"Ils sont innocents": l'interview en intégralité d'Antoine Vey, avocat d'Hugo Auradou et Oscar Jégou

  • le mois dernier
Malgré les récents rebondissements de la procédure et la situation mentale compliquée de la plaignante, les avocats des rugbymen Hugo Auradou et Oscar Jégou ont déposé ce mardi une demande d'abandon des charges auprès de la justice argentine.

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00:00Bonsoir Maître Antoine Vey. Vous êtes donc l'avocat des deux rugbymen, des deux
00:05jeunes internationaux de 21 ans mis en cause cet été ou plutôt accusés cet
00:10été de viol en marge d'une tournée du 15 de France en Argentine.
00:15Vous souhaitez vous exprimer ce soir. Où en sommes-nous de la procédure et que
00:21souhaitez-vous dire ? Je souhaite rétablir un petit peu certains équilibres parce
00:26qu'on est dans une phase déterminante de la procédure c'est-à-dire la fin de
00:29l'enquête et hier leur avocat argentin a présenté une demande visant à
00:33obtenir un non-lieu et un retour en France. Ce retour en France il est
00:38espéré évidemment par les deux joueurs, par leur club, par les familles qui ont
00:42vécu le mois qui vient de s'écouler avec beaucoup d'angoisse et beaucoup de
00:47difficultés. La réalité c'est que dans ce dossier et c'est assez rare de voir un
00:51dossier de cette nature, il y a eu énormément de fake news, énormément de
00:54diffusions d'informations qui n'étaient jamais étayées, jamais clairement précisées.
01:00Je vais me permettre en introduction de rappeler les faits pour ceux qui n'ont
01:03pas suivi cette affaire. On est donc effectivement le 6 juillet dernier, la
01:08France s'impose contre l'Argentine en Argentine donc le 15 de France va fêter
01:12ça dans la foulée dans un bar, soirée arrosée, ça commence vers 23h, certains
01:17joueurs poursuivent la soirée en boîte de nid et c'est là que les fameux
01:23joueurs inculpés dans cette affaire, Hugo Auradou et Oscar Gégou, rencontrent
01:28la plaignante. C'est une Argentine de 39 ans, elle va rentrer en taxi ce soir-là
01:32avec Hugo Auradou jusqu'à son hôtel, jusqu'à sa chambre. Une heure après,
01:37ils sont rejoints dans la chambre par Oscar Gégou. Au cours de cette nuit, la
01:41jeune femme dit, elle, avoir subi viol et violence de la part des deux hommes.
01:46Eux reconnaissent les relations mais affirment qu'elles étaient consenties.
01:49À ce stade, ils sont donc tous deux inculpés de viols aggravés en réunion.
01:52Ils ont été mis en examen le 12 juillet. Vous avez donc demandé un non-lieu.
01:57Une audience pourrait avoir lieu dans les prochains jours pour examiner cette
02:00demande. Cela a été repoussé en raison d'une tentative de suicide de la
02:05plaignante et vous le disiez, donc les deux joueurs ont récupéré leur
02:07passeport. Ils sont en liberté mais ils doivent rester en Argentine et hier, ils
02:12ont pu donc quitter Mendoza pour se rendre à Buenos Aires.
02:16Oui, il y a une décision qui a été rendue entre temps, qui les a remis en
02:20liberté et dans cette décision, le parquet, qui lui, a tous les éléments de
02:24l'enquête, qui s'est quand même déroulée, qui a permis d'entendre des
02:27dizaines de témoins, de saisir les vidéosurveillances, de conduire des
02:31expertises médicales, de conduire des expertises psychologiques et psychiatriques
02:34des deux joueurs, pas de la plaignante parce qu'elle ne s'y est pas présentée.
