Présidentielle américaine : "Il y a une bascule dans l’opinion américaine, au profit de Kamala Harris"

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Les démocrates s'apprêtent à sortir "les mouchoirs" lundi pour Joe Biden, qui viendra passer solennellement le flambeau à Kamala Harris en ouverture de la convention démocrate à Chicago.

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00:00Pour elle, tout a basculé en moins d'un mois.
00:0321 juillet dernier, Joe Biden, sous pression, annonce qu'il renonce à la présidentielle
00:06américaine.
00:07Dans la foulée, il lance la candidature de sa vice-présidente Kamala Harris.
00:12Le temps est alors compté avant l'élection du 5 novembre, mais tout va très vite pour
00:16l'ancienne procureure de Californie, le Parti démocrate la soutient immédiatement
00:19comme un seul homme et la dynamique jusque-là en faveur de Trump commence à s'inverser.
00:24Trois invités en studio ce matin alors que s'ouvre aujourd'hui à Chicago la convention
00:29démocrate qui va officiellement investir Kamala Harris en tant que candidate.
00:33Avec nous, Ludivine Gilly, bonjour, directrice de l'Observatoire de l'Amérique du Nord
00:37à la Fondation Jean Jaurès, Thomas Négaroff, historien, bonjour Thomas, spécialiste des
00:42Etats-Unis, on vous connaît bien sur Inter, et Fred Hoffman, porte-parole des Democrats
00:46Abroad, un peu le représentant du Parti démocrate en France, bonjour à vous.
00:51Et chers auditeurs, auditrices, on attend bien sûr vos questions au 01 45 24 7000 et via
00:56l'application France Inter.
00:58Alors je vais commencer par la question qu'on n'aurait pas imaginé poser il y a un mois,
01:02Ludivine Gilly, Kamala Harris a-t-elle de bonnes chances de devenir la première présidente
01:06des Etats-Unis ?
01:07En tout cas, elle a des chances maintenant, si on se projette un mois en arrière, avec
01:15la dynamique qui était enclenchée du côté démocrate et du côté républicain, on voyait
01:19mal comment les Etats-Unis pouvaient échapper à une deuxième présidence Trump.
01:24Aujourd'hui, il reste encore beaucoup de temps avant l'élection, rien n'est fait,
01:31loin de là.
01:32L'élection aurait lieu aujourd'hui, ce serait extrêmement serré, avec potentiellement
01:38un léger avantage à Kamala Harris, mais toutes les enquêtes qu'on a dans les swing
01:43states qui vont déterminer l'élection sont dans la marge d'erreur, donc on ne sait pas.
01:48Mais en tout cas, la dynamique qui est enclenchée est très clairement du côté démocrate,
01:53et on voit que du côté républicain, on commence à avoir de l'affolement.
01:56Et on change peut-être de stratégie, on va y revenir, Thomas Negroff, il y a vraiment,
02:00alors je ne sais pas si on peut parler de bascule, mais en tout cas de dynamique qui
02:04s'inverse, y compris dans les Etats-clés qui vont jouer pour l'élection ?
02:07Oui, en tout cas, je crois que l'expression de bascule, elle est assez juste, parce qu'honnêtement,
02:11il y a un mois, comme le disait Ludivine il y a un instant, la victoire de Donald Trump
02:15ne faisait pas beaucoup, il n'y avait pas beaucoup de suspense, parce qu'il y avait
02:19aussi la tentative d'assassinat, souvenez-vous, il y avait cette empathie qui allait être
02:23aura autour de lui, effectivement, et on commençait à se dire, qu'est-ce qui va pouvoir se passer ?
02:27Il faut regarder les électeurs américains dans leur tripartition, je ne parle pas de
02:31la France, je parle des Etats-Unis, entre les démocrates, les républicains et les
02:34indépendants, ce gros paquet de 60% d'Américains qui font l'élection américaine.
