Guy Carlier : "S'il faut dissocier l’homme de l’artiste, séparons John Lennon et le père indigne"

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Transcript

00:00 8h49 sur Sud Radio, vous le savez, chaque jour pendant les fêtes, Guy Carlier vient nous raconter une chanson de Noël,

00:06 celle dont Guy va nous parler ce matin à près de 50 ans et pourtant Mariline elle résonne

00:11 cruellement avec l'actualité. - Mais oui c'est vrai Benjamin, c'est au matin de Noël

00:15 1970 qu'on découvre partout dans le monde des affiches géantes signées John Lennon sur lesquelles on peut lire

00:21 "Joyeux Noël, la guerre est finie". Je crois qu'on peut dire que 47 ans plus tard on n'a pas beaucoup avancé sur le deuxième vœu.

00:29 - Bonjour Guy.

00:31 - Bonjour Mariline, bonjour Benjamin, bonjour à tous.

00:34 Et oui avec ces affiches on peut dire que John Lennon a souhaité un joyeux Noël au monde entier.

00:40 Et pourtant la seule personne à qui il ne l'a pas fait c'est son fils Julian.

00:46 Enfin si, il l'a fait une fois dans une chanson, d'ailleurs je vous la ferai écouter tout à l'heure,

00:51 mais il l'a fait pour de mauvaises raisons, des raisons commerciales.

00:53 Je vais vous raconter tout ça car c'est l'histoire de la chanson Noël du jour.

00:58 J'ai rencontré Julian Lennon un jour à la radio, oui je me la pète un peu mais c'est nécessaire pour l'histoire.

01:04 Il était venu à France Inter faire la promo d'un de ses albums auxquels j'ai hypocritement fait semblant de m'intéresser

01:10 au point de l'inviter à déjeuner après l'émission et il a accepté.

01:15 On s'est retrouvé au Zebra Square, un restaurant près de la maison de la radio

01:19 à la clientèle constituée de demi-people et de fausses blondes.

01:23 D'ailleurs lors de ce repas avec Julian Lennon, Hermine de Clermont-Tonnerre fit une entrée remarquée

01:28 tenant dans ses bras un chihuahua qu'elle a fait teindre en rose.

01:33 Elle a tendu ses clés de voiture à un serveur qui passait près de l'entrée sans même le regarder en disant

01:38 "garrez-moi vite parce que je crois que je gêne".

01:40 Effectivement, son Austin de la même couleur, du même rose que son chien,

01:45 bloquait un bus dont le conducteur évacuait probablement une querelle congégale de la veille

01:50 en klaxonnant avec ardeur.

01:53 Si je m'étends abusivement sur cette anecdote, c'est juste pour vous dire que devant la caricature

02:00 que constituait cette femme, Julian Lennon murmura "fucking bitch".

02:05 N'ai pas besoin de préciser qu'il ne s'adressait pas à l'animal.

02:10 Je parlais de son album en essayant de cacher au maximum que la seule raison de ce déjeuner pour moi

02:16 était évidemment qu'il me parle de son père qui constitue l'une de mes idoles absolues

02:20 quand soudain la bande-son du resto diffusa une chanson des Beatles.

02:24 Évidemment, statistiquement c'était inévitable.

02:27 Il s'agissait de "Yesterday" mais comme souvent dans ce genre d'établissement un peu bobo,

02:33 c'était une reprise.

02:35 En l'occurrence, c'était "Yesterday" chantée par une brésilienne qui en avait fait une bossa nova

02:41 qu'elle susurrait comme une bossa nova.

02:44 N'empêche quand même, "Yesterday", les Beatles, enfin Paul McCartney puisque tout le monde sait

02:49 que cette chanson a été exclusivement composée par Paul.

02:52 Et j'ai dit d'ailleurs à Julian Lennon "Ah pas de chance, une chanson des Beatles

02:57 n'a pas été composée par votre père."

02:59 Et là, il m'a répondu les yeux regardant un horizon.

03:05 Mais Paul a été davantage mon père que John.

03:08 Et là c'était comme si soudain un barrage cédait sous la pression.

03:12 Et pendant toute la fin du repas, il m'a parlé de Paul

03:16 qui s'est occupé de lui à partir du divorce de ses parents,

03:20 qui a écrit pour lui comme chacun sait "Hey Jude"

03:23 qui au départ était "Hey Julian" puis "Hey Jul"

03:26 et enfin "Hey Jude".

03:28 Une chanson pour le consoler.

03:29 Et il m'a dit "Cette chanson, c'était comme s'il construisait une maison en moi que John avait détruite."

03:38 Alors, on va écouter John Lennon nous souhaiter un joyeux Noël.

03:41 Mais écoutez bien, tout au début de la chanson,

03:44 avant que la musique ne démarre, il murmure un "Happy Christmas" à Julian, son fils.

03:51 Je vous l'ai dit, c'est évidemment pour des raisons de marketing.

03:55 Profitez-en bien, c'est la rare fois où il l'a fait.

03:59 Alors, s'il faut dissocier l'homme de l'artiste, séparons le Beatles de génie et le père indigne.

04:06 "Happy Christmas Julian"

04:07 So this is Christmas

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