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Dans Europe midi, Mickaël Dorian et ses invités débattent de dernières informations.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00Europe 1 13h. Vous écoutez Mickaël Dorian jusqu'à 14h sur Europe 1. Pour le moment, on continue à
00:05décrypter l'actualité avec vos invités, Mickaël, Nathan Dever et Bernard Koyanadade.
00:11Je crois que vous vouliez réagir sur une information de nos confrères de CNews.
00:14Absolument. Un individu sous OQTF a été remis en liberté après avoir blessé deux policiers
00:20lors d'un contrôle routier à Marseille. Encore une décision incompréhensible pour les Français.
00:26C'est vrai que jusqu'ici, on avait l'impression qu'il y avait du mieux dans la justice de notre
00:30pays. Alors d'abord, une réaction Bernard. C'est que ce mouvement suspendu que nous avons
00:36vécu pendant 15 jours, il avait disparu tout simplement parce que les Jeux Olympiques n'ont
00:42pas changé la politique judiciaire que nous avions et n'a pas inversé non plus notre relation à ce
00:51type d'exemption. Ça n'a pas non plus mis à défaut la proportionnalité de la réponse pénale qui
00:58doit avoir lieu dans ce type d'événement. Pourquoi ? Parce que ce qu'on vit aujourd'hui, c'est qu'il y
01:05a une défiance vis-à-vis de l'autorité, que ce soit l'autorité de police, que ce soit aussi les
01:10maires d'un certain nombre de communes, que ce soit les représentants de l'État, que ce soit un
01:14représentant d'élus, que ce soit aussi un certain nombre de représentants dans les entreprises.
01:18Certains de malfrats, on le voit bien, n'ont plus peur de la police parce qu'insulter, agresser un
01:23policier, essayer de violenter des policiers, ce n'est plus un risque et surtout ce n'est plus un
01:30risque pénal. Et c'est bien ça aujourd'hui qui est extrêmement grave. Il faut revoir notre politique
01:35pénale, il faut revoir notre politique de sanction vis-à-vis des titulaires de l'autorité publique.
01:39C'est un certain défaut et un manque et là on reste encore dans des trous de la raquette et ça
01:45n'a pas avancé depuis un certain nombre de mois, malgré le travail qui a été fait par Gérald
01:51de Manin, malgré le travail qui a été fait aussi par M. Nunez, le préfet de police, malgré les
01:57déclarations de M. Dupont-Noretti. Nathan Devers ? Alors déjà je pense qu'on n'a pas forcément tous
02:03les éléments sur la manière dont la décision a été faite de le mettre en liberté dans
02:10l'attente de son procès qui sera je crois en janvier 2025 et si je suis bien au courant du
02:17déroulé précis des faits, je crois qu'il était arrêté par la police. Alors justement on a Rudy
02:22Manin qui va peut-être nous éclairer, qui est avec nous, porte-parole national du syndicat de
02:26Police Alliance. Bonjour Rudy, merci d'être en direct avec nous cet après-midi sur Europe 1.
02:30Rudy, est-ce qu'on peut revenir sur les faits ? Que s'est-il passé précisément ?
02:36Alors ce qui s'est passé, c'est que la compagnie de sécurité routière de nuit à Marseille,
02:41qui est un service extrêmement ancien sur Marseille, qui fait un super boulot, a contrôlé
02:46un individu sur un contrôle routier. Il s'avère que cet individu qui a environ 45 ans a présenté
02:52un permis de conduire italien qui s'est révélé faux. Ensuite le véhicule était en défaut
02:57d'assurance donc au départ le contrôle se passe très très bien, il faut dire les choses. Les
03:02collègues en passant des fichiers se rendent compte que l'individu a une fiche au QTF,
03:07une obligation de quitter le territoire français, ils le ramènent donc au commissariat pour le
03:11présenter à un officier de police judiciaire, ils le ramènent dans le commissariat du secteur
03:15centre de Noailles au cœur de la Cannebière, un grand commissariat marseillais. A ce moment-là
03:19l'individu pète un peu les plombs, excusez-moi de l'expression, et tente de prendre la fuite.
