Kévin Veyssière nous présente son dernier ouvrage "GeopOlympics - Les grandes histoires géopolitiques des JO". A l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024, il propose un livre revenant sur les grandes étapes de la création des Olympiades modernes. Des jeux d’Athènes de 1896 à Paris 2024, le développement du sport comme outil politique par les nations a donné lieu à des affrontements mythiques mais aussi des boycotts et des mises à l’écart de pays par le Comité international olympique. Des sujets traités dans un ouvrage qui traverse un siècle et permettra aussi bien de mieux comprendre l’histoire des Jeux que de briller en société grâce à des anecdotes croustillantes !
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00:00Mon invité du jour est Kévin Vessières, il est bien connu d'être spectateur de TV Liberté
00:09puisqu'il était venu au début de l'Euro de football.
00:13Il nous présente aujourd'hui son ouvrage Geolympics, les grandes histoires géopolitiques des geos.
00:17Bonjour Kévin Vessières.
00:18Bonjour.
00:19Alors c'est un peu le même format que pour l'Euro de football,
00:22vous parlez de géopolitique à travers un événement sportif qui cette fois-ci
00:27sont les Olympiades qui commencent bientôt à Paris.
00:32Alors c'est un livre qui se présente en chapitres chronologiques
00:36mais qui ne peuvent tous être plus de manière séparée,
00:39donc c'est très accessible pour tout public,
00:41mais en même temps on apprend énormément de choses,
00:44des anecdotes mais aussi des grands mouvements dans l'histoire olympique.
00:47Donc c'est un livre duquel on peut de toute manière tirer quelque chose.
00:53Vous commencez ce livre avec les premiers Jeux olympiques modernes en Grèce
00:57et on apprend que ces Jeux olympiques d'Athènes ont déjà une forte teneur en politique.
01:02Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi ?
01:04Oui, en fait je rappelle le contexte géopolitique de l'époque
01:08qui est finalement qu'on est après la guerre entre la Prusse et la France remportée par la Prusse
01:12et finalement une volonté aussi de réaffirmer la France sur le plan mondial et sur le plan diplomatique.
01:18Et donc ça Pierre de Coubertin qui est un aristocrate de l'époque
01:21va avoir une initiative en tout cas de vouloir renforcer l'image de la France
01:24notamment par le sport mais aussi avec une dimension plus universelle
01:28dans un contexte aussi politique de l'Europe où il y a beaucoup de tensions,
01:32où la guerre, en tout cas l'ombre de la guerre est assez présente
01:35et donc lui il veut en tout cas mettre en place une compétition,
01:38en tout cas une réunion sportive où grâce au sport on puisse en tout cas mettre en place la paix.
01:45Et grâce à cela en tout cas il va mettre en place en 1894,
01:48il va réunir plusieurs acteurs avec un congrès olympique
01:50qui va en tout cas lancer la création du comité international olympique
01:54et qui va aboutir ensuite à la décision d'accorder ses jeux à Athènes en 1896.
02:00Mais déjà on va voir que ça va être une décision éminemment politique
02:02puisqu'il y a d'autres forces en présence,
02:04notamment l'Empire britannique qui veut aussi les organiser,
02:07l'Allemagne, enfin la Prusse devenue l'Allemagne,
02:10qui ne veut pas participer pour ne pas renforcer en fait le poids de la France
02:13et finalement ça va être dévolu à Athènes dans un certain compromis
02:16et dans une volonté aussi la politique de remettre en avant
02:20la récente indépendance de la Grèce et aussi l'héritage de la Grèce antique.
02:24– Alors c'est une fondation des Jeux olympiques qui est très politique
02:27et pourtant, vous l'écrivez dans l'ouvrage,
02:30Pierre de Coubertin lui est très attaché à la neutralité
02:33parce qu'il n'y a pas une contradiction permanente dans ces Jeux olympiques
02:36qui veulent être neutres et prôner des valeurs universelles
02:39mais qui en même temps ne sont jamais neutres
02:41parce qu'on le voit dans votre ouvrage,
02:43il y a toujours des interférences politiques, géopolitiques.
02:46– Pierre de Coubertin c'est aussi un homme de son époque
02:48et le contexte politique est aussi extrêmement présent
02:51et puis c'est aussi un fervent patriote.
