SMART BOURSE - Jackson Hole : la Fed complète son pivot

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Lundi 26 août 2024, SMART BOURSE reçoit John Plassard (Spécialiste en investissements, Mirabaud)

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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir, comme le veut cette émission de rentrée, c'est un quart d'heure de mise à jour, de remise à jour sur les enjeux de marché pour cette rentrée ce mois de septembre.
00:21Je crois qu'il y a deux déterminants clés pour les investisseurs globaux aujourd'hui, ce que nous dit Jérôme Powell, le patron de la réserve fédérale américaine, la banque centrale la plus puissante du monde,
00:30et ce que va nous dire NVIDIA qui est peut-être l'entreprise la plus importante du monde et du siècle aujourd'hui.
00:36Justement, ça tombe bien, nous en parlons avec John Plassard qui est avec nous en visioconférence, spécialiste en investissement chez Mirabeau, avec nous à distance.
00:43Bonjour et bienvenue John.
00:45Effectivement, c'est peut-être ce qui va façonner la course des marchés dans les prochains jours et les prochains mois.
00:50Je disais NVIDIA qui va publier cette semaine et ce que nous a dit également Jérôme Powell depuis le symposium de Jackson Hall vendredi dernier.
00:59Tout le monde a salué le pivot complété de la réserve fédérale américaine à travers le discours de Jérôme Powell.
01:07Qu'est-ce qui est clair ? Qu'est-ce qui l'est peut-être un peu moins dans le discours porté par le patron de la Fed vendredi dernier, John ?
01:14Bonjour Grégoire. Alors d'abord, je pense qu'il faut rappeler une chose, c'est que tout le monde, le consensus était à 100% sur une baisse des taux en septembre.
01:23Donc ce n'est pas vraiment une surprise que Jérôme Powell nous dise qu'il va effectivement baisser les taux en septembre.
01:30Et donc maintenant, la focalisation et la zone d'ombre, je dirais, c'est de savoir s'il va les baisser à 25 points de base ou de 50 points de base.
01:38Mais je dirais qu'il y a d'autres choses qui sont très intéressantes et très importantes dans le message de Jackson Hall.
01:44C'est cette focalisation qu'on a depuis maintenant, je dirais, trois semaines sur l'emploi américain.
01:52Et on sait que l'emploi américain est quelque chose de très important pour la réserve fédérale américaine parce que c'était le levier qui avait été utilisé initialement pour faire baisser l'inflation.
02:05Vous vous souvenez qu'il y avait un calcul très simple et qui était historique qui était de faire monter l'inflation et de faire monter le taux de chômage.
02:13Et plus vous avez de chômeurs, moins vous avez de demandes, moins vous avez de demandes, et bien plus l'inflation baisse.
02:19Donc c'était assez simple théoriquement, mais on avait et on en a assez discuté ensemble.
02:25On avait notamment les achats de revanche et puis l'utilisation des cartes de crédit et de tout ce qui était bas de laine qui n'a pas permis à ce mécanisme de se mettre en place.
02:36Mais on a vu que depuis l'année passée, depuis mai de l'année passée, le taux de chômage a monté de quasiment 1 % aux États-Unis, 0,9 %, en passant à 4,3 % de taux de chômage.
02:49Et que aujourd'hui, c'est quelque chose qui inquiète parce que vous savez que c'est comme un bateau, pour l'arrêter, il faut de la distance.
02:58Et là, on ne peut pas arrêter un chômage qui monte, c'est-à-dire qu'on peut essayer de le ralentir, mais c'est très difficile de piloter un taux de chômage.
03:07Et vous savez très bien, Grégoire, que le taux de chômage est important parce que si les Américains ont un emploi, ils consomment.
03:14Et s'ils consomment, il y a de la croissance aux États-Unis.
03:17Donc pour piloter ce soft landing, il faut absolument que le taux de chômage, et on aura les chiffres d'août qui seront publiés le 6 septembre,
03:27eh bien il faut surtout que ce taux de chômage n'aille pas au-delà d'un certain point de chômage.