03:23Et en tentant de prendre la fuite, il bouscule un policier qui le blesse, assez grièvement au
03:28genou puisqu'il a déjà 15 jours d'IPC mis en place par l'unité médico-légale, ce qui est
03:33quand même assez rare de leur part, c'est quand même une blessure importante pour le policier,
03:36un deuxième qui est blessé au pied et réussit à l'interpeller. Donc il y a des violences qui sont
03:41commises à l'encole des policiers, une rébellion, plus tout ce qu'il y avait auparavant. L'individu
03:47fait 48 heures de garde à vue et à l'issue des 48 heures de garde à vue il est signifié par le
03:55substitut procureur de permanence du week-end, parce que c'était en week-end, il est signifié
03:59qu'il sera convoqué par un officier de police judiciaire au tribunal de Marseille, il y a une
04:05convocation, on appelle ça une COPJ, une convocation par un officier de police judiciaire au tribunal
04:10de grande instance de Marseille en janvier 2025. Et c'est là que nous, ça me semble complètement
04:15lunaire cette décision, ça me semble complètement lunaire parce que c'est un individu qui n'a pas
04:19de papier, c'est un individu qui n'a aucune garantie de représentation, c'est un individu
04:24qui ne travaille pas et on lui demande de se représenter dans sept mois au tribunal de
04:29grande instance de Marseille pour répondre de ces violences à l'incompte des policiers qui,
04:34je le rappelle, ont quand même des blessures assez conséquentes. Et là moi j'ai des policiers qui
04:38m'appellent et qui me disent mais on vit dans un pays de fous, en fait on vit dans un pays de dingue.
04:43Mais Rudy, Rudy Manapour, qu'on comprenne bien, qui a pris cette décision, qui a décidé de cette
04:49remise en liberté ? C'est le parquet de Marseille, c'est le substitut du procureur qui décide de
04:55permanence probablement, qui décide de convoquer, alors ça se fait très régulièrement les
05:00convocations par officier pour les judiciaires, c'est-à-dire vous avez une affaire, vous êtes
05:04interpellé par les policiers, dans beaucoup de cas on vous demande de vous présenter, vous êtes
05:08blessé libre, et on vous demande de vous présenter 6, 8, 10, 12 mois après parfois au tribunal de
05:14grand espace de Marseille de répondre pour répondre des accusations et des motifs de
05:20l'interpellation qui ont eu lieu, ça arrive très fréquemment. Mais quand vous avez quelqu'un qui
05:26travaille, quand vous avez quelqu'un qui a des passifs français, quand vous avez quelqu'un qui a des
05:30garanties de représentation, il n'y a aucune difficulté à ça, bien évidemment, on le comprend
05:34totalement, on ne peut pas juger tout le monde en comparaison de l'immigration. Mais là il agresse un
05:37policier, il n'y a aucune garantie de représentation, il n'a pas de papier, et aujourd'hui on dit aux
05:42policiers qu'ils ont subi des blessures, je le répète une nouvelle fois, assez conséquentes, on l'a
05:47convoqué dans huit mois, on lui demande de venir dans huit mois. Janvier 2025, c'est ça ?
05:53Janvier 2025, il est visé par une obligation de quitter le territoire français, autant dire
06:02qu'il ne va jamais se présenter. Très probablement, dans 99% des cas, il ne se présentera pas, et c'est
06:10là que les policiers se sentent injustement traités, parce que nous on a conscience que le métier est
06:16difficile, on n'est pas des fleureuses de l'expression, mais on a conscience qu'on peut être baissé,
06:20on a conscience qu'on peut avoir maille à partir avec des individus qui ne veulent pas
06:25se laisser interpeller, c'est pas ça le problème. C'est que quand un policier est blessé sur ce genre
06:30d'événement, il est normal qu'on attend, comme tout Kidam d'ailleurs, comme toute personne qui a
06:35subi des violences, on attend une réponse de la part de l'État, et cette réponse est une réponse
06:40qui doit être donnée par la justice. Alors encore une fois, je ne veux pas blâmer toute la justice,
06:45parce qu'il y a des magistrats formidables à Marseille qui travaillent tellement bien, mais là encore c'est
06:49un magistrat qui a décidé cela, et qui entache tout ce que les autres font, et puis vous imaginez
06:55l'état d'esprit des policiers. Il y a toute la corporation qui est complètement scandalisée par cette décision.
07:03Bernard Cohen Haddad, vous entendez Rudy Mana, vous imaginez aussi dans quel état d'esprit
07:06effectivement sont les policiers, les policiers qui étaient mobilisés, qui ont parlé des Jeux
07:11Olympiques, qui ont été mobilisés, qui ne sont pas partis en vacances, qui ont travaillé durant cette
07:16période. Quel message on leur envoie aujourd'hui ? Quel message aussi on envoie aux Français finalement
07:21sur la justice de notre pays ? Il y a déjà une incompréhension des Français face à ce type de
07:25situation. Quelqu'un qui est arrêté doit respecter la police, ce n'est pas uniquement parce qu'il est
07:30au QTF. Quelle que soit la personne qui est arrêtée, elle doit respecter les services de police pour être
07:36traité, pour être amené au commissariat, ça a été bien dit. Ce que l'on voit aujourd'hui, c'est le manque
07:43de proportionnalité, je le redis, de réponse pénale face à ce type de situation et de personnel qui
07:49représente l'autorité de l'état. Que ce soit des policiers, que ce soit des surveillants pénitentiaires,
07:54que ce soit des personnels de santé qui vont aussi aujourd'hui dans un certain nombre de quartiers, que ce
08:01soit aussi des élus de la République. Je vous rappelle, il y a quelques semaines, on mettait, on incendiait soit des
08:09bâtiments, soit tout simplement des véhicules de mer de communes en France. On voit bien qu'aujourd'hui
08:13ceux qui représentent l'autorité de l'état ou l'autorité de la République ne sont pas protégés
08:19à la hauteur de leur mission. Et on peut comprendre l'émotion des policiers s'il s'agit de modifier
08:27la loi, il faut le reconnaître, il faut aller plus vite. Aujourd'hui on est dans un statu quo, comment
08:32peut-on comprendre que quelqu'un qui est aujourd'hui, passe devant un procureur, qui est en situation
08:39hériculière, devra répondre de ses faits dans cinq ou six mois ? C'est pas sérieux tout ça.
