Royaume-uni : qui sont ces manifestants anti-immigration ?

  • le mois dernier
Avec Stephen Clarke, journaliste britannique et auteur de “God save la France” et Maximilien Nagy, journaliste franco-britannique

---

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
☀️ Et pour plus de vidéo du Grand Matin Sud Radio : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDRJgbMndsvDtzg5_BXFM7X_

##LES_GRANDS_DEBATS_DU_MATIN-2024-08-05##

Category

🗞
News
Transcript
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Jean-Marie Bordry.
00:05Il est 9h13 sur Sud Radio, heure de la métropole française, en revanche du côté de Londres, il est 8h13.
00:11On parle de la situation en Grande-Bretagne avec ces manifestations qui dégénèrent en émeute.
00:16Un mot d'ordre, enough is enough, assez, c'est assez si je le traduis ainsi.
00:21Ce sont des manifestations qui dénoncent l'immigration, qui par moment s'en prennent d'ailleurs à des centres d'accueil de migrants,
00:26des manifestations qui deviennent des émeutes, les scènes sont très violentes,
00:30on a vu des hommes ou des policiers recevoir des briques sur la tête,
00:33on a vu des hommes noirs être poursuivis par moment par des groupes d'émeutiers, on va le dire comme ça,
00:39ils risquaient par moment un lynchage, des tensions communautaires qui du coup sont ravivées.
00:45Que se passe-t-il en Grande-Bretagne ? On en parle avec notre premier invité, Maximilien Nagui. Bonjour Nagui.
00:52Bonjour, je m'associe à André. Bienvenue à vous sur Sud Radio.
00:55Jean-Marie, on va y arriver, quoi qu'il en soit, bienvenue à vous Maximilien Nagui.
01:00Vous êtes journaliste franco-britannique et du coup nous sommes quittes sur la prononciation des noms.
01:05Alors Maximilien Nagui d'abord, d'où viennent ces manifestations un peu partout en Grande-Bretagne ?
01:10Est-ce qu'elles sont spontanées ou est-ce qu'elles sont organisées ?
01:13Très bonne question. L'origine des manifestations, on le rappelle, il s'agit d'une réaction de la part de groupes plus ou moins organisés via les réseaux sociaux.
01:24Qui sont ces groupes ? Ce sont des personnes relativement modestes dans les banlieues anglaises, des Blancs,
01:31ce ne sont pas des personnes d'origine immigrée qui manifestent.
01:35Ils profitent essentiellement d'un événement très particulier dont on a parlé chez Sud Radio déjà lundi dernier.
01:42L'assassinat de trois fillettes dans une école de danse par un jeune de 17 ans d'origine rwandaise
01:48dont les parents sont arrivés sur le territoire britannique au début des années 2000
01:54et qui a commis cet attentat affreux qui a horrifié le pays et qui a soulevé effectivement des hordes de jeunes et de moins jeunes d'ailleurs
02:05qui ont vraiment engendré une vraie réaction contre l'immigration en général, alimentée, il faut le dire,
02:15et on va en parler sans doute, par des fake news très importantes dès le départ via les réseaux sociaux.
02:21Justement, on a tout entendu.
02:23C'est très compliqué à suivre comme beaucoup de ces événements qui mobilisent des masses de personnes très excitées.
02:32Exactement. Alors on a beaucoup entendu de choses.
02:34D'abord, il y a eu quelques paradoxes aussi. Parfois, certaines mosquées ont été prises pour cibles.
02:38Il y a eu des mots d'ordre contre l'islam alors que ce qui s'est passé il y a une semaine avec le meurtre de ces fillettes
02:45et le fait d'un adolescent d'origine rwandaise.
02:48Donc on a entendu tout et n'importe quoi.
02:50Quelles sont ces fake news que vous pointez vous-même qui ont déclenché cette flambée de violence ?
02:55Alors la première, c'est que la personne, donc ce jeune Axel qui a perpétré cet attentat, était un migrant lui-même.
03:07Alors ce n'était pas exactement le cas puisque ce sont ses parents qui sont d'abord venus sur le territoire britannique.