02:38Quand c'était Joe Biden encore le candidat, les indépendants allaient plutôt du côté
02:44de Donald Trump, depuis un mois, on voit une inversion totale, et désormais beaucoup
02:49d'indépendants qui étaient un peu réticents à l'idée de voter pour Joe Biden, vont
02:53vers Kamala Harris, et même assez largement.
02:55Et donc, je ne suis pas en train de dire que Kamala Harris va gagner la présidentielle,
02:58mais quand vous parlez de bascule, oui, il y a une bascule, en tout cas aujourd'hui,
03:03l'heure où l'on se parle, il y a une bascule dans l'opinion américaine au profit de Kamala
03:07Harris et au profit des démocrates.
03:08Fred Hoffman, ce qui est aussi assez impressionnant, je le disais, c'est qu'en quelques semaines,
03:14elle a convaincu le parti démocrate, enfin l'essentiel du parti démocrate, elle a
03:18obtenu le soutien des grands élus, des donateurs, elle a récolté 100 millions de dollars en
03:22quelques jours.
03:23Est-ce que vous sentez cet enthousiasme-là, cet espoir, et comment vous l'expliquez ?
03:26Ah oui, absolument, c'est si évident, depuis vraiment le début déjà, et on voit que
03:33ça continue, il y a vraiment un enthousiasme dans le parti, et on voit que maintenant elle
03:39attire déjà d'autres personnes, par exemple les indépendants, ou même d'autres démocrates
03:44qui ne voulaient pas peut-être voter pour Biden, les jeunes, souvent, certaines personnes,
03:50beaucoup de femmes maintenant aussi en masse vont voter pour elle, elle est dynamique déjà,
03:56les gens commencent à connaître mieux Kamala Harris qu'avant déjà, et elles voient qu'elle
04:02est capable de gérer le pays déjà, et d'amener d'autres gens, on voit vraiment un enthousiasme
04:10qu'on n'a pas vu depuis Obama, je veux dire.
04:13Et pourtant, elle a été jusque-là une vice-présidente plutôt effacée, même contestée, pour reprendre
04:19les mots de mon confrère Piotr Smolar, qui est correspondant du Monde aux Etats-Unis,
04:23est-ce qu'elle a changé, ou est-ce qu'on la regarde différemment depuis qu'elle est
04:27en lice pour la présidentielle Fred Hoffman ?
04:30Ce que je disais tout à l'heure, c'est que déjà la vice-présidente, elle n'est pas
04:33élue comme présidente, et en fait elle va faire ce que le président demande déjà,
04:38elle avait plein de dossiers, mais une autre chose que je dis chaque fois, c'est parce
04:42qu'on avait des attentes, première femme vice-présidente, première femme de couleur,
04:47des attentes en plus qu'on voyait comme procureure, sénatrice, comme elle était, je crois les
04:52gens étaient un peu déçus parce qu'ils n'ont pas vu, mais finalement on sait qu'elle
04:56était toujours à côté de Joe Biden, elle a bossé beaucoup sur les dossiers, et maintenant
05:00le fait qu'elle est mise en avant, on voit qui c'est et qu'est-ce qu'elle a fait depuis
05:04quelques années.
05:05Oui, et puis n'oublions pas que le vice-président a surtout pour vocation de ne pas faire de
05:09l'ombre au président, il doit permettre la victoire présidentielle en n'importe
05:13quel autre état, il est par nature effacée, donc effectivement il y avait une méconnaissance
05:17de ce qu'est un vice-président qu'on attendait beaucoup d'elle, et effectivement il y a
05:21eu une forme de déception, mais parce que ça ne correspondait pas, il ne fallait surtout
05:24pas qu'elle vieillisse Joe Biden, qu'elle l'affaiblisse en étant trop présente, désormais
05:30les Américains commencent à la découvrir, et c'est ça l'enjeu de la convention qui
05:33commence aujourd'hui, c'est présenter la candidate aux Américains, au grand public
05:38américain.