02:53Donc là-dessus ça se ressent aussi de par ces premières éditions des Jeux olympiques
02:58et en tout cas la volonté, il y a une volonté politique derrière,
03:01c'est quand même de réaffirmer aussi l'image de la France,
03:03d'être que la France soit l'initiative de ces premiers Jeux olympiques
03:05et que d'une certaine manière c'est soit la France et Pierre de Coubertin
03:09qui portent aussi cette notion de paix mais aussi derrière là-dessus,
03:14ce qui a été notamment noté par certains spécialistes
03:17c'est que la Prusse si elle a gagné la guerre contre la France dans les années 1870,
03:21c'est grâce à une certaine compétence athlétique
03:23et donc aussi Pierre de Coubertin derrière cette volonté,
03:25il avait une volonté de remettre la France au sport,
03:27de réaffirmer les compétences athlétiques
03:30et donc c'est aussi le corollaire qui suit avec en tout cas
03:33cette initiative de fonder les Jeux olympiques.
03:36– Et alors lui par contre, cette discipline sportive,
03:39lui il allait la puiser au Royaume-Uni ?
03:41– Oui il allait la puiser au Royaume-Uni et aussi ce qui est intéressant à noter
03:44c'est qu'à l'époque vous avez, comme je l'ai rappelé,
03:47l'indépendance de la Grèce vis-à-vis de l'Empire ottoman
03:49et vous avez aussi une certaine, comment dire,
03:52on veut remettre la Grèce antique et tout ce qu'elle a apporté
03:55au goût du jour durant ce XIXème siècle
03:57et vous avez notamment un archéologue allemand
03:59qui va redécouvrir le site d'Olympie,
04:01donc là où il y a eu les premiers Jeux olympiques antiques
04:04et il y a aussi une certaine guerre d'héritage
04:07par rapport aussi à ce passé de la Grèce antique
04:08pour montrer que la France ou la Prusse
04:11est peut-être en tout cas plus en avance sur ce sujet-là
04:15et donc il y a aussi cette bataille en tout cas
04:17de se réapproprier des héritages olympiques
04:19et aussi des grandes heures de la Grèce antique
04:21pour paraître peut-être plus cultivée que son rival.
04:24– Et vous revenez aussi sur toute la jeunesse financière
04:26de ces Jeux olympiques avec tous les problèmes de financement
04:29qu'il y a eu pour construire le stade
04:31et tout un tas d'éléments finalement assez pratiques
04:33mais qui font que ces Jeux olympiques ont pu exister
04:35et puis ont pu relancer cette histoire olympique
04:38au niveau international
04:40puisqu'avant c'était seulement entre les cités grecques.
04:43Un premier coup de tonnerre en quelque sorte pour les Jeux olympiques
04:46c'est la Grande Guerre qui met fin aux Jeux olympiques ?
04:50– Oui alors que les Jeux olympiques ont eu un peu de mal
04:53à trouver leur rythme de croisière
04:54puisque effectivement c'était tous les 4 ans après 1896.
04:571912 ils ont eu lieu à Stockholm
05:00donc là c'était enfin une édition
05:02qui n'était pas adossée à d'autres événements
05:04parce que c'était le cas par exemple pour les JO de Paris 1900
05:06qui étaient adossés à l'exposition universelle
05:08et donc on n'a pas trop vu le côté sportif en tout cas des disciplines.
05:111912 c'est une vraie édition olympique
05:13où déjà les tensions nationales sont présentes
05:15qui vont en tout cas précéder la Première Guerre mondiale
05:17notamment entre la Finlande et la Russie,
05:19aussi de par la Serbie, aussi entre l'Autriche et la Hongrie.
05:23Et donc cette Première Guerre mondiale
05:25est avec une édition en 1916 qui va finalement être annulée
05:28puisqu'elle a lieu à Berlin et aussi en plein conflit mondial.
05:31Et cette édition annulée en tout cas
05:34ça va montrer qu'en tout cas l'olympisme
05:36malgré cette volonté de neutralité sportive
05:38c'est un événement qui est aussi ancré dans son époque
05:41et qui doit faire avec les contraintes de l'époque.
05:44Et c'est pour ça notamment qu'après
05:46on va voir à travers l'édition 1920
05:49qui va être notamment dévolue à Anvers et la Belgique,
05:52on va voir en tout cas que ce corollaire politique vis-à-vis de l'olympisme
05:55ça va en tout cas s'accélérer.
05:58– Et alors il y a un point de détail qui est assez intéressant
06:01c'est que vous dites que le numéro des JO continue d'avancer
06:05c'est-à-dire même quand une édition est annulée
06:07on comptabilise quand même ce numéro ?
06:08– Oui, vous l'évoquiez c'est depuis cette édition de Berlin
06:12qui est annulée mais qui garde en tout cas
06:14quand on regarde les éditions, les éditions de Berlin existent
06:16même si elle n'a pas eu lieu
06:17parce que c'est d'une certaine logique
06:20c'est aussi propre à toute cette mythologie
06:24ou ce récit autour de l'olympisme.
06:25Il y a une certaine mythologie autour de l'olympisme
06:27et donc c'est de montrer en tout cas que ça s'ancre dans le temps
06:29et que malgré les guerres et les conflits
06:32l'olympisme perdure dans le temps même s'ils n'ont pas lieu
06:34donc ça participe ensuite à tout le corollaire de l'olympisme
06:37qui vont ensuite avoir leur propre drapeau, l'hymne, la charte olympique
06:41et donc ça suit en tout cas ce récit et ce mythe de l'olympisme.
06:45– Justement le drapeau, est-ce que vous pouvez nous expliquer
06:48parce qu'on connaît tous le drapeau olympique
06:50mais tout le monde ne connaît pas la signification de ce drapeau ?
06:53– Eh bien ça suit en fait, c'est durant cette période effectivement
06:56après, durant la première grande guerre mondiale
06:58où on en tout cas s'interroge sur l'avenir de l'olympisme
07:01où déjà le siège va être délocalisé à Lausanne
07:03pour une certaine, aussi incarner cette neutralité
07:07et effectivement avec la mise en place des premiers discours pour les athlètes
07:13et aussi du drapeau de l'olympisme pour avoir en tout cas un drapeau
07:18qui puisse en tout cas symboliser cette union, cette certaine neutralité
07:21cette certaine paix dans le monde qu'on veut instituer
07:24et donc en tout cas ça rappelle les différentes présences des continents
07:27mais aussi les couleurs qui sont présentes sur chaque drapeau
07:29des équipes qui sont participantes
07:30donc c'est pour ça qu'on a ces différentes couleurs-là.
07:33– Et alors dans les petites histoires des Jeux Olympiques
07:36qui s'inscrivent dans la grande histoire
07:38on apprend quelque chose qui peut paraître assez étonnant
07:41c'est que la Chine, la République de Chine, Pékin
07:44n'a pas participé aux Jeux Olympiques entre 1952 et 1984
07:48et ça, ça s'inscrit dans la rivalité entre Taïwan
07:51qui veut être la République de Chine
07:52et Pékin qui est la République populaire de Chine.
07:57Comment se sont passés ces affrontements ?
08:00Vous parlez de la Chine mais il y a aussi la RFA et la RDA
08:02on apprend dans votre livre qu'ils ont concouru ensemble
08:05alors même que le rideau de fer existait.
08:08Comment ont été perçus ces conflits par les autres participants,
08:12par l'organisation ?
08:14Comment gérer en fait, comment le CIO peut gérer ces confrontations ?
08:19– Plus les Jeux Olympiques vont évoluer en tout cas dans leur époque
08:22et notamment avec la guerre froide
08:24et aussi différentes déclarations d'indépendance
08:27ou de revendications par rapport à un État,
08:29le CIO va être embêté parce qu'eux finalement dans la charte olympique
08:32ils veulent avoir une ligne neutre
08:33et ne pas être impliqués dans les décisions politiques.
08:35Or les JO vont devenir tellement une tribune et une plateforme mondiale
08:40et ça va être accéléré par la télévision et aussi sa médiatisation
08:44qu'en fait finalement il faut concourir pour être vu comme un État
08:47et notamment comme un État indépendant
08:49et c'est ce qui va se passer notamment à travers la Chine.
08:51Donc après la guerre civile chinoise
08:53où finalement vous allez avoir la République populaire chinoise
08:55avec Mao Tse-tung et Taïwan avec Chiang Kai-shek
08:59qui à l'époque s'appelle République de Chine
09:03et donc il va y avoir cette bataille finalement autour du nom
09:05pour savoir qui va représenter la Chine aux Jeux olympiques
09:08et on va avoir ces mêmes débats par rapport aussi à l'ONU
09:10qui vont aboutir à partir des années 70
09:12et vous allez avoir finalement la déclaration d'Onagawea en 79
09:16au niveau du mouvement olympique
09:17où là la République populaire de la Chine va récupérer le nom de Chine
09:21pour en tout cas pouvoir participer aux Jeux olympiques
09:24et donc en fait c'est une bataille là aussi géopolitique
09:28pour s'affirmer et pour revendiquer le nom de Chine.
09:32– Et alors on a l'impression, et ça c'est une impression que j'ai eu moi,
09:37j'ai l'impression que le CIO est toujours du bon côté du manche.
09:41Alors quand il ne fallait pas être trop contre la ségrégation
09:43il n'était pas trop contre la ségrégation,
09:44quand il faut être contre la Russie,
09:48comme on l'a vu récemment ils sont contre la Russie
09:50mais en même temps ils ne sont pas contre Israël,
09:51c'est quand même, ça navigue un peu à vue quoi
09:53et ça reste, le CIO c'est quelque chose de très occidental.
09:56Par exemple les États-Unis n'ont jamais été interdits de Jeux olympiques
09:59en dépit des crimes de guerre qu'ils ont pu faire au Vietnam, en Irak et j'en passe,
10:04c'est toujours les mêmes qui sont punis.
10:05Donc on a l'impression qu'ils sont quand même du bon côté du manche.
10:08– Après je pense que le CIO aussi a évolué avec son temps,
10:12vous parliez de la ségrégation aussi par exemple par rapport à la guerre au Vietnam,
10:16à l'époque on se rappelle des Jeux olympiques de Mexico
10:18avec les points levés, gantés de Tommy Smith et John Carlos,
10:21là-dessus à l'époque la décision du président du CIO qui est Avri Bondage
10:26c'est que le sport et la politique sont décorrélés
10:27et il va exclure ces athlètes-là des Jeux olympiques.
10:32Après effectivement le CIO va évoluer
10:34et maintenant ils sont plus dans une position d'équilibriste
10:37pour essayer en tout cas de ne pas froisser les différentes délégations nationales
10:42puisqu'il y a 206 délégations nationales dans le CIO
10:44donc c'est beaucoup plus que l'ONU qui en est à 193.
10:47Donc ça montre le poids du CIO et du fait qu'il doit jouer un jeu d'équilibriste
10:51et ne pas créer de précédent, ce qu'il a pu faire en tout cas avec la Russie
10:55puisque contrairement au cas de la Yougoslavie en 1992
10:58où la Yougoslavie a été exclue des Jeux olympiques suite à une décision de l'ONU,
11:01là c'est plutôt le CIO qui a recommandé l'exclusion des athlètes
11:05et des équipes représentant la Russie aux fédérations internationales sportives.
11:08Ils ont essayé finalement après 2022 de revenir à une position plutôt neutre politiquement
11:13en réintégrant les athlètes russes mais toujours comme vous l'évoquez
11:16en préservant les autres parties prenantes qui sont l'Ukraine et les alliés
11:20parce que ce qu'il veut éviter à tout prix le CIO
11:22c'est que les Jeux olympiques soient trop politisés
11:24et surtout éviter un boycott massif comme il y a pu en avoir pour les éditions de 76, de 80 et de 84.
11:30– Mais là il y a quand même des critiques qui sont formulées par rapport à Israël,
11:34on voit notamment des organisations politiques ou du monde associatif
11:37qui disent qu'il faut boycotter ou en tout cas manifester un mécontentement
11:42par rapport à la présence d'Israël.
11:44Vous pensez que ça peut être un problème pendant ces Jeux olympiques
11:47cette présence d'athlètes israéliens ?
11:51– Ça ne sera pas nécessairement un problème
11:52mais ce sera en tout cas une question qui va se poser
11:54de part aussi le fait que le conflit est encore à haute intensité
11:58entre Israël et la Palestine, notamment en plus avec la présence de deux CNO
12:03d'Israël et de la Palestine puisque la Palestine
12:05elle est bien présente aux Jeux olympiques, elle a son drapeau, elle a son nom
12:10ce qui n'est pas le cas en tout cas, elle n'est pas état membre par exemple de l'ONU.
12:13Donc ça va forcément être au cœur du débat avec aussi tout le passif
12:16qu'on a pu voir au niveau de l'histoire olympique avec Israël
12:20puisqu'on se rappelle notamment des JO de Munich de 1972
12:22avec les attentats et la mort des athlètes israéliens suite à cette attaque terroriste.
12:26Donc il faut prendre aussi ça en compte.
12:28Là-dessus le CEO en tout cas a fait des discussions
12:30avec les différents comités nationaux olympiques israéliens et palestiniens
12:34qui pour l'instant en tout cas n'ont pas chacun demandé l'exclusion de l'autre.
12:38Donc vu que ça reste encore dans son champ finalement d'intervention
12:43le CEO a ce sujet en tête mais il fait en sorte
12:47que les rapports entre les deux CNO se passent bien
12:49ce qui n'est pas le cas entre le comité national olympique russe et ukrainien
12:53puisque suite à l'annexion des quatre régions ukrainiennes
12:58les fédérations sportives de ces quatre régions ukrainiennes
13:01ont été intégrées au comité national olympique russe.
13:04Donc c'est pour ça aussi que les rapports entre le CEO et la Russie
13:07sont beaucoup plus ambivalents qu'entre le CEO Israël et la Palestine.
13:12– Et justement les JO de Munich c'est le scénario catastrophe.
13:17Est-ce que c'est un scénario possible en France ?
13:19Une attaque terroriste d'ampleur visant une délégation en particulier
13:23ou des spectateurs, est-ce que ce n'est pas le scénario catastrophe ?
13:27Et est-ce que vous pensez qu'il est possible ?
13:31– C'est le pire scénario.
13:32Mais justement après ces JO de Munich
13:35où la sécurité n'avait pas forcément été mise au premier plan
13:37notamment vis-à-vis du village des athlètes,
13:39il y a des mesures qui ont été prises
13:40et au fur et à mesure la sécurité a été renforcée
13:43puisque même aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996
13:47à la cérémonie d'ouverture vous aviez un film qui s'appelle le cas de Jewell
13:52où du coup vous avez un attaque qui a été jouée grâce à un agent de sécurité
13:56autour de ces JO.
13:57Donc il y a toujours effectivement une menace, un risque, une menace terroriste.
14:01Après on espère en tout cas qu'il sera évité
14:04et surtout que ce ne sera pas les athlètes qui seront les principaux visés.
14:07Il y a un élément qui permet de faire un clin d'œil à nos téléspectateurs de Lyon
14:12parce qu'on parle souvent de Paris, les Jeux olympiques seront à Paris
14:16donc c'est l'occasion de parler un peu d'une autre ville.
14:18Vous expliquez que la ville de Lyon a été candidate aux Jeux olympiques.
14:22Est-ce que vous pouvez revenir sur cet élément ?
14:24– Oui, on parlait des Jeux olympiques de 1916 à Berlin.
14:28Donc ce qu'il faut savoir c'est que pour chaque édition finalement des Jeux olympiques
14:33il y a des cognatures qui sont faites en amont.
14:35Donc là c'était le cas aussi pour Lyon
14:37qui était en bonne place pour avoir les Jeux olympiques de 1920
14:41mais du fait des conséquences de la guerre
14:44et aussi du fait que la Belgique soit notamment impactée fortement par la guerre
14:48et qu'Anvers était aussi ville candidate,
14:50le CIO a discuté avec la ville de Lyon pour que Lyon retire sa candidature
14:54et pour qu'Anvers et que la Belgique soient mises en avant pour ces Jeux 1920
14:58dans une logique de reconstruction et aussi de remettre en avant la Belgique
15:03après cette première guerre mondiale qui a fortement touché le territoire belge.
15:06Et finalement Lyon se retire donc ils pensent qu'ils vont avoir l'édition de 1924
15:10mais 1924 c'est la France qui va l'avoir mais c'est plutôt la ville de Paris
15:13qui va être privilégiée donc il n'y a pas encore eu d'édition olympique à Lyon.
15:16– Mais ce serait peut-être plus juste de redonner les Jeux olympiques à Lyon
15:20dans les années qui viennent ?
15:22– Non, par contre, c'est pas forcément ce que je voulais dire
15:25mais à chaque fois c'est plutôt les capitales qui sont effectivement mises en avant
15:28même si ça peut être d'autres métropoles, on pense au cas de Brisbane en 2032
15:32mais par contre la logique qui peut peut-être y avoir pour d'autres éditions
15:35c'est peut-être de faire des Jeux olympiques à échelle véritablement nationale.
15:39Ce qu'on a essayé de faire avec les Jeux olympiques Paris 2024
15:41notamment avec le relais de la flamme et tout ce qui a été mis en place avec les terres de jeu
15:45mais c'est vrai que c'est très ancré à Paris
15:47donc peut-être pourquoi pas réfléchir à d'autres Jeux pour avoir des Jeux
15:51beaucoup plus finalement ouverts et territoriaux,
15:53pourquoi pas le faire à l'échelle d'un pays plutôt qu'une ville
15:55mais là encore c'est associé finalement à la mythologie de l'olympisme
15:58où il faut le faire dans une ville, dans un stade.
16:00– Brisbane 2032 et 2028 ce sera où ?
16:03– 2028 ce sera à Los Angeles.
16:05– À Los Angeles.
16:07– Vous, dans tous ces Jeux olympiques,
16:09est-ce qu'à force d'avoir étudié toutes ces épreuves,
16:12est-ce qu'il y a des Olympiades qui ont votre préférence
16:16peut-être pour des souvenirs d'avoir regardé des JO qui vous ont particulièrement plu
16:20ou même des JO plus anciens qui ont votre préférence ?
16:24– Après moi je parlais plutôt avec mes souvenirs d'enfance
16:28puisque c'est grâce à ça aussi que j'ai développé cette appétence pour le sport,
16:32la géopolitique et aussi la découverte de nouveaux pays.
16:35Ceux de Sydney m'avaient particulièrement intéressé
16:37puisqu'il y avait eu cette cérémonie d'ouverture avec notamment,
16:40je reviens notamment dans le livre avec Cathy Freeman qui est d'origine aborigène
16:43et cette volonté de l'Australie d'utiliser les JO de Sydney
16:46comme un moyen aussi de réconcilier les populations
16:48notamment vis-à-vis de la population aborigène et donc ça c'est intéressant
16:53et puis il y a surtout les Jeux olympiques de Pékin
16:55donc c'est vrai qu'il y a le contexte politique qui se pose autour
16:57mais c'est surtout le début de l'ascension du Shane Bolt
17:00qui a véritablement révolutionné sa discipline
17:03et aussi porté une génération exceptionnelle d'athlètes jamaïcains
17:06et c'est aussi ce que j'évoque dans mon livre
17:08c'est qu'il y a certains pays qui vont faire des logiques de spécialisation sportive
17:11pour être plus visibles, notamment grâce au sport
17:14avec toutes les valeurs positives que cela dégage pour l'image du pays.
17:17– Oui, parce qu'il y a aussi dans ce livre un aspect
17:19qu'on n'a pas évoqué tout de suite et que les gens pourront voir dans le livre
17:22c'est la course aux médailles puisque pour être la meilleure nation
17:25pour des raisons géopolitiques et puis aussi pour des raisons de compétition sportive
17:28parce que chacun a envie d'être le meilleur,
17:30on voit les nations qui sont plus ou moins fortes
17:32par contre on voit quelque chose qui est quand même une grande tendance
17:37c'est les États-Unis qui dominent largement l'olympisme depuis 100 ans.
17:42– Oui, depuis finalement, on peut dire depuis le début
17:45puisque même depuis la première édition en 1996
17:48c'est eux qui sont devant au tableau des médailles
17:50après ils ont été concurrencés effectivement par l'URSS
17:52parce que là le terrain sportif et olympique
17:55devenait un corollaire de la guerre froide, de cette lutte idéologique
17:59et maintenant c'est une bataille finale vis-à-vis de la Chine
18:01qui en tout cas a renversé le tableau des médailles
18:05à partir de 2008 avec l'organisation de ces Jeux
18:07et après on peut voir que pour chaque Olympiade
18:08il y a quand même une volonté du pays organisateur
18:10d'avoir le plus de médailles pour montrer en tout cas la bonne santé du pays
18:16en tout cas de faire une traduction par les médailles
18:18et symbolique à travers cette course aux médailles
18:20et c'est aussi le cas, c'était le cas notamment du Royaume-Uni avec les Jeux de Londres
18:23mais c'est aussi le cas de la France avec une ambition de battre des records
18:28et d'avoir le plus de médailles possible pour être présent en tout cas
18:30le plus possible du top 3 mondial.
18:33– Alors géopolitique du football, des Jeux olympiques,
18:36quel sera votre prochain livre ?
18:38– J'avais écrit aussi sur le rugby durant la Coupe du Monde
18:41mais bon déjà je vais faire une petite pause parce que là ça fait 4 livres en 4 ans
18:46mais le prochain ça pourrait être un autre sport que j'affectionne, le cyclisme
18:49puisqu'il y a effectivement toute une histoire avec le Tour de France
18:52notamment de par le tracé qui rappelle aussi le contexte géopolitique
18:56et puis les nouveaux enjeux avec l'arrivée de sponsors
18:58qui peuvent être parfois associés à des états comme les équipes du AE ou aussi d'Astana.
19:03– Les Émirats-Unis ou du Kazakhstan, tout à fait.
19:07– Merci beaucoup Kévin Dessert donc je répète
19:09aux éditions Max Milot Géopolitique, Géolympics pardon,
19:13les grandes histoires géopolitiques des JO.