• il y a 3 mois
En centre de rééducation, Romain Guérineau regarde à la télévision les performances des athlètes paralympiques à Londres en 2012. Lui aussi est handicapé, un accident de ski l’a rendu tétraplégique. «Ces Jeux m’ont fait rêver, ça m’a donné envie de faire du sport de haut niveau.» Athlétisme, musculation, handbike… le pompier, aujourd’hui en fauteuil, pratique presque tous les jours. «C’est un besoin pour moi», dit-il, au point qu’il a même envisagé de participer aux Jeux paralympiques de Paris 2024.

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Transcription
00:00:00A l'époque, je m'étais toujours dit, si un jour je me retrouve handicapé, je me tire une balle.
00:00:04Bon, aujourd'hui, je ne peux plus appuyer sur la gâchette, tu vois, parce que je ne peux plus me servir des doigts, tu vois.
00:00:09Il est pompier, sportif et tétraplégique. Aujourd'hui, on vous propose d'écouter le témoignage d'un Romain, alias Rorol Costeau.
00:00:16Ma rééducation, c'est un truc de fou parce que c'est un des pires moments de ma vie, mais ça reste un des plus beaux moments de ma vie également.
00:00:24On a parlé de son accident en 2012 et de sa rééducation.
00:00:26J'ai vraiment vécu un gros échec pour moi dans ma rééducation.
00:00:30C'est que je m'étais dit quand ma fille allait naître, je serais rentré chez moi et je n'ai pas réussi.
00:00:36De son rapport au sport, la prof de sport a tout de suite compris que j'étais quelqu'un qui en avait besoin et qui en avait besoin,
00:00:43peut-être encore plus que les autres. Et aussi de son rapport aux Jeux paralympiques.
00:00:47À l'époque, j'adorais la compétition et je me dis, c'est quoi la plus belle compète pour un sportif?
00:00:52C'est les Jeux olympiques et paralympiques et un jour, je vais être à leur place.
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00:00:59On sort des entretiens comme ça tous les samedis. Bon visionnage.
00:01:03Bonjour à tous. Bienvenue dans le stream de Libération.
00:01:06Merci de nous rejoindre aujourd'hui. C'est un stream hyper stylé, très particulier parce qu'on va recueillir le témoignage de quelqu'un d'incroyable.
00:01:13Il est pompier, sportif, influenceur et tétraplégique. Aujourd'hui, on reçoit Rorol Costeau.
00:01:18Salut Corentin, ça va?
00:01:20Ça me fait trop plaisir de te recevoir.
00:01:24Vous vous imaginez bien, ce soir, on a la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques.
00:01:29C'est à cette occasion qu'on te reçoit.
00:01:31Tu as plein de choses hyper intéressantes à raconter sur ton rapport au sport et sur les Jeux paralympiques,
00:01:37parce que toi, tu voulais y participer, je crois.
00:01:39C'est ça. Il y a quelques années en arrière, quand j'étais dans mon lit d'hôpital,
00:01:45pour être plus précis, dans mon lit de rééducation, et que j'avais commencé un petit peu à appréhender mon nouveau handicap,
00:01:51juste après mon accident, j'ai vu les Jeux de Londres. J'ai eu la chance de voir les Jeux de Londres,
00:01:55qui étaient ceux qui, à l'époque, étaient les Jeux les plus diffusés de l'histoire,
00:02:01avec une médiatisation incroyable autour. J'ai pu justement voir tout ce qui était possible et inimaginable.
00:02:08Et à ce moment-là, je me suis dit, je veux être à leur place.
00:02:10Ce que je te propose, c'est que pour commencer, on va repartir un peu du début.
00:02:14Donc toi, tu as eu un accident de ski en 2012.
00:02:16Oui, c'est ça.
00:02:17Or Romain, avant 2012, qui étais-tu ?
00:02:22Avant 2012, j'étais un jeune homme, sapeur-pompier. Voilà, c'était mon métier.
00:02:28En gros, ma vie tournait un petit peu autour de ce métier, parce que je suis tombé dans la marmite des pompiers, j'avais 12 ans.
00:02:36Pour le coup, personne dans ma famille. Personne n'était pompier, pas de famille, pas d'amis là-dedans, rien.
00:02:42Je suis vraiment tombé là-dedans, parce que depuis tout petit, j'avais quand même un petit peu ce côté fibre, j'ai envie d'aider les autres.
00:02:50Mais pas plus que ça. Et je me suis dit surtout, il y a ce côté-là, et puis il y a le côté, chez les pompiers, on fait beaucoup de sport.
00:02:57Pour moi, c'était l'image que j'avais. Les pompiers, c'est sportif.
00:03:01Et le raccord, ça avait déjà une place importante dans ta vie ?
00:03:03Ah ouais, incroyable. Déjà, à l'époque, c'était une drogue. J'étais en sport-études hockey sur glace.
00:03:09Quand j'ai commencé les pompiers, forcément, on fait beaucoup de sport. Et je n'ai pas voulu quitter le hockey sur glace dès le départ.
00:03:17J'ai voulu vraiment aller au bout du bout. Après, il y a un moment où il fallait faire un choix.
00:03:21En plus, au hockey sur glace en France, moi, je n'ai pas eu l'habitude de faire ça.
00:03:24C'est ça, c'est ça. Ce n'est pas un sport trop développé. Bon, il y a des très, très bonnes équipes en France, malgré tout.
00:03:31Mais c'est vrai que c'est sûr qu'on n'en parle pas autant que le football.
00:03:35Mais le hockey sur glace, ça existe en France et on a plutôt des très, très bons éléments.
00:03:40Mais c'est sûr qu'après, il a fallu faire un choix et le choix s'est orienté vers les pompiers.
00:03:45Je suis d'Indre-et-Loire, je suis de Tours. J'ai eu la chance, à 18 ans, je suis rentré pompier, pompier professionnel.
00:03:53Je réalisais mon rêve à 18 ans pile poil. C'est tôt.
00:03:57Ouais, c'est tôt, mais c'est tôt. Mais en fait, moi, je ne me voyais rien faire d'autre.
00:04:00Donc, j'étais étudiant quand j'ai eu mon concours, mais j'ai vite arrêté les études parce que je savais que je voulais faire ça et rien d'autre.
00:04:07Donc, voilà, pompier 18 ans. Et puis après, ça s'enchaîne. Je fais trois ans toujours à Tours.
00:04:13Et puis après, je me dis tiens, j'ai des envies d'ailleurs, j'ai envie de découvrir ailleurs.
00:04:17Et puis, du coup, je suis parti en haut de Savoie. Et c'est là où trois ans plus tard, j'ai mon accident.
00:04:22Trois ans plus tard, tu avais 21 ans.
00:04:24Non, non, j'avais. En gros, on était à six ans. En gros, si tu veux, je rentre pompier.
00:04:31Non, c'est une bêtise. Je ne suis pas resté que trois ans en Adréloire. Je suis resté beaucoup plus longtemps.
00:04:35C'est que j'ai fait trois ans dans une caserne et deux ans et demi dans une autre.
00:04:38Mais non, j'avais 26 ans. Les calculs étaient bons sinon. Mais j'avais 26 ans quand j'ai eu mon accident.
00:04:44Et donc, du coup, raconte nous ce qui s'est passé concrètement en 2012 en haut de Savoie.
00:04:50Donc, on est le 13 janvier, un vendredi 13. Alors, tu vois, ça porte malheur, il paraît.
00:04:55Bon, moi, je n'y crois pas. Ce n'est pas grave.
00:04:57Non, donc, 13 janvier 2012, je suis sur les pistes de ski, donc au G, en haut de Savoie.
00:05:03Et je suis avec deux potes, deux potes à moi. Donc, un qui nous attend, qui nous rejoint après.
00:05:09Et puis, un autre avec qui on était parti.
00:05:11Et on est sur les pistes. Et puis, ce jour-là, je ne vois pas quelqu'un qui s'insère sur la piste.
00:05:18On se rend dedans. Moi, ça m'envoie en avant et je retombe sur la tête, en fait.
00:05:23Et au fait, quand je retombe sur la tête, ça fait une fracture au niveau des cervicales avec une atteinte de la moelle épinière.
00:05:29Bilan, tétraplégie, C6, C7, puisque c'est le niveau de la lésion de la moelle épinière.
00:05:36Et donc, du coup, tu vas à l'hôpital tout de suite.
00:05:39C'est ça. Donc, j'ai été transporté en hélicoptère. Alors, pas de bol ce jour-là.
00:05:43Moi, je fais les choses bien. Là où on était, où on skiait, il faisait très beau.
00:05:47Sauf que là où je dois être évacué, il fait un temps pourri.
00:05:50Donc, l'hélico civil ne veut pas se déplacer.
00:05:55Donc, ce qui se passe, c'est que je suis héliporté du lieu de l'accident jusqu'à un premier hôpital,
00:06:03où on me fait un premier bilan. Et ensuite, en fait, je suis transporté par la route.
00:06:07Parce que, je te dis, conditions météo pourries. Donc, impossible d'être transporté par les airs.
00:06:14Comment ça se passe les premiers jours à l'hôpital ?
00:06:17Alors, les premiers jours à l'hôpital, je suis en réanimation.
00:06:20Donc, au tout début, c'est les souvenirs flous. Je vais être honnête.
00:06:23La première semaine, c'est très, très flou.
00:06:26T'as perdu connaissance ou pas ?
00:06:28Alors, j'ai pas perdu connaissance, mais j'ai un blackout de l'accident.
00:06:34Je me souviens de rien. Ils m'ont endormi. C'est eux qui m'ont endormi.
00:06:38Mais je pense qu'à ce moment-là, tu vois, le cerveau se met en off.
00:06:41Le cerveau, il y a tellement de douleurs et il se passe tellement de choses qu'il doit dire,
00:06:44je le déconnecte. Enfin, je pense que c'est ce qui s'est passé.
00:06:47Et non, donc, du coup, on est en réanimation.
00:06:52T'es dans une salle, t'ouvres les yeux. Tu sais pas trop où tu es.
00:06:56T'entends des bruits partout. Parce que c'est très, très bruyant.
00:06:58Parce que t'as les bruits des appareils. T'as beaucoup de patients à côté de toi.
