Comment Viktor Orbán veut faire exploser le football hongrois KOP Épisode 3 (1)

  • le mois dernier
Dans ce troisième épisode de KOP, on vous raconte comment Viktor Orbán, premier ministre ultraconservateur en Hongrie, a monté un système qui pousse les grandes fortunes à investir dans son club : la Puskas Akademia.

KOP est la nouvelle série documentaire de StreetPress dans laquelle notre journaliste Thomas Porlon enquête sur des groupes de supporters de clubs de football dans cinq pays européens.

Vidéo réalisée en partenariat avec Sphera Network.

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Transcript
00:00En Hongrie, le Premier ministre national, Viktor Orban, a gagné une grande majorité dans l'élection parlementaire ce samedi.
00:11Orban a un pouvoir absolu.
00:15Orban utilise son pouvoir d'État pour channeler les fonds dans le football.
00:19C'est le stade de football le plus beau sur la planète.
00:22Même si c'est corrupte, c'est très difficile de prouver la corruption en elle-même.
00:27Sa maison, elle est là. Il a construit son stade juste à côté.
00:32C'est le stade du football le plus beau sur la planète.
00:36Même si c'est corrupte, c'est très difficile de prouver la corruption en elle-même.
00:40Il a construit son stade juste à côté.
00:43Même si c'est corrupte, c'est très difficile de prouver la corruption en elle-même.
00:47Il a construit son stade juste à côté.
00:50Il a construit son stade juste à côté.
00:55Salut tout le monde et bienvenue dans COP, notre série sur les supporters de foot en Europe.
01:00C'est le troisième épisode et aujourd'hui je vous emmène en Hongrie pour vous parler d'un supporter un peu spécial,
01:05le Premier ministre Viktor Orban.
01:08C'est le leader de l'extrême droite européenne, un dirigeant autoritaire, nationaliste et anti-immigration.
01:14C'est aussi un passionné de foot qui a même eu une petite carrière de joueur semi-professionnel.
01:19Il a fondé son propre club, la Puskás Académia, une équipe moyenne mais qui a l'un des plus beaux stades du monde.
01:25Mais c'est quoi la recette d'Orban ? Ce que j'ai découvert est dingue.
01:28En fait, il pousse les plus grandes fortunes du pays à injecter des millions d'euros dans son propre club.
01:33Et pour vous raconter ça, j'ai débarqué dans le village le plus connu des Hongrois.
01:43Pelschutz, c'est un petit village de 1800 habitants qui est à une quarantaine de kilomètres de Budapest, la capitale.
01:50Il y a une grande rue principale mais c'est tout, c'est tout petit.
01:55Et vous devez forcément vous dire mais qu'est-ce que Street Press fout dans un bled paumé de Hongrie ?
02:00Et bien en fait, il faut savoir que ce village, Pelschutz, c'est le village d'enfance de l'homme le plus puissant du pays,
02:06Viktor Orban, le premier ministre.
02:14Je vous présente Balint Mladovic, c'est un politologue et un économiste très critique de Viktor Orban.
02:26Par exemple, depuis qu'il est arrivé au pouvoir en 2010,
02:30Orban a modifié plusieurs fois la constitution pour que son parti, le Fidesz, reste au pouvoir.
02:36Ce qui fait de lui le chef d'État de l'Union Européenne en poste depuis le plus longtemps.
02:41Viktor Orban, c'est un premier ministre d'extrême droite.
02:44Il est nationaliste et anti-immigration.
02:46En 2011, il a été élu président de l'Union Européenne.
02:50Viktor Orban, c'est un premier ministre d'extrême droite.
02:52Il est nationaliste et anti-immigration.
02:54En 2015, il a fait construire un mur de barbelé entre la Hongrie et la Serbie.
02:59Il voulait empêcher le passage de milliers d'exilés qui fuyaient la guerre en Syrie notamment.
03:03Ce qui lui a valu les compliments de Marine Le Pen.
03:14Dans ses discours, il répète sans cesse que la Hongrie et son identité chrétienne sont menacées par l'immigration
03:19et qu'il faut les défendre.