05:39On a compris qu'il y avait cet élan depuis quelques semaines, qu'est-ce qui va se jouer
05:43là pendant cette convention, pendant 4 jours, il y a 50 000 personnes attendues à Chicago,
05:48elle a déjà le soutien des délégués, donc ça c'est une pure formalité, qu'est-ce
05:52qui se joue pour elle ?
05:53Alors ça n'est même pas une formalité, elle a déjà officiellement été déclarée
05:56candidate, et le parti démocrate a envoyé les deux noms, le ticket, Kamala Harris, Tim
06:03dans les états fédérés, son colistier, pour que, officiellement, les deux noms puissent
06:11figurer sur les bulletins de vote dans l'ensemble des états, donc officiellement c'est fait.
06:15Ce qui va se passer lors de la convention démocrate, c'est de l'affichage, donc c'est
06:22à la fois l'occasion pour le parti démocrate en interne de se retrouver, d'échanger,
06:27il va y avoir de nombreuses réunions de caucus et de conseils, donc les caucus ce
06:35sont les femmes, les noirs, les asiatiques, les hispaniques, etc., les conseils ce sont
06:41des réunions sur des thématiques, la ruralité, la jeunesse, la pauvreté, etc., donc échanger
06:48en interne sur le programme, sur ce qu'on veut bâtir ensemble, mais également un des
06:54gros enjeux, évidemment, c'est le message que le parti démocrate va vouloir projeter
07:00à l'extérieur.
07:01Et là, l'enjeu, c'est de faire connaître Kamala Harris, de faire connaître Tim Walz,
07:06de faire passer des messages sur l'économie, par exemple.
07:09On va revenir sur le programme, rapidement sur la convention, sur scène il y aura trois
07:13présidents, Biden, Obama, Clinton, je pense à Obama notamment, parce qu'on a tendance
07:18à faire le parallèle naturellement, il va jouer un rôle important, Ludivine Gilly ?
07:22Obama est aujourd'hui la figure principale, s'il en écarte le président en exercice,
07:29du parti démocrate.
07:30Le fait que Barack Obama et Michelle Obama, qui va parler également, se soient prononcés
07:36un peu plus tardivement que d'autres, après Nancy Pelosi par exemple, pour soutenir Kamala
07:40Harris, ça a vraiment déclenché la certitude que Kamala Harris allait être la personne
07:50soutenue par le parti démocrate.
07:51Donc le soutien de Barack Obama et tout ce qu'il va pouvoir dire, tout ce qu'il va pouvoir
07:55apporter en termes d'élan et de dynamique, ça va être capital pour Kamala Harris.
07:59Le premier discours c'est Joe Biden tout à l'heure, il y a Jill Biden qui va prendre
08:02la parole, Bill Clinton, il y aura Barack Obama, Michelle Obama, et puis des stars, on évoque
08:06Beyoncé, on évoque Taylor Swift, c'est pas anodin, c'est important, parce que ça apporte
08:10peut-être des millions de jeunes électeurs qui hésiteraient à aller voter, et le dernier
08:16discours c'est le discours d'acceptation de la nomination, qui sera donc prononcé
08:19par Kamala Harris, ça sera dans trois jours, et ce discours-là il est capital parce qu'elle
08:24va dire qui elle est, elle va montrer, elle va essayer de montrer qu'elle est une bonne
08:27oratrice, et là ça va être difficile après Barack Obama, qui lui était un orateur extraordinaire.
08:31C'est un exercice sur lequel on la connaît peu, ces grands discours au peuple américain.
08:35Oui, exactement.
08:36Et donc elle doit se présenter, et puis on espère un rebond, parce qu'après chaque
08:39convention, et les historiens le racontent, ça ne dure pas très longtemps, mais il y
08:43a un petit rebond de quelques jours, quelques semaines parfois, le plus important rebond
08:48en termes de popularité, c'est Bill Clinton en 92, il gagne 12% d'opinion favorable après
08:53la convention, parce qu'il était méconnu, un peu comme Kamala Harris, bien plus que
08:58Kamala Harris en vrai.