03:13Et en fait, ça a suffi en grande partie pour déclencher la colère de personnes qui profitent bien sûr d'une situation,
03:23pour faire dégénérer une situation.
03:25Mais en parallèle, il faut le dire, c'est l'expression aussi d'une colère plus générale sur la question de la maîtrise de l'immigration au Royaume-Uni,
03:35qui est un sujet très difficile, dont on parle beaucoup.
03:38Les travaillistes parlent beaucoup, il faut quand même le préciser.
03:41Et sans doute qu'il y a moins de tabous sur le sujet, même si dans les faits, le problème est tout aussi difficile à gérer qu'il l'est de l'autre côté de la Manche en France.
03:52C'est paradoxal parce qu'il y a une toute petite dizaine d'années, les Britanniques avaient voté pour le Brexit.
03:57L'une des promesses des Brexiteurs, c'était de dire que l'immigration allait cesser.
04:01Aujourd'hui, on assiste à des émeutes anti-immigration.
04:04Concrètement, ça veut dire que le Brexit n'a rien arrangé ?
04:07Pas sur la question migratoire. La migration a explosé, en particulier d'origine asiatique.
04:12Le centre asiatique, Pakistan, Afghanistan, bien sûr la guerre, le retrait des troupes américaines d'Afghanistan n'a rien amélioré non plus.
04:22Depuis ces dix-vingt dernières années, les attaques au couteau, par exemple, qui sont, tout comme en France, la première source de crimes, de délits à main armée, ont elles-mêmes explosé.
04:43La criminalité à Londres a beaucoup augmenté, mais il n'y a pas qu'à Londres.
04:49Donc il y a, un peu comme en France, chez une partie de la population, une peur de l'immigration, un rejet de l'immigration, un fort sentiment d'insécurité,
05:01ce qui accouche de cette situation où on a des manifestations violentes.
05:05Oui, absolument. Dans des quartiers, bien sûr, qui sont dans l'ensemble plutôt défavorisés.
05:11On a vu beaucoup de noms de quartiers revenir.
05:14Middlesbrough, qui est sur la côte est du Royaume-Uni.
05:18Bolton, Rotherham, bien sûr, Southport, où l'attaque au couteau a eu lieu la semaine dernière.
05:26Des banlieues touchées par l'immigration dans l'ensemble.
05:30Et oui, il y a un sentiment aussi qu'une grande partie de la population n'est pas représentée par ses élites au Parlement.
05:37C'est aussi un problème qui est sérieux.
05:39D'ailleurs, le Parlement, je le précise en ce moment, est en recess, c'est-à-dire en vacances.
05:45Et il y a des appels, d'ailleurs, à ce que le Parlement soit rappelé par le Premier ministre Keir Starmer,
05:51tout comme il l'avait été par David Cameron lors des émeutes à Londres, au-delà, en 2011 d'ailleurs.
05:57On va voir si le Premier ministre le fait.
06:00Probablement qu'il le fera si la situation s'aggrave suffisamment.
06:03En tout cas, il a déjà annulé sa semaine de vacances du fait de ces événements.
06:08On verra, c'est certainement pas suffisant.
06:11Et le Parlement au Royaume-Uni a un rôle beaucoup plus central qu'ici.
06:15Il a une capacité à contrôler le travail du Premier ministre comme aucune autre institution en Europe, presque.
06:23Effectivement, et c'est vrai que la Grande-Bretagne est un modèle de séparation des pouvoirs.
06:30Tout de suite, on retrouve notre deuxième invité qui est avec nous.
06:32Restez avec nous, Maximilien Nagy.
06:34On est avec Stéphane Clark. Bonjour.
06:36Bonjour.
06:37Soyez le bienvenu sur Sud Radio également.
06:39Merci de nous avoir rejoints.
06:40Vous êtes journaliste britannique.
06:41Vous êtes auteur de ce livre, God Save la France.
06:44Merci beaucoup pour ce titre.
06:45C'est publié chez Pocket.
06:48Alors, on parlait de cette flambée de violence, de ces émeutes, de parfois aussi ces actes racistes,
06:54avec ces images qui font très peur, comme cet homme noir qui est poursuivi par plusieurs dizaines de manifestants
06:59qui veulent s'en prendre physiquement à lui.
