Maya Lauqué reçoit Salim Dabo, fondateur de l'association Univers Projet 93 sur le plateau des 4 vérités.
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00:00Et je vous laisse me rejoindre à Salim Dabo, Damien le disait, bonjour.
00:08Bonjour, bonjour, bonjour.
00:10Merci d'être avec nous.
00:11Merci à vous.
00:12Damien le disait, vous vivez en Seine-Saint-Denis, à la pleine Seine-Saint-Denis, vous avez 25 ans
00:16et vous vous êtes fixé pour mission de veiller à la bonne tenue des Jeux Olympiques
00:21et de donner une bonne image de la banlieue en Seine-Saint-Denis,
00:25l'un des départements les plus pauvres de France,
00:28mis à l'honneur pendant ces Jeux Olympiques.
00:30Pourquoi vous êtes-vous fixé d'abord cette mission ?
00:33Comment vous est venue cette idée-là ?
00:35Avant tout, j'ai créé mon association en 2022 en direction de la jeunesse,
00:41d'accompagner la jeunesse à trouver des opportunités professionnelles.
00:44Avant tout aussi, on a créé un programme éducatif, sportif et culturel en direction aussi de la jeunesse.
00:51C'est une association jeune, vous le dites, elle a deux ans,
00:54donc vous l'avez vraiment créé dans l'objectif des Jeux Olympiques.
00:57Exactement. En fait, on l'a créé dans le but aussi d'insérer les jeunes à découvrir d'autres sports
01:04que les sports phares de la banlieue, le foot, le basket et aujourd'hui un peu le rugby.
01:11Aujourd'hui, on a la chance d'accueillir les JO dans la ville de Saint-Denis,
01:16une magnifique ville où on peut développer beaucoup de compétences grâce aux JO
01:23au niveau du sport pour les jeunes.
01:25Sortir des clichés, sortir des stéréotypes, c'était votre ambition.
01:29On va parler de ce que vous faites concrètement pendant ces Jeux Olympiques,
01:32mais d'abord, est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours ?
01:35Vous êtes un enfant de la plaine Saint-Denis.
01:37Exactement. Avant tout, on me surnomme le maire des banlieusards dans toute la banlieue,
01:42à peu près dans le 9-3, dans le 9-4, dans le 9-5.
01:46Pourquoi est-ce qu'on vous surnomme comme ça ?
01:49Parce qu'en fait, je suis quelqu'un de déterminé, quelqu'un de courageux.
01:53Je n'ai pas eu une enfance facile.
01:56J'ai eu un parcours scolaire vraiment difficile, où j'étais dans une classe spécialisée
02:02et je ne me retrouvais pas à ma place.
02:05Ma détermination est venue au niveau scolaire et éducation nationale.
02:10Montrer qu'on est capable de faire, montrer qu'on est capable de réussir
02:14et franchir toutes les portes.
02:16Aujourd'hui, je pense que je suis l'exemple de la banlieue.
02:20Montrer qu'on est capable.
02:22Tous les jeunes me suivent aujourd'hui.
02:24Comment vous faites concrètement ?
02:26Que faites-vous pendant ces Jeux olympiques ?
02:28Pour donner cette belle image et veiller à la bonne tenue des Jeux olympiques en Seine-Saint-Denis.
02:35Avant tout, comme vous avez dit, les clichés, les stéréotypes,
02:40tout le monde pense que les jeunes sont difficiles à aborder.
02:43Moi, je vais vers les jeunes, discuter avec les jeunes,
02:46comprendre le problème des JO envers eux.
02:53C'est qu'ils me disent clairement qu'ils ne se sentent pas concernés par les Jeux,
02:59qu'ils sont mis à l'écart.
03:02Et moi, mon premier rôle, c'est de les rassurer, leur dire que ce n'est pas grave.
03:07Au moins, tu profites des JO.
03:09Au moins, tu peux parler avec des touristes.
03:11Au moins, tu peux aussi te cultiver à distance.
03:14Et ces mots-là font du bien.
03:17Pourquoi vous dites que les jeunes que vous rencontrez se sentent à l'écart de ces JO ?
03:23C'est que la banlieue a été toujours à l'écart, n'a jamais réussi à quitter sa zone de confort.
03:31C'est que nous, les jeunes de banlieue,
03:33aujourd'hui, moi, j'ai réussi à m'en sortir et à quitter ma zone de confort.
03:40Mais les jeunes de banlieue, aujourd'hui, ont peur de quitter leur zone de confort.
03:45C'est qu'ils ne vont pas aller vers, ils ne vont pas s'intéresser comme ça.
03:49Ils ont besoin d'installer une confiance et d'aller après s'épanouir pendant ces JO.
03:55Franchement, c'est que les jeunes ont vraiment peur de se confronter à ça.
04:00Et pourtant, de l'argent a été investi dans le département, notamment.
04:06Je vais citer, 381 millions d'euros versés aux entreprises du département.
04:11Elles ont pu investir, transformer des contrats d'insertion en CDI, en CDD.
04:16Il y a certains quartiers qui ont vu le jour, à Duny, je pense notamment.