00:07:02Tu le sais pas au départ, mais on est plusieurs. On est six au moins dans la salle.
00:07:06Et voilà. Et après, moi, je connais. Il y a des bruits que je connais avec mon métier.
00:07:10Donc, j'entends des gens qui meurent à côté. T'entends des tracés plats.
00:07:13T'entends des massages cardiaques. Et t'es là, tu dis, là, il se passe quelque chose de grave.
00:07:18Et puis, mine de rien, à ce moment-là, c'est assez rapide.
00:07:21J'ai la famille qui rentre dans la pièce. Et c'est vrai que je me dis, mince, c'est bizarre.
00:07:26J'arrive pas à bouger mes bras, en fait.
00:07:29Et puis, à ce moment-là, je me dis, mince, mais je sens pas mon corps.
00:07:32C'est bizarre. La sensation que j'ai, là, c'est que je sens rien, en fait.
00:07:36Et je dis, mince, qu'est-ce qui se passe ?
00:07:38Et après, je sais pas dire tout de suite ce qui se passe.
00:07:41Je sens qu'il y a un truc qui va pas, que c'est très grave, parce que je vois la tête des gens.
00:07:44Je sais que, je veux dire, là, ils me regardent pas comme si tout était bien, tu vois.
00:07:49Donc, je me dis, ouais, il y a quelque chose de grave.
00:07:52Et quand est-ce qu'on te fait le diagnostic ?
00:07:55Et comment ça se passe ?
00:07:58En fait, si tu veux, quand je me réveille, le diagnostic, il est déjà fait.
00:08:01En gros, les médecins, ils sont déjà passés par là et ils savent ce qui s'est passé.
00:08:05Et on me dit, j'ai un médecin qui vient et qui, très justement, je pense,
00:08:11je parlerai pas d'empathie extraordinaire à ce moment-là, mais je pense, avec les mots, juste,
00:08:15sans vouloir trop en faire, sans dramatiser le truc non plus,
00:08:19mais il m'explique qu'au moment où on se parle, je peux pas bouger,
00:08:24je peux plus bouger les bras, je peux plus bouger les jambes.
00:08:28Et il m'explique, en fait, pourquoi, parce qu'il y a la lésion à cet endroit-là,
00:08:32mais que pour l'instant, il y a un hématome qui cache.
00:08:35Et donc, avec tout ce qui est examens médicaux, on peut pas voir vraiment si c'est définitif ou pas.
00:08:40Donc, il me dit que pour l'instant, je suis dans cette situation-là,
00:08:43mais qu'on sait pas de quoi il fait le lendemain.
00:08:46Et toi, quand on t'annonce ça, comment tu te sens ?
00:08:50Alors, forcément, coup de massue, parce que je t'avoue, je suis quelqu'un de très dynamique,
00:08:55j'aime bien que ça bouge.
00:08:57Et là, je me dis, bon, en fait, dans un laps de temps aussi court que tu apprends ça,
00:09:02je pense pas tout de suite à l'avenir lointain.
00:09:05Je pense juste au jour J, au lendemain.
00:09:07Je me dis, merde, alors, attends, là, je peux plus bouger les jambes.
00:09:10Mais ça veut dire quoi, ça ?
00:09:12Est-ce que j'ai le temps tout de suite d'avoir une réflexion sur l'impact dans le futur ?
00:09:17Pas vraiment.
00:09:18En fait, sur le moment, j'ai un réflexe de survie, on va dire,
00:09:21c'est que je me dis, écoute, t'es comme ça.
00:09:23Maintenant, il vient pas te dire que c'était définitif.
00:09:25Peut-être que demain, ça ira mieux.
00:09:28Après-demain, ça ira encore mieux.
00:09:30Et puis, j'ai toute cette famille qui est là, et je me dis, mince,
00:09:35est-ce que j'ai le droit de leur faire vivre quelque chose de triste ?
00:09:38Ils sont là.
00:09:39Et moi, au moment où on m'annonce ça, je sais pas,
00:09:42mais je suis quand même passé pas loin de la mort, très, très près quand même.
00:09:45Donc, t'as d'abord pensé à l'impact que ça pouvait avoir sur ta famille,
00:09:49qu'un impact que ça peut avoir sur toi ?
00:09:51Ouais.
00:09:52Et en fait, tu sais, là, on vit une situation personnelle actuellement avec ma compagne,
00:09:56et en fait, elle a eu le même réflexe.
00:09:58Et je pense que quand t'aimes ta famille, quand t'aimes tes proches,
00:10:02c'est un réflexe que t'as, c'est de les protéger, en fait.
00:10:05T'as envie de les protéger.
00:10:06Et à ce moment-là, j'ai eu envie de les protéger.
00:10:08Et je leur ai dit, écoutez, ils m'avaient annoncé le nom.
00:10:12Donc, je dis, je suis handicapé ou je suis tétraplégique,
00:10:14c'est plus ce que je leur dis, je suis tétraplégique,
00:10:16mais je suis un tétraplégique en vie.
00:10:17Et à ce moment-là, c'est ce que je me dis,
00:10:20parce que j'ai pas envie que les gens qui viennent me voir,
00:10:22ils viennent avec les pleurs, etc.
00:10:24J'ai envie qu'ils viennent.
00:10:25Peut-être quand ils arrivent, ils sont pas bien,
00:10:27mais qu'ils repartent avec le sourire en se disant,
00:10:29bon, voilà, il est vivant, il a la niaque, il va se battre et il est encore là.
00:10:32Voilà.
00:10:33T'avais encore la force d'annoncer ça avec le sourire ?
00:10:36Ben ouais, à ce moment-là, ouais, j'ai le sourire.
00:10:39J'ai le sourire parce que j'ai pas envie de voir les gens pleurer, en fait.
00:10:42J'aime pas voir ma famille souffrir.
00:10:45Donc ouais, effectivement, j'ai pensé aux autres avant, ouais.
00:10:49Et à quel moment est-ce que tu te rends compte
00:10:51que maintenant, ta vie, ça va être une vie en fauteuil ?
00:10:56Ben, les jours qui suivent.
00:10:58En fait, après, je suis toujours en réanimation,
00:11:01mais cette fois-ci, dans une chambre individuelle.
00:11:03Voilà, cette fois-ci, on est surveillé.
00:11:05Si tu veux, c'est comme une pièce,
00:11:07c'est une pièce comme si t'étais un rond, en fait.
00:11:09T'as une partie vitrée où les soignants peuvent te voir.
00:11:13Et tout autour, tu as que des chambres individuelles avec des patients.
00:11:16Et là, bon, je commence à avoir des soins un peu plus poussés,
00:11:20faire de la kiné, pouvoir me laver.
00:11:22Parce que le premier lavage, il est long.
00:11:25Avant de pouvoir vraiment prendre une douche,
00:11:27alors quand je dis douche, c'est allongé dans un brancard
00:11:30et on te met de l'eau, quoi.
00:11:32Mais bon, on te met de l'eau, tu sens pas.
00:11:33Jusque là où tu sens et là où tu te dis
00:11:36se faire laver les cheveux.
00:11:38Quand tu t'es pas lavé les cheveux pendant une semaine ou dix jours,
00:11:40le bonheur, c'est le bonheur.
00:11:42Parce que là, concrètement, t'étais paralysé à partir de quel endroit ?
00:11:46Alors, plus ou moins la même chose qu'aujourd'hui.
00:11:50Sauf qu'au départ, j'avais du mal à bouger les bras,
00:11:52mais rapidement, je t'ai rebougé quand même.
00:11:54Dès le départ.
00:11:56En fait, en gros, il faut imaginer une ligne imaginaire des mamelons.
00:12:00Voilà, au niveau de la poitrine, au niveau des mamelons.
00:12:04Au-dessus, je sens.
00:12:06En dessous, je sens plus rien.
00:12:08Il n'y a plus rien qui fonctionne.
00:12:10Là, dans le dos, je sens peut-être un tout petit peu plus bas que cette ligne imaginaire.
00:12:14Mais après, les jambes ne marchent pas.
00:12:16Je n'ai pas d'abdos.
00:12:17Je n'ai pas de pectoraux.
00:12:18Le seul que j'ai, c'est le grand pectoral, celui qui est relié au bras.
00:12:21Et après, au niveau des membres,
00:12:24comme on le voit à la caméra,
00:12:26je ne peux pas bouger les doigts.
00:12:28Mes poignées marchent.
00:12:30Je ne peux pas bouger les doigts.
00:12:32De ce côté-là, il n'y a plus rien.
00:12:34Il n'y a plus de muscles.
00:12:35Les muscles ont fondu parce qu'ils ne fonctionnent plus.
00:12:37Là, je n'ai plus de muscles.
00:12:38Et j'ai mon triceps.
00:12:39Donc lui, il existe.
00:12:41Je peux lever le bras.
00:12:43C'est pour ça qu'on dit qu'il existe.
00:12:44Par contre, si j'appuie un tout petit peu sur le bras,
00:12:47ça ne marche pas.
00:12:48Là, je ne peux plus lever le bras.
00:12:50Dès que tu mets une résistance avec un doigt ou quoi,
00:12:53je n'ai plus de force.
00:12:55Et donc, il y a tout un chemin de rééducation.
00:12:58Pour l'instant, on est encore sur l'étape où tu es en réanimation.
00:13:00Mais après, tu passes à la rééducation.
00:13:01C'est ça.
00:13:02En gros, je reste un mois à l'hôpital.
00:13:06Je fais trois semaines à Grenoble.
00:13:10Et la dernière semaine, je la fais en Haute-Savoie
00:13:14pour me rapprocher le plus de ma famille et de mes proches.
00:13:18Alors, quand je dis famille, à l'époque, on n'a pas de famille.
00:13:21J'ai juste ma compagne de l'époque qui est là-bas.
00:13:24On a quelques amis, etc.
00:13:26Mais on ne connaissait personne quand on a atterri là-bas.
00:13:29Donc, c'est vrai que j'ai beaucoup d'amis chez les pompiers.
00:13:31Mais Grenoble, on est à deux heures de route de là où j'habite.
00:13:34A l'époque, ma compagne est enceinte.
00:13:37Je sais que je vais être papa.
00:13:39Et c'est vrai que j'ai envie d'assister à la première échographie
00:13:43et qui se situe dans cette dernière semaine où je suis encore en réanimation.