02:37Ce magistrat a décidé de les remettre en liberté en disant quoi ? Dans ce dossier,
02:42il y a énormément d'incohérences au niveau du récit de la plaignante,
02:45énormément d'incohérences. Ça c'est que ce que disent les magistrats
02:48argentins ? Les magistrats argentins et ils ont rendu une décision qui est
02:52publique et qui rappelle que s'ils décident d'abord de ne pas les mettre
02:56en détention, puisque c'était ça qui aurait pu leur arriver, mais surtout de
02:59les remettre en liberté, c'est parce que le récit de la plaignante n'est pas
03:03cohérent. Deuxièmement, ils avaient un acte d'enquête à réaliser, c'était il y a
03:0715 jours, qui était l'expertise psychiatrique, psychologique de la
03:10plaignante, qui est un acte absolument normal dans ce type d'enquête. Et
03:15plusieurs fois, la plaignante ne s'est pas présentée à cet acte, donc l'enquête
03:19n'a pas pu être clôturée. Cependant, aujourd'hui, tous les éléments
03:22objectifs disculpent les deux joueurs et c'est vrai que c'est très dur pour eux
03:26parce que la façon dont cette affaire est médiatisée laissera de toute façon,
03:30quelle que soit la décision de la justice argentine, une trace sur eux,
03:33notamment, et c'est pour ça qu'il faut mettre les choses à part.
03:37Pour l'instant, il n'y a pas eu de décision de justice. On peut imaginer que cette
03:40affaire laisse également une trace chez la plaignante.
03:43Bien sûr qu'elle laisse des traces chez les plaignants, mais enfin, en l'occurrence...
03:46Elle a écrit une lettre avant sa tentative de suicide, je vais juste préciser ce qu'elle
03:49écrit, elle dit, je subis une pression psychologique que je n'aurais jamais
03:55imaginée, cela m'a enlevé la volonté de vivre, j'espère qu'ils pourront, les deux
03:59joueurs évidemment, dormir paisiblement en regardant les visages de leurs
04:05femmes, filles et petites filles, ils ont ruiné ma vie, ils ont manipulé la presse
04:08sans pitié pour que cela entraîne une condamnation contre moi. Donc finalement,
04:13elle aussi dénonce un certain traitement médiatique.
04:17D'une certaine façon, si vous voulez, les joueurs, ils n'ont pas cherché la
04:20médiatisation, ils n'ont pas cherché à être accusés et ils ont répondu à toutes
04:23les questions qu'on leur a posées. Si les éléments objectifs n'étaient pas
04:26disculpants, on attendrait, sans rien dire, en disant, voilà, on est présumé
04:30innocent, mais tout de même. Là, en fait, les éléments sont disculpants.
04:33Quels sont les éléments, justement, qui les disculpent ?
04:35Je vous donne un exemple, c'est qu'aujourd'hui, la presse argentine a fait filtrer des
04:39photos du corps de La Plaignante et ça fait déjà un mois que ces photos sont
04:43dans le dossier. Elles sont évidemment sorties parce que l'avocat de La
04:47Plaignante les a données à la presse, il ne faut pas chercher d'où elles viennent, et
04:50ils tendent à utiliser ces photos pour dire, regardez, il y a eu des violences.
04:54Or, il existe dans le dossier depuis un mois un rapport médico-légal qui dit
04:58clairement qu'il n'y a pas eu de violences, que les lésions qui sont
05:02constatées ne sont pas des blessures, donc on a entendu pendant un mois qu'il y avait
05:05des blessures, sous-entendu il y a des violences, et il dit les choses clairement.
05:07Il dit, d'abord, La Plaignante a donné un récit des faits, le soir où elle est
05:11allée déposer plainte, qui n'est pas compatible avec les lésions qu'on
05:14observe. Il n'est pas compatible parce qu'elle dit qu'elle a été traînée sur
05:17le sol, asphyxiée, strangulée et battue. Or, il n'y a pas de traces de strangulation,
05:22elle n'a pas pu être tirée sur le sol sans que ça laisse de marques et elle n'a
05:25pas été battue. C'est ce que le rapport d'expertise vient dire.
