Hommage à Alain Delon, décédé à l'âge de 88 ans

Sud Radio

Avec Guy Carlier, journaliste    Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook :   / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel .   ▪️ Instagram :   / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ .  ▪️ Twitter :   / https://twitter.com/SudRadio .     ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr   ##C_EST_DANS_L_ACTU_9-2024-08-18##

Transcript

00:00Et on vous rappelle le décès d'Alain Delon qui nous a quitté aujourd'hui à l'âge de 88 ans.

00:06C'est ce qu'ont annoncé ses trois enfants à l'AFP dans un communiqué commun.

00:11Et un premier hommage à Alain Delon avec vous Guy Carlier, bonjour Guy.

00:16Bonjour Laurence, bonjour à tous.

00:18Merci d'être avec nous Guy. Déjà une première réaction à cette annonce.

00:23Écoutez, vous savez ces images de banquise qu'on voit parfois qui s'effondrent et qui s'engloutissent dans les flots.

00:32C'est un bout de notre mémoire collective qui s'enfonce dans le néant.

00:39Je me souviens ma maman était amoureuse d'Alain Delon, il a toujours été là.

00:45Je suis désolé mais comme j'aime bien l'anecdote, je vais me mettre en scène dedans.

00:54Comme font les gens sur internet où ils envoient des selfies.

00:57Mais c'est simplement à cette époque, c'était au début des années 2000.

01:03Vous vous souvenez, c'était le grand retour d'Henri Salvador qui était revenu avec Chambre avec vue cet album.

01:09Et donc il m'avait demandé de lui écrire les textes de son spectacle.

01:13Il faisait sa rentrée au palais des congrès.

01:15Il m'avait demandé de lui écrire les textes entre les chansons.

01:18Et c'était donc le jour de la première, j'étais dans la loge d'Henri Salvador qui va prendre sa douche

01:25et qui me laisse devant une coupelle de gâteaux apéritifs et un verre de Bordeaux.

01:31Et il y avait interdiction, personne ne pouvait venir le déranger.

01:36Sauf évidemment Alain Delon, la femme Catherine, la femme d'Henri Salvador frappe et dit Alain Delon.

01:42Et je me retrouve face à Alain Delon avec évidemment cette émotion.

01:49Et il me regarde et il me dit, on se connaît non ?

01:54Je me suis dit que c'était la phrase qu'il devait employer avec tout le monde.

01:59Je lui ai dit, moi je vous connais comme tout le monde.

02:04Et puis j'ai vu qu'il s'est servi un verre de Bordeaux et il a commencé à prendre des petits gâteaux apéritifs.

02:13Et il cherchait, évidemment c'est dans ces mélanges apéritifs, on prend toujours les noix de cajou et on laisse les cacahuètes.

02:21Mais les noix de cajou, je les avais toutes bouffées moi.

02:25Et là, si vous voulez, je voyais son bras.

02:28Il fouillait un petit peu avec le doigt dans la coupelle pour retrouver des noix de cajou.

02:34Ça manque un peu de grandeur peut-être.

02:37Non mais c'est bien, c'est une dimension humaine au moins.

02:40Mais je vais vous dire, la dimension au-delà de l'humain c'est que je voyais son bras à 15 centimètres de moi.

02:51Et c'était le bras d'Alain Delon et ça me bouleversait, vous vous rendez compte ?

02:56C'était comme si je basculais derrière le miroir.

03:00Et la semaine suivante, on le recevait à la télé avec Marc-Olivier Fogel dans une émission qui s'appelle On ne peut pas plaire à tout le monde.

03:10À la fin de laquelle on est allé boire le champagne dans ma loge et on était suivi par le Cineclub.

03:17Et sur la télé, dans ma loge, il y avait donc le Cineclub et on serre le champagne et c'était Rocco et ses frères.

03:26Et là, Alain Delon s'est vu.

03:29Au moment où il portait la coupe à ses lèvres, il a vu son visage, je sais pas, 40 ans avant, 50 ans avant.

03:36Et il a juste commencé une phrase en disant, à cette époque-là, et puis il a laissé des points de suspension.

03:47Et je pense qu'à partir de cette époque-là, toute la fin de sa vie, ça a été à cette époque-là.

03:53Oui, c'est ça, c'est l'heure à trouver.

03:55Guy Carlier, je sais que vous aimez les mots.

03:58Je vous propose d'écouter un extrait du célèbre questionnaire de Bernard Pivot avec forcément Alain Delon.

04:06Écoutez, c'était en 1996.

04:08Alors, votre mot préféré Alain Delon ?

