Sport Reporter_Le Raidillon de Spa, au pied du mur (2019) (en français - Canal+ Sport 360 - France) [RaceFan96]
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00:00Quand on arrive, finalement, on descend, on descend, on descend, on voit pas grand-chose,
00:08on voit juste le premier bout du rayon, puis après on remonte.
00:10Faut le prendre à fond, on peut pas voir en haut du virage, alors c'est intense quand
00:18on est dans le voiture.
00:19Le premier tour, voilà, c'est un peu choquant quand on le prend à fond.
00:23C'est comme quand on est dans un Grand 8, on est un peu l'anosé quand on en sort.
00:26C'est un couloir qui est toujours très délicat, l'élévation le rend très unique.
00:34Il s'en restera toujours ce pas, faut encore changer le rayon de l'eau rouge, même les
00:44anglais savent le dire.
00:45Eau rouge.
00:46Jeudi matin, la veille des premiers essais du Grand Prix de Belgique, le rédillon s'anime,
01:04déjà.
01:05Les pilotes sont venus inspecter la piste.
01:13Mais pendant quelques instants, certains s'avouent simplement le fait de gravir la
01:20montée mythique du circuit de Spa.
01:22Devenu aujourd'hui symbolique du tracé belge,
01:43cette montée n'existait pas lors des premières courses disputées à Francorchamps.
01:47Son histoire est soigneusement consignée au musée du circuit.
01:52On voit ici le départ de 1939, l'année où les voitures, qu'on n'appelle pas encore
02:01des Formules 1, apprêtent le rédillon pour la première fois.
02:04Cette année-là, le rédillon devient le premier virage artificiel de l'histoire.
02:10L'autonomie-club de Belgique trouvait que le passage par l'ancien tracé, celui qu'on
02:18appelle l'ancienne douane, l'ancienne douane allemande, ralentissait très fort, c'était
02:26une courbe assez forte, à plus de 180 degrés, et puis les voitures disparaissaient de la
02:34vue des spectateurs.
02:35Alors, pour remédier à cela, ils ont imaginé le rédillon, quel que soit le nombre de gens,
02:43ils voyaient le rédillon comme un tableau au mur, donc vous n'étiez même pas gênés
02:48par votre voisin de devant, vous voyez le rédillon.
02:52Théâtral, l'enchaînement commence par une longue descente jusqu'au virage de l'eau
02:57rouge, en référence à la rivière qui court sous le circuit à cet endroit.
03:01Les F1 s'engagent ensuite dans une montée de 240 mètres de long, le rédillon.
03:06Visuellement, c'est impressionnant, parce qu'on arrive à 300 là-dedans, et c'est un mur.
03:10Il y a une impression de mur.
03:18Une simple interrogation bâtit sa légende, comment le prendre à fond ?
03:23Le trône, c'est le trône le plus difficile de la Formule 1.
03:26Il faut un moment pour qu'il soit plat.
03:29L'impressionnante cuvette de l'eau rouge que le phénoménal Rosberg réussit à prendre
03:33régulièrement à fond.
03:34Il faut convaincre soi-même de ne pas se lever.
03:38Pour les premières deux courses, tu dis, vas à l'arrière et mets le pied.
03:41Ne levez pas, ne levez pas, et puis tu le prends plat, et c'était très effrayant.
03:46Ce qui était difficile, c'est au moment de passer à fond, c'est d'obliger le pied
03:49à rester à fond.
03:50Et c'est ça qui, tout d'un coup, faisait mal à l'intérieur.
03:52Parce que le pied veut lever, et le cerveau dit non, reste à fond, mais le pied lève quand même.
03:56Et c'est ce moment-là où il y a un combat interne, et ça prend trois ou quatre passages
04:00avant d'être capable de passer à fond.
04:02Des exploits qui ont imprégné certains pilotes actuels.
04:16Mais avec les voitures actuelles, la question ne se pose plus.
04:19Le virage se franchit pied au plancher pour tout le monde, à plus de 300 km heure.
04:27C'est très facile, ce n'est plus même pas un coin.
04:30Très facile, plat.
04:31Les yeux sont fermés, plat.
04:37Une impression de facilité, pas vraiment confirmée au pied du fameux virage.
04:45Ici, derrière un rail de sécurité qui paraît bien mince, un caméraman suit de près,
04:52très près, la trajectoire des voitures lancées à plus de 300 km heure.
05:22Car le Rédillon reste un moment à part dans la saison d'un pilote.