08:59Fred Hoffman, en tant que démocrate, vous, à la base du parti, on attend quoi des quatre
09:03jours qui viennent ? Sur quoi vous allez la tester si je puis dire Kamala Harris ? Sur
09:07quoi vous l'attendez ?
09:08Non mais c'est déjà ce que vous avez dit, de découvrir un petit peu plus déjà qui
09:11elle est, et en plus ses programmes à venir.
09:15Je voulais juste dire une autre chose, il y a aussi Hillary Clinton qui va parler aussi,
09:18et si on compare la convention aux républicains, il n'y avait pas un président, alors ça
09:24veut dire quelque chose aussi, il y avait des gens qui ne voulaient pas être présents
09:26autour de Donald Trump.
09:28Mais pour revenir à ce que vous m'avez posé comme question, je pense vraiment c'est déjà
09:32de découvrir un petit peu plus sur ses programmes, parce qu'elle avait juste dit quelques mots
09:37un petit peu la semaine dernière, ce programme économique etc, les gens veulent savoir un
09:42petit peu plus.
09:43Et de nouveau, je pense qu'avec tous les invités, on va avoir une ferveur qui va continuer
09:49d'amener les gens déjà de voter etc.
09:52Alors ce programme justement, est-ce qu'on sait, Ludivine Gilly, jusqu'à quel point
09:57elle est progressiste sur les sujets sociétaux ? Jusqu'à quel point en matière économique
10:02elle est plus à gauche ou moins à gauche que Biden ? Quel est son curseur ? Est-ce
10:06qu'on en sait vraiment quelque chose aujourd'hui ?
10:08C'est difficile de cerner Kamala Harris, parce qu'en fait, dès qu'elle a commencé
10:14à faire campagne, c'était initialement en Californie, qui est un état progressiste,
10:21et elle a toujours été extrêmement prudente dans sa manière de faire campagne, à la
10:26façon dont elle se positionnait.
10:28Le résultat, c'est qu'aujourd'hui, peut-être un peu moins depuis qu'elle a dévoilé certaines
10:34des mesures économiques, et depuis qu'elle a choisi son colistier, on avait des difficultés
10:39à savoir exactement comment elle se positionnait.
10:41Et une des manières dont c'est présenté, c'est le fait qu'elle n'est pas doctrinaire,
10:48elle n'est pas positionnée de tel côté ou de tel autre côté du camp démocrate.
10:53Elle est pragmatique, et elle regarde les sujets en se positionnant de la manière qui
10:58lui semble la plus appropriée sur tel ou tel sujet.
11:00Le fait qu'elle ait choisi Tim Walz comme colistier en dit quand même beaucoup sur
11:06l'orientation qu'elle pourrait donner, et qui ne serait pas vers la droite du parti démocrate.
11:12C'est quelqu'un qui a mené des politiques plutôt progressistes dans son état du Minnesota.
11:16Oui, tout à fait.
11:17Elle vient de dévoiler, vous le disiez, son programme économique très axé classe moyenne,
11:21allègements fiscaux pour 100 millions d'Américains, primes à la naissance, chèques pour l'achat
11:24d'un logement, lutte contre l'inflation.
11:25Lutte contre l'inflation, tiens, Thomas Stegaroff.
11:28Ça a été la faiblesse de Biden, en tout cas ce qu'on lui reproche.
11:31Là, elle a compris qu'il ne fallait pas se louper là-dessus.
11:34C'est la difficulté.
11:35Après, elle a des bons chiffres qui viennent de sortir, l'inflation ralentit vraiment
11:39très fortement aux Etats-Unis, et tant mieux pour elle, parce que pour le coup, c'est
11:42le caillou dans la chaussure.
