Europe : Ursula Von der Leyen réélue grâce aux Verts ?

Sud Radio

Avec Jean Quatremer, journaliste à Libération, correspondant européen.  ---   Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   Nous suivre sur les réseaux sociaux  ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr  ☀️ Et pour plus de vidéo du Grand Matin Sud Radio : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDRJgbMndsvDtzg5_BXFM7X_   ##C_EST_DANS_LACTU_2-2024-07-19##

Transcript

00:00On a parlé des forces de l'ordre qui sont ciblées, y compris dans leur période de repos dans les hôtels

00:13où ils sont hébergés quand ils viennent renforcer la sécurité à Paris pour les Jeux Olympiques.

00:18On a parlé aussi de cette panne informatique.

00:20Et là, on va se poser maintenant une question avec un grand spécialiste de l'Europe,

00:25correspondant du journal Libération à Bruxelles et à Strasbourg, Jean Quatremer.

00:30Bonjour Jean Quatremer.

00:31Bonjour.

00:32Alors, merci d'être avec nous en ligne sur Sud Radio parce qu'on peut se demander

00:36si l'Europe ne menace pas de devenir une grosse administration contraignante,

00:43notamment pour les entreprises et pour le monde agricole.

00:46Et on pose cette question au lendemain de la réélection d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission par le Parlement européen.

00:53Elle a eu 401 voix sur les 720 députés européens, c'est-à-dire qu'elle a eu bien plus des 360 voix nécessaires pour être réélue.

01:01Donc assez confortablement, elle a passé un accord avec plusieurs groupes politiques,

01:05et notamment, c'est ça qui surprend, avec les écolos, les écologistes de tous les groupes français, allemands notamment,

01:12qui la soutiennent et qui la soutiennent pour renforcer ce qu'on appelle le pacte vert.

01:17Qu'est-ce qui explique cette réélection et est-ce que vous comprenez cette inquiétude de certains ?

01:22Alors c'est un peu plus compliqué que ça, comme il se voit en Europe.

01:26La majorité von der Leyen, c'est-à-dire celle qui gouverne l'Union européenne,

01:31elle part des conservateurs du Parti populaire européen, ce qu'on appelle le PPE,

01:37les libéraux de Rignoud, donc le parti du président de la République notamment,

01:44et enfin les socialistes européens, ça c'est la majorité.

01:50Et puis il y a eu l'EVER aussi.

01:52Alors l'EVER l'ont soutenue en partie, pas l'EVER français, parce que l'EVER français trouvait qu'elle n'allait pas assez loin,

01:57mais effectivement l'EVER lui a emporté leur voix parce qu'elle s'est engagée à ne pas démanteler le pacte vert, le Green Deal.

02:06Donc là, c'est la raison, si vous voulez, technique pour laquelle l'EVER l'ont soutenue.

02:13Surtout les trois, ces quatre familles politiques, encore une fois l'EVER,

02:16ne sont pas techniquement dans l'accord de grande coalition,

02:19un accord de grande coalition qu'on n'arrive pas à faire en France, je vous ferai remarquer.

02:23On se tape sur la gueule en France depuis maintenant 15 jours.

02:28L'Union européenne, elle, est gouvernée depuis l'origine par des accords de grande coalition à l'allemande,

02:34sans que ça pose d'énormes problèmes.

02:36Alors, il faut bien voir que, en l'occurrence, l'Union européenne a glissé, je dirais, davantage vers la droite et vers l'extrême droite.

02:46Alors, ça n'a pas été le raz-de-marée qui avait été annoncé, mais elle a quand même glissé.

02:50Et c'est parce que Bartholomew Lyon, elle est un peu au centre, si vous voulez, de l'échiquier politique.

02:56Elle est conservatrice, mais pas trop. Elle est verte, mais pas trop, etc.

03:01C'est cette habileté qui lui a permis de se faire réélire.

03:05Mais la question que je vous pose, Jean Quatremer, c'est que précisément, alors que vous nous dites qu'on avait l'impression que l'Europe,

03:11avec les élections européennes, avait glissé doucement, évidemment vers l'extrême droite d'abord, mais vers la droite,

03:16le paradoxe, c'est qu'elle est réélue notamment grâce à cet apport, même s'ils ne sont pas dans la coalition techniquement,

03:23des Verts qui ne veulent pas qu'on touche au Green Deal.

03:26Or, le Green Deal, ça a été tout l'enjeu du débat, notamment avec les agriculteurs européens, pas uniquement français,

03:31qui ont dit, mais enfin, ce sont des nouvelles contraintes qui rétrègnent votre capacité à produire.

03:36Il y a deux choses. Première chose, le Green Deal, de toute façon, franchement, vous et moi, on y a intérêt.

03:42Vous avez envie de mourir un petit peu, vous n'avez pas d'enfants, peut-être.

03:45Si vous n'avez pas d'enfants, effectivement, je comprends que vous vous en foutiez de ce qui va se passer dans quelques mois, dans quelques années.

03:51Non, mais ce n'est pas ça que disent les agriculteurs.

03:53Oui, mais attendez, je termine.

03:55Oui, mais attendez. Donc, simplement, on en a besoin. Il faut sauver aussi les sols, parce que les sols deviennent de plus en plus aproductifs.

04:03Et donc, il faut sauvegarder la biodiversité.

04:05Mais ça ne veut pas dire, effectivement, qu'il faut contraindre les agriculteurs.

04:09Vous savez, ceux qui ont le plus hurlé, d'ailleurs, c'était les grandes exploitations agricoles.

04:15C'est elles qui menaient la...

04:17Enfin, les grandes exploitations européennes, elles sont même plus petites, presque des nains, par rapport aux russes, aux ukrainiennes, aux brésiliennes, aux américaines.

04:25Sauf que nous, nous sommes exportateurs. Effectivement, nous sommes les premiers exportateurs mondiaux.

04:31Mais là, ce qui est intéressant, c'est d'écouter le discours qu'elle a fait juste avant, à 9h du matin, jeudi, hier,

04:38où elle dit, justement, que là, les agriculteurs vont être au centre de la mise en place pragmatique,

04:45le mot est super important dans la bouche d'un Allemand, la mise en place pragmatique du Green Deal.

04:50En clair, elle a fait la concession que tout le monde attendait, c'est-à-dire, les agriculteurs vont maintenant être au centre du Green Deal.

04:57On va parler avec eux. Et c'est vrai. Et là, vous avez raison, que pendant 5 ans, on n'a pas beaucoup parlé avec les agriculteurs.

05:03Mais pas seulement la Commission européenne ou l'Union européenne, parce que le Green Deal, c'est une volonté des États.

05:08Je veux dire que les États eux-mêmes n'ont pas parlé avec leurs agriculteurs. La France, l'Allemagne, l'Espagne, etc.

05:13C'est à eux de parler aux agriculteurs. Donc là, elle les a mis au centre.

05:16Il y a une autre petite inflexion qui est très intéressante dans son discours d'hier.

05:19C'est que par exemple, vous savez que les Allemands, ils ont une grosse industrie automobile.

05:22Et ils ne sont pas très chauds pour l'interdiction de la fabrication des voitures à moteur thermique en 2035.

05:28Et bien là, elle dit qu'elle va autoriser l'expérimentation et la production de cette décence synthétique qui ne produit pas de CO2.

05:37C'est-à-dire que là, elle nous annonce en réalité que le moteur thermique, si on trouve une solution alternative,

05:43ne disparaîtra plus.

05:45Eh oui, c'est une révolution, ça !

05:47Il y a plein de petites inflexions comme ça qui ont été faites et qui ont permis au PPE,

05:52c'est pour ça qu'il y a le PPE, la soutenue.

05:54Sinon, évidemment, les conservateurs ne l'auraient pas soutenue.

05:57Donc, il faut faire attention.

05:59Pour les Verts, encore une fois, ils la soutiennent parce qu'ils disent

06:02si on n'a pas Thunder Lion, on va avoir pire.

06:05Bah oui !

06:06Écoutez, j'ai été un peu loin dans ma façon de présenter les choses volontairement pour vous provoquer.

06:11C'était bien fait parce que c'était d'une grande clarté.

06:13Grâce à vous, on a compris les nuances et que ceux qui aujourd'hui s'inquiètent,

06:18agriculteurs et entrepreneurs, notamment de cette menace de nouvelles contraintes,

06:22peuvent peut-être se rassurer en fonction de...

06:24À mon avis, ils peuvent se rassurer.

06:25Oui, absolument.

06:26On peut comprendre qu'on s'inquiète.

06:28Encore une fois, je veux dire qu'il y a des contraintes qu'on nous a laissées sur le dos.

06:32Par exemple, l'UE, c'est la France, par exemple, l'isolation thermique des bâtiments.

06:38Ça va coûter un pont et on n'est même pas certain que ça ait un bénéfice pour le climat.

06:43Et à un moment, il va falloir se poser la question de savoir qui va payer ça.

06:47Est-il normal que vous qui gagnez monstrueusement bien votre vie, vous payez justement la même chose pour isoler...

06:52Vous qui, vous parlez de la chaîne d'entreprise d'un milliardaire, pas de moi, on est de vous !

06:57Vous payez le même prix pour isoler votre appartement qu'une famille qui est au SMIC.

07:03Non ! Évidemment que ça doit être l'impôt qui aide les gens à isoler leur appartement.

07:08C'est en aucun cas aux gens de prendre ça en charge.

07:10Donc il y a plein de questions qui vont être posées.

07:12Vous reviendrez bientôt Jean Quatremer sur Sud Radio nous éclairer.

07:15En tout cas, on suit ça très près parce que les auditeurs de Sud Radio,

07:19à Sud Radio, on suit l'Europe de près parce qu'on voit bien ce qu'elle peut nous rapporter

07:24mais aussi ce qu'elle peut nous coûter et ça passionne nos auditeurs.

07:27Merci Jean Quatremer d'avoir été avec nous en direct sur Sud Radio.

07:31On va retrouver nos débatteurs et mettez-vous d'accord dans quelques instants.

07:34Restez avec nous.

07:36Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense.

07:39Je vous remercie énormément au niveau de Sud Radio,

07:42de tout ce que vous faites pour donner la parole aux sales voix

07:45parce que sur nos médias nationaux, personne n'en parle.

07:48Sud Radio, parlons vrai.

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