05:36Catapulté dans la descente, il remonte brutalement dans le Rédillon, 24 mètres de dénivelé,
05:44c'est comme si la F1 se trouvait projetée au-dessus d'un immeuble de huit étages.
05:52C'est une combinaison de compression verticale et d'accélération latérale.
05:56C'est pour ça que c'est un peu particulier, parce que normalement,
05:58il n'y a pas la composante verticale, on va dire, dans les virages.
06:01La saison dernière, un pilote encaissait environ 4G verticaux,
06:05l'équivalent de ce que ressent un astronaute au décollage d'une fusée.
06:12C'est amusant, on a un peu de sensation de suction, de compression.
06:16Le soir, on a le dos un peu compressé.
06:18Parallèles, c'est les montagnes russes, par exemple.
06:20Tu montes tout en haut d'une montagne russe et elle redescend tout d'un coup.
06:24Donc là, tu vas encaisser beaucoup de 2G verticaux, c'est la même sensation.
06:29Au cœur de ces turbulences, des moments de grâce,
06:31comme ce dépassement de Mark Webber sur Fernando Alonso en 2011.
06:49Je ne fais pas ce mouvement à côté de moi avec un autre pilote, probablement.
06:52Avec Fernando, tu peux faire ce mouvement.
06:56J'ai dépassé Mark au début de l'année précédente et on était côté par côté.
07:01Je savais que quand on était côté par côté la deuxième fois,
07:04j'allais devoir relâcher, donc c'était 1-1, quelque chose comme ça.
07:12C'était proche, on s'est mis les mains derrière et on s'est dit OK.
07:14J'ai eu la même chose en 2007 avec Hamilton.
07:17On était côté par côté et à ce moment-là, il a relâché aussi.
07:21Donc, je veux dire, tu dois croire à qui tu es à côté.
07:45Ici, c'est l'endroit à ne pas manquer.
07:48Tout le spectacle est là, c'est un endroit fort du circuit.
07:51C'est extraordinaire, les voitures, on les voit de très près.
07:54C'est impressionnant, le dénivelé, le point de compression, c'est magique.
08:00Il faut venir très, très, très tôt le matin, la place est très chère, extrêmement chère.
08:05Tu arrives à quelle heure, vous ?
08:066 heures du matin.
08:09Moi, ça me fait plaisir de voir toute la ligne droite là et la montée du rédillon
08:13avec notamment les vibreurs, le son, le son des moteurs et tout.
08:19C'est super sympa.
08:20C'est un virage de légende, surtout.
08:22Il y a des années, Prost et Sennal n'y passaient pas à fond.
08:24C'est chez Marc qui est le premier à fond.
08:26Maintenant, ils sont tous à fond, les manettes, c'est génial.
08:30Au sommet de la côte, les commissaires du poste numéro 2
08:34Au sommet de la côte, les commissaires du poste numéro 3
08:38s'apprêtent aussi à se forger des souvenirs à part.
08:41C'est ma première formula que je fais, être au rédillon, c'est vraiment génial.
08:46C'est un des plus beaux virages du circuit.
08:48Ils passent à des endroits, ils sont aussi les plus rapides.
08:50On les voit descendre tout le bas du rédillon, ils montent le rédillon jusque là
08:56et nous, on les voit jusque là-haut.
08:58Chef, tu restes là pendant que tu fais l'inspection ?
09:00Je vais descendre alors.
09:04De la décontraction, pourtant dans quelques minutes,
09:08ces hommes devront peut-être prendre des risques considérables.
09:11Décennie après décennie, le rédillon a toujours provoqué des accidents glaçants.
09:17Zanardi en 1993.
09:19On n'aime pas beaucoup quand il y a un accident ou un truc ainsi,
09:22parce qu'on a toujours peur pour le pilote, pour les commissaires qui sont au bord de piste.
09:28On est habitués quand même, on a eu plein d'accrochages depuis le temps qu'on est au circuit.
09:33Ça ne nous fait plus rien quoi.
09:35Mais on a une petite peur pour le pilote quand même.
09:37Puis à la fin des années 90, c'est ici que Jacques Villeneuve détruit violemment plusieurs voitures.
09:431998, c'était à la fin des essais libres en vieux pneus avec le plein d'essence.
09:46Donc c'était vraiment un moment stupide, c'était un manque de conscience de tenter de passer à fond.
09:50Il a essayé de battre le record de vitesse dans le rédillon.