11:43Et plus largement, ce caillou, c'est d'être la candidate de la rupture dans la continuité.
11:47C'est très difficile pour elle, parce qu'il faut qu'elle apparaisse comme Joe Biden va
11:51prendre la parole.
11:52Il y a une grande émotion autour de Joe Biden, il faut qu'elle apparaisse aussi comme le
11:55successeur de Joe Biden.
11:56Elle est solidaire du bilan, forcément.
11:57Elle est solidaire du bilan, elle était quand même la vice-présidente, malgré ce que
12:00j'ai pu dire tout à l'heure.
12:01Elle n'arrive pas après Barack Obama, entre les deux, il y a quand même eu quelqu'un,
12:04et elle a été la vice-présidente.
12:06Donc, elle doit assumer ça, mais elle doit remettre une énergie quelque part.
12:09C'est autour des classes moyennes, ça fait 20 ans que les démocrates évoquent les classes
12:12moyennes, qu'ils tentent de les draguer.
12:13Le programme qu'elle a annoncé est un programme qui n'est pas tellement financé, il faut
12:17quand même le dire, qui rase largement gratis, qui fixe des prix quasiment administrés,
12:22qui rend dingue les républicains, qui évoque le communisme de Kamala Harris.
12:26Donc, on est quand même dans un flou, on est dans un moment aussi très populiste
12:31chez les démocrates comme chez les républicains, où on annonce beaucoup de choses.
12:34Après, on sait bien que, quand on est au pouvoir, c'est un peu différent.
12:36On va partir au standard, parce qu'on a eu une question sur ce programme.
12:39Bonjour Dominique, vous nous appelez de Toulouse, c'est à vous.
12:42Bonjour à tous, merci de prendre ma question.
12:44Alors voilà, Joe Biden a fait beaucoup de choses positives, en particulier le chômage
12:52a beaucoup baissé, l'inflation baisse.
12:55Alors, ils ont un caillou dans leurs chaussures, c'est vrai, c'est l'immigration, mais
12:59ils ont fait des travaux pour des structures, et comment se fait-il qu'ils n'arrivent
13:03pas à le mettre en vitrine, en valeur, pour vendre, entre guillemets, l'identité d'Américain ?
13:12Le bilan de Biden.
13:14Oui, le bilan de Joe Biden, et de le mettre en exergue, en vitrine, pour convaincre.
13:20Et donc, ça passe un peu à la trappe, je trouve ça tout à fait dommage, voilà.
13:26Merci Dominique, là-dessus, qui veut répondre, Ludivine Gilly ?
13:29Oui, alors, sur le bilan économique, je pense qu'il y a deux choses à distinguer, c'est-à-dire
13:35que certains chiffres sont très bons, et d'autres ne le sont pas.
13:39Quand on compare la situation aujourd'hui aux Etats-Unis à celle du pays en 2020,
13:46de nombreux indicateurs sont au beau fixe, le taux de chômage n'a jamais été aussi
13:51faible.
13:52Wall Street enregistre des scores, malgré les quelques soucis d'il y a quelques jours.
13:58En revanche, les chiffres auxquels la population prête attention, et qui affectent directement
14:05son quotidien, ceux-là ont eu un passage avide, le pire étant en juin 2022, depuis
14:12ça s'améliore, mais la situation n'est pas aussi bonne qu'en 2020, et surtout la perception
14:18n'est pas bonne.
14:19Je parle des prix de l'alimentation, je parle des prix de l'essence, je parle des emprunts
14:22immobiliers, des prix qui affectent directement les gens au quotidien.
14:28Et notamment les couches populaires, pardon Fred Hoffman, elles ne sont pas déjà perdues
14:33les couches populaires pour le Parti Démocrate ? Est-ce qu'il y a un enjeu encore pour reconquérir
14:37?