07:01Donc, des scènes quand même qui font craindre par moments des lynchages.
07:04Est-ce que vous seriez attendu à voir ça en Grande-Bretagne un jour, Stéphane Clark ?
07:09Non, vraiment, on est complètement déboussolé par ça.
07:15Je veux dire, c'est les mêmes qui étaient les hooligans dans les années 70-80.
07:21À l'époque, on se demandait pourquoi le sport causait tellement de dégâts dans la population,
07:27pourquoi les gens devenaient tellement violents.
07:29Et là aussi, il y a une violence incroyable qui est déchaînée,
07:34visiblement manipulée par des gens sur des social media.
07:40Des réseaux sociaux.
07:42Oui, des réseaux sociaux qui donnent des fake news, comme quoi le terrible incident la semaine dernière
07:48où le meurtre des trois fillettes a été fait par un migrant,
07:54étant donné que c'était complètement faux.
07:56Et les gens s'attaquent aux mosquées.
07:59Du coup, des gens sortent, manifestent pour protéger leur communauté.
08:05Je veux dire, c'est un climat que personne ne comprend.
08:10Effectivement. Alors, on a des images d'un peu partout, d'un côté des manifestants,
08:14souvent pour le coup, blanc, qui crie pour certains d'entre eux,
08:18« Allah, Allah, who the fuck is Allah, qui est Allah ? » de manière injurieuse.
08:23De l'autre côté, on a des manifestants qui semblent, eux, dire « Dieu est grand » en arabe, pour le coup.
08:29Est-ce qu'on a un risque de flambée et de violence communautaire, Stéphane Clark ?
08:35On a des gens qui sortent pour s'attaquer à des migrants,
08:46et des gens qui sont là depuis trois générations.
08:49Ce ne sont pas des immigrés, ce sont des gens qui sont là depuis trois, quatre générations,
08:54qui sont venus dans les années 60 parce qu'on avait besoin de gens pour notre industrie.
09:00Je veux dire, oui, il y a une flambée de violence terrible.
09:04Pour moi, le plus tragique et bête là-dedans, c'est qu'on voit des gens manifester,
09:09s'attaquer à la police, en criant, soi-disant patriotes, avec des drapeaux autour des épaules.
09:14Et c'est les mêmes qui soutenaient notre équipe de foot il y a un mois,
09:18des joueurs de toutes les couleurs.
09:21Et en même temps, on voit nos athlètes de toutes les couleurs,
09:24avec le même drapeau sur les épaules, qui gagnent des médailles.
09:27Je veux dire, c'est tragique de voir le drapeau utilisé comme ça.
09:31On n'a pas vu ça depuis les années 60.
09:33Chez nous, il y avait des soi-disant patriotes qui s'attaquaient à la police comme ça.
09:39Avec des scènes surréalistes.
09:41Une qui a fait notamment beaucoup rire beaucoup d'internautes,
09:44un manifestant qui nargue la police britannique de manière arrogante et un peu agressive,
09:49et qui reçoit une première brique sur la tête, une deuxième sur les parties intimes.
09:53Ça rappelait une scène du film de Monty Python, La vie de Brian.
09:56On en reparlera avec vous, restez avec nous.
09:580826-300-300, ces émeutes xénophobes.
10:02Est-ce que vous craignez que ce phénomène se produise en France ?
10:04On vous donne la parole avec nos deux invités, on en parle dans un instant.
10:17Il est 9h24 sur Sud Radio, direction la Grande-Bretagne,
10:20avec une situation assez ubuesque des manifestations.
10:22D'abord parce que c'est quand même moins habituel en Grande-Bretagne qu'en France.
10:26Des manifestations qui en plus dégénèrent en émeute,
10:28avec des centres d'accueil de migrants pris pour cibles par des manifestants,
10:32parfois même des mosquées, des forces de l'ordre qui essayent de rétablir l'ordre.
10:35De l'autre côté, des communautés religieuses qui essayent de s'organiser
10:39et qui manifestent de manière aussi vindicative pour essayer de se défendre.
