Porter le SMIC à 1 600 euros nets pour booster le pouvoir d’achat, la consommation, la croissance et réduire les inégalités salariales. Cette proposition du Nouveau Front Populaire divise, car pour certains, il s’agit plus d'une machine à briser l’activité, casser les entreprises et détruire les emplois. Il faut revenir sur le postulat de départ. Les effets en chaîne espérés d’une forte augmentation du salaire minimum passent évidemment par un coup de fouet au pouvoir d’achat des salariés les moins payés, ceux qui dépensent la majorité de leur revenu. [...]
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00:00Portez le SMIC à 1600€ net pour booster le pouvoir d'achat, la consommation, la croissance et réduire les inégalités salariales.
00:18Cette proposition du nouveau FPDI divise, car pour certains il s'agit plus d'une machine à briser l'activité, casser les entreprises et à détruire les emplois.
00:26Il faut revenir sur le postulat de départ.
00:29Les effets en chaîne espérés d'une forte augmentation du salaire minimum passent évidemment par un coup de fouet au pouvoir d'achat des salariés les moins payés,
00:37ceux qui dépensent la majorité de leur revenu.
00:40Petit bémol cependant, l'expérience montre que la réduction des inégalités salariales ne s'explique pas uniquement par la forte augmentation des rémunérations des employés proches du salaire minimum,
00:50mais aussi par la pression mise par les employeurs sur les rémunérations des salariés les mieux payés pour éviter une trop grande dérive de la masse salariale.
00:59Bref, l'écrasement de la hiérarchie des salaires fait aussi des victimes.
01:03Globalement toutefois, le choc de demande est positif, la consommation accélère.
01:07C'est bon pour les rentrées de TVA, c'est bon aussi pour l'ensemble des activités bitoussies, commerçants, services au ménage, etc. et de leurs fournisseurs.
01:16De quoi donner un nouvel élan à la croissance, donc à l'emploi.
01:20Plus d'emplois, c'est plus de croissance.
01:23La boucle vertueuse se referme, avec de surcroît mécaniquement, plus d'impôts sur les revenus, plus d'impôts sur les sociétés et des cotisations sociales.
01:32Et finalement, une amélioration des finances publiques.
01:36CQFD, le premier grain de sable, se situe au niveau des fournisseurs, de leurs origines tout simplement.
01:43Pas de problème du côté de la consommation de services.
01:45Ces activités sont produites à 90% par des résidents, même si elles peuvent mobiliser des composants étrangers.
01:52Un restaurant français utilisant de l'agneau néerlandais par exemple.
01:56En revanche, plus de 85% des biens fabriqués et consommés par les Français sont eux importés.
02:02De surcroît, le contenu en importation de la consommation est plus intense pour les bas revenus.
02:08Avec la hausse du SMIC, il faut donc s'attendre à une aggravation du déficit extérieur, déficit qu'il faut bien financer.
02:15Deuxième écueil, le schéma présenté n'intègre pas les conséquences du choc d'offres défavorables aux entreprises.
02:21C'est l'aspect gonflement du coût du travail.
02:24Il pourrait être absorbé par un bond spectaculaire de la productivité,
02:27mais toutes les dernières enquêtes montrent au contraire une tendance à sa stagnation, voire sa dégradation en France.
02:33L'alternative pour les entreprises est alors soit d'augmenter les prix,
02:37c'est envisageable pour les sociétés de services dont les activités ne sont pas en concurrence frontale avec l'extérieur,
02:43mais cela réduit l'effet relance attendu de la consommation, soit pour les autres de comprimer les marges.
02:49Mais c'est entrer là dans un jeu mortifère.
02:52Les grands groupes disposent certainement de la latitude pour le faire, mais ils ont aussi le choix de la délocalisation,
03:00en particulier ceux opérant dans des secteurs à forte intensité de main-d'œuvre.
03:04Pour les autres, deux cas de figure sont présents.
03:06Soit il s'agit d'entreprises intervenant dans des secteurs à faible marge et soumises à la concurrence étrangère.
03:11Dans ce cas, le risque est bien celui d'une avalanche de défaillances dans un contexte où elles sont déjà en forte progression.
03:19Soit elles disposent de quelques degrés de liberté.
03:22Mais il ne faut pas perdre de vue que les marges, cela sert à embaucher, à investir.
03:25C'est donc l'avenir qui est en partie sacrifié.
03:28Une chose est sûre, l'emploi en fera les frais.
03:31Tout le monde a sorti sa calculette et dans ce jeu de poker menteur, les estimations vont de 29 000 à 500 000 destructions.
03:37D'anciens travaux estiment à 15 000 postes supprimés par point de pourcentage de hausse du SMIC.
03:42Soit environ 180 000 destructions pour un SMIC porté à 1 600 euros.
03:47De quoi peser sur la croissance et les rentrées fiscales et sociales.
03:51C'est même la double peine pour les finances publiques.
03:53La forte augmentation du salaire minimum fait en effet ipso facto tomber les rémunérations situées dans sa périphérie supérieure
04:00dans la catégorie ouvrant le droit aux plus fortes exonérations de cotisations sociales,
04:06compte tenu du profil dégressif de ces dernières.
04:09A la suite des accords de Grenelle en 1968, le salaire minimum avait fait un bond de 35%
04:13et ouvert une période phase de croissance.
04:15Mais l'économie française était alors peu ouverte sur l'extérieur et la Chine ne s'était pas encore éveillée.
04:20Autre temps, autre mœurs, il faudra trouver d'autres instruments pour relancer le pouvoir d'achat des plus modestes.