14:39C'est ça que Kamala Harris, la semaine dernière, elle a adressé tout ça, elle veut améliorer
14:44la vie des Américains, surtout le moyen classe, et elle parle beaucoup de ça, elle reconnaît
14:49qu'il y a des gens qui, fin de mois, voient qu'ils n'ont pas assez d'argent, qu'ils
14:53ne peuvent pas payer leurs factures, etc.
14:55Et c'est pour ça que j'attends de voir exactement ce qu'elle va dire cette semaine sur tous
15:00ces sujets.
15:01Oui, parce qu'on évoque beaucoup chez nous Gaza, l'international, pour les Américains,
15:06la question c'est toujours la même tous les 4 ans, c'est la situation pour vous,
15:10est-elle meilleure qu'il y a 4 ans ? Are you better off qu'il y a 4 ans ? Et ça,
15:15à chaque fois, c'est la question que vont se poser les Américains, est-ce que leur
15:17situation économique est meilleure qu'il y a 4 ans ? Si la réponse est non, ils iront
15:21du côté de l'alternative, l'alternative c'est Donald Trump, est-ce que c'est oui,
15:27est-ce que la situation est meilleure qu'il y a 4 ans ? Et dans ce cas-là, ils iront
15:30vers la continuité, vers le Parti Démocrate.
15:32Ce qui est intéressant, c'est que pour la première fois depuis bien longtemps, quand
15:34on regarde les enquêtes d'opinion, les électeurs font confiance aux démocrates
15:37sur la question économique, ce qui n'était pas une habitude depuis les années 90.
15:42Alors tout de même, quand même, vous parliez de Gaza, le Proche-Orient, parce que c'est
15:45une convention sous très haute sécurité, sous la pression de potentielles grandes manifestations
15:50pro-palestiniennes.
15:51Kamala Harris, elle se distingue pour le coup un peu de Joe Biden là-dessus, enfin je ne
15:55sais pas si vous êtes d'accord avec ça, elle apparaît un peu plus sévère avec Israël,
16:00est-ce que c'est une conviction profonde, est-ce que c'est par opportunisme politique
16:04Là encore, elle est restée relativement floue.
16:07Sur le fond, on sait qu'elle soutient Israël à 100% comme la très très grande majorité
16:14des démocrates et des républicains de l'ensemble du personnel politique aux Etats-Unis.
16:18Il y a une nuance par rapport au discours de Joe Biden, c'est le souci qu'elle affiche
16:24pour la population civile, la question sanitaire, la protection des palestiniens, mais sur le
16:36fond, elle ne s'est pas prononcée par exemple en faveur d'un embargo sur les armes des
16:41Etats-Unis envers Israël.
16:42Donc sur le fond, pas de grande différence.
16:45En revanche, j'ai vu passer il y a quelques jours une enquête d'opinion que j'ai trouvée
16:49assez intéressante, elle est perçue par les républicains pour être pro-palestinienne.
16:54Pas forcément par les démocrates qui la jugent à peu près sur les mêmes postures
16:58que Joe Biden, légèrement moins pro-israélienne, mais elle est perçue par le camp adverse comme
17:06étant pro-palestinienne.
17:07J'aimerais qu'on parle quand même justement du camp d'en face et de la stratégie qui
17:12s'adapte.
17:13On sent Trump un peu désarçonné, c'est toute la stratégie de campagne à revoir,
17:17Thomas Segrave, pour les républicains, il s'attendait à affronter Joe Biden, à l'attaquer
17:21sur l'âge.
17:22Joe Biden c'était le meilleur des candidats pour Donald Trump, Kamala Harris c'est la
17:26pire des candidates pour Donald Trump, parce qu'il ne sait pas comment l'attaquer.
17:29Hier encore, ou avant-hier, il disait sur scène, tout le monde dit qu'elle est belle,
17:32je suis plus beau qu'elle.
