.
03:56Il identifie ce moment le 15 août, le débarquement de Provence.
04:00Quelques jours après, l'adolescent Pierre Bersteau
04:03est envoyé par sa maman voir ce qui se passe au centre de Diolfi,
04:06place Châteauras.
04:08Tout d'un coup, j'ai vu arriver cette fameuse Jeep
04:10avec des Américains, une Jeep.
04:13C'était quelque chose de fantastique.
04:14Les Américains s'installent quelques jours au domaine de Réjoubert
04:18et régalent les jeunes en distribuant chewing-gum et autres friandises.
04:22Des espèces de petites poudres un peu magiques qui ont été dans de l'eau
04:25et qui faisaient de l'eau sucrée comme de la limonade.
04:29La limonade, c'était des goûts d'avant, ça, de la paix.
04:33Et du golden syrup aussi, comme du miel.
04:36C'était très liquide, très sucré.
04:39On avait besoin de sucre.
04:41Le sucre, c'était ce qui nous paraissait le plus magique.
04:45Une note est retrouvée sur un espion.
04:47Un projet d'expédition punitive à Diolfi le 13 août.
04:51Mais les Nazis sont pris sur d'autres fronts.
04:53Diolfi est épargné jusqu'au bout.
05:10Sous-titrage ST' 501

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