03:39Et en fait, ce point, apparemment, puisqu'on a entendu plusieurs membres de la réserve fédérale américaine s'exprimer ce week-end,
03:47eh bien certains le mettent, le curseur, à 4,5% et d'autres le mettent à 5%.
03:53Donc si vous allez au-delà de ce chiffre, eh bien c'est un moment où la réserve fédérale américaine commence à transpirer un peu plus qu'elle n'a transpiré avant.
04:05Et de l'autre côté, l'inflation n'en parle plus du tout parce qu'elle semble, et c'est très difficile de le dire, mais elle semble maîtrisée par la Fed.
04:13Donc aujourd'hui, ce qui est sûr, c'est que la Fed va baisser ses taux.
04:17Ce qui est sûr, c'est que, vous savez, les nuages de points, les fameux dotplots qui seront modifiés en septembre,
04:24eh bien ne vont plus montrer qu'il n'y a plus qu'une baisse avant la fin de l'année, il y en aura certainement trois.
04:30Mais c'est vraiment le taux de chômage qui va nous montrer comment les prochaines baisses de taux vont être pilotées sur cette fin d'année et évidemment en 2025.
04:46Donc je dirais que c'était une remise à l'ordre et on voit très bien dans son discours qu'il répète à plusieurs reprises ce mandat du plein emploi qui est très important.
04:57Oui, effectivement et on verra comment le débat prend forme, notamment avec la publication attendue début septembre des chiffres de l'emploi américain du mois d'août
05:06sur l'idée de commencer par une baisse de taux de 25 points de base ou de 50.
05:11On l'a vu dans le compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire qui se tenait les 30 et 31 juillet,
05:16certains membres de la réserve fédérale américaine auraient peut-être été en faveur dès le mois de juillet d'une baisse de taux de 25 points de base.
05:23Est-ce qu'il faudra rattraper du retard ou est-ce qu'au contraire on peut se permettre d'y aller tranquillement progressivement ?
05:29Réponse peut-être avec les prochains chiffres de l'emploi aux Etats-Unis, un taux de chômage qui s'établit pour l'instant à 4,3%.
05:36Si on en vient au marché, John, chaque mois a toujours un peu ses caractéristiques dans l'histoire des marchés.
05:44Qu'est-ce qu'on peut dire de ce point de vue-là du mois de septembre et de surcroît du mois de septembre dans une allée électorale ?
05:52Oui, alors il faut rappeler que le mois de septembre, historiquement, est le plus mauvais mois de l'année.
05:58Je commence par une mauvaise réponse. Pourquoi ? Parce que depuis 1950, l'indice S&P baisse de 0,87% historiquement,
06:08alors que le meilleur mois, c'est le mois de novembre et qu'historiquement, en moyenne, il faut faire attention,
06:15le mois de novembre, c'est plus 1,63%. Donc, on voit qu'il y a une différence notoire.
06:24Il y a plusieurs raisons à ça. La première, elle est fiscale parce qu'on sait que ce qu'on appelle les mutual funds,
06:31les fonds communs de placement aux Etats-Unis, encaissent normalement leurs pertes avant la fin septembre
06:41puisqu'ils récupèrent ce qu'on appelle des pertes fiscales puisque l'exercice fiscal clôture en septembre.
06:48La deuxième raison, puisque vous en parliez, c'est que normalement, le mois dans les années d'élection présidentielle,
06:57vous avez les candidats qui vont un petit peu plus loin dans leur programme.
07:02Et on a vu notamment hier déjà le colistier de Donald Trump qui, lui, a parlé pour une fois de politique économique
07:13en mettant en avant les bienfaits d'une guerre commerciale, notamment avec la Chine.
07:19On va de plus en plus en entendre parler de l'autre côté de la part du candidat et de Kamala Harris.
07:26On va dans le dur, je dirais, du sujet à deux mois de l'élection présidentielle.
07:33Il y a aussi d'autres raisons qui expliquent ça.
07:36C'est évidemment le fait que vous êtes dans une situation où, durant le mois d'août, vous avez moins de volume.
07:42Les gens, quelquefois, prennent leurs bénéfices ou en tout cas mettent des stops, comme on appelle ça, avant de partir en vacances.
07:50Et souvent, on a, au mois de septembre, des mois extrêmement volatiles.