17:34Sur des attaques très personnelles, sur le corps, autant la bataille des corps était
17:39favorable à Trump face à Biden, autant là c'est plus compliqué, il ne sait pas comment
17:43l'attaquer.
17:44Parce que s'il l'attaque comme il le fait d'habitude, il va être accusé de machisme,
17:48de racisme, et c'est vers ça qu'il est en train de tomber.
17:52Donc ce n'est pas facile, et on attend avec impatience le 10 septembre prochain sur ABC,
17:56il y aura le premier débat, peut-être le seul entre les deux.
17:58Fred Hoffman ?
17:59Est-ce qu'on peut être honnête ? On a un criminel en face de nous, quelqu'un qui
18:04était prononcé coupable de 34 chefs d'accusation, c'est un prédateur sexuel, c'est ce type
18:12de personne qu'on veut pour le Président ?
18:13Est-ce que ça a un impact sur l'électorat américain, sur l'électorat conservateur ?
18:17Sur le culte, le secte qu'il a, les fans de Donald Trump, ça ne va pas changer.
18:23On sait qu'on ne va pas attirer ces gens-là, ça va rester la base, ça ne va pas changer.
18:26Mais une autre chose, la vision de Donald Trump, c'est si négatif tout le temps, déjà
18:32une autre chose, il n'arrive pas à proposer quelque chose, chaque fois il dit « vote
18:36pour moi, votez pour moi », mais il ne dit pas pourquoi, et comme il va réussir avec
18:40les programmes, il n'y a rien.
18:41En plus, c'est indigne de toujours insulter quelqu'un, tout le monde a un petit surnom
18:48pour tout le monde, pour moi c'est jour et nuit avec les deux candidats.
18:52Ludivine Gilly, il reste, on le disait, deux mois et demi de campagne, rien n'est fait,
18:56comment Trump et ceux qui sont républicains peuvent tenter de reprendre le leadership
19:01si je puis dire ?
19:02Je me garderais bien de leur donner des conseils, ce qu'on voit actuellement, c'est qu'en
19:07Donald Trump fait du Donald Trump 2016, c'est-à-dire qu'il va à fond dans ses travers, on voit
19:15que le parti républicain, une partie des républicains, tente de le ramener sur les
19:22sujets, il s'est fait réprimander à la télé par Nikki Haley, qui lui a dit qu'il fallait
19:30arrêter ce genre de discours et qu'il fallait parler des sujets de fond, et on a vu ce week-end
19:37la droite américaine s'en prendre aux instances républicaines qui essaient de ramener Trump
19:46sur le droit chemin entre guillemets, en disant mais non, mais pas du tout, il faut laisser
19:51Trump être Trump.
19:52Donc on voit que du côté républicain, c'est vraiment la panique, c'est pas vraiment comment
19:57gérer cette campagne.
19:58On va aller vers une forme de démonologie, on va attaquer Kamala Harris de plus en plus
20:05sur la personne qu'elle est, pour dire aux américains, vous aimez peut-être pas la
20:09proie, c'est moi Donald Trump, mais l'ombre elle est encore pire encore, et c'est ainsi
20:13qu'il espère remporter la victoire, c'est possible, il y a un chemin.
20:16Rapidement, Fred Hoffman, on s'était déjà posé la question en 2016, est-ce que les
20:19américains, tout simplement, sont prêts à élire une femme ?
20:21Ah oui, absolument, je pense absolument, il y aura toujours quelqu'un qui non, mais absolument.
20:26Déjà avec Hillary Clinton, n'oubliez pas, elle a gagné l'élection, même si elle
20:30n'a pas gagné, elle a gagné avec le vote populaire, mais je pense absolument, et on
20:36espère que ça va continuer dans ce sens-là.
20:38Merci beaucoup Fred Hoffman, Ludivine Villi, Thomas Négaroff pour cette analyse à deux
20:43mois et demi, donc maintenant du 5 novembre et de cette élection présidentielle américaine.
20:47Bonne journée à tous les trois.

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