04:10Honneur.

04:11Le mot que vous détestez ?

04:12Virtuel.

04:13Votre drogue favorite ?

04:15L'amour.

04:17Le son, le bruit que vous aimez ?

04:20Le bruit du loup, le hurlement du loup la nuit dans la forêt.

04:24Ah bon, c'est celui que vous aimez ?

04:25Oui.

04:26Alors, le son, le bruit que vous détestez ?

04:28Le bruit des fusils qui tirent les loups et tous les autres animaux.

04:32Votre juron, gros mot ou blasphème favori ?

04:34Ah ça, vous l'avez cherché ?

04:36Ah oui.

04:37Putain de merde.

04:38Putain de merde, c'est bien français.

04:40Eh ben voilà, mais je suis bien français, croyez-moi.

04:43Hommes ou femmes pour illustrer un nouveau billet de banque ?

04:46Je dirais Charles de Gaulle ou Brigitte Bardot, et pourquoi pas les deux.

04:51Ensemble, oui, pourquoi pas, c'est sur un billet de 500 francs.

04:54Le métier que vous n'auriez pas aimé faire ?

04:55Maître nageur.

04:57Ah oui, la piscine.

04:59J'ai horreur de nos, et puis je me serais très vite ennuyé, j'aurais pas la patience.

05:02La plante, l'arbre ou l'animal dans lequel vous aimeriez être réincarné ?

05:05Alors, tout de suite, un Malinois, c'est un berger belge.

05:10J'ai eu dans mon enfance un Malinois.

05:13Et si Dieu existe, qu'aimeriez-vous, après votre mort, l'entendre vous dire à vous, Alain Delon ?

05:18Alors, je vais vous le dire.

05:21Puisque tel est ton plus grand et ton plus profond regret, je le sais.

05:27Viens, je te mène à ton père et ta mère, afin que pour la première fois, enfin, tu les vois ensemble.

05:35Viens.

05:36Et bien, il est parti, Alain Delon, décédé à l'âge de 88 ans.

05:40Guy Carlier, comment vous réagissez à ces jolis mots ?

05:43Le fameux questionnaire de Bernard Pivot avec Alain Delon.

05:46La dernière phrase, son accueil de Dieu, c'est, évidemment, on ne guérit jamais de son enfance.

05:52Il avait cette blessure-là, probablement.

05:54Et il y avait aussi autre chose.

05:56Bon, là, vous allez avoir tous les Guy Carlier qui vont aller sur les plateaux de télé.

06:03Non, mais il y a les veuves, hein.

06:05Les veuves, Jordan Drucker et tout ça, habituelles.

06:09Ah ben, je déjeunais encore avec lui la semaine dernière.

06:12Mais je pense que chaque...

06:17Et vous allez avoir aussi les gens qui vont profiter de la situation actuelle pour en faire une affaire politique.

06:25Parce que c'est vrai qu'il assumait des idées plutôt...

06:31Vous pensez qu'il y aura, honnêtement ?

06:33Oui, mais vous pensez qu'il y aura de la récupération politique ?

06:35Ah, mais ça, c'est sûr. Vous allez voir, il va y avoir de la polémique.

06:38Mais c'est évident, c'est évident.

06:40J'imagine pas les imbéciles qui nous sortent des tweets sur...

06:51Dès qu'il y a quelque chose qui se relie à la grandeur de la France, à la tradition.

06:56Enfin, je ne sais pas. C'est sûr, vous allez voir.

06:59C'est une certaine trêve, peut-être.

07:01Ça me fatigue, ça me fatigue.

07:03Compte tenu de ce qu'il...

07:06Moi, je n'étais pas forcément d'accord avec ses idées.

07:09Mais c'était un homme qui rayonnait, c'est un homme qui a été dans notre histoire, à tous,

07:15qui nous a accompagnés pendant nos vies, quoi.

07:19Et qui avait la beauté du diable et qui avait du talent.

07:23C'est marrant de l'entendre dire qu'il n'aimait pas l'eau,

07:27alors qu'il a tourné La Piscine, qui est un film magnifique.

07:31Écoutez, en tout cas, c'était bien d'avoir vos premiers mots à vous

07:35et votre premier hommage à Dimension Humaine avec les anecdotes.

07:38Parce que c'est ça aussi qui montre que derrière l'icône, il y avait juste un homme.

07:43Et une rencontre avec Guy Carlier, merci mon cher Guy.

07:47Merci à vous Laurence, je vous embrasse.

07:50A demain.

07:51Exactement.

07:52Avec vos cartes postales musicales en chanson.

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