10:42Où va la Grande-Bretagne ? Que se passe-t-il ?
10:45On en parle avec nos deux invités qui sont avec nous,
10:48Maximilien Nagy, journaliste franco-britannique,
10:50et Stéphane Clark, journaliste britannique également,
10:53auteur de ce livre « God Save la France » publié chez Pocket.
10:56Maximilien Nagy, on parlait du débouché politique de tout ça.
11:00D'abord, est-ce que les manifestants ou les émeutiers, pour ceux qu'ils sont,
11:05se revendiquent d'un parti ou pas ?
11:08Non. C'est bien la difficulté, c'est qu'on a un désordre.
11:13C'est un grand désordre, en fait, à nouveau alimenté par les réseaux sociaux.
11:18Il y a une hystérie qui est très dure à contrôler.
11:21Alors, on a des manifestants, malgré tout,
11:24qui se revendiquaient au moins dans les débuts de l'English Defence League,
11:29qui est une sorte de groupe créé par un sort de petit polygane
11:36qui s'appelle Tommy Robinson, qui d'ailleurs est en vacances à Chypre
11:39et qui hargue ses foules depuis Chypre par les réseaux sociaux.
11:45Depuis ses vacances ?
11:46Depuis ses vacances, exactement.
11:48Mais enfin, il ne s'agit pas d'un mouvement très organisé.
11:52Ce ne sont pas des personnes qui font des sessions d'entraînement tous les jours
11:56pour savoir manier un couteau, etc.
11:59En revanche, ils sont entraînés pour des rixes, c'est certain,
12:03pas une rixe organisée avec des armes, bien sûr.
12:07Ils savent faire le coup de poing.
12:09Oui, absolument. Face à eux, et on l'a vu,
12:11il y a des dizaines de policiers qui ont été gravement blessés pour certains
12:14à la suite de ces manifestations.
12:17Et pendant ces manifestations, face à eux,
12:19des communautés qui s'opposent.
12:22Une communauté qu'on a vue sur les réseaux sociaux,
12:24la Muslim Defense League, qui danse plusieurs villes.
12:28Ce sont les musulmans qui s'associent pour défendre leur mosquée.
12:31La Muslim Defense League, le pendant à l'English Defense League.
12:36Qu'est-ce qui est très officiel là-dedans, c'est difficile à dire.
12:40Ensuite, des groupes d'Asiatiques qui, eux aussi,
12:43sont descendus dans des rues hier pour défendre leur propre communauté.
12:46Finalement, ce sont des rixes entre communautés,
12:49provoqués à l'origine par des hooligans violents
12:52et qui sèment le désordre dans tout le pays.
12:57C'est très difficile pour les hommes politiques de contrôler quoi que ce soit.
13:00Personne ne peut chercher pour l'instant à faire une vraie...
13:04d'une certaine manière, à tirer profit.
13:06Celui qui tente de le faire, c'est Nigel Farage,
13:09le fondateur et président du parti Reform UK,
13:13qui était le grand homme du Brexit en 2016,
13:17pour ceux qui ont suivi l'affaire.
13:20Mais enfin, pour l'instant...
13:21Qu'est-ce qu'il a lancé comme message, justement ?
13:25Il a lancé notamment le message qu'au fond,
13:28on ne pouvait pas justifier les violences en cours,
13:31mais qu'il fallait comprendre les causes.
13:33Le Rassemblement National a tenu des discours plutôt semblables
13:39dans un cas différent qui était les émeutes l'année dernière.
13:41Les causes, bien sûr, étant pour lui les migrations incontrôlées
13:44et le manque de policiers dans le pays, etc.
13:48Donc il a lancé un message clair envers le Premier ministre,
13:51Keir Starmer, Premier ministre travailliste, élu début juillet cette année.
13:55Triomphalement.
13:57Voilà, triomphalement, on le rappelle.
13:59Donc non, non, c'est très dur de tirer pour l'instant des conclusions claires.
14:02Il y a une forme de récupération de la part de Reform UK.
14:06Il profite de cette situation pour, bien sûr,
14:09revenir sur la question migratoire, encore une fois.
14:12Voilà, on est en train de suivre cette situation.