07:55Et puis, pour l'anecdote aussi, si vous prenez les semaines, si on se focalise maintenant vraiment sur les semaines,
08:02vous voyez que les deux dernières semaines de septembre sont les plus moeuses de toute l'année.
08:06Donc, on voit ici qu'il faut faire attention.
08:09Et surtout, dans ce qui nous concerne, on aura des rendez-vous.
08:14On aura normalement le débat entre Kamala Harris et Donald Trump.
08:18On va avoir aussi le débat entre les deux colistiers.
08:21Et puis, on en a parlé. Alors, vous me direz, ce n'est pas dans la deuxième partie de septembre, mais c'est au début.
08:26On a pas mal de rendez-vous qui pourraient rajouter de la volatilité.
08:30On en a parlé avant. Le 6 septembre, c'est évidemment les chiffres de l'emploi américain.
08:35Le 18 septembre, c'est la Fed. Le 12 septembre, c'est la Banque centrale européenne.
08:41Et vous avez plein de banques centrales qui se réunissent.
08:43Donc ça, ça va alimenter de la volatilité.
08:47Vous en parliez avant, justement, d'NVIDIA et de toute la sphère de l'intelligence artificielle.
08:55On sait que la demande est là.
08:57Mais la grande question pour NVIDIA et pour d'autres acteurs, c'est vraiment de savoir s'il y a assez d'offres.
09:04C'est ça, la question. Pas la demande, mais l'offre en face.
09:08Et de savoir si, finalement, on va avoir au bout du tunnel un potentiel concurrent arrivé pour concurrencer NVIDIA
09:18et voir ce que font les Chinois, bien évidemment.
09:21Donc, beaucoup d'incertitudes.
09:23Et là-dessus, cerise sur le gâteau. Je sais que c'est pas un bon terme à utiliser dans ce cadre-là.
09:27Mais on a la question géopolitique.
09:29Vous savez, c'est très difficile.
09:31Et j'ai plusieurs de mes confrères économistes qui modélisent, d'une certaine manière, la guerre en Ukraine et la guerre au Proche-Orient.
09:39Et c'est très difficile, puisqu'on sait que, d'un jour ou l'autre, on peut avoir une surprise négative, dramatique au niveau humain,
09:46mais aussi qui a des implications très, très fortes sur l'économie en général et sur l'inflation,
09:53puisque je vous rappelle quand même qu'aujourd'hui, le prix du baril, ce matin, a gagné 3% à cause des attaques qu'il y a eues ce week-end d'Israël
10:05sur les bases du Hezbollah.
10:08Et on a vu que toutes les certitudes qu'il y avait, les certitudes qui étaient posées de la décélération de la demande,
10:16notamment de la part de la Chine, se traduisaient par une baisse du prix du baril.
10:21Eh bien non, ce matin, c'était le contraire qui arrivait, avec potentiellement des implications à plus long terme sur l'inflation.
10:28Donc, c'est très difficile à dire.
10:30On peut comprendre ici que le mois de septembre va être un mois de septembre qui va être, comme je l'ai dit avant,
10:36volatil et potentiellement négatif.
10:38Donc, faites un peu attention à ce niveau-là.
10:40Et puis, puisqu'on a une certitude, enfin, une certitude, c'est difficile de le dire ici,
10:45mais une certitude que la Fed va baisser ses taux en septembre,
10:48on a toujours des changements, et vous en parliez en première partie d'émission,
10:52des changements de portefeuille dans les portefeuilles des gérants et des fonds de pension,
10:57notamment aux États-Unis, qui pèsent lourd sur le marché, qui peuvent avoir des conséquences fortes.
11:02Merci beaucoup, John.
11:04Mois de septembre à en jeu.
11:05Ne ratez rien du mois de septembre sur les marchés.
11:08Le réflexe, c'est Smart Bourse, évidemment, chaque jour à 17h, en replay, en podcast,
11:12avec John Plassard, notamment, qui nous accompagnait pour cette émission de rentrée.
11:16Merci beaucoup, John.
11:17Vous êtes spécialiste en investissement chez Mirabo et compagnie en Suisse.

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