04:20Des piscines, de nouvelles piscines pour permettre aux gamins.
04:24A Saint-Denis, à Aulnay-sous-Bois, à la Courneuve.
04:27Et ces JO, ils vont laisser un héritage en Seine-Saint-Denis aussi.
04:32Exactement, c'est qu'en fait, ça sera une marque pour nous,
04:35ça sera une marque pour tous les citoyens en France.
04:38C'est qu'aujourd'hui, on a la possibilité de voir des structures
04:43qui vont rester à jamais implantées dans notre territoire.
04:47Mais c'est qu'aujourd'hui, on n'a pas assez organisé
04:53comment inclure vraiment la jeunesse dans ces jeux.
04:58Parce que quand je discute avec les jeunes,
05:02eux, ils veulent être organisateurs.
05:05Comment organiser les JO ?
05:08C'est ça qui est important, c'est des événements internationaux
05:12qui peuvent cultiver ces jeunes à être ambitieux
05:16et à voir loin pour leur avenir.
05:19Il y a des éducateurs, il y a des médiateurs.
05:22Qu'est-ce que vous, vous apportez en plus par rapport à ces représentants
05:26qui servent de lien déjà et qui vont à la rencontre des jeunes ?
05:30C'est que déjà, ce que j'apporte en plus, c'est qu'il y a mon âge qui joue.
05:35C'est que j'ai 25 ans et on est tout proches.
05:38C'est qu'on a des liens, on arrive à comprendre ce qui ne va pas.
05:43C'est que j'écoute et j'applique.
05:45Mon travail, il est là.
05:47C'est que 24 heures sur 24, je travaille pour les jeunes.
05:50Leur dire que je vous écoute et on va faire ce que vous voulez faire.
05:53C'est ce qui marche chez les jeunes.
05:56C'est suivre sa directive, essayer de construire sa directive
05:59et d'aller vers sa direction.
06:02Vous êtes payé pour ça ? Par le CIO ou par votre ville ?
06:05Je suis payé par la préfecture.
06:07J'ai une subvention d'été, de quartier d'été,
06:10une subvention de contrat ville où la préfecture me soutient énormément.
06:14Franchement, c'est magnifique parce qu'ils ont cru au projet d'Univers Project.
06:18C'est que nous, on veut toucher les univers.
06:21Même la ville de Saint-Denis a bien compris qu'on est ambitieux.
06:24Moi-même, je suis énergétique et je suis déterminé pour la réussite de la banlieue
06:31et de montrer la bonne image de la banlieue.
06:33Vous avez quel rapport avec les élus ?
06:35Je m'entends super bien.
06:37C'est qu'aujourd'hui, avec les élus, beaucoup vont critiquer des élus.
06:42Mais moi, franchement, de ma part, c'est des élus magnifiques.
06:45C'est des élus qui sont compréhensibles.
06:47J'ai dit qu'il casse Sonia Rabhi, James et même Mathieu Adoutan
06:53parce que ce n'est pas un travail qu'est le maire de Saint-Denis.
06:56Et ce n'est pas évident pour lui d'organiser les Jeux.
06:58C'est un événement énorme, énorme, énorme.
07:01Et je lui dis félicitations à lui quand même.
07:03Lors des dernières législatives, le Nouveau Front Populaire
07:07a remporté nettement le scrutin en Seine-Saint-Denis.
07:11Le Rassemblement National a placé trois candidats au second tour dans le département.
07:15C'était une première.
07:16Aujourd'hui, les habitants, ils sont dans quel état d'esprit ?
07:19Est-ce qu'ils ont confiance ? Qu'est-ce qu'ils attendent des politiques ?
07:22Ce qu'ils attendent des politiques, avant tout, je pense que toute la nation se tait aujourd'hui
07:28et attend les JO se termine.
07:31Mais on attend une nouvelle évolution, de faire confiance à l'avenir,
07:34de construire autour de l'avenir.
07:36C'est ce qui est le plus important.
07:38C'est ce que je demande à mon président Emmanuel Macron,
07:41de construire autour de nous,
07:43de fonder un avenir serein pour nous
07:47et de ne plus revoir le RN devant nous.
07:55Vous, vous avez envie de vous engager et de faire de la politique ?
07:58Franchement, j'ai de l'expérience encore à acquérir.
08:02Je dois apprendre, mais je suis déterminé à faire de la politique
08:06et essayer de casser ces stéréotypes et ces clichés,
08:11de dire que la banlieue, c'est des métiers spécifiques,
08:16qu'on dévoile à chaque fois en troisième sur l'orientation subie,
08:20où on propose des CAP ou des bacs pro.
08:23Moi, c'est de me battre et de réussir
08:25et de montrer que la banlieue est capable d'aller plus loin que la politique.
08:30Et que ce qu'elle imagine peut-être, ou que ce que certains peuvent imaginer,
08:34de même, il part d'autocensure, peut-être qu'il faut aussi effacer.
08:37Exactement, effacer.
08:39Merci beaucoup Salim Daboud d'avoir été avec nous ce matin.
08:41Franchement, ça fait vraiment plaisir.