14:14On aura sans doute...
14:16Chaque jour est une nouvelle étape, véritablement,
14:19pour voir comment le gouvernement va arriver à tenir
14:22et à donner surtout les pouvoirs nécessaires à la police
14:25pour régler la situation.
14:27Justement, comment rétablir l'ordre ? Que faire ? Quel gage donner ?
14:30Stephen Clark, l'autre question qu'on pourrait vous poser,
14:33c'est que pense l'opinion publique britannique
14:37de ces manifestations et de ces émeutes ?
14:40Ce mouvement qui a commencé en manifestation,
14:43d'abord, est-ce qu'il est soutenu par la population ou pas ?
14:49Je ne suis pas sociologue, mais quand je vois,
14:52si je regarde la BBC, par exemple,
14:55les gens sont plutôt horrifiés parce que
14:58ce que l'on voit principalement,
15:01c'est les lignes de policiers qui sont attaquées avec...
15:04Vraiment, on lance des choses,
15:07des énormes blocs de béton dessus,
15:10on vient les narguer face à face,
15:13on n'en lance pas les lacrymogènes beaucoup en Angleterre,
15:16donc c'est des soldats avec un bouclier en plastique,
15:19on les voit recevoir des terribles coups,
15:22donc je pense que la plupart des gens sont horrifiés
15:25par la violence dans la rue,
15:28avec des jeunes hommes,
15:31où ils sont torse-nures,
15:34comme s'ils allaient à la plage ou à la piscine,
15:37et au lieu de faire ça,
15:40ils s'attaquent à la police,
15:43ou ils essaient d'attaquer un hôtel
15:46où ils soupçonnent qu'il y a des réfugiés dedans.
15:49Il y a une vraie chasse aux réfugiés, en ce moment,
15:52en Grande-Bretagne, par endroits ?
15:55Il y a des bandes de gens
15:58qui sont visiblement manipulés par les réseaux sociaux,
16:01on leur dit où se pointer,
16:04à quelle heure, plus ou moins.
16:07La police, d'ailleurs, a reçu des pouvoirs
16:10d'aller à la gare et d'arrêter des groupes de gens
16:13qui ont l'air un peu suspects,
16:16parce qu'il y a des messages sur Internet,
16:19aller dans telle et telle ville, tel jour, masquez-vous,
16:22et donc la police demande des pouvoirs exceptionnels
16:26d'empêcher ces gens de sortir de la gare
16:29et de les renvoyer chez eux.
16:32Ça veut dire qu'elle n'a pas le pouvoir aujourd'hui de le faire, c'est ça ?
16:35Oui, la police britannique n'a pas énormément de pouvoirs,
16:38d'ailleurs, elle demande aussi
16:41le pouvoir d'arrêter les gens
16:44et de les fouiller dans la rue de façon exceptionnelle,
16:47parce que normalement, il faut une bonne cause pour faire ça.
16:50Donc, oui, la police n'a pas énormément de pouvoirs,
16:53la police n'a pas énormément de moyens
16:56de lutter contre ce genre de phénomène,
16:59parce que les manifestations sont pour l'instant
17:02chez nous paisibles, sont tout à fait permis.
17:05C'est un peu moins...
17:08En France, les gens ont moins besoin
17:11d'annoncer où la manifestation va partir
17:14et tout ça, donc les manifestations sont légales
17:17et ça commence légalement.
17:21On peut se réunir dans la rue si on veut,
17:24mais là, ça dégénère très vite.
17:27Et c'est ce qui fait que la police est en tout cas en ce moment dépassée.
17:30Justement, vous faisiez la comparaison avec la France.
17:33Stéphane Clark, on va en parler avec notre auditeur
17:36qui nous appelle depuis Suren au 0826 300 300.
17:39Emmanuel, bonjour à vous, mon cher Emmanuel.
17:42Bonjour, merci beaucoup de m'accueillir.
17:45Bienvenue sur Sud Radio. Alors, on se pose cette question avec vous.
17:48Vous vous posez deux. D'abord la première, est-ce que ça vous surprend ?
17:51Et la deuxième, est-ce que vous craignez que ça arrive en France ?
