« Ce que j’aime dans ces territoires, c’est ce côté où l’être humain n’a pas vraiment sa place, on revient à l’essentiel. »
Pendant 5 ans, Laetitia Thérond a travaillé dans les terres australes et antarctiques françaises. Pour neo, elle raconte son incroyable expérience.
Pendant 5 ans, Laetitia Thérond a travaillé dans les terres australes et antarctiques françaises. Pour neo, elle raconte son incroyable expérience.
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00:00Personne ne s'est installé là-bas, c'est pas pour rien.
00:02Mais on ressent bien que c'est la nature qui décide de tout.
00:05Ça nous remet à notre place.
00:05Dès qu'on parcourt ces territoires, on se sent vraiment seul au monde,
00:09avec tous ces animaux.
00:10Salut !
00:10Pendant 5 ans, je suis allée travailler à l'autre bout du monde,
00:13dans les terres australes et antarctiques françaises,
00:15au milieu des manchots et des phoques.
00:17Je m'appelle Laetitia Théron
00:18et je suis responsable du musée des mondes polaires Paul-Émile-Victor.
00:21Moi, je travaillais dans l'archipel Kyrgélène,
00:23c'est tout au sud de l'océan Indien,
00:25entre les 40e rugissants et les 50e hurlant,
00:28donc des mers assez dangereuses,
00:30pas très loin de l'Antarctique.
00:32L'archipel Kyrgélène, c'est une grande île qu'on appelle la Grande Terre,
00:35et c'est après 300 îles et îlots qui sont répartis tout autour.
00:39C'est situé dans ce qu'on appelle les terres australes françaises.
00:41Ça fait la taille de la Corse
00:42et c'est quand même le territoire le plus grand des terres australes françaises.
00:45Je m'occupais du patrimoine historique.
00:46Je recherchais notamment des sites archéologiques,
00:49des vestiges qui auraient pu être laissés par des chasseurs d'éléphants de mer,
00:52par des scientifiques ou des naufragés.
00:53On part en général de l'île de la Réunion,
00:55avec un bateau qui s'appelle le Marion Dufresne.
00:57On met à peu près une semaine,
00:58puisqu'on a cinq jours de mer jusqu'à l'archipel Crozet.
01:00C'est la première escale du bateau.
01:02Trois jours après, on arrive à Kyrgélène
01:03et on ne peut pas y aller en avion, donc c'est quand même très isolé.
01:06Il n'y a pas d'arbres, ce sont des montagnes, des roches.
01:08C'est à la fois aride, puis après, on va avoir des mousses
01:11à des couleurs très jaunes, oranges.
01:13On va avoir de l'acéna, c'est des plantes uniques là-bas.
01:16Du chou de Kyrgélène qui sont très verts.
01:18Des îles qui sont très accidentées avec des grosses vagues
01:21parce qu'il y a énormément de vent aussi.
01:23Et puis des animaux.
01:24Il y a beaucoup de manchots, des éléphants de mer et des otaris.
01:27Des oiseaux incroyables.
01:29Il y a l'albatros fuligineux.
01:30Il est gris, il a un vol vraiment très majestueux
01:33et un cri assez typique.
01:35Les manchots, on ne peut pas les toucher
01:36puisqu'on est dans une réserve naturelle nationale.
01:38Mais si on s'assoit et que les manchots s'approchent,
01:41en fait, on peut les voir de très près,
01:42puisque ce sont des animaux qui sont assez curieux, donc ils viennent.
01:45Comment on vit à Kyrgélène ?
01:47On a déjà une base permanente qui s'appelle Port-aux-Français.
01:50Et puis après, pour aller travailler sur nos terrains de recherche,
01:53il y a des refuges qui sont situés à une journée de marche
01:56et ravitaillés, puisque ça, c'est très important.
01:58Et quand on arrive, en général, on est très content de les voir.
02:00Et tout autour, il y a ce qu'on appelle des toucs,
02:02c'est des barils bleus qui contiennent la nourriture.
02:05C'est toujours la surprise.
02:06Mais qu'est-ce qu'il va y avoir dedans ?
02:07Qu'est-ce qu'on va manger ce soir ?
02:08Puis c'est toujours un peu de réconfort et de chaleur
02:10que de se retrouver dans ces refuges.
02:12L'intérêt pour la France, c'est d'avoir des lieux de recherche.
02:16On a beaucoup de scientifiques qui étudient les conséquences du réchauffement climatique.
02:19Ça permet de protéger aussi la biodiversité,
02:23puisque depuis 2006, l'archipel Kerguelen,
02:25avec les terres australes françaises et réserves naturelles nationales,
02:28s'est aussi inscrit depuis 2019 au patrimoine mondial de l'UNESCO.
02:32Donc, ça permet de mettre en place des actions pour mieux connaître la flore,
02:35la faune notamment, mais aussi la préserver.
02:38Ce que j'aime dans ces territoires, c'est ce côté où l'être humain n'a pas vraiment sa place,
02:42où on n'a pas besoin de grand-chose pour vivre.
02:43On revient à l'essentiel.
02:45Finalement, on se rend compte que tout le reste est superflu.
02:49Sous-titrage Société Radio-Canada