00:13:47Donc, on arrive à me faire rapatrier sur l'hôpital d'Annecy
00:13:51où je continue les soins avant d'aller en rééducation.
00:13:57Parce qu'il faut savoir que les places en rééducation, c'est attribué.
00:14:00C'est-à-dire que ce n'est pas automatique.
00:14:02On fait des demandes dans plein de centres de rééducation.
00:14:05Il y en a qui t'acceptent, il y en a qui ne t'acceptent pas.
00:14:08Et s'ils ont de la place, s'ils veulent t'accueillir,
00:14:13parce qu'en fonction des pathologies, peut-être que ça peut être compliqué pour eux.
00:14:16Et puis, on va être honnête, il y a des pathologies
00:14:18qui rapportent un peu plus d'argent que d'autres aussi.
00:14:20Il faut le dire.
00:14:22Ce n'est pas gratuit tout ça.
00:14:24Des pathologies qui rapportent beaucoup plus une chambre occupée par un tétraplégique
00:14:28rapporteront plus qu'une chambre occupée par quelqu'un qui est amputé d'une jambe.
00:14:33C'est peut-être une question un peu naïve, mais tout ça, ce n'est pas du public, c'est du privé.
00:14:36C'est-à-dire que t'es dans un centre...
00:14:38Le centre de rééducation, si tu veux, c'est des boîtes privées.
00:14:43C'est juste qu'il y a la partie qui est prise en charge par la Sécu,
00:14:46plus la partie, après, mutuelle et haute.
00:14:48On ne paye rien de notre poche, mais ça reste des boîtes privées.
00:14:51Donc, il a fallu que tu trouves un centre de rééducation ?
00:14:53Voilà.
00:14:55Juste à côté de chez moi, oui et non.
00:14:58Pas trop, parce qu'à l'époque, là où j'habite, il n'y en a pas.
00:15:02Le plus près, c'est Annecy, à côté d'Annecy.
00:15:04C'est le Mont-Verrier, ça s'appelle.
00:15:06Il est un peu loin de chez moi, malgré tout.
00:15:09Il y a quand même 40-45 minutes de route.
00:15:11Mais ça me rapproche quand même énormément.
00:15:13J'atterris là-bas, et là, on m'explique ce qui va se passer.
00:15:17C'est-à-dire, là, maintenant, on est parti.
00:15:19On va réapprendre à être dans un fauteuil,
00:15:22parce que jusqu'à présent, je ne me suis pas encore mis dans un fauteuil.
00:15:24Je me suis mis une seule fois.
00:15:26C'est pour l'échographie, mais c'est tout.
00:15:28Donc, on va réapprendre à se mettre en fauteuil.
00:15:31On va réapprendre à aller aux toilettes.
00:15:32On va réapprendre à se raser, à manger,
00:15:34parce que quand tu peux plus tenir une fourchette, tu fais comment ?
00:15:37Au début, on m'alimente, en fait.
00:15:38C'est les gens qui me donnent à manger.
00:15:40C'est les aides-soignantes, c'est les proches.
00:15:44Ce n'est pas facile au début.
00:15:46Quand quelqu'un te donne à manger, tu ne manges pas.
00:15:48Moi, je ne mangeais quasiment rien.
00:15:50Parce que…
00:15:51Tu n'avais pas envie ou ça te gênait ?
00:15:53Déjà, d'une, tu peux avoir quelqu'un qui est très bienveillante avec toi,
00:15:57qui va faire tout ce qu'elle peut.
00:15:59Mais tu as aussi des personnes qui sont comme tout le monde,
00:16:02qui ont une journée de boulot dans les pattes,
00:16:04qui en ont marre, qui ont envie que ça aille vite.
00:16:06Toi, tu n'as pas envie que ça aille vite.
00:16:08Tu as des gens qui prennent ça un peu comme…
00:16:11C'est leur métier, je sais, mais comme un truc chiant à faire.
00:16:15Du coup, ce n'est pas toujours fait avec empathie.
00:16:17Donc, à ce moment-là, tu n'as pas envie.
00:16:18Tu dis stop, on arrête là et c'est tout.
00:16:20Toi, tu as vécu des choses comme ça ?
00:16:21Oui, j'ai vécu des choses comme ça.
00:16:23J'ai vécu un repas où tu es avec quelqu'un qui arrive au boulot.
00:16:27Comme ça peut arriver à tout le monde,
00:16:29tu as le droit d'avoir des galères dans ta vie privée,
00:16:31tu arrives au boulot et tu n'es pas bien.
00:16:33Mais oui, ça m'est arrivé d'avoir cette personne qui te donne à manger
00:16:37et ça la fait chier.
00:16:39Et toi, du coup, tu te dis c'est bon, j'arrête là.
00:16:42J'arrête là, je mangerai demain.
00:16:43Tu arrives au centre de rééducation.
00:16:46Moi, je me pose une question parce que rien que sur le chemin,
00:16:50tu sors de l'hôpital, tu vas chez toi.
00:16:53Est-ce que ce n'est pas le moment, la première fois
00:16:56où tu es handicapé en dehors d'un hôpital
00:16:59et tu dois apprendre ce que c'est d'être en fauteuil ?
00:17:02Comment ça se passe ?
00:17:03Ça, il faut savoir que ça arrive très longtemps après l'accident.
00:17:07Mon premier retour à la maison,
00:17:09et quand je te dis retour à la maison,
00:17:10c'est vraiment juste aller passer quelques heures, un week-end chez moi.
00:17:14C'est très tardivement, mais j'ai envie de te dire,
00:17:16ça arrive, je ne vais pas te mentir,
00:17:19mais c'est peut-être trois, quatre mois après l'accident.
00:17:23Attends, je vais te dire une bêtise.
00:17:25Je sais à peu près, c'est trois mois à peu près,
00:17:28deux mois et demi après l'accident.
00:17:30Mais tu vois, il se passe deux mois et demi
00:17:32avant que vraiment je puisse, en gros,
00:17:35être emmené chez moi dans une voiture,
00:17:38me tenir suffisamment longtemps dans un fauteuil
00:17:41parce qu'au début, je t'assure,
00:17:43au début, tu es…
00:17:46Au début, de toute façon, c'est facile.
00:17:47Au début, tu es 10 secondes assis et tu tombes dans des pommes.
00:17:50Donc, c'est clair.
00:17:51Parce qu'en fait, tu as été habitué pendant un mois à être allongé.
00:17:54Donc, dès l'instant qu'on t'assoie,
00:17:56ta tension, tu as une chute de tension, c'est incroyable.
00:17:59Tous les matins, quand on te lève pour aller à la douche, aux toilettes,
00:18:03il faut savoir que tous les matins, c'est le même sketch.
00:18:05Tous les matins, on te relève la tête,
00:18:08on te lève au bord du lit et après,
00:18:10tu es là, je sens que je pars
00:18:12et on te relève les jambes et ça, ça arrive.
00:18:14Mais c'est tous les matins au départ.
00:18:16Et après, il y a un moment où on se met vraiment dans un fauteuil
00:18:19comme je suis aujourd'hui.
00:18:21On reste une heure, on reste trois heures,
00:18:23on reste six heures et après, on reste la journée.
00:18:25Mais ça se fait vraiment par étapes.
00:18:27Ça doit être hyper particulier.
00:18:30Comment est-ce que ton rapport à l'indépendance, l'autonomie,
00:18:33il a évolué à partir de ce moment-là ?
00:18:36Alors, en fait, je me suis retrouvé dans un double…
00:18:41pas un choix à faire,
00:18:43parce qu'en fait, le choix, il s'impose à toi.
00:18:45Mais j'avais vraiment deux trajectoires.
00:18:47C'est-à-dire que la première, c'était de me dire
00:18:49« Écoute Romain, il faut accepter que ton autonomie à 100%,
00:18:52tu l'as perdue. »
00:18:53Voilà, je ne l'ai plus, clairement.
00:18:55Aujourd'hui, je ne suis pas autonome à 100%.
00:18:57Et ma vie va se résumer à demander des services.
00:19:00Et je le sais.
00:19:01Aujourd'hui, je le sais.
00:19:02J'ai besoin de quelqu'un le matin pour m'habiller.
00:19:04J'ai besoin de quelqu'un pour aller aux toilettes.
00:19:06J'ai besoin de quelqu'un pour…
00:19:08Après, peut-être des gestes anodins pour certains,
00:19:12mais voilà, j'ai besoin de quelqu'un.
00:19:14Je le sais.
00:19:15Et à côté de ça, par contre,
00:19:17ma vie, c'est essayer d'être le plus autonome possible.
00:19:20C'est-à-dire que j'ai en tête ce fait de…
00:19:23Voilà, je sais que je n'ai pas le choix
00:19:25et que je dois avoir quelqu'un qui m'aide.
00:19:28Mais à côté de ça, j'essaye de faire en sorte
00:19:31de m'en passer au maximum.
00:19:33Et si, quand je trouve des solutions
00:19:35pour me passer de quelqu'un,
00:19:37ça rentre dans ma vie immédiatement.
00:19:39Parce que…
00:19:40Et c'était au départ.
00:19:41Et aujourd'hui encore, je suis dans la même démarche.
00:19:43C'était quelque chose
00:19:44qui était particulièrement important pour toi ?
00:19:46Pourquoi ?
00:19:47Je pense que c'est important pour moi,
00:19:49mais pour n'importe quelle personne en fait.
00:19:51Parce qu'on est des adultes.
00:19:53Et qu'un adulte est autonome.
00:19:55Alors, attention.
00:19:56Un adulte, handicapé ou pas,
00:19:58comme n'importe qui,
00:19:59il peut demander un service dans sa vie.
00:20:00Il peut demander des coups de main
00:20:01parce qu'il ne sait pas faire.
00:20:02Parce que physiquement, il ne peut pas.
00:20:04Au supermarché, moi,
00:20:05j'ai vu plein de petites personnes.
00:20:07Une petite mamie.
00:20:08Ma mère, elle est toute petite.
00:20:09Ça lui est déjà arrivé
00:20:10de demander à quelqu'un
00:20:11de lui attraper un truc en hauteur.
00:20:13Et elle n'est pas handicapée.