08:44Nathan Devers. En effet, dans cette affaire, je ne sais pas exactement ce qu'avait en tête le
08:52substitut du procureur pour prendre cette décision, mais je comprends parfaitement le sentiment
08:58d'intimidation, voire d'injustice des policiers dont fait part Rudy Mana, et surtout la crainte
09:03que la justice ne soit pas rendue sur cette affaire, puisque l'individu peut manifestement,
09:08ou a des fortes chances, de ne pas se présenter en janvier 2025. Il me semble que ce qui est
09:14difficile quand on commente une information de ce genre, c'est de passer de la remarque au zoom sur
09:21ce fait là, à un diagnostic plus général sur ce qui se passe en France. Parce que quand on regarde
09:27l'état des lieux en France, je veux bien qu'on dise que la justice est superlaxiste, qu'elle ne
09:33punit pas, qu'elle n'incarcère pas, mais ce n'est pas tout à fait vrai. Dans l'histoire de France,
09:37il n'y a jamais eu autant de gens qu'aujourd'hui en prison, incarcérés. Plus de 76 000 personnes,
09:42ça ne s'est jamais produit. On a vu lors des dernières émeutes qui avaient eu lieu après la
09:46mort de Nahel, on a vu des gens se faire juger de manière extrêmement rapide, certains ont même dit
09:52un peu expéditif, avec un taux d'incarcération qui était très élevé dans ces cas-là. Donc je
09:57pense qu'il y a aussi un diagnostic général. Moi je refuse de faire le court-circuit entre les
10:03remarques sur des faits, et il me semble que dans un pays on pourra toujours trouver des substituts
10:06du procureur qui prennent une mauvaise décision, ou des institutions avec des défaillances ici ou
10:11là, et un constat général sur le fonctionnement de la justice en France. Nathan, je vous entends,
10:16il ne faut évidemment pas généraliser sur le fonctionnement de notre justice, mais vous
10:21comprenez aussi l'incompréhension des Français face à ce type d'événements qui malheureusement
10:27ont tendance à se répéter. Oui, mais vous avez parfaitement raison. D'abord, je le répète,
10:33dans toute institution il y a toujours des défaillances. Peut-être que dans certaines
10:36institutions françaises on assiste à pas mal de défaillances, peut-être des manques de moyens,
10:40peut-être des conditions de travail qui sont de plus en plus dégradées, peut-être une forme
10:44de bureaucratisation, peut-être aussi il y a quelque chose dont on pourrait parler qui est
10:48la lenteur des procès, des procédures, etc. Là aussi, on peut noter une certaine amélioration
10:54au niveau des procédures qui sont de plus en plus accélérées. Il faut aussi montrer lorsque
11:01ça va bien, lorsque les choses se font correctement. On l'a vu notamment dernièrement
11:04lors de l'agression antisémite qui s'est produite à Montpellier où la décision a été rendue
11:09extrêmement rapidement. Exactement, et justement c'est toute la question. On vit dans une époque
11:13où aussi il y a une remontée de l'information qui est de plus en plus aisée, notamment à travers
11:18les réseaux sociaux, et qu'évidemment qu'on peut tous les jours trouver des défaillances ici ou là,
11:23à l'hôpital, à l'école, dans la justice, dans la police. On peut tous les jours trouver ce qu'on
11:29appelle des faits divers ou des faits tragiques. J'aime pas le mot de faits divers, ça donne
11:32l'impression de relativiser. On peut tous les jours en trouver. Est-ce que pour autant on s'autorise
11:37de cela pour faire un diagnostic général ? Pour ma part, je ne me permettrais pas de le faire.
11:41Merci Rudi Mana du syndicat de Police Alliance d'avoir été avec nous cet après-midi. Merci
11:46Rudi de nous avoir éclairé sur cette affaire. Alors Rudi ne nous entend plus mais voilà,
11:52on le remercie. Merci Bernard Cohen Haddad du cercle de réflexion Etienne Marcel et merci
11:57à Nathan Devers. C'est un plaisir de vous avoir évidemment autour de la table.

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