09:53Et il est passé une fois, à 317 je crois, c'était la première fois qu'on passait à cette vitesse-là.
09:59Et la deuxième fois, sa voiture a décroché.
10:01Il est allé dans les graviers, il est allé se mettre dans les pneus.
10:09L'année suivante, c'était en qualif' pneu 9, ça passait pas.
10:12Il est 13h31 cet après-midi lorsque Jacques Villeneuve attaque son cinquième tour de qualification sur le circuit de Francorchamps.
10:19J'ai vu les étoiles et ça m'a pris quelques secondes en sortant de la voiture pour retrouver mes repères.
10:26J'avais les yeux dilatés, j'ai tenté un tour.
10:28J'étais juste incapable de piloter.
10:30J'ai pris la décision de sortir la voiture et de faire terminer les qualif'.
10:34Le paradoxe, le rouge de ce sport, c'est qu'il a été un des virages peut-être les plus dangereux pendant des années et des années.
10:44Il l'est encore, mais peut-être un peu moins.
10:46Et il n'y a pas un pilote qui a été négatif contre ce type de virage.
10:53C'est-à-dire que c'est un challenge. Et à partir du moment où c'est un challenge, il est intégré dans le risque qui les rend à la F1.
11:00Je vous disais tout à l'heure qu'il y a eu un très grave accident pendant l'épreuve d'endurance des 1000 kilomètres de Spa-Francorchamps.
11:07En 1985, le Redillon connaît l'un de ses instants les plus noirs.
11:13Lors d'une course d'endurance, Stéphane Beloff, grand espoir allemand, se tue après un contact avec Jacky X.
11:24Un drame, des angoisses. Alors, le sport automobile tente de dompter l'arrogant virage, jusqu'à l'excès peut-être.
11:34En 1994, une chicane y est installée. Elle sera rapidement retirée.
11:40Mais la sécurité pousse la courbe à changer au fil des années.
11:46Il a quand même été facilité le virage parce qu'à l'époque, il y avait de l'herbe, le mur tout proche et un mur à l'intérieur.
11:54Maintenant, il est ouvert. Maintenant, il est ouvert. Il y a de l'asphalte de partout.
11:58Plus sûr, le Redillon y aurait-il perdu son âme ?
12:02Forcément, c'est moins dangereux, mais tout est moins dangereux qu'il y a 20 ans. Ça, c'est sûr.
12:06Même les voitures de route, elles sont moins dangereuses qu'il y a 20 ans, mais personne ne se plaint.
12:09Même pour certains de ceux qui fanfaronnent...
12:11Ce n'est plus vraiment un courant. C'est assez facile de s'éloigner.
12:15Le Redillon n'est finalement peut-être pas si simple.
12:18C'est juste que l'année dernière, j'ai eu un moment étrange dans la course où j'ai perdu le virage.
12:45En qualifiant, normalement, c'est facile.
12:47Les pneus sont bas, les pneus sont étiquettes.
12:50Mais dans la course, c'est toujours...
12:52Chaque année, j'ai un moment dans la course.
13:15Puis en haut du Redillon, amorcer un virage à gauche qui n'existe encore que dans votre esprit.
13:38Une manière d'aborder le virage qui ressemble à un calque presque parfait
13:42du discours de Mika Akinen, 15 ans plus tôt.
13:57Tout comme ce dépassement de Raikkonen en 2012
14:02rappelle étrangement cette manœuvre de Nelson Piquette en 1983.
14:13Lorsque les pilotes d'aujourd'hui avalent cette montée,
14:16ils parcourent un asphalte gorgé de grandes et de petites histoires.
14:23C'était aussi important que la victoire.
14:25D'être capable de passer à fond dans le rouge, ça avait la même valeur que de gagner le Grand Prix.
14:29Donc oui, c'est bête, c'est très très bête.
14:33Ça, je l'ai peut-être pris un peu de mon père parce qu'il avait un brin de folie aussi.
14:37Le Redillon aura toujours une âme, comme ce circuit aura toujours une âme.
14:41Le fait que les spectateurs puissent le voir des deux côtés, le fait qu'il y a des images incroyables.
14:45Vous avez une image d'en haut avec la caméra, vous avez l'impression que c'est un mur.
14:49Il restera toujours en créé.
14:51Créé pour donner du spectacle, le Redillon de Spa continue d'offrir une émotion intacte à ceux qui le défient,
14:59comme à ceux qui le regardent.