Souvenirs de médaille : l'or de Jean Galfione aux JO d'Atlanta en 1996
Jean Galfione, champion olympique de saut à la perche aux JO d'Atlanta en 1996 nous raconte le jour de sa victoire. ✨
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00:00Bonjour, c'est Jean Gelfion, champion olympique de saut à la perche à Atlanta en 1996.
00:05Et je vais vous raconter le jour de cette victoire.
00:08Cette victoire, c'était le 3 août 1996.
00:12La hauteur que j'ai franchie ce jour-là, c'était 5m92 et c'était le record olympique.
00:17C'était long parce qu'il y a eu un problème technique en même temps sur le matériel, sur les poteaux.
00:21C'était long aussi parce qu'il faisait très chaud ce jour-là, surtout en fin d'après-midi à Atlanta, très humide.
00:26Quand je suis en bout de piste, avant de franchir la dernière barque,
00:29je sais qu'en franchissant le premier essai, je reprends la tête du concours.
00:32C'était le record olympique, donc ça sentait au moins la médaille.
00:35Mon état d'esprit, c'était justement à la fois d'être dans le contrôle,
00:38mais à la fois de me lâcher complètement parce qu'à ces hauteurs-là, ce n'est pas possible.
00:41Il faut se lancer sans arrière-pensée.
00:43On sent que ça nous échappe, mais à la fois c'est grisant et c'est ça qui est bien.
00:47J'ai su que j'avais gagné la médaille d'or quand il y avait un Russe qui sautait après moi à rater.
00:52Donc je me répétais cette phrase, je ne voulais pas qu'on la voit.
00:55D'ailleurs, je me cache la bouche et je me répétais, ne sois pas déçu d'être deuxième.
00:59Parce que je trouvais un peu grossier s'il était passé et de faire « Oh merde, je suis deuxième ! »
01:04Deuxième olympique déjà, j'aurais été extrêmement heureux.
01:06Puis bon, l'histoire a fait qu'il n'a pas franchi.
01:09Le drapeau français qu'on me lance des tribunes, je le récupère et je fais le tour d'honneur avec.
01:13Je suis rentré ensuite en France.
01:15J'habitais à l'époque une maison avec plusieurs copains, des 4-5.
01:17C'était notre internat.
01:19On fait la fête et puis on se dit « Bon, allons prolonger l'apéro, on va aller au bistrot en face. »
01:23Tenu par un gentil monsieur marocain qui nous adorait, on était ses voisins.
01:27Et on passe un super moment.
01:29Et pour le remercier, je vais chercher le drapeau avec lequel il a fait le tour d'honneur olympique.
01:32Et je lui accroche au fond de son bar.
01:34Et le lendemain, j'ai un coup de téléphone et c'est le musée olympique de Lausanne qui m'appelle
01:38pour récupérer le drapeau, pour le mettre au musée.
01:42Et là, il mentit.
01:44Je leur ai dit que je l'avais perdu.
01:45Et donc il est resté dans le petit trocueux, je lui ai passé un super moment.
01:47On sent bien que c'est une grosse et belle compétition.
01:50C'est un truc super que je venais de gagner.
01:53Mais je n'avais aucune notion de ce que ça représentait en réalité.
01:56J'ai pris longtemps avant de comprendre ce que ça voulait dire, être champion olympique.
01:59La valeur de cette médaille.
02:00Et là, ça change la donne parce que pendant quelques semaines, quelques mois,
02:05tu ne payes plus une note au restaurant, t'es invité partout.
02:09Et c'est gênant.
02:10Moi, je ne faisais pas ça pour ça.
02:11Donc j'étais à la fois un peu flatté, mais à la fois un peu gêné.
02:15C'est d'être invité dans plein, je ne sais pas, d'émissions de télévision
02:18sur lesquelles je ne sais pas du tout ce que je faisais là.
02:20On a un peu mis comme plantes vertes, les sportifs, de temps en temps.
02:23Ce n'était pas forcément très agréable.
02:25Les choix étaient durs à faire.
02:26Surtout, moi, je ne voulais pas que ma vie change.
02:29Elle était très bien, ma vie.
02:29Je m'entraînais, je faisais de la perche, c'était génial.
02:31Je faisais partie des meilleurs au monde.
02:33Je voyageais, j'étais vraiment avec des copains.
02:35L'entraînement, c'était une récréation.
02:37La suite de la carrière, j'étais l'homme à battre.
02:39On veut battre le champion olympique sortant.
02:41Ma carrière a continué de manière très, très belle aussi, avec des hauts et des bas.
02:45Mais j'ai pu, pendant de longues années, continuer à vivre cette vie de chanceux.
02:50Sous-titrage Société Radio-Canada