JO de Paris 2024 : les athlètes et la maternité

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00:00C'est un plaisir d'accueillir sur ce plateau aujourd'hui Ayodele Ikuesson.
00:03Bonjour à vous, vous êtes sprinteuse française internationale, vice-championne de France
00:07du 100 mètres en 2014, vice-championne d'Europe du relais 4 fois 100 mètres en 2014, voilà
00:12pour la présentation de votre palmarès.
00:14Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:16On va parler des Jeux Olympiques de Paris et plus précisément de la maternité des
00:22athlètes.
00:23C'est toujours le combat d'une vie ça pour une femme de pouvoir concilier sa passion
00:26pour le sport, la compétition et la maternité.
00:30Oui, c'est toujours un combat aujourd'hui, on en parle plus et effectivement je pense
00:34qu'il y a de nombreux sportifs qui sont revenus à haut niveau pour montrer que si on est accompagné
00:39suffisamment à la fois par son staff sur le volet médical on peut revenir mais c'est
00:44toujours un combat.
00:45On a quand même très très peu de sportives qui font le pas de la maternité en pleine
00:49carrière.
00:50La maternité c'est encore aujourd'hui un moment qu'on attend en fin de carrière parce
00:54qu'il peut y avoir des craintes au niveau des sponsors.
00:59On l'a vu avec Alison Felix qui avait perdu son sponsor Nike à l'époque parce qu'aujourd'hui
01:03aussi il faut que les entraîneurs soient formés sur ces différents sujets.
01:06Ils ne le sont toujours pas ?
01:07Ils ne le sont toujours pas, enfin petit à petit on va y arriver mais quand on parle
01:11aujourd'hui des premiers Jeux paritaires à l'échelle de l'histoire on est très
01:15loin de la parité dans le staff technique.
01:17On n'avait que 13% d'entraîneurs féminines à Tokyo, on n'a que deux présidentes de
01:23fédération olympique sur 38 donc on est à 5% de femmes présidentes dans les fédérations
01:29olympiques contre 95% de présidents masculins.
01:32C'est parce qu'il y a encore trop d'hommes dans le domaine qu'on n'a pas pris conscience
01:37aussi de ce que ça représente pour une femme de devoir faire ce choix-là ?
01:40Je pense qu'aujourd'hui il y a plein de choses qui sont faites pour encourager des
01:46femmes à prendre ces rôles-là mais parce qu'il faut une sensibilisation plus forte
01:51il faut encore de l'encadrement technique, moi effectivement j'ai fait des pauses maternité
01:55il a fallu aussi deux fois, j'ai eu des césariennes, alors comment on revient ?
02:00Ce fut long mais on essaye d'être accompagné à la fois sur le plan médical parce qu'effectivement
02:07la césarienne c'est un acte médical, c'est une intervention chirurgicale donc on perd
02:12de la force, moi je l'ai découvert après donc on s'entoure à la fois avec un médecin,
02:17avec des kinés, des ostéopathes, vraiment on fait tout ce travail-là pour revenir physiquement
02:23petit à petit avec un préparateur physique aussi qui va adapter les séances au fur et
02:27à mesure, on s'entoure aussi, moi je me suis entourée sur le plan psychologique aussi
02:31pour justement accepter que ce soit, d'être un peu plus patiente sur ce chemin-là parce
02:36que quand on a connu des niveaux de performance très forts et qu'on revient de maternité
02:41au tout début c'est comme si on réapprenait à marcher.
02:44Et il y a aussi, parfois on en parle de plus en plus, mais aussi le postpartum, au-delà
02:49du corps, ce corps qu'on n'arrive pas à retrouver en tant qu'athlète, il y a aussi
02:54parfois ce burn-out, cet épuisement, cette dépression que gagnent certaines femmes,
03:00c'est beaucoup plus fort chez une athlète qui ne reconnaît pas ce corps-là ?