05:28Le parquet qui lit ça dit que c'est incohérent avec la déposition qui est
05:32faite de La Plaignante. Deuxième élément, on demande à l'expert
05:35médical, les marques que vous voyez sur la photo sont-elles compatibles avec des
05:39coups de poing, des gifles ? Il répond non. Est-ce qu'ils sont compatibles avec des
05:43violences ? Il dit c'est pas possible de le savoir parce qu'on ne peut pas savoir
05:46si ces marques ont été causées avant, pendant ou après les faits. Et
05:49troisièmement, on a découvert quinze jours plus tard que La Plaignante était
05:54atteinte d'une maladie qu'elle n'avait pas révélée à l'expert, ce qui est
05:58quand même un peu étonnant. Et cette maladie, comme d'ailleurs elle n'a pas
06:00remis son téléphone portable, et cette maladie fait que son sang coagule pas et
06:05donc des marques, et c'est ce qu'avait dit l'expert très clairement, peuvent
06:08provoquer des lésions fortes. Si bien qu'en fait, ce qui est gênant, c'est que
06:11tout le monde commande ces éléments en disant c'est très grave quand il y a une
06:15victime, c'est très grave. Mais on est tous d'accord avec ça, c'est pas des
06:17oppositions en disant on est contre les victimes. Par contre, il existe aussi des
06:21Plaignantes qui ont des récits incohérents et des Plaignantes qui se
06:23plaignent de faits qui n'ont pas existé. Et donc selon vous, elle ment de A à Z ou elle exagère les faits ?
06:28Mais est-ce qu'on peut quitter le vocabulaire elle ment, on n'a pas de respect.
06:33En fait, il y a des éléments qui sont dénoncés à la justice qui n'ont pas pu
06:36se produire. Ces violences ne se sont pas produites.
06:38Il y a deux garçons qui sont innocents, qui sont en Argentine, qui souffrent aussi
06:42un calvaire. Et ce que je demande juste, c'est que dans le débat public, qui colle
06:46quand même à leur image parce qu'ils vont rentrer en France, ils veulent
06:48reprendre le rugby, on puisse ne pas confondre ce qui est une marque avec une
06:52blessure. Ne pas dire qu'il y a des éléments qui établissent des violences
06:55quand l'expert du dossier dit qu'il n'y en a pas. Et rappeler qu'il n'y a pas eu de viols dans ce dossier.
07:00Saint Maître, c'est la justice argentine qui statuera. Vous présentez, pas de pronostics ici,
07:08mais vous présentez qu'elle se dirige vers une décision qui serait de nature
07:12à innocenter les deux rugbymen français. Oui, c'est précisément la raison pour laquelle
07:15depuis quelques jours, il y a tous ces éléments qui sortent dans la presse
07:19argentine, qui sortent d'une origine depuis tout le temps, c'est l'avocate de
07:23la plaignante, qui dès le premier soir, si vous voulez, a fait une déclaration
07:26retentissante. Moi, je ne comprends pas qu'on se plaigne à la fois de la
07:29médiatisation et qu'on fasse toute la journée de la médiatisation.
07:32Donc nous, on a un travail de rééquilibrage à faire, mais certainement
07:36pas un travail de commentaire de ce qu'on pense du dossier. Le dossier, on est
07:40obligé, si vous voulez, de le commenter pour rétablir des équilibres. Pourquoi ?
07:43Parce que si on ne le fait pas, va s'installer l'idée qu'ils sont peut-être
07:46coupables, va s'installer l'idée qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Or, aujourd'hui,
07:49ce sont deux gens, et je le dis comme je le pense, je connais le dossier, je l'ai vu,
07:53ce sont deux gens qui sont innocents des faits pour lesquels ils sont accusés.
07:56Mais le dossier écloue, il n'y a aucune chance qu'une autre pièce soit apportée à ce dossier ?