00:20:14On a tous besoin de coups de main.
00:20:16On a tous besoin d'un autre.
00:20:17On a besoin du coup de main de quelqu'un.
00:20:19Un jour, on a besoin les uns des autres.
00:20:21Mais malgré tout, je reste un adulte.
00:20:23Et un adulte est quand même censé être autonome.
00:20:25Et je pense qu'on est dans cette quête-là d'autonomie
00:20:29parce que c'est instinctif en fait.
00:20:31Dans le chat, on a deux viewers
00:20:33qui te posent une question
00:20:34qui est à peu près similaire.
00:20:35Une virtuelle et le couillon.
00:20:37Alors, l'une vient de te demander
00:20:39à partir de quel moment tu t'es posé la question
00:20:41de ton arrière de professionnel
00:20:42et le couillon,
00:20:43est-ce que tu as gardé contact
00:20:44avec la profession de pompier ?
00:20:45En plus, c'est bien
00:20:46parce que c'est deux questions
00:20:48qui sont en rapport avec le métier.
00:20:51Alors écoutez, moi, j'ai eu cette chance.
00:20:53C'est qu'en fait,
00:20:54quand j'étais en rééducation,
00:20:56j'ai mon grand patron de l'époque
00:20:58que je connaissais très peu finalement.
00:21:00Mon grand patron de mon département.
00:21:02Il faut savoir qu'en France,
00:21:03les pompiers, c'est par département.
00:21:05Donc, le colonel de mon département
00:21:07est venu me voir,
00:21:09est venu me rendre visite
00:21:10pour prendre des nouvelles déjà.
00:21:12Et puis, assez rapidement,
00:21:14il m'a dit,
00:21:15Romain, rassurez-vous.
00:21:17Alors, certes, pas sur le terrain
00:21:19et encore, on ne sait pas encore
00:21:20de quoi demain est fait,
00:21:21mais sachez qu'on va vous garder.
00:21:24On va vous garder.
00:21:25Vous allez rester chez nous.
00:21:26On ne sait pas où on va vous mettre.
00:21:28À l'époque, c'est ce qu'il m'a dit.
00:21:30Parce qu'ils savaient comment j'étais.
00:21:32Ils avaient compris mon état d'esprit
00:21:33et que j'aimais beaucoup rire.
00:21:35Et du coup, en fait, si tu veux,
00:21:36ils m'ont vraiment dit,
00:21:37on ne sait pas où on va vous mettre
00:21:39pour l'instant,
00:21:40mais on va vous garder.
00:21:41Et à ce moment-là,
00:21:42on m'a enlevé une épée de Damoclès
00:21:44incroyable au-dessus de la tête
00:21:45parce que pour moi, je savais…
00:21:47J'ai pris son terrain.
00:21:48Ouais.
00:21:49En fait, c'était l'impression de me dire,
00:21:50est-ce que financièrement,
00:21:51je vais dépendre des autres ?
00:21:52Je voulais à tout prix
00:21:54être financièrement autonome
00:21:56et assurer en tant que père,
00:21:58en tant que…
00:22:01Dans un couple,
00:22:02pouvoir assumer aussi ma part du marché
00:22:05pour le loyer,
00:22:07pour la nourriture, etc.
00:22:09Et on a la chance,
00:22:10on a un système français qui…
00:22:12Alors, un système de santé français
00:22:14qui est à revoir, certes,
00:22:15mais qui, malgré tout,
00:22:16est quand même pas trop mal
00:22:17sur beaucoup de choses.
00:22:19Mais je n'avais pas envie
00:22:20d'être dépendant de ce système
00:22:22et de vivre des aides, en fait.
00:22:24Il y a des gens qui n'ont pas le choix.
00:22:25Moi, j'avais le choix
00:22:27et je pouvais travailler.
00:22:28Et le fait d'avoir ce choix-là
00:22:30et de pouvoir travailler,
00:22:31je me suis dit,
00:22:32je ne peux pas passer à côté.
00:22:33Et j'étais tellement content.
00:22:35Et en plus,
00:22:36je restais dans mon domaine.
00:22:37Ça, c'était génial
00:22:38parce que moi,
00:22:39je ne savais rien faire d'autre.
00:22:40Il y a depuis 12 ans,
00:22:41c'est les pompiers.
00:22:42Je n'ai jamais rien fait d'autre.
00:22:43Je ne sais rien faire d'autre.
00:22:44Donc, je me suis dit…
00:22:46J'y ai pensé au début.
00:22:47J'ai dit, attends,
00:22:48qu'est-ce que je peux faire
00:22:49comme recommandation ?
00:22:50Ça m'a traversé l'esprit quand même.
00:22:51Ouais.
00:22:52Mais au final,
00:22:53je savais que j'étais chez les pompiers.
00:22:54Donc, j'ai toujours contact.
00:22:56Parce qu'aujourd'hui,
00:22:58quand j'étais en Haute-Savoie,
00:23:01j'ai travaillé
00:23:02dans ce qu'on appelle
00:23:03un service prévision
00:23:04où j'ai repassé un stage
00:23:07pour commencer
00:23:09à être dessinateur informatique.
00:23:10Je dessinais des plans.
00:23:12Et en fait, je me suis éclaté
00:23:13parce que ce n'est pas du tout
00:23:15un domaine dans lequel
00:23:16je m'étais prédestiné.
00:23:17Et ça m'est tombé dessus.
00:23:19Je m'occupais un peu
00:23:20de choses aussi opérationnelles
00:23:21de chez les pompiers.
00:23:22Mais j'avais tout volé
00:23:23dessinateur informatique
00:23:25qui m'a éclaté.
00:23:26J'ai vraiment adoré.
00:23:27Et puis, un peu plus tard,
00:23:29je suis revenu en Touraine
00:23:30dans mon département
00:23:32pour des raisons familiales.
00:23:34Et quand je suis revenu,
00:23:36tout de suite,
00:23:37la première proposition
00:23:38qu'on m'a faite,
00:23:39c'est un bureau.
00:23:40Ou alors, on m'a dit,
00:23:41on peut éventuellement aussi
00:23:42être dans un bureau
00:23:43mais au centre d'appel.
00:23:44Oh !
00:23:45Centre d'appel.
00:23:46Je me suis dit là,
00:23:47je reviens juste à côté.
00:23:48Enfin, je reviens
00:23:49au plus près de l'opérationnel.
00:23:52Et dans ma petite tête,
00:23:53parce qu'au début,
00:23:54c'était dans un bureau.
00:23:55Et surtout,
00:23:56dans ma petite tête,
00:23:57j'avais tout de suite l'idée
00:23:58de me dire, attends,
00:23:59si t'es là-bas,
00:24:00pourquoi pas prendre des appels ?
00:24:01Pourquoi pas y regoûter ?
00:24:03Et voilà.
00:24:04J'ai accepté le poste
00:24:05parce que j'avais dit,
00:24:06de toute façon,
00:24:07je prendrais n'importe quoi.
00:24:08Il fallait que je revienne.
00:24:09Donc, j'ai dit,
00:24:10je prendrais n'importe quoi
00:24:11et derrière,
00:24:12je sais que je pouvais évoluer.
00:24:13Et c'est ce qui s'est passé.
00:24:14Si on repart un peu
00:24:15du moment où tu arrives
00:24:16en centre de rééducation,
00:24:18comment est-ce que ça se passe
00:24:20?
00:24:21Comment est-ce que tu réappréhendes
00:24:22ton corps avec l'équiné ?
00:24:26Alors en fait,
00:24:27t'as toute une équipe
00:24:28qui se met en place
00:24:29autour de toi.
00:24:30Donc, tu as l'équiné,
00:24:31effectivement.
00:24:32Tu as les profs d'APA,
00:24:33c'est l'activité physique adaptée.
00:24:34C'est l'épreuve de sport,
00:24:35mais adaptée pour le handicap.
00:24:36Tu as une ergothérapeute.
00:24:38L'ergothérapeute,
00:24:39donc ceux qui ne savent pas,
00:24:40c'est quelqu'un
00:24:41qui va te réapprendre, toi,
00:24:44à vivre avec tes difficultés
00:24:46et qui va surtout te...
00:24:49Alors, te fabriquer
00:24:50ou te trouver
00:24:51plein de petites adaptations
00:24:53que tu ne peux pas forcément connaître
00:24:54et qui vont, entre guillemets,
00:24:56compenser ce qu'il te manque
00:24:58ou ce que tu ne peux pas faire
00:24:59à cause de ton handicap.
00:25:01Après, forcément,
00:25:02un médecin rééducateur,
00:25:03un médecin, entre guillemets,
00:25:04un médecin généraliste
00:25:06pour les petits tracas du quotidien.
00:25:09Et toute cette équipe, en fait,
00:25:11t'explique que ça va être long,
00:25:13parce que, clairement,
00:25:14on le sait, ça va être long.
00:25:15La rééducation, ça peut être long.
00:25:17Alors, moi, j'en ai eu une très courte,
00:25:19pour le coup,
00:25:20mais ça peut aller
00:25:21jusqu'à facilement deux ans
00:25:22pour un cas de handicap.
00:25:23Moi, en tout,
00:25:25j'ai été de février
00:25:28jusqu'à début octobre
00:25:31à temps plein là-bas,
00:25:33donc vraiment à dormir là-bas,
00:25:35jour et nuit,
00:25:36pendant huit mois.
00:25:37Et après, j'ai fait six mois
00:25:40de ce qu'on appelle
00:25:41l'hôpital de jour,
00:25:42c'est-à-dire qu'en fait,
00:25:43j'étais chez moi,
00:25:44je dormais chez moi
00:25:45et je reprenais un taxi
00:25:46au centre.
00:25:47Au départ, cinq jours par semaine,
00:25:48mais ça peut durer longtemps,
00:25:49genre un mois.
00:25:50Et après, j'y allais trois,
00:25:52puis deux jours.
00:25:53Mais c'est vrai qu'à la fin,
00:25:55j'ai resté surtout par confort
00:25:57pour avoir ma salle de sport,
00:25:59avoir mes séances de sport
00:26:00et puis voir du monde,
00:26:01parce que j'avais pas encore de voiture
00:26:03et j'avais peur de m'ennuyer chez moi.