17:54Alors, un, ça ne me surprend pas, parce qu'il faut bien savoir
17:57que ce qu'on appelle le crime impuni, c'est-à-dire les
18:00grooming gang de Rochdale ou d'Undershield
18:03qui, entre 2004 et 2023,
18:06ont réduit en esclavage sexuel
18:09des centaines de milliers de gamines anglaises.
18:12Les médias ne voulaient pas en entendre parler,
18:15les médias non plus, les services sociaux non plus.
18:18Finalement, Rishi Sunak, le dernier Premier ministre,
18:21a décidé de lancer une grande enquête.
18:24Rien que sur l'année 2024,
18:27400 suspects arrêtés.
18:30Il y avait, si vous voulez, alors, c'était des gamines.
18:33Il faut que je revienne sur un petit peu de contexte sur ce que vous dites,
18:36Emmanuel, si vous le permettez, parce que c'est important
18:39qu'on réexplique ce dont vous parlez.
18:42C'est quelque chose qui se serait passé du côté de Rotterdam.
18:45Alors, j'espère que je le prononce à peu près correctement,
18:48mais mon accent anglais n'est pas terrible.
18:51Ce sont des jeunes filles qui ont été réduites
18:54dans cette ville, qui auraient été réduites dans cette ville
18:57en esclavage sexuel. On parle de plusieurs dizaines de villes.
19:00Rotterdam, Rochdale, Undershield,
19:03ça a duré pendant 20 ans.
19:06Restez avec nous, Emmanuel, on va faire réagir nos invités à ça.
19:09Alors, qu'est-ce qui s'est passé dans cette ville et quel est le lien
19:12avec ce qui se passe en ce moment, Maximilien Nagy ?
19:15Alors,
19:18ce qui s'est passé dans cette ville dans les années 2000,
19:21je pense que vous l'avez bien rappelé déjà.
19:24Aujourd'hui, ce qui se passe en ce moment, c'est que vous avez éventuellement
19:27une colère liée à ces événements qui reviennent.
19:30Alors, j'ai rappelé ce qui s'est passé, mais quel est le rapport avec ces manifestations
19:33contre l'immigration, précisément ?
19:37En fait, je pense qu'il faut toujours remettre en contexte,
19:40c'est-à-dire qu'on parle ici
19:43d'un événement déclencheur qui est avant tout
19:46l'événement de lundi dernier.
19:49Et aujourd'hui, on a ces groupes hystéristes
19:52par les réseaux sociaux. Pardon de répéter ce qu'on a dit, mais je pense
19:55qu'il faut éviter de trop
19:58lier tous les événements, même s'ils ont
20:01bien sûr un passif qui marque certaines populations.
20:05Deux hôtels, on l'a dit, où on soupçonnait qu'il y avait des migrants,
20:08ont été attaqués, en l'occurrence avant-hier,
20:11à un autre dans la nuit d'hier à aujourd'hui.
20:17Je pense qu'on revient sur les mêmes sujets,
20:20c'est-à-dire qu'il y a des groupes
20:23très remontés contre l'arrivée massive
20:26ou, en tout cas, la présence
20:29de personnes d'origine étrangère dans leur pays, que ce soit de première,
20:32de deuxième, de troisième génération.
20:35Elles ne se sentent pas
20:38nécessairement écoutées, et en même temps,
20:41et je pense que Stephen Clarke l'a parfaitement souligné,
20:44elles sont manipulées sur les réseaux sociaux.
20:47C'est la grande difficulté pour l'État britannique
20:50et anglais aujourd'hui, mais comme ça l'a été en 2011
20:53et comme ça l'a été en France
20:56l'année dernière, c'est très dur de contrôler
20:59parce que les réseaux sociaux
21:02c'est un lieu de liberté d'expression. D'ailleurs,
21:05les Britanniques, contrairement à la France, n'ont pas du tout l'intention
21:08dans les situations présentes, en tout cas,
21:11de tenter de réglementer ou de réguler les réseaux sociaux
21:14parce qu'on voit que ce sont des résultats, en général, très sains.
