« C’était un vrai défi technologique, physique et mental. » Erwan Jauffroy est le premier homme à avoir traversé du continent à la Corse en foil, sans voile ni moteur. Pour neo, il raconte cet incroyable exploit. ✨
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00:00Je m'étais beaucoup entraîné avant, en faisant des entraînements de plus de 100 km
00:02et là, au bout de 48 km, j'ai commencé à avoir des crampes.
00:05Je savais qu'il en restait 200, il fallait que je rentre en mode survie.
00:08La douleur des crampes, c'est une information, mais cette information ne m'intéresse pas.
00:11Bonjour Néo, je suis Erwann Geoffroy, le premier à avoir traversé du continent à la Corse
00:15en foil, sans voile et sans moteur.
00:17Il y a eu un côté quand même assez incroyable, puisque c'était une expérience, une aventure
00:30par entière, avec des moments de glisse incroyables, des paysages de fous, des dauphins, des tortues.
00:35Il y a aussi eu des moments difficiles, c'était un vrai défi un peu technologique et aussi
00:40physique et mental, à la vitesse plus ou moins équivalente de celle d'un ferry.
00:43Donc il y a une concentration qui est énorme et une tension musculaire pour gérer ça,
00:47ce qui est important.
00:48Dans les vagues, ceux qui bougent en permanence, pour avancer, j'ai besoin d'avoir de la
00:51pente.
00:52Sachant que dès que je n'ai pas de pente ou que j'ai besoin d'accélérer, il faut
00:56que je pompe.
00:57C'est un peu comme faire des squats.
00:58Vous imaginez faire des squats pendant 12 heures ? Je m'étais beaucoup entraîné
01:00avant, faisant des entraînements de plus de 100 kilomètres qui s'étaient passés
01:02super bien.
01:03Et là, au bout de 48 kilomètres, j'ai commencé à avoir des crampes et je savais qu'il en
01:09restait 200.
01:10Là, ça a été très dur mentalement, puisque je savais qu'il fallait que je rentre en mode
01:13survie.
01:14C'était très dur.
01:15Ce que je me disais, c'est que de toute façon, je n'avais pas le choix, que j'avais prévu
01:18de faire ça.
01:19Se sentir tout petit au milieu de cette immensité, au milieu de la nature, d'être, on va dire
01:23juste, toléré.
01:24Moi, j'y suis très bien, mais je ne suis pas chez moi.
01:27Donc là, je suis toléré et on croise avec des dauphins, des tortues.
01:31Cette sensation-là, elle est unique.
01:32Les conditions, ce n'était pas comme je m'y attendais.
01:35J'ai été gêné au début, notamment le soleil très bas dans les yeux qui m'a crispé.
01:39Crisper, ça marche un peu moins bien.
01:40Donc, je suis tombé.
01:41Je crois que je suis tombé trois ou quatre fois.
01:43Alors que sur les entraînements de 100 kilomètres que j'avais fait auparavant, c'était entre
01:47guillemets assez facile.
01:48Et en fait, dans ma tête, je me disais, jusqu'à 100 kilomètres, je connais, c'est facile.
01:51Après, on verra.
01:52C'est l'inconnu.
01:53Là, l'inconnu, il s'est présenté un peu plus vite que prévu.
01:54Puis la fin, j'étais épuisé.
01:56Mais par contre, psychologiquement, c'était top parce que j'avais compris que j'allais
01:59y arriver.
02:00Là, c'était vraiment beaucoup de plaisir en abstraction de la douleur.
02:03On va tellement puiser loin physiquement et psychologiquement qu'on est clairement
02:07à fleurs de peau.
02:08Plus c'est dur, plus l'émotion de réussir est forte.
02:11Donc là, l'émotion était incontrôlable.
02:22J'avais envie de prouver que c'était possible, de faire la promotion de mon sport,
02:26mais aussi de surprendre les gens pour leur rendre compte que l'innovation, la créativité
02:30humaine, elle est assez incroyable.
02:32On arrive à rendre possible des choses complètement impossibles.
02:35Parce que moi-même, il y a un an et demi de ça, on m'aurait dit de traverser du continent
02:38à la Corse en moins d'une journée, sans voile, sans moteur, juste sur une planche
02:42avec un vol.
02:43J'aurais juste rigolé.
02:44J'ai trouvé que le symbole d'emprunter une route des ferries et de le faire sans
02:47voile, sans moteur, c'était un message qui me semblait porteur et intéressant à amener.