00:26:05Quand on t'annonce
00:26:06que la rééducation,
00:26:07elle peut prendre du temps,
00:26:08comment tu te sentais ?
00:26:09T'avais peur ?
00:26:11Non, parce qu'en fait,
00:26:12moi, la rééducation,
00:26:14pour moi,
00:26:15c'était Disneyland.
00:26:17J'avais passé un mois à l'hôpital,
00:26:18à regarder le plafond,
00:26:19à regarder la télé,
00:26:20à rien faire,
00:26:21à pas m'asseoir.
00:26:22Moi, quand tu commences
00:26:23à m'annoncer
00:26:24que je vais faire du sport,
00:26:25que je vais avoir des séances de kiné,
00:26:26qu'on va commencer
00:26:27à réadapter le quotidien
00:26:28pour la vie,
00:26:29je me dis, ça y est,
00:26:30c'est le tremplin
00:26:31pour la vie future.
00:26:32Donc moi, honnêtement,
00:26:33ma rééducation,
00:26:34ça restera un merveilleux souvenir.
00:26:37Quasiment, t'avais trop hâte.
00:26:38Ouais, mais j'avais hâte de commencer.
00:26:40Mais clairement, de commencer,
00:26:41j'avais trop hâte.
00:26:42Quand je suis arrivé,
00:26:44les deux premiers jours
00:26:45où tu fais rien,
00:26:46moi, j'en avais marre.
00:26:47Je dis, on attaque.
00:26:48Je suis là,
00:26:49on est là pour bosser.
00:26:50Mais par contre, honnêtement,
00:26:51ma rééducation,
00:26:53c'est un truc de fou
00:26:54parce que c'est un des pires moments
00:26:56de ma vie,
00:26:57mais ça reste un des plus beaux
00:26:58moments de ma vie également.
00:27:00En rééducation,
00:27:01pour nous expliquer
00:27:02comment ça se passe,
00:27:03comment est-ce que tu le vis ?
00:27:05En fait, la rééducation,
00:27:07c'est clairement le matin.
00:27:10Après, il y a beaucoup de patients.
00:27:12En fait, ils établissent un planning.
00:27:14Moi, je m'étais dit,
00:27:15dès le départ,
00:27:16réveillez-moi tôt
00:27:18parce que je suis en rééducation,
00:27:20je ne suis pas en vacances.
00:27:21Je n'ai pas envie
00:27:22qu'on me lève à 9h ou 10h
00:27:23parce que le temps
00:27:24de faire tous les soins,
00:27:25de se préparer tout,
00:27:26après, tu es prêt à midi.
00:27:27C'est ce qui se passait pour certains.
00:27:28Moi, j'avais envie d'être prêt tôt,
00:27:30de pouvoir commencer
00:27:31à avoir mes rendez-vous
00:27:32parce qu'en fait,
00:27:33ce qui se passe,
00:27:34c'est que tu as un planning
00:27:35tous les jours.
00:27:36Tu as un planning,
00:27:37à telle heure,
00:27:38tu as rendez-vous chez l'ergo,
00:27:39à telle heure,
00:27:43tu as plein de rendez-vous
00:27:44tous les jours.
00:27:46Et entre-temps,
00:27:47tu es libre.
00:27:48Tu es libre,
00:27:49tu es dans ta chambre.
00:27:50Personnellement,
00:27:51je profitais de ce temps libre
00:27:52pour lire,
00:27:53pour faire du sport.
00:27:54Je faisais en plus
00:27:55dans ma chambre,
00:27:56regardais la télé.
00:27:57Et puis après,
00:27:58quand c'est l'après-midi,
00:27:59les temps de libre,
00:28:00souvent,
00:28:01tu as du monde qui vient.
00:28:02Donc, le matin,
00:28:03c'est réservé
00:28:06aux thérapeutes.
00:28:07Il n'y a pas de visite.
00:28:08Les visites commencent
00:28:09à partir de l'après-midi.
00:28:10Moi, les gens le savaient.
00:28:11La visite des proches.
00:28:12La visite des proches.
00:28:13Les visites extérieures.
00:28:14Et en fait,
00:28:15je demandais aux gens
00:28:16de venir toujours
00:28:17après ma dernière séance.
00:28:18Je ne voulais pas avoir
00:28:19du monde avant.
00:28:20On se voit en speed.
00:28:21Ce n'est pas bien.
00:28:22Jusqu'à ma dernière séance,
00:28:23je ne voyais personne.
00:28:24Les gens venaient après.
00:28:25Et pareil,
00:28:26après,
00:28:27c'est un laps de temps
00:28:28qui est assez court.
00:28:29Du coup,
00:28:30c'est drôle
00:28:31parce que
00:28:32mes potes pompiers
00:28:33avaient créé une association
00:28:34pour me venir en aide.
00:28:35Et au même moment,
00:28:36ils ont créé un planning
00:28:37pour les visites.
00:28:38C'était drôle
00:28:39parce que du coup,
00:28:40quand tu as
00:28:41beaucoup de monde d'un coup,
00:28:42c'est prenant aussi.
00:28:43Et donc,
00:28:44pendant la rééducation,
00:28:45c'est là
00:28:46où tu reprends contact
00:28:47avec,
00:28:48de ce que j'ai compris,
00:28:49quelque chose
00:28:50de très important pour toi,
00:28:51le sport.
00:28:52Oui,
00:28:53exactement.
00:28:54En fait,
00:28:55je découvre.
00:28:56Au début,
00:28:57je découvre
00:28:58que je peux encore
00:28:59faire du sport,
00:29:00effectivement.
00:29:01Moi,
00:29:02je l'ai découvert
00:29:03dans ma chambre
00:29:04parce que j'avais des élastiques,
00:29:05j'avais des poids de muscu.
00:29:06En fait,
00:29:07j'attachais au lit
00:29:08et je faisais de la muscu
00:29:09et je faisais travailler
00:29:10les épaules.
00:29:11Enfin voilà,
00:29:12tu vois,
00:29:13tous les genres de mouvements
00:29:14qu'on peut faire chez soi,
00:29:15que n'importe qui peut faire.
00:29:16Et en fait,
00:29:17la prof de sport
00:29:18a tout de suite compris
00:29:19que j'étais quelqu'un
00:29:20qu'on avait besoin
00:29:22et qu'on avait besoin
00:29:23peut-être encore plus
00:29:24que les autres.
00:29:25Du coup,
00:29:26j'ai eu la chance,
00:29:27elle m'a doublé
00:29:28mes séances de sport
00:29:29et j'étais le seul
00:29:30dans le centre de rééducation.
00:29:31Ah ouais,
00:29:32j'avais ce privilège-là.
00:29:33En fait,
00:29:34ils s'en ont rendu compte
00:29:35que tu en avais besoin
00:29:36pour aller mieux.
00:29:37Ah ouais,
00:29:38vraiment,
00:29:39elle m'a doublé mes séances.
00:29:40Donc,
00:29:41j'avais une première séance,
00:29:42j'avais une deuxième séance après.
00:29:43Parfois,
00:29:44même du coup,
00:29:45à ce moment-là,
00:29:46ce qui a été cool,
00:29:47c'est que quand je suis arrivé
00:29:48au centre de rééducation,
00:29:49le hasard a fait
00:29:50qu'on a commencé
00:29:51à être plusieurs.
00:29:52Ce n'était pas un centre
00:29:53spécialisé
00:29:54dans les blessés médulaires.
00:29:55Les blessés médulaires,
00:29:56c'est les blessés
00:29:57de la moelle épinière.
00:29:58Et ce n'est pas un centre
00:29:59qui est spécialisé,
00:30:00mais en fait,
00:30:01on s'est retrouvé
00:30:02à plusieurs finalement
00:30:03en même temps
00:30:04avec des pathologies
00:30:05plus ou moins similaires
00:30:06et la prof de sport
00:30:09nous a fait
00:30:10de la sarbacane.
00:30:11Elle nous a mis en place…
00:30:12C'est quoi la sarbacane ?
00:30:13La sarbacane,
00:30:14en fait,
00:30:15comme les tribus amérindiennes,
00:30:16tu as une sarbacane
00:30:19avec un pic dedans.
00:30:21En fait,
00:30:22tu as une espèce de pointe.
00:30:25Et en fait,
00:30:26tu souffles dedans
00:30:27vers les cibles.
00:30:28Voilà,
00:30:29c'est un sport.
00:30:30C'est un sport,
00:30:31la sarbacane.
00:30:32Et le but premier
00:30:33en rééducation,
00:30:34c'est de faire
00:30:35travailler ton souffle
00:30:36parce que le fait
00:30:37de ne plus avoir
00:30:38de muscles, etc.
00:30:39Tu vois,
00:30:40le diaphragme,
00:30:41il ne marche pas très bien.
00:30:42Ce qui fait que j'ai que
00:30:43la moitié de ma capacité pulmonaire.
00:30:44Et ça,
00:30:45au début,
00:30:46il faut le retravailler aussi.
00:30:47Quand tu en as eu la moitié,
00:30:48c'était quand tu étais
00:30:49en soin de rééducation.
00:30:50Est-ce que tu as réussi
00:30:51à en regagner ?
00:30:52Non.
00:30:53Tu vois,
00:30:54aujourd'hui,
00:30:55c'est pour ça
00:30:56qu'on fait gaffe
00:30:57parce que…
00:30:58Là,
00:30:59maintenant,
00:31:00ça va mieux,
00:31:01mais au départ,
00:31:02par exemple,
00:31:03je n'arrivais pas à…
00:31:04Désolé pour le cas,
00:31:05mais expectoré,
00:31:06j'ai pas assez d'air
00:31:07dans mes poumons
00:31:08pour me moucher.
00:31:09C'est impossible.
00:31:10Et ça,
00:31:11pour que les gens
00:31:12se rendent compte,
00:31:13c'est extrêmement important
00:31:14et c'est extrêmement important
00:31:15dans le sens
00:31:16de ton rapport au sport
00:31:17parce qu'en fait,
00:31:18pour les personnes handicapées,
00:31:19avoir moins de capacité
00:31:20respiratoire,
00:31:21ça rend le fait
00:31:22de faire du sport
00:31:23beaucoup plus difficile.
00:31:24C'est clair.