08:00Ça fait un mois et demi que nous, on a apporté toutes les pièces qu'on
08:04pouvait apporter. Les téléphones ont été saisis, les témoins ont été entendus, les
08:07vidéosurveillances sont absolument criantes, il y a des saisies d'audio qui
08:11sont commentées par le parquet, il y a un audio qui a filtré en Argentine,
08:16un audio de la plaignante, et le parquet dit, c'est difficilement explicable si elle a été
08:24victime des faits dont elle se plaint, parce que c'est un ton enjoué, c'est ce qu'ils disent,
08:28et à partir de là, c'est très difficile d'avoir un récit clair, parce que tout le monde a envie
08:32de se poser la question de pourquoi cette femme viendrait-elle dire quelque chose qui ne s'est
08:36pas produit ? C'est la question toujours. Mais là, dans ce dossier, plus que dans tout autre,
08:39les éléments objectifs qui sont entrés au dossier sont en train de disculper nos joueurs.
08:43Précisément, dans quel état d'esprit sont vos clients ?
08:46Là, maintenant, s'il vous plaît, ils sont dans un état d'esprit qui fait qu'on attendait une
08:50décision leur permettant de rentrer dans leur club, de reprendre leur vie, de retourner dans
08:55leur pays, la semaine dernière. On a attendu mardi que la plaignante se présente à ses expertises
09:00pour que, finalement, le dossier puisse se clôturer. Aujourd'hui, on doit encore attendre,
09:04et c'est vrai que pour eux, c'est très difficile, ce n'est pas évidemment des gens qui ont déjà
09:08connu la justice, c'est des gens qui étaient partis pour faire un match de rugby, et aujourd'hui,
09:13c'est vrai qu'ils ont une certaine impatience à pouvoir établir leur innocence sur des critères
09:17judiciaires objectifs, et surtout, à rentrer dans leur pays avec quand même la marque de
09:22leur innocence et pas la marque d'une pression de culpabilité. On sent un certain empressement
09:27de l'avocat que vous êtes, de ces deux rugbymen français, d'ouvrir la voie, le chemin vers
09:32l'aéroport de Buénovère pour qu'ils reviennent en France, mais aujourd'hui, c'est quand même
09:36difficile. Tant qu'il n'y a pas de décision de justice très claire à l'endroit de ces accusations
09:41de viol, c'est très difficile de faire rentrer ces joueurs de rugby. Si vous avez deux innocents,
09:45si vous voulez, ils ont donné tous les éléments à la justice et que la justice a travaillé pendant
09:49un mois et demi pour établir que tous les éléments qu'ils disent sont vrais, c'est vrai
09:52qu'on a envie qu'ils rentrent en France et on a envie qu'ils puissent reprendre leurs activités.
09:56Si c'était des gens à qui il était arrivé quelque chose, je ne vous aurais pas tenu le même discours,
10:00mais aujourd'hui, c'est très dur pour eux. C'est l'objectif de reprendre le chemin de l'entraînement
10:04dans les jours qui viennent, une fois rentrés en France. C'est des sportifs de haut niveau,
10:07vous comprenez, c'est des gens qui sont jeunes, ils ont besoin de jouer. Ce ne sont pas des carrières
10:10rugbymanes où on peut se dispenser de louper une saison parce qu'il nous est arrivé une injustice.
10:15Mais ils pourront avoir besoin d'une période de transition.
10:18C'est des gens qui sont très structurés, d'ailleurs c'est ce que l'expertise psychologique dit,
10:22c'est des gens qui sont très structurés, c'est des sportifs de haut niveau, c'est des gens qui
10:25savent exactement comment gérer ces difficultés, mais il ne faut pas que la difficulté dure trop
10:30longtemps et il faut qu'ils puissent rentrer dans leur club. Leur club les soutient parce que leur
10:34club les connaît, les familles les soutiennent et c'est très important maintenant qu'on ait cette
10:39dernière phase et que cette phase puisse être gérée sans justement ce combat médiatique qui
10:44ne sert à personne, ni la justice, ni les joueurs, ni la plaignante.
10:47Merci Affaires Assez Vives, merci Maître Antoine Nobel d'être venu nous voir.

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