21:17De toute façon, quand on veut se donner rendez-vous pour manifester, on trouve toujours un moyen de le faire.
21:20La preuve, il y a bien eu des manifestations par moments en Iran
21:23ou ailleurs, là où c'est beaucoup plus répressif.
21:26Stéphane Clark, notre auditeur, Emmanuel
21:29qu'on remercie, qui nous appelait de Suren, parlait de ces faits
21:32divers absolument abjects qui s'étaient produits à Rotterdam, dans d'autres villes
21:35en Rochdell, des pauvres gosses qui étaient réduits
21:38en esclavage sexuel, c'était épouvantable. Est-ce qu'il y a un sentiment
21:41répandu dans la population britannique qu'on a
21:44laissé faire trop de choses, que la justice a été trop laxiste ?
21:47Est-ce que c'est sur ça que ça débouche ?
21:50Non, je ne pense pas. D'ailleurs, on dit
21:53c'est un peu difficile à dire.
21:56Non, je pense que les faits divers comme ça, c'est vrai
21:59qu'il y a un groupe d'hommes, de criminels, qui ont été
22:02arrêtés, punis, mis en prison, mais c'était
22:05un groupe d'hommes terribles
22:08qui auraient pu sortir de n'importe quelle communauté.
22:11C'est absolument un avoir. Et puis, les jeunes hommes
22:14que l'on voit s'attaquer à la police, à mon avis, ils ne sont
22:17même pas au courant de ce cas-là. Ils y vont
22:20juste parce qu'ils ont envie de s'attaquer à la police.
22:23Je suis d'accord avec Steve Clark.
22:26C'est des hooligans comme on a vu dans les stades de foot
22:29dans les années 70. Ils saisissent n'importe quel
22:32prétexte pour ne pas faire ça.
22:35Ça se passe principalement dans des villes
22:38effectivement anciennement industrielles
22:41où on cherche un beau commissaire
22:44pour leur souffrance. Et c'est vrai que depuis
22:47une quarantaine d'années, ces villes ont été
22:50un peu négligées. D'abord, Mme Thatcher,
22:53une femme de droite, a fermé leurs usines
22:56et leurs mines. Ils ont perdu leur travail.
22:59Après, d'autres usines sont venues et beaucoup sont partis
23:02lors du Brexit parce que
23:05ces usines ne pouvaient plus exporter
23:08leurs produits. Donc, de nouveau, une vague de chômage
23:11et tout ça. Et après, on n'a pas fait grand-chose
23:14pour aider ces villes où les services sociaux
23:17manquent d'argent, les écoles manquent d'argent,
23:20les services médicaux
23:23sont en baisse. Et c'est vrai
23:26qu'il y a des gens qui cherchent désespérément
23:29un beau commissaire. Et ce qui est triste, c'est que
23:32quelqu'un lance un message sur Internet
23:35pour identifier un beau commissaire. Très simple.
23:38Et ces gens disent, ah oui, c'est ça. Et ils vont se taquer
23:41à la police et aux hôtels.
23:44Je pense qu'il y a des migrants. C'est terriblement triste.
23:47C'est pour ça qu'en Angleterre,
23:50on est un peu perdu parce que
23:53comment faire dans une telle situation ?
23:56Politiquement, je ne sais pas comment on peut faire.
23:59En tout cas, on va suivre la situation et on va regarder justement comment ça évolue.
24:02On espère pour vous que ça se passera bien. Merci d'être intervenu
24:05l'un et l'autre sur Sud Radio ce matin. Maximilien Nagy,
24:08journaliste franco-britannique. Stéphane Clark également, journaliste britannique,
24:11auteur de ce livre que je recommande, God Save la France,
24:14publié chez Pocket. Et puis bravo à vous puisque manifestement, la Grande-Bretagne
24:17décroche une nouvelle médaille. Ce n'est pas de l'or, mais c'est
24:20le relais mixte par équipe en triathlon.
24:23Vous êtes sur le podium. La France malheureusement termine
24:26quatrième, ce qui est particulièrement frustrant au JO.
24:29C'est l'Allemagne qui s'impose dans cette épreuve. Vous avez promis
24:32d'y revenir.

Recommandée