00:31:25Par exemple,
00:31:26j'avais des médecins
00:31:27qui me disaient
00:31:28quand tu as moins
00:31:29de capacité respiratoire,
00:31:30le simple fait de faire,
00:31:31je ne sais pas,
00:31:32une course de 1 km,
00:31:33c'est comme si tu montais
00:31:34les vastes.
00:31:35Au-delà de ça,
00:31:36vu que musculairement,
00:31:37c'est compliqué,
00:31:38il m'en manque pas mal,
00:31:39c'est vrai qu'en règle générale,
00:31:40j'ai plutôt tendance
00:31:41à être fatigué musculairement
00:31:42avant que mon cœur
00:31:43s'emballe.
00:31:44Mon cœur qui monte
00:31:45à 190,
00:31:46ça c'est fini,
00:31:47ça ne m'arrive jamais.
00:31:48C'est jamais de la vie.
00:31:49Mon cœur,
00:31:50quand je suis en plein
00:31:51d'efforts sportifs,
00:31:52je suis à 110,
00:31:53120 maximum.
00:31:54Pas plus.
00:31:55Jamais.
00:31:56Dans le tchat,
00:31:57on a Widerac
00:31:58qui te dit
00:31:59que tu es trop énervé.
00:32:00C'est clair.
00:32:01Tout le temps.
00:32:02C'est vrai.
00:32:03C'est vrai.
00:32:04C'est clair.
00:32:05Tout le temps.
00:32:06Et du coup,
00:32:07ça t'a fait quoi
00:32:08de reprendre contact
00:32:09avec le sport
00:32:10à ce moment-là ?
00:32:11Est-ce que c'était
00:32:12un soulagement ?
00:32:13Est-ce que c'était
00:32:14une manière pour toi
00:32:15d'avoir une forme d'espoir
00:32:16dans l'avenir ?
00:32:17Comment tu te sentais ?
00:32:18En fait,
00:32:19moi vraiment,
00:32:20le sport,
00:32:21je vais dire loisir
00:32:22à ce moment-là,
00:32:23c'était plutôt
00:32:24un soulagement
00:32:25au départ
00:32:26de me dire
00:32:27tiens,
00:32:28j'arrive encore
00:32:29à faire du sport.
00:32:30Et après,
00:32:31c'était juste
00:32:32ce que je connaissais avant,
00:32:33c'est juste que
00:32:34ça me faisait du bien.
00:32:35C'était un plaisir.
00:32:36Et c'est la même chose
00:32:37que ce que je connais
00:32:38aujourd'hui,
00:32:39c'est-à-dire que
00:32:40une journée sans sport,
00:32:41c'est compliqué.
00:32:42C'est compliqué.
00:32:43Ce matin,
00:32:44je me suis levé
00:32:45à 8h.
00:32:46On partait à 9h,
00:32:479h30 de la maison.
00:32:48Je m'étais calé
00:32:49une petite séance de sport
00:32:50avant de venir
00:32:51parce que je sais qu'après,
00:32:52aujourd'hui,
00:32:53je ne pouvais pas.
00:32:54Demain,
00:32:55je ne vais pas pouvoir non plus
00:32:56parce que je suis à Paris.
00:32:57Alors,
00:32:58des jours sans sport,
00:32:59ça m'arrive.
00:33:00Il en faut en plus.
00:33:01Mais c'est vrai que
00:33:02pour avoir en tête
00:33:03quels jours
00:33:04je peux m'entraîner,
00:33:05faire du sport
00:33:06parce que
00:33:07si je pouvais avoir
00:33:08une séance de sport par jour,
00:33:0913 mètres pour,
00:33:10je le ferais.
00:33:11Dans le chat,
00:33:12justement,
00:33:13j'aimerais que vous essayiez
00:33:14de deviner
00:33:15quel sport,
00:33:16aujourd'hui,
00:33:17est-ce que Romain pratique ?
00:33:18Essayez de deviner ça
00:33:19parce que vous allez voir,
00:33:20il en pratique beaucoup.
00:33:21Et pendant ta rééducation,
00:33:22on est en 2012,
00:33:23on est en plein
00:33:24dans les paralympiques.
00:33:25Exactement.
00:33:26Tu la regardes ou pas ?
00:33:27En fait,
00:33:28oui, tout à fait.
00:33:29Alors moi,
00:33:30je suis un fan de sport
00:33:31dans la vie,
00:33:32mais aussi à la télé.
00:33:33J'adore regarder le sport
00:33:34et à ce moment-là,
00:33:35coup de bol.
00:33:36D'abord les JO.
00:33:37Je me regarde avec les JO,
00:33:38ça m'occupe bien
00:33:39pendant les longs temps libres
00:33:40qu'on a en rééducation
00:33:41et arrivent les paralympiques
00:33:42qui forcément
00:33:43m'intéressent
00:33:44de plus en plus.
00:33:45Et à ce moment-là,
00:33:46je vais être honnête,
00:33:47moi,
00:33:48quand j'ai eu mon accident,
00:33:49je devais handicapé.
00:33:50Le handicap,
00:33:51avant,
00:33:52je n'y connaissais rien.
00:33:53Mais vraiment,
00:33:54rien du tout.
00:33:55C'était à peu près
00:33:56la première fois
00:33:57que j'ai été handicapé.
00:33:58C'était quand j'étais
00:34:00C'était pour moi
00:34:01des années-lumière.
00:34:02Je m'étais toujours dit,
00:34:03alors,
00:34:04ça va faire rire
00:34:05parce que c'est une blague
00:34:06que je fais souvent,
00:34:07mais à l'époque,
00:34:08je m'étais toujours dit,
00:34:09si un jour,
00:34:10je me retrouve handicapé,
00:34:11je me tire une balle.
00:34:12Aujourd'hui,
00:34:13je ne peux plus appuyer
00:34:14sur la gâchette
00:34:15parce que je ne peux plus
00:34:16me servir des doigts.
00:34:17Mais c'est réel.
00:34:18Mais au final,
00:34:19c'est réel.
00:34:20Et en fait,
00:34:21à aucun moment,
00:34:22cette idée m'a traversé l'esprit
00:34:23quand je me suis retrouvé.
00:34:24C'est juste qu'avant,
00:34:25j'étais ignorant.
00:34:26Je ne connaissais rien.
00:34:27Et pour moi,
00:34:29et pour beaucoup de gens,
00:34:30je suis sûr,
00:34:31encore que maintenant,
00:34:32avec toute la médiatisation
00:34:33qu'il y a eu,
00:34:34on sait qu'un handicapé,
00:34:35ce n'est pas quelqu'un
00:34:36qui est incapable.
00:34:37Mais à l'époque,
00:34:38moi,
00:34:39dans ma petite tête de jeunot
00:34:40qui ne s'intéressait pas
00:34:41spécialement à ça,
00:34:42c'est cette image
00:34:43que j'avais.
00:34:44Est-ce que du coup,
00:34:45dans ton rapport
00:34:46à ton handicap,
00:34:47quand tu as commencé
00:34:48à vivre avec,
00:34:49est-ce que tu étais
00:34:50très positif
00:34:51ou est-ce que tu avais
00:34:52des moments
00:34:53où tu étais un peu
00:34:54plus down ?
00:34:55Les deux,
00:34:56c'est normal.
00:34:57C'est normal d'avoir
00:34:58des moments de moins bien,
00:34:59des moments
00:35:00des coups de mou,
00:35:01on en a tous.
00:35:02Et dans ces moments-là,
00:35:03c'est normal.
00:35:04C'est normal.
00:35:05Après,
00:35:06j'arrivais à ne pas le vivre
00:35:07comme un échec.
00:35:08J'ai vraiment vécu
00:35:09un gros échec.
00:35:10Pour moi,
00:35:11dans ma rééducation,
00:35:12c'est que je m'étais dit
00:35:13que quand ma fille
00:35:14allait naître,
00:35:15je serais rentré chez moi
00:35:16et je n'ai pas réussi.
00:35:17C'est vraiment le moment
00:35:18où j'ai eu
00:35:19une semaine,
00:35:20dix jours
00:35:21très compliqués
00:35:22à ce moment-là.
00:35:23Et le problème,
00:35:24c'est que je me suis aperçu
00:35:25à ce moment-là,
00:35:26c'est que quand la tête
00:35:28tombe,
00:35:29c'est un moment
00:35:30où c'est déjà compliqué
00:35:31pour le corps
00:35:32et je n'avais pas besoin
00:35:33de rajouter ça.
00:35:34Donc, je me suis dit
00:35:35qu'il faut passer
00:35:36à autre chose.
00:35:37Et pour revenir au JO,
00:35:38du coup,
00:35:39effectivement,
00:35:40les paralympiques,
00:35:41ça passe à la télé.
00:35:42Je regarde un peu
00:35:43les disciplines,
00:35:44ce qui existe.
00:35:45Et moi,
00:35:46à ce moment-là,
00:35:47je me rappelle
00:35:48que quand tu fais du sport,
00:35:49tu mets ta tenue de sport
00:35:51et tu pratiques
00:35:52ta discipline.
00:35:53Peu importe
00:35:54ce que tu fais,
00:35:55il y a du matériel adapté,
00:35:56il y a des vêtements.
00:35:58Et en fait,
00:35:59si tu veux,
00:36:00j'avais envie
00:36:01de me dire
00:36:02que mon fauteuil
00:36:03de ville,
00:36:04celui de tous les jours,
00:36:05c'était mon fauteuil,
00:36:06c'est mes baskets,
00:36:07c'est mes chaussures
00:36:08pour aller au boulot,
00:36:09pour faire ce que j'ai à faire
00:36:10dans la vie.
00:36:11Mais j'avais envie,
00:36:12quand je fais sport,
00:36:13de sortir de ce fauteuil,
00:36:14de faire autre chose
00:36:15avec d'autres matériels.
00:36:16Et je découvre
00:36:17les épreuves d'athlétisme.
00:36:18Et quand je vois
00:36:19ces mecs
00:36:20et ces nanas
00:36:21sur les fauteuils
00:36:22d'athlétisme,
00:36:23déjà,
00:36:24je me dis
00:36:25c'est trop classe.
00:36:26Je trouve ce fauteuil
00:36:27magnifique.