03:26Pour lui, le responsable de cette perte d'identité, c'est l'Union Européenne,
03:29avec qui les relations sont très souvent tendues.
03:50La première chose qu'on a faite, c'est de demander aux habitants
03:52ce que ça fait de vivre dans le village du premier ministre.
04:20Si les habitants n'ont aucun problème avec lui, c'est parce qu'Orban prend bien soin du village.
04:26À coût de millions d'euros de subventions européennes et d'argent public,
04:30il veut faire de Feldschutz son Disneyland.
04:33Par exemple, il y a un petit train qui va d'un bout à l'autre du village.
04:36En gros, il va d'un champ à un autre champ.
04:38Et le problème, c'est qu'il est très souvent vide.
04:40Avec mon collègue Samuel, on a fait l'expérience.
04:43On a pris le train et on était les seuls passagers.
04:46Avec nous, il y avait juste ces deux employés qui discutaient.
04:52Bon ben voilà, c'était très court, mais c'était sympa.
04:57Et ce train-là, il est devenu le symbole de la politique d'Orban
05:00et de l'utilisation des fonds européens.
05:03Parce que ça a coûté 2 millions d'euros de subventions,
05:06ce sont nos impôts qui sont passés là-dedans,
05:08pour rien en fait, pour satisfaire juste Orban.
05:11Mais la vraie attraction du village, c'est la Pancho Arena.
05:17C'est un stade unique au monde.
05:19Parmi l'un des plus beaux, avec son architecture tout en bois.
05:22Il a coûté presque 4 milliards de forins.
05:24Ça fait 12 millions d'euros.
05:26Et pour l'emplacement, c'était déjà tout vu.
05:29Vous voyez la maison là qui est juste derrière moi, la maison blanche,
05:32ça c'est la maison secondaire de Victor Orban.
05:35Et c'est juste à faire quelques pas, je me tourne, et voilà le stade.
05:39Ouais, c'est ça, il s'est fait un énorme kiff.
05:41L'équipe qui joue ici, c'est la Pushkash Academia,
05:44le club d'Orban qui joue en première division hongroise.
05:48Cette équipe, c'était son rêve.
05:50Orban est tellement un passionné qu'il a placé le fonds
05:53dans le stade de la Pushkash Academia.
05:55Orban est tellement un passionné qu'il a placé le foot au cœur de sa politique.
05:59Et pour en parler, on a quitté la campagne pour la capitale, Budapest.
06:17On est allé dans la rédaction de 444.
06:19C'est l'un des rares gros médias du pays qui n'est pas détenu par un proche d'Orban.
06:23Pour vous donner un ordre d'idée, c'est un peu le Mediapart hongrois.
06:27Il publie de grosses enquêtes sur le Premier ministre et ses proches.
06:30Par exemple, en février 2024,
06:32une de leurs révélations a forcé la présidente hongroise à démissionner.
06:36Ce qui a poussé le gouvernement d'Orban dans sa plus grave crise politique.
06:41Chez 444, on a rencontré Daniel Rényi.
06:44Il est journaliste et il a écrit un livre de référence sur Orban et le football.
06:53Quand il a été premier ministre, de 1998 à 2002,
06:57il n'a jamais vraiment trouvé sa position.
06:59Il voulait être un joueur professionnel.
07:01Il n'était pas assez bon.
07:03Après ça, il a continué à parler de ce qu'il voulait faire.
07:06Il voulait devenir un entraîneur.
07:08Au cours des dernières années, il a compris qu'il voulait encore plus.
07:11Il voulait être le savior du football et de la faim.
07:14C'est comme ça qu'en 2006, Victor Orban fonde la Pushkash Academia.
07:18L'idée de départ, c'est de faire un centre de formation pour les futurs stars du pays.
07:22En gros, le Clairefontaine hongrois.
07:24Pour mener à bien ce projet, il va encore une fois modifier la loi.
07:37Je vous explique avec un schéma.
07:39Je suis une entreprise de construction.
07:41Cette année, j'ai fait des bénéfices.
07:43Je paye donc des impôts dessus.
07:45Avec cette nouvelle loi, j'ai deux choix.
07:48Soit je décide de verser cette somme au budget central
07:50qui servira ensuite pour les écoles et les hôpitaux, par exemple.
07:54Soit je décide de verser cette somme au club de sport de mon choix,
07:57par exemple la Pushkash Academia.
08:21Grâce à ce système,
08:22des milliards de forints ont été injectés dans le football hongrois.
08:25Et avec cet argent, les clubs se sont mis à construire des stades.
08:28Beaucoup de stades.
08:30Depuis 2014, 15 enceintes de 1ère et 2ème division
08:33ont été construites ou rénovées dans le pays,
08:36dont 5 uniquement à Budapest.
08:38Les clubs se sont mis à construire des stades.
08:40Beaucoup de stades.
08:42Depuis 2014, 15 enceintes de 1ère et 2ème division
08:45ont été construites ou rénovées dans le pays,
08:47dont 5 uniquement à Budapest.
08:49Le plus grand des gagnants, c'est lui,
08:51Lorenz Mesaros.
08:53C'est un ami d'enfance de Viktor Orban.
08:55Pendant longtemps, il n'était qu'un modeste patron
08:57d'une entreprise de football.
08:59Mais il a fait un grand progrès.
09:01Le plus grand des gagnants, c'est lui,
09:03Lorenz Mesaros.
09:05C'est un ami d'enfance de Viktor Orban.
09:07Pendant longtemps, il n'était qu'un modeste patron
09:09d'une entreprise de football.
09:11Mais il a fait une grosse différence.
09:13Lorsque le club a commencé à construire des stades,
09:15il a fait une grande contribution.
09:17Pendant longtemps, il n'était qu'un modeste patron
09:19d'une entreprise de gaz.
09:27Selon le magazine américain Forbes,
09:29la fortune de Mesaros est estimée à
09:311,6 milliard de dollars en 2024.
09:33Son empire compte une centaine d'entreprises
09:35dans plein de secteurs différents.
09:37La construction, les assurances, les banques,
09:39l'hôtellerie, les médias et j'en passe.
09:47Deux tiers des Hongariens croient qu'il est juste un frontier.
09:49Il garde juste l'argent d'Orban
09:51parce qu'il est en position complètement indépendante.
10:17Ce soir-là, la Pushkas Academia reçoit Ferencvaros.
10:19C'est le plus grand club de Hongrie.
10:21Et moi je me demandais si les villageois
10:23soutenaient leur équipe locale.
10:25Alors avant le match,
10:27on a demandé aux spectateurs
10:29quelle équipe y supportait.
10:47On n'est pas du tout dans des gros stades européens,
10:49on n'est pas du tout dans des grosses ambiances fumigènes,
10:51typho, etc.
10:53Les gens viennent avec leurs plaides,
10:55les gens viennent avec leurs petits coussins.
10:57On a assisté au match.
10:59Le stade était magnifique,
11:01mais à moitié rempli.
11:03À la fin de la rencontre,
11:05on a pu discuter avec un joueur
11:07de la Pushkas Academia.
11:09Il s'appelle Quentin Maceras,
11:11il est suisse,
11:13et je lui ai demandé
11:15s'il croisait souvent Victor Orban.
11:17Je crois qu'il est là
11:19tous les matchs à domicile.
11:21C'est un vrai passionné du football.
11:23Je l'ai croisé le jour de ma signature.
11:25J'ai vu pas mal d'agents de sécurité,
11:27je me suis dit comment ça se fait qu'il y a tant de sécurité.
11:29Ensuite je l'ai vu rentrer
11:31dans le stade,
11:33il est venu me serrer la main tout gentiment,
11:35me demandant comment s'était passé l'entraînement.
11:37Il a créé une belle académie pour les jeunes.
11:39Franchement c'est top.
11:41Je me souviens de l'époque
11:43on pensait
11:45comment c'était politiquement sensible.
11:47Le truc c'est que
11:49les gens s'en sont habitués.
11:51Parce que ce système a été
11:53construit depuis 13 ans.
11:55Même si c'est grotesque
11:57et bizarre,
11:59on accepte que c'est comme ça.
12:13Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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