03:03Je ne sais pas si c'est beaucoup plus fort mais je pense qu'effectivement le postpartum
03:07c'est un sujet dont on parle très peu, je pense qu'il y a aussi cette notion de
03:11on devient maman et pendant neuf mois de la grossesse on était plutôt entouré, on
03:17est un peu au centre du sujet et puis quand on devient maman le focus bascule sur l'enfant
03:23et donc il y a ce fait de société où on devient maman mais on reste une femme et
03:29donc il faut qu'on soit aussi accompagnée, qu'on prenne du temps pour soi et c'est
03:32aussi important je pense pour toutes ces sportives et toutes ces mamans en fait finalement
03:36de dire qu'on est maman mais on est aussi des femmes et donc on a besoin de retrouver
03:41son corps alors est-ce que c'est pour faire des intensités de sport comme le haut niveau
03:45pas forcément mais c'est vraiment un message important de dire qu'on ne doit pas rester
03:50avec des douleurs ou se rester avec un mal-être parce qu'on a pris du poids ou parce qu'on
03:55ne se retrouve pas, c'est important aussi d'accompagner mieux les femmes sur ces différents
03:59sujets qu'on soit des sportives de haut niveau ou pas.
04:02Et alors justement est-ce que les lignes ont tendance à bouger, on voyait derrière vous
04:06les images de Clarisse Agbeninou qui a aussi attiré la lumière, qui a mis la lumière
04:11sur sa maternité, sa petite née il y a deux ans maintenant l'accompagne partout, elle
04:16la lait même auprès du tatami, ça est-ce que ça permet aussi de faire bouger les lignes
04:21ou c'est simplement réservé à certains athlètes très médiatisés ?
04:26Je pense que ça fait bouger les lignes, ça permet effectivement, c'est des athlètes
04:30très médiatisés mais en même temps ça permet aussi que d'autres athlètes moins
04:34médiatisés passent le pas et se disent que c'est possible.
04:37Est-ce que vous bénéficiez du même accompagnement, de la même tolérance ?
04:41Alors c'est pas le même accompagnement aujourd'hui, c'est pour ça qu'il faut
04:44continuer à en parler, c'est pas non plus la même tolérance, c'est pas les mêmes
04:47moyens financiers.
04:48Par contre une des réalités c'est que si on est accompagné à la hauteur des besoins
04:53on peut revenir et donc c'est le sujet sur lequel aujourd'hui il faut se battre, c'est-à-dire
04:57qu'il faut pas qu'on soit de l'ordre de l'exceptionnel, il faut pas que ce soit
05:01au cas par cas, il faut que ce soit généralisé, il faut que toutes les sportives qui font
05:05une pause maternité soient accompagnées à la hauteur des moyens dont elles ont besoin
05:09pour revenir parce qu'aujourd'hui la maternité ce n'est pas une fin de carrière.
05:13On a des athlètes et des sportifs qui reviennent d'une rupture du tendon d'Achille et qui
05:17sont accompagnés.
05:18Parfois ça peut être rupture, enfin les croisés, on entend souvent ça au football
05:23et on met les soins nécessaires pour qu'ils reviennent, la maternité c'est la même
05:27chose.
05:28Donc si on accompagne à la fois sur le plan physique et le plan mental aussi les sportives,
05:32eh bien elles sont en capacité de revenir.
05:33Un mot plus général sur ces Jeux de Paris à Yodélé-Equessant, vous les suivez j'imagine
05:39de très très près.
05:40Très attentivement.
05:41Est-ce que vous avez l'impression qu'on la retrouve cette ferveur qu'un temps on
05:45ne la ressentait pas forcément ici à Paris et ailleurs à l'approche des Jeux, est-ce
05:48que là on y est, est-ce que c'est quelque chose qui rassemble et un moment de communion ?
05:52Oui, je pense que nous les sportifs on savait qu'on allait vivre ce moment-là parce
05:56qu'effectivement en amont on est concentrés sur des sujets d'organisation, de sécurité
06:03et là on est en plein dans les Jeux, on parle de sport, on a des résultats des français
06:07qui sont assez extraordinaires aussi.
06:08Donc cette ferveur elle est partagée et puis ça nous fait du bien.
06:12C'est un moment où on est unis, on est tous là en train de soutenir les bleus dans
06:19toutes les épreuves et on les félicite qu'ils soient médaillés d'or comme Léon Marchand
06:24ou argent, bronze ou parfois pas médaillés non plus.
06:27Je pense qu'on est tous unis derrière nos bleus et c'est important et c'est un moment
06:31assez magique que l'on est en train de vivre actuellement.
06:34Merci beaucoup Ayodele Kouissan, merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions sur France 24.

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