00:36:28Et en fait,
00:36:29je me dis,
00:36:30ça,
00:36:31ça a l'air
00:36:32d'être bien physique
00:36:33parce que j'avais besoin.
00:36:34Alors,
00:36:35je n'ai absolument rien
00:36:36contre les joueurs
00:36:37de tennis de table.
00:36:38Ne vous le prenez pas mal.
00:36:39Mais à l'époque,
00:36:40c'est vrai que le tennis de table,
00:36:41j'en fais en rééducation.
00:36:42Mais pour moi,
00:36:43je suis vraiment dans le loisir.
00:36:44Aujourd'hui,
00:36:45je sais que c'est
00:36:46un sport de ouf.
00:36:47Assis en fauteuil,
00:36:48c'est un sport
00:36:49de malade mental,
00:36:50vraiment.
00:36:51Et c'est hyper physique.
00:36:52Mais à l'époque,
00:36:53j'ai encore mon esprit
00:36:54attriqué.
00:36:55Et je me dis,
00:36:56moi,
00:36:57j'ai besoin de ça.
00:36:58J'ai besoin,
00:36:59quand je fais sport,
00:37:00d'être crevé,
00:37:01d'être exténué.
00:37:02Et je me dis,
00:37:03je veux faire ça.
00:37:04Sauf que,
00:37:05je suis en haut de ça.
00:37:06Enfin,
00:37:07je suis encore en rééducation.
00:37:08Mais un peu plus tard,
00:37:09je suis en haut de Savoie.
00:37:10Et le seul club d'athlètes
00:37:11qui existe dans le département,
00:37:12il est à Annecy,
00:37:13il est loin de chez moi.
00:37:14Et en plus,
00:37:15malheureusement,
00:37:16ils n'accueillent pas de fauteuil.
00:37:17Il n'y a pas d'athlétisme,
00:37:18en fait,
00:37:19dans le département où je suis.
00:37:20Ça,
00:37:21c'est une vraie question.
00:37:22Oui,
00:37:23c'est un peu plus tard.
00:37:24Effectivement,
00:37:25c'est une vraie question
00:37:26dans le rapport au sport
00:37:27des personnes handicapées,
00:37:28d'avoir un accès
00:37:29aux structures
00:37:30qui peuvent t'accueillir.
00:37:31Et donc,
00:37:32du coup,
00:37:33tu regardes les paralympiques
00:37:34à la télé pendant
00:37:35que t'es en rééducation.
00:37:36Ça t'inspire
00:37:37d'une certaine manière ou pas ?
00:37:38Alors,
00:37:39au-delà de m'inspirer,
00:37:40ça me donne envie
00:37:41d'être à leur place.
00:37:42Vraiment.
00:37:43En fait,
00:37:44à ce moment-là,
00:37:45je me dis,
00:37:46quand je sors de là,
00:37:47j'ai ma vie,
00:37:48j'ai ma vie à côté.
00:37:49Mais,
00:37:50je vais tout faire
00:37:51pour être un peu mieux
00:37:52parce que j'ai envie
00:37:53de faire de la compétition.
00:37:54J'ai envie d'être à leur place.
00:37:55J'ai envie de vivre
00:37:56ce qu'ils vivent
00:37:57parce que je le vois.
00:37:58Je le vois sur les podiums.
00:37:59Je vois ce que ressentent
00:38:00les athlètes
00:38:01et je me dis,
00:38:02wow,
00:38:03moi,
00:38:04je suis sportif.
00:38:05En plus,
00:38:06à l'époque,
00:38:07j'adorais la compétition
00:38:08et je me dis,
00:38:09c'est quoi la plus belle
00:38:10compétition pour un sportif ?
00:38:11C'est les Jeux olympiques
00:38:12et paralympiques
00:38:13et un jour,
00:38:14je vais être à leur place.
00:38:15Et tu le dis
00:38:16aux soignants
00:38:17qui t'accompagnent ?
00:38:18La prof de sport,
00:38:19elle est cool.
00:38:20Elle est à fond dedans.
00:38:21Elle me fait tester
00:38:22plein de trucs.
00:38:23Elle est dans l'accompagnement.
00:38:24Elle me fait rencontrer
00:38:25les membres
00:38:26du comité départemental
00:38:27d'e-sport.
00:38:28C'est vraiment
00:38:29la porte d'entrée
00:38:30vers le sport,
00:38:31on va dire,
00:38:32parce que c'est eux
00:38:33qui connaissent les clubs,
00:38:34qui me proposent,
00:38:35qui disent,
00:38:36il existe ça,
00:38:37il existe ça.
00:38:38Mais c'est vrai
00:38:39qu'encore une fois,
00:38:40ils ont beau vouloir
00:38:41m'accompagner,
00:38:42exactement,
00:38:43merci,
00:38:44mais les disciplines
00:38:45qu'on propose,
00:38:46c'est vraiment
00:38:47les disciplines
00:38:48qu'on propose,
00:38:49il y a des trucs super.
00:38:50Je fais des tests,
00:38:51je fais de la voile
00:38:52avec une voile en plus
00:38:53qui revient de Londres,
00:38:54qui est adaptée
00:38:55pour qu'il revienne
00:38:56de Londres
00:38:57pour un paraplégique.
00:38:58Je teste tout ça,
00:38:59je refais du ski,
00:39:00je refais plein de choses,
00:39:01mais il me manque
00:39:02ce petit truc.
00:39:03Et l'athlétisme,
00:39:04clairement,
00:39:05du coup,
00:39:06le fauteuil,
00:39:07je ne sais pas.
00:39:08C'est parce que
00:39:09c'était trop facile
00:39:10tout ce qu'ils te proposaient ?
00:39:11Non,
00:39:12ce n'est pas ça.
00:39:13C'est qu'en fait,
00:39:14je le prenais vraiment
00:39:15comme du sport loisir,
00:39:16ce que je faisais.
00:39:17Tu vois,
00:39:18vraiment comme
00:39:19le faire une journée,
00:39:20je me fais un kiff une journée,
00:39:21je fais ça,
00:39:22j'adore.
00:39:23Mais je ne me voyais pas
00:39:24tous les jours,
00:39:25au quotidien.
00:39:26Et puis aussi,
00:39:27pour moi,
00:39:28ça représentait aussi
00:39:29une organisation de ouf.
00:39:31Parce que
00:39:32quand je fais du bateau,
00:39:33tu imagines,
00:39:34avant,
00:39:35la préparation avant,
00:39:36le ski,
00:39:37c'est pareil,
00:39:38c'est une sacrée préparation,
00:39:39ne serait-ce que pour y aller
00:39:40parce que moi,
00:39:41j'habitais en haut de Savoie,
00:39:42les montagnes,
00:39:43je n'étais pas au pied.
00:39:44Donc,
00:39:45il faut y aller,
00:39:46et puis,
00:39:47j'imagine,
00:39:48quand tu es tétraplégique,
00:39:49tu dois avoir des personnes
00:39:50qui t'accompagnent
00:39:51qui sont spécifiques de ça.
00:39:52Donc, ça va être compliqué aussi.
00:39:53C'est ça.
00:39:54Il y a des tétraplégiques
00:39:55qui sont autonomes
00:39:56et qui se débrouillent très bien
00:39:57et qui n'ont pas tout le corps
00:39:58en plus,
00:39:59qui est aussi handicapé que moi
00:40:00et qui se débrouillent très bien.
00:40:01Mais moi,
00:40:02c'est vrai que,
00:40:03pour mon cas personnel,
00:40:04j'ai besoin de quelqu'un.
00:40:05Et tu vois,
00:40:06par exemple,
00:40:07en haut de Savoie,
00:40:08vu que je ne peux pas faire
00:40:09d'athlète,
00:40:10j'avais testé déjà
00:40:11en rééducation,
00:40:13le handbike,
00:40:14donc le vélo à bras.
00:40:15Ma vélo à bras.
00:40:16Et on m'avait fait essayer
00:40:17un truc pas du tout adapté.
00:40:18Et là,
00:40:19dès que je sors,
00:40:20en fait,
00:40:21je fais l'achat d'un vélo
00:40:22pour moi.
00:40:23Alors,
00:40:24grâce à l'association
00:40:25parce que Savoie a un bras.
00:40:26Et je n'ai pas les moyens
00:40:27à l'époque.
00:40:28Donc,
00:40:29merci à l'association
00:40:30qui m'a tout payé.
00:40:31Et cette association,
00:40:32si tu veux,
00:40:33me permet
00:40:34de commencer
00:40:35à goûter
00:40:36aux joies de
00:40:37je fais du vélo à l'extérieur,
00:40:38je suis en balade
00:40:39avec ma famille,
00:40:40je fais du vélo à l'extérieur,
00:40:41je suis en balade
00:40:42avec ma famille.
00:40:43Mais je peux aussi
00:40:44me mettre en mode,
00:40:45on est entre potes,
00:40:46avec des copines,
00:40:47à faire du vélo.
00:40:48Et à faire un peu plus,
00:40:49tu vois,
00:40:50vraiment à faire
00:40:51un effort physique.
00:40:52Et là,
00:40:53je me dis,
00:40:54waouh,
00:40:55c'est vrai que le vélo,
00:40:56c'est génial aussi.
00:40:57Mais à ce moment-là,
00:40:58je kiffe en faire.
00:40:59Je commence à refaire
00:41:00des petites courses.
00:41:01Mais c'est marrant,
00:41:02je ne sais pas,
00:41:03il y a un truc,
00:41:04je ne me vois pas
00:41:05aller au JO
00:41:06avec le vélo.
00:41:07Oui.
00:41:08Bon,
00:41:09on va répondre
00:41:10à la question
00:41:11que j'ai posée
00:41:12dans le chat tout à l'heure.
00:41:13Je leur ai demandé
00:41:14de deviner
00:41:15quel sport tu pratiquais.
00:41:16Du coup,
00:41:17tu peux leur répondre maintenant.
00:41:18Oui,
00:41:19je vais leur répondre.
00:41:20Le sport que je pratique,
00:41:21c'est l'athlétisme.
00:41:22Alors,
00:41:23toujours du handbike.
00:41:24Même en ce moment,
00:41:25je fais plus de handbike
00:41:26que d'athlète.
00:41:27Mais voilà,
00:41:28le sport que j'ai choisi,
00:41:29c'est l'athlétisme.
00:41:30En fait,
00:41:31quand j'arrive en Touraine,
00:41:32quand je reviens
00:41:33dans ma région natale.
00:41:34Alors ça,
00:41:35c'est quand tu as fini
00:41:36la rééducation ?
00:41:37Oui,
00:41:38on a fini.
00:41:39J'ai fini deux années plus tard.
00:41:40Et du coup,
00:41:41là,
00:41:42je vais,
00:41:43comme je l'ai dit,
00:41:44vers le comité départemental
00:41:45d'handisport
00:41:46en leur disant
00:41:47bonjour,
00:41:48qu'est-ce qui existe
00:41:49dans le département
00:41:50comme sport ?
00:41:51On m'en propose plein
00:41:52et je vois
00:41:53qu'il y a de l'athlétisme.
00:41:54Je file au club,
00:41:55je tombe sur
00:41:56Longuena
00:41:57qui est l'entraîneur
00:41:58de la section handisport.
00:41:59Je suis le premier
00:42:00tetra
00:42:01dans le...
00:42:02Je suis le premier tetra.
00:42:03Il faut savoir
00:42:04que des tetra-pégyques
00:42:05accueillent
00:42:06un peu plus
00:42:07que les tetra-pégyques.
00:42:08Athlétisme en France,
00:42:09on est très très peu.
00:42:10Vraiment très très peu.
00:42:11Il n'y a déjà pas beaucoup
00:42:12de personnes handicapées
00:42:13qui font du sport
00:42:14à haut niveau.
00:42:15Mais là,
00:42:16on est...
00:42:17Moi,
00:42:18je suis le premier.
00:42:19Il n'a jamais connu.
00:42:20Et en fait,
00:42:21la première fois que j'y vais,
00:42:22je me mets dans un fauteuil d'athlète
00:42:23qui est trop grand.
00:42:24Il n'y a aucun réglage qui va.
00:42:25Et moi,
00:42:26en fait,
00:42:27je ne connais pas encore
00:42:28cette position
00:42:29et je me retrouve
00:42:30la tête en avant.
00:42:31Sauf qu'en fait,
00:42:32la tête en avant,
00:42:33mais moi,
00:42:34je n'ai pas d'abdo,
00:42:35je n'ai pas de pec.
00:42:36Je ne peux pas relever la tête.
00:42:37Donc,
00:42:38je me retrouve au début
00:42:39où je suis
00:42:40sur mon fauteuil d'athlète
00:42:41et il me dit,
00:42:42vas-y,
00:42:43fais des tours comme ça.
00:42:44Alors,
00:42:45il faut savoir,
00:42:46à l'époque,
00:42:47je n'ai pas de gants,
00:42:48etc.
00:42:49Je fais ça avec les mains
00:42:50et je fais deux tours.
00:42:51Alors,
00:42:52deux tours,
00:42:53je ne t'explique pas.
00:42:54C'est le bout du monde.
00:42:55Deux tours,
00:42:56je ne sais pas combien de temps
00:42:57il m'a fallu,
00:42:58mais c'est très très long.
00:42:59Et j'arrive à faire deux tours.
00:43:00Je suis épuisé.
00:43:01J'ai fait 800 m.
00:43:02Je suis épuisé.
00:43:03Quand je me relève,
00:43:04j'ai surtout une marque
00:43:05sur le front là,
00:43:06mais énorme
00:43:07parce qu'en fait,
00:43:08j'ai la tête sur la barre.
00:43:09J'ai la tête,
00:43:10vraiment,
00:43:11collée sur la barre
00:43:12parce que je n'ai plus
00:43:13la force de relever la tête.
00:43:14Je me revois,
00:43:15ils ne se sont pas rendu compte
00:43:16quand ils t'ont mis dans le fauteuil.
00:43:17En fait,
00:43:18ce n'est pas ça.
00:43:19C'est un fauteuil
00:43:20pour faire un essai.
00:43:21Il n'y a pas encore
00:43:22tout ce qu'il faut
00:43:23et je me relève.
00:43:24J'ai la tête
00:43:25pas loin des 100
00:43:26et en fait,
00:43:27quand je me relève,
00:43:28à ce moment-là,
00:43:29il me dit,
00:43:31j'ai kiffé.
00:43:32J'ai kiffé.
00:43:33J'ai beau avoir la tête éclatée,
00:43:34je ne ressemble à rien,
00:43:35j'en ai chié,
00:43:36mais je me dis,
00:43:37je vais faire ça
00:43:38parce que ça m'a éclaté.
00:43:39Du coup,
00:43:40il me dit,
00:43:41écoute,
00:43:42gros,
00:43:43la semaine prochaine,
00:43:44on commence
00:43:45et on a adapté le fauteuil.
00:43:46Au début,
00:43:47j'avais ce fauteuil
00:43:48qui était un fauteuil de près.
00:43:49On a adapté ce fauteuil
00:43:50et j'ai pu commencer
00:43:51l'athlétisme comme ça.
00:43:52Du coup,
00:43:53là,
00:43:54ce n'était pas du plaisir,
00:43:55c'était un haut niveau.
00:43:56Alors là,
00:43:57en fait,
00:43:58moi,
00:43:59je me dis,
00:44:00je vais faire de la compète.
00:44:01Je te le dis
00:44:02parce qu'au départ,
00:44:03il m'inscrit en loisir
00:44:04et je dis,
00:44:05non,
00:44:06attend,
00:44:07loisir,
00:44:08non.
00:44:09Je dis,
00:44:10moi,
00:44:11je vais faire de la compète.
00:44:12Loisir pour Romain,
00:44:13certainement pas.
00:44:14En fait,
00:44:15il m'explique,
00:44:16il me dit,
00:44:17là,
00:44:18il faut que tu découvres.
00:44:19Il me dit,
00:44:20là,
00:44:21on est dans la première année,
00:44:22tu vas découvrir déjà
00:44:23et si à la fin de l'année,
00:44:24si quand il commence
00:44:25à y voir les championnats de France
00:44:26et tout,
00:44:27tu es en capacité,
00:44:28tu es en capacité
00:44:29de le faire.
00:44:30Donc,
00:44:31c'est un peu
00:44:32comme ça.
00:44:33C'est un peu comme ça.
00:44:34Et puis,
00:44:35je ne sais plus
00:44:36au début
00:44:37combien d'entraînement
00:44:38par semaine,
00:44:39mais j'ai de la chance
00:44:40c'est qu'avec moi,
00:44:41j'avais des,
00:44:42j'avais quelques jolis talents,
00:44:43des très,
00:44:44très gros talents même
00:44:45d'athlétisme
00:44:46et eux avaient
00:44:47beaucoup plus
00:44:48d'entraînement que moi
00:44:49parce que du fait
00:44:50de la compète.
00:44:51Attends,
00:44:52je comprends quand tu parles
00:44:53de jolis talents,
00:44:54c'est des gens
00:44:55qui faisaient de l'athlétisme
00:44:56avec toi ?
00:44:57J'ai une malvoyante,
00:44:58j'ai des non-voyants,
00:44:59j'ai quelqu'un
00:45:00qui est double amputé,
00:45:01voilà,
00:45:02quelqu'un qui a
00:45:03un spina bifida,
00:45:04enfin bref,
00:45:05un peu de tout
00:45:06et ils sont très jeunes,
00:45:07c'est des enfants,
00:45:08c'est des enfants.
00:45:09Moi,
00:45:10je suis vraiment l'adulte,
00:45:11je suis le papa,
00:45:12enfin le grand frère on va dire,
00:45:13plus le grand frère.
00:45:14Et en fait…
00:45:15Et c'est des gens
00:45:16du coup
00:45:17qui en faisaient avant toi ?
00:45:18Ouais,
00:45:19ouais,
00:45:20qui étaient là avant moi.
00:45:21Certains peut-être
00:45:22sont arrivés en même temps que moi
00:45:23ou d'autres une ou deux années avant,
00:45:24mais voilà,
00:45:25il y a des gens,
00:45:27sauf qu'eux sont vraiment
00:45:28des espoirs,
00:45:29on va dire des espoirs
00:45:30du sport français.
00:45:31Aujourd'hui,
00:45:32il y en a,
00:45:33dans ce que je te dis,
00:45:34il y en a trois
00:45:36qui ont déjà porté le mot
00:45:37de l'équipe de France,
00:45:38il y en a un quatrième
00:45:39qui en est pas loin
00:45:40mais qui est un peu stoppé
00:45:41par les quotas.
00:45:43On peut donner leur nom ou pas ?
00:45:44Ah bien sûr,
00:45:45il y a Alice Metté
00:45:46qui est malvoyante,
00:45:47il y a Tiffan Soldé
00:45:49qui est amputé
00:45:50et qui fait de la longueur,
00:45:52Alice,
00:45:53elle fait de la vitesse
00:45:54et de la longueur,
00:45:55et donc tu as
00:45:56Yasser Mousangana,
00:45:58alors lui,
00:46:00il fait du fauteuil,
00:46:01il fait du sprint
00:46:02en fauteuil
00:46:03et c'est un monstre,
00:46:04en fait c'est un mec
00:46:05qu'on va revoir
00:46:06dans quelques années.
00:46:07Alors ce qui est marrant,
00:46:08c'est que moi,
00:46:09quand je l'ai connu,
00:46:10il voulait à tout prix
00:46:11courir en fait,
00:46:12il voulait courir,
00:46:13sur la piste,
00:46:14il voulait courir,
00:46:15du coup,
00:46:16il avait deux attelles
00:46:17et en fait,
00:46:18il est amputé
00:46:19mais très très très très haut
00:46:20et lui,
00:46:21il voulait courir
00:46:22et donc il faisait
00:46:23les courses au départ
00:46:24sauf que son 100 mètres
00:46:25était catastrophique,
00:46:26en fait,
00:46:27si tu veux,
00:46:28il se cassait la gueule
00:46:29plusieurs fois,
00:46:30il se relevait,
00:46:31mais il allait au bout
00:46:32à chaque fois
00:46:33et alors qu'en fait,
00:46:34tout le monde lui disait
00:46:35mais Yasser,
00:46:36fais du fauteuil,
00:46:37t'es tout léger,
00:46:38t'as des bras immenses
00:46:39parce qu'il a des bