Géopoliticien et auteur de plusieurs livres dont le dernier en date s’intitule « Ukraine, un basculement du monde », François Martin évoque les conséquences de la dissolution en France.
Pour cet observateur de la vie politique, la chute du Système est inéluctable et nous assistons à la fin de la Vème République.
Francois Martin analyse la fragmentation irrémédiable de la société française et rejoint le constat du géographe Christophe Guilluy : Les dernières élections législatives ont démontré une opposition durable entre la France des métropoles et la France périphérique. Et nous avons peut-être assisté au baroud d’honneur du monde d’en haut ».
Pour cet observateur de la vie politique, la chute du Système est inéluctable et nous assistons à la fin de la Vème République.
Francois Martin analyse la fragmentation irrémédiable de la société française et rejoint le constat du géographe Christophe Guilluy : Les dernières élections législatives ont démontré une opposition durable entre la France des métropoles et la France périphérique. Et nous avons peut-être assisté au baroud d’honneur du monde d’en haut ».
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00:00Bonjour François Martin, bonjour Marcial, vous êtes géopoliticien, auteur de plusieurs ouvrages dont le dernier en date s'appelle
00:12Ukraine, un basculement du monde. Quand vous vous présentez, vous dites souvent, je suis un homme international pur, ça veut dire quoi ça ?
00:18Ça veut dire que mes grands-parents étaient, mes parents, mes oncles, toute ma famille, c'était tous des ingénieurs des ponts, des colonies,
00:27ce qu'on appelait les ponts colos. Donc ma mère est née à Hanoï, mon père a vécu 20 ans en Algérie, mon autre grand-père a vécu au Maroc,
00:34ensuite il a vécu en Algérie et au Maroc, moi-même mon père a été en poste au Congo, je suis né dans la forêt entre Brazza et Poit-Noir,
00:43ensuite j'ai vécu au Sénégal, j'ai vécu au Maroc, mon père est rentré dans le privé, il est parti à Madrid, j'ai fait toutes mes études au lycée français de Madrid,
00:50je suis rentré en terminale, j'ai fait l'ESSEC, j'ai fait ma coopération à Rio, au Brésil, et après j'ai fait 40 ans de commerce international sans arrêter de voyager sur une centaine de pays.
01:02Donc je pense que j'ai une connaissance de l'international qui est basée sur le terrain.
01:06C'est l'exemple même de l'homme de la mondialisation alors.
01:09On peut dire ça, la bonne.
01:12Il y a quelques jours de cela, dans les colonnes du Figaro, le géographe Christophe Guy, lui, expliquait que le résultat des dernières élections législatives a moins donné à voir une trépartition électorale
01:25qu'une opposition dite-t-il durable entre ce qu'il a toujours appelé la France des métropoles et la France périphérique.
01:32Et je cite, il n'y a pas trois blocs mais deux métropoles contre la France périphérique.
01:36Vous partagez ce point de vue ?
01:37Oui, je partage absolument, mais je crois qu'il faut replacer ça dans un contexte un peu plus large, dans lequel ce que dit Guy, lui, est limpide.
01:47Je prends trois réflexions très rapides.
01:50La première, il y a donc eu un attentat contre Trump récemment.
01:54Il y a eu un attentat contre Ficot.
01:56Le président Traoré du Burkina Faso, il y a eu un attentat contre lui.
02:01Je ne constate pas qu'il y ait eu d'attentats ni contre Bill Gates, ni contre George Soros, ni contre Van der Leyen, ni contre Schwab.
02:10Donc la pression, elle est bien du côté des mondialistes contre les nationalistes aujourd'hui.
02:16Donc il y a véritablement, je dirais, pour moi, un monde qui meurt.
02:23Guy, lui, le dit un peu plus loin.
02:26On lui pose la question et voilà ce qu'il dit.
02:31Je lis parce que c'est très intéressant.
02:34On lui dit « Vous avez analysé les résultats des Européennes comme la conséquence d'un puissant mouvement de contestation venu de la France populaire.
02:40Un mouvement que vous présentez comme quasi inarrêtable.
02:43Le barrage a pourtant bien fonctionné et semble résister à Zegwag.
02:47Assistons-nous à une crépuscule de la France d'en haut. »
02:49Alors il dit « Vous confondez deux choses, la réalité politique et la réalité culturelle. »
02:53On devrait dire la réalité socio-culturelle.
02:56« Le mouvement des classes populaires et moyennes est moins politique qu'existentiel. »
03:00C'est ce que je dis.
03:02« Il s'inscrit dans le temps long, porté par l'instinct de survie de la majorité ordinaire. »
03:07C'est-à-dire la pression mondialiste fait qu'aujourd'hui, il existe un instinct de survie de la majorité ordinaire que l'on constate en France, en Afrique et partout.
03:16« Il n'est pas réductible à un dérésultat électoral, ni dépendant d'un parti et encore moins d'un homme providentiel. »
03:22« Nous assistons à un basculement culturel qui dépasse de loin la question de la physionomie de l'Assemblée nationale. »
03:28« Cette photographie de l'Assemblée s'effacera rapidement comme l'encre sympathique. »
03:32Donc voilà ce qu'il dit.
03:34En fait, il dit « Nous avons une photographie électorale qui est celle de la politique. »
03:40Ou je dirais même de la politique politicienne ou de la politique arde, mais qui ne reflète pas un mouvement.
03:47C'est un mouvement socio-culturel qui, lui, est irréversible.
03:50Et je pense qu'il faut avoir ça en réflexion de surplomb si on veut comprendre ce qui se passe réellement en France sur l'âme.
03:58Vous dites que Guillouis assiste en disant, en gros, nous n'avons peut-être pas assisté aux baroudes d'honneur du monde d'en haut,
04:07nous avons peut-être assisté aux baroudes du monde d'en haut,
04:12à force de se constater que c'est ce qu'il faisait déjà, ce que disait Guillouis,
04:16mais dans son livre « La France d'en haut », le crépuscule de la France d'en haut, c'était en 2016, on est en 2024,
04:22le crépuscule de la France d'en haut, il est long.
04:25Oui, oui, mais c'est vrai, mais là aussi, je pense qu'il faut…
04:29Nous, on n'a pas l'habitude de différencier parce qu'on est dans le temps court,
04:33on est dans le temps de l'information, on voudrait que les choses se fassent tout de suite, mais les mouvements sont lents.
04:37Si on regarde, par exemple, l'évolution de l'électorat du Front National, il n'a cessé d'augmenter régulièrement, régulièrement.
04:44On est vraiment dans une vague aujourd'hui.
04:47Donc, Guillouis dit, si ce n'est pas demain matin, c'est après-demain,
04:51si ce n'est pas après-demain, c'est dans six mois ou dans un an,
04:54c'est inéluctable, et je le pense.
04:57Pardon, François Martin, qu'est-ce qu'on a appris de plus avec ces élections législatives sur la France d'en haut, la France d'en bas ?
05:02On dit que la France d'en bas, elle a voté Le Pen.
05:05En 2019, dans ses rotonines, Houellebecq évoquait déjà cette solitude des classes rurales, des classes moyennes.
05:12On a eu juste la confirmation de tout ça ?
05:15Non, je ne pense pas. Moi, je pense que la France s'est réveillée.
05:18Je pense que la France s'est réveillée, je pense que c'est Macron qui l'a fait.
05:21Je pense qu'il y avait, derrière le barrage, il y avait un barrage,
05:24il y a un mécontentement populaire qui est extrêmement fort depuis longtemps,
05:29et en fait, Macron, en dissolvant dans ces conditions très précipitées,
05:37a ouvert une fissure, et moi, je crois au mouvement révolutionnaire.
05:43Et quand la pression commence, ça ne s'arrête pas.
05:47Alors, ce qu'on a vu, ce tripatouillage, c'est pathétique.
05:51Ce n'est même pas un barrage, ce n'est même pas une protection, c'est pathétique, ce qu'on a vu.
05:56Et on l'a vu encore avec la question où on voit que tout le monde s'arrange
06:01pour empêcher que le Front National, qui est le premier parti aujourd'hui,
06:06puisque le Front Populaire, c'est une, comment dire, c'est une imposture, quoi.
06:12Mélenchon qui crie, à qui il veut bien entendre qu'il doit être le prochain Premier ministre,
06:18il a combien, 75 députés ? Donc, à peu près 75 ou 74.
06:23Donc, c'est une plaisanterie.
06:25Donc, tout le monde voit maintenant très clairement, et de plus en plus clairement,
06:30que, en fait, ceux qui représentent véritablement, à tort ou à raison, je dirais aujourd'hui,
06:35le vote populaire, qui est représenté aujourd'hui par le Front National,
06:40même si je suis d'accord qu'il ne donne pas l'ensemble des réponses dont la France ait besoin,
06:45c'est-à-dire celles qui conduisent à son indépendance et la possibilité de faire ses propres choix,
06:50quoi qu'on en pense, aujourd'hui, c'est elle qui représente les votes populaires.
06:54Eh bien, tout est fait pour l'empêcher de, donc, tout ce qu'ils font aujourd'hui a deux conséquences.
07:04La première, c'est de faire monter les votes du Front parce qu'on dit, regardez,
07:08on voit que c'est eux qui devraient passer, ils ne passent pas.
07:11Et l'autre, c'est, en fait, de les protéger et de les mettre dans la situation la meilleure
07:15pour la prochaine et la vraie qu'est l'élection présidentielle.
07:19Moi, je pense que Marine Le Pen n'aurait pas pu rêver d'une situation plus idéale
07:26que celle qu'elle a maintenant pour préparer parce qu'ils vont tous être dans les tripatouillages
07:31pour essayer de faire voter, ils vont se battre, ils vont tous se brûler, se discréditer, se cramer, etc.
07:37Et puis elle, elle va être sur le banc en voyant les sportifs qui se tapent les uns sur les autres, etc.
07:44Et eux, ils vont être là en attendant.
07:46Alors, est-ce qu'ensuite, ils sauront en profiter ?
07:48Ça, je ne peux pas dire.
07:50Mais en tout cas, aujourd'hui, s'ils voulaient avoir les mains relativement propres
07:55par rapport à la pagaille qu'on voit et qu'on va continuer à voir, ils ne peuvent pas faire mieux.
08:01Pourquoi je dis ça aussi ?
08:03Parce qu'au début, moi, j'avais pensé qu'il y aurait effectivement un raz-de-marée.
08:07Il n'y a pas eu parce que j'ai sous-estimé cette question des tripatouillages.
08:11Mais je pense que si elle avait eu la majorité absolue,
08:15elle n'aurait pas pu faire facilement ce qu'elle aurait dû faire en tout état de cause,
08:20c'est-à-dire prendre 2-3 mesures, ensuite exiger un référendum sur l'immigration
08:25et dire à Macron, Bardella, j'ai pas les moyens de ma politique,
08:29je prends ma toge et je m'en vais.
08:32Et je pense qu'ils auraient peut-être été piégés parce qu'à ce moment-là,
08:36on l'aurait reproché de ne pas prendre à bras-le-corps les responsabilités du pays.
08:40Tandis qu'aujourd'hui, on ne peut pas leur faire de reproches.
08:42On peut vous faire un reproche, vous dites Emmanuel Macron est le grand perdant.
08:46Pourtant, il est toujours Président.
08:50Yves-Brune Pivet est Président de l'Assemblée Nationale, Gérard Larcher est au Sénat,
08:55Van der Leyen est à l'Europe, le Président du Conseil Constitutionnel est Laurent Fabius,
09:00le Président du Conseil d'État est un ami d'Emmanuel Macron.
09:03J'allais même vous dire que les chaînes de télévision qui étaient un tout petit peu protestataires
09:07sont remplacées par des chaînes qui sont Macron-compatibles.
09:11Je pense au départ de CELUID pour un remplacement par Réel TV de Denis Oliven et Raphaël Endomène.
09:17Je trouve que l'extrême-centre concentre encore bien les pouvoirs pour un perdant.
09:21– Alors, c'est vrai, je veux dire, c'est vrai.
09:24– Alors qu'est-ce que vous avez à dire que c'est un perdant ?
09:26– Qu'est-ce que vous, voyant la Pravda ?
09:29Imaginez une seconde que le paysage politique et le paysage médiatique français
09:35ne soit pas la Pravda que l'on connaît aujourd'hui.
09:38Comment penseriez-vous que l'on qualifierait Macron dans la situation où il est aujourd'hui ?
09:44Tout le monde dirait le roi est nu, le roi est absolument nu, il maintient son gouvernement,
09:49il a fait une opération qu'il croyait géniale parce qu'il s'est dit,
09:53tout le monde va dire Macron sauve nous, etc.
09:55Il se retrouve, il a perdu la moitié de ses députés,
09:58il a une situation, il était dans un système de majorité relative,
10:03maintenant il n'a plus de majorité du tout,
10:05tout le monde lui met la pression et lui mange les doigts de pied de gauche ou de droite,
10:11il ne sait pas quoi faire, il donne le change.
10:13Alors, on va dire que c'est un bon acteur, mais si on regarde la réalité derrière ça,
10:18c'est pitoyable, sa situation est pitoyable.
10:21Vous ne trouvez pas que l'extrême centre, au contraire, attaque ?
10:25Je ne trouve pas du tout.
10:26Il se défend ?
10:27Il se défend de comment ? Comment il se défend ?
10:29Qui l'invite pour mettre LTV ?
10:31Comment ?
10:32Quand l'ARCOM décide de rayer la première chaîne de la TNT
10:36pour y mettre une chaîne qui n'existe pas encore, dirigée par Enthoven et Denis Oliven.
10:41Oui, parce que c'est les derniers feux, si vous voulez, je pense que jusqu'à la chute du mur,
10:47les autorités russes ou les autorités de l'Europe de l'Est
10:52continuent à prendre des décisions qui visaient à conforter leur pouvoir,
10:55mais le cœur du pouvoir, il n'existe plus.
10:59Le pouvoir, c'est la confiance.
11:00Au début, c'est la confiance.
11:02La confiance dans Macron n'existe plus.
11:05Je dirais que lorsqu'on est un homme d'entreprise, un chef d'entreprise,
11:12on va chercher, on va demander à une boîte de conseil, prenons McKinsey au hasard,
11:19et on lui demande qu'est-ce que vous pensez qu'il faut que je fasse pour redresser ma boîte.
11:24Bon, alors on va vous dire, c'est à faute de vos clients, c'est à faute de vos fournisseurs,
11:28c'est à faute de votre directeur financier, votre directeur de la communication,
11:32votre conseil d'administration, mais la seule chose qu'on ne va pas lui dire,
11:35c'est Monsieur le Président, le problème de l'entreprise, c'est vous.
11:40Donc aujourd'hui, on peut demander à 80% des Français qui, à leur avis, est le problème de la France.
11:46Tout le monde va dire que c'est Macron.
11:48Donc je pense que le cœur même de la question, il est tranché.
11:51C'est-à-dire qu'il peut faire semblant d'aller à New York, de revenir, de faire des discours,
11:58de dire mettez-vous d'accord, etc.
12:00Ça ne trompe personne.
12:02Alors ça ne veut pas dire que la superstructure du pouvoir n'existe plus,
12:06mais quel est le sens de décision dont on sait que dans un an, dans deux ans, dans trois ans,
12:12elles seront remises en question.
12:14Je pense que c'est la fin d'un système.
12:16C'est véritablement la fin d'un système.
12:18Donc le système continue à essayer d'exister, je dirais, et il continue à essayer de se défendre.
12:25Mais je pense, comme dit lui, que la chute est inéluctable.
12:32C'est ce que je pense.
12:33C'est ce que je pensais, les gens comme Valéza, à l'époque,
12:38quand j'allais en Pologne au début des années 80,
12:42et que je voyais les grandes danses, etc.
12:45On sentait que c'était fini.
12:47C'était fini, pourtant il y en avait encore pour dix ans.
12:49Alors le grand gagnant, vous dites, c'est le Rassemblement National.
12:52Le grand gagnant qui, là, dans les derniers jours, n'a plus de vice-président,
12:56n'a plus de président sur le bureau.
12:57C'est vrai.
12:58C'est un grand gagnant qui a un peu perdu.
13:00Oui, c'est vrai.
13:01Ça dépend encore quand on voit les choses.
13:03La véritable chose, il faut remettre les choses en perspective,
13:08ce n'est pas aux chrétiens que vous êtes que je la prendrai,
13:12c'est la réalité morale.
13:14C'est celle-là, la réalité.
13:15Quand un homme peut avoir raison contre tout un par terre,
13:19lorsque tout le monde sait que tout le monde ment, sauf lui.
13:22Et pour l'instant, je dirais que la force morale,
13:27elle reste aujourd'hui dans la situation actuelle pour le Front National.
13:32Parce que précisément, on voit que tout est fait pour leur barrer la route,
13:37même les saloperies, les plus mesquines et les plus idiotes.
13:42Donc je crois que c'est ça qu'il faut regarder.
13:45Et je pense que c'est comme ça que le français moyen,
13:51enfin je n'aime pas cette expression,
13:53qui lui l'appelle le français ordinaire, voit les choses.
13:56Je pense que c'est ça.
13:58Donc je pense que leur crédit augmente.
14:01Ensuite, je suis d'accord avec vous,
14:03comment faut-il, est-ce que l'homme politique,
14:06le propre, c'est de transformer son crédit moral en crédit politique ?
14:09Parce que s'il n'est pas capable de faire ça,
14:11il peut être le plus moral du monde, c'est un mauvais politique.
14:14Donc c'est ça qui reste à voir, je dirais.
14:17– Vous êtes en train d'écrire cet été ?
14:19– Je ne sais pas.
14:20– Cet été, vous écrivez.
14:21– Oui, dans mon île, Paléard.
14:22– Votre île sera un ouvrage que vous viendrez présenter à la rentrée,
14:26c'est simplement le temps des fractures.
14:28– Oui, l'Occident contre le reste du monde.
14:31Et je dirais, ça pourrait s'appeler aussi
14:33le reste du monde contre l'Occident,
14:35parce que c'est une bataille des deux côtés.
14:38– En attendant la présentation de cet ouvrage,
14:41on revient à notre propos,
14:44le système actuel est bloqué,
14:47vous considérez qu'il est ingouvernable,
14:49et vous l'avez répété, de la faute d'Emmanuel Macron.
14:51– Oui, je pense.
14:52– Est-ce que cela aduit la fin de la Vème République ?
14:55Et l'arrivée de la VIème ?
14:57Un temps venu par Jean-Luc Mélenchon ou pour Louis Alliaud ?
14:59– Oui, c'est très intéressant.
15:01En fait, la fin de la République, la Vème,
15:04elle est morte, déjà, depuis longtemps.
15:06On vit avec un système qui est un zombie politique,
15:10ou un zombie constitutionnel,
15:12depuis qu'on est passé au quinquennat.
15:14Parce que le général de Gaulle avait construit la Vème République,
15:18pas comme une république, mais comme une monarchie républicaine.
15:21Parce qu'il a essayé de faire la synthèse
15:23par rapport à 1 000 ans de royauté,
15:26ou 1 500 ans de royauté,
15:28et la verticalité du pouvoir qui caractérise la France.
15:31Parce que je rappelle que, dans les différentes sortes de nations,
15:34il y a ce que j'appelle les États-nations,
15:38il y a les États-lobbies,
15:40les États-Unis, typiquement, ce sont des lobbies
15:42qui se mettent ensemble et qui construisent un État.
15:44Et vous avez les États-régions,
15:46les régions qui se mettent ensemble,
15:48comme l'Espagne, comme l'Italie,
15:49pour construire un État comme l'Allemagne.
15:51Et en France, c'est le prototype,
15:53et probablement le seul véritable État-nation au monde.
15:56C'est-à-dire, c'est l'État qui a construit la nation,
15:59en raccrochant des bouts de territoire, etc.,
16:02par ce combat, je dirais, magnifique
16:04qu'ont mené les rois pendant des centaines d'années.
16:06Donc, la France est verticaliste sur le plan du pouvoir.
16:10Profondément verticaliste.
16:12Et aujourd'hui, on ne peut pas se passer de ce système-là.
16:17Et le général de Gaulle avait construit la République
16:21avec un mandat de 7 ans,
16:23pour que le roi, pour que le président,
16:25vous voyez, soit monarchique.
16:27Et depuis qu'on a cassé ça,
16:29et c'est Chirac qui l'a fait,
16:31ce n'est pas Mitterrand, c'est Chirac qui l'a fait,
16:33on est dans une espèce de système
16:35où, je dirais, le Gulliver
16:37est ficelé par tous les lilliputes de l'Assemblée,
16:40tous les groupes de pression, etc.
16:42Et on l'a fait volontairement parce que,
16:44lorsqu'on casse un État-nation,
16:46on en fait naturellement
16:48un système de lobby, un système oligarchique
16:50qui pille et qui désorganise les choses
16:53beaucoup plus que dans les autres États
16:55où c'est fait pour fonctionner comme ça.
16:57Donc, la cinquième, elle n'existe plus.
17:00Donc, il faut y revenir.
17:02Je pense que c'est ça.
17:03Et il est évident que les gens
17:05comme Mélenchon et son groupe,
17:07qui n'ont jamais été des légalistes
17:09parce que ce sont des trotskistes,
17:11ils sont nés trotskistes.
17:12Un trotskiste pense qu'une chose,
17:14ce qu'il fait vibrer,
17:15c'est de prendre le pouvoir par la rue
17:17et, si possible, de décapiter
17:19le chef de l'État et tous les sbires
17:21qui sont autour.
17:22C'est ça leur rêve.
17:23Donc, il pense à ça.
17:24Donc, qu'est-ce qu'il cherche ?
17:26Il ne cherche pas à être Premier ministre,
17:28il cherche à mettre la pagaille
17:29pour essayer de faire monter
17:31la tension populaire d'une façon ou d'une autre
17:33pour pouvoir, à un moment donné,
17:35mettre les gens dans la rue.
17:36C'est ça son objectif.
17:37Après, ils vont dire,
17:38on va vouloir une sixième,
17:39mais c'est une sixième,
17:40tout le monde se parle,
17:41tout le monde s'arrange,
17:42la démocratie locale,
17:43mais c'est du pipeau.
17:44Derrière, ça veut dire
17:45qu'il y aura des groupes politiques,
17:48on prendra le contrôle de la presse,
17:52c'est ça qu'il y a derrière.
17:54Son modèle, c'est Chavez et c'est Castro.
17:57Moi, j'étais à Cuba l'année dernière,
18:00ce n'est pas un modèle de démocratie.
18:03Ni économique en ce moment.
18:05Mais alors, la solution,
18:06c'est le départ d'Emmanuel Macron, toujours.
18:08Donc, en gros, vous me dites,
18:10il y a un risque Mélenchon,
18:12donc je propose le départ d'Emmanuel Macron.
18:14Je pense qu'il n'y a aucun risque de Mélenchon.
18:17Je pense que Mélenchon
18:19voudra prendre les armes,
18:20le pouvoir par la rue.
18:22Mais je pense qu'il n'est pas crédible
18:24aux yeux des Français, d'une façon générale.
18:26Je pense qu'il fait aussi de la surenchère
18:28parce qu'il essaye de tenir,
18:29alors qu'il y a tout un tas de jeunes
18:31qui sont autour et en fait, il ne tient pas.
18:34– Il faut avoir peur ou pas peur de Jean-Luc Mélenchon ?
18:37Là, je ne sais plus.
18:38– Moi, je dis, voilà quel est son projet.
18:42Mais je ne crois pas
18:46que les Français soient aujourd'hui prêts
18:51et soient aujourd'hui d'accord
18:53pour répondre à un projet tel qui est celui,
18:56je pense, qu'ils rêvent.
18:57– Et en cas de confrontation
18:58entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon,
19:00comment vous voyez les choses ?
19:01– Écoutez, je pense que Marine Le Pen
19:03le battra sans difficulté.
19:06Parce qu'il y a aussi une autre chose
19:09dans le projet mélenchoniste
19:12qui sépare le projet de Marine
19:14et le projet de Mélenchon,
19:16c'est la question de la sécurité.
19:19Moi, j'attribue les changements qu'il y a eu,
19:23aussi bien l'élection européenne
19:25que les élections ensuite législatives,
19:28à deux phénomènes.
19:30L'un, c'est le barrage
19:33qui retenait les classes populaires
19:35qui s'effondrent et les classes populaires qui déferment.
19:37Ça, c'est ce que dit Guy.
19:39Et l'autre, je pense qu'il y a un second paradigme,
19:41c'est-à-dire, c'est les classes bourgeoises.
19:43Les classes bourgeoises, depuis toujours,
19:45elles préfèrent toujours l'immobilisme aux changements.
19:48Et c'est là-dessus que ce modèle de République
19:51qui est celui que Chirac a consolidé,
19:54mais que j'appelle la République mitterrandienne,
19:57qui consiste à utiliser
20:00une nouvelle catégorie de population qu'on invente,
20:03qui est celle d'une France d'origine exogène
20:06pour ostraciser les patriotes,
20:08ce qui est particulièrement moche, d'ailleurs, à faire,
20:11et ostraciser en même temps les classes populaires
20:13qui, elles, sont aussi patriotes.
20:15Donc, c'était ça, l'idée.
20:17C'était de mettre ces gens-là de côté
20:19en se servant des populations d'origine exogène.
20:22Et à chaque fois qu'on dit
20:23« Mais alors, regardez comment vous traitez les Français »,
20:26on dit « Vous êtes des racistes, vous êtes des nazis », etc.
20:28Voilà, le système fonctionne comme ça.
20:31Donc, aujourd'hui,
20:34le corollaire de ça,
20:38c'est qu'on terrorise plus facilement les classes bourgeoises
20:41qui sont, elles, terrorisées par nature, je dirais.
20:44C'est, comment il s'appelle ?
20:48C'est Colbert qui disait
20:50« Il existe une catégorie de population
20:53qui n'a qu'un rêve, c'est de devenir riche
20:56et qu'une terreur, c'est de redevenir pauvre. »
20:59Et il continue en disant
21:00« Ce sont ceux-là qu'il faut taxer. »
21:02Ce sont ceux-là qui sont enfermés dans deux peurs.
21:05Donc, leur peur se traduit toujours
21:08par une forme d'immobilisme.
21:11Et je pense que, comme le gouvernement actuel
21:13et les précédeurs n'ont pas du tout été capables
21:16d'assumer, parce que ça pose question
21:19par rapport à leur modèle politique,
21:21ils n'ont pas été capables d'assumer
21:23l'ordre et la sécurité.
21:25Aujourd'hui, une partie des classes bourgeoises
21:28pense qu'elles ont meilleur temps
21:31d'aller vers ceux qui la promettent, la sécurité,
21:33plutôt que de rester dans l'immobilisme.
21:35Elles ont plus peur de l'immobilisme
21:37que du changement.
21:38Ce qui est nouveau.
21:39Et je pense que c'est pour ça
21:40qu'une partie d'entre elles sont allées
21:43au Front National jusqu'à ce que,
21:46bon, le deuxième tour de la présidentielle
21:48étant quelque chose qui restera, à mon avis,
21:50dans les annales de la 5e ou 6e.
21:54Je ne sais même pas dans quelle république on est.
21:56Moi, je souhaite qu'on revienne
21:58au principe de la 5e,
22:00c'est-à-dire un mandat à 7 ans
22:02avec un monarque républicain
22:04en limitant le pouvoir des juges,
22:06en renforçant le pouvoir régalien.
22:09Voilà, tout simplement.
22:11Est-ce que vous partagez le point de vue
22:13d'Éric Zemmour qui a décrit,
22:16notamment dans le suicide français,
22:17la fragmentation irrémédiable
22:19de la société française ?
22:21Est-ce que vous pensez que
22:23les tensions croissantes dans notre société
22:25peuvent permettre d'évoquer
22:27le terme de la guerre civile ?
22:29Alors moi, j'ai toujours été assez optimiste.
22:34Je ne le pense pas vraiment.
22:36Je pense qu'en dehors,
22:37ce qui reste encore
22:39de fondation de la 5e République
22:42fait que les gens ont une certaine forme
22:45de confiance dans le système,
22:46non pas dans les hommes politiques,
22:47mais dans le système.
22:48Et ça, ça nous prévient
22:51contre le risque de guerre civile.
22:53Je ne dis pas que la gauche mélenchoniste
22:56n'essaiera pas de le pousser
22:57parce que c'est son objectif.
22:59Mais je crois fondamentalement
23:01que les Français sont des gens raisonnables.
23:04C'est ce que je pense.
23:06Voilà.
23:07Le temps des fractures,
23:09ça sera à l'apparution quand ?
23:10Dites-le tout.
23:11Début septembre.
23:12Début septembre.
23:13Vous venez en parler en septembre chez nous ?
23:15Avec plaisir.
23:16François Martin,
23:17merci beaucoup d'être venu cet été.
23:18Merci.
23:19Je vous dis à très bientôt.
23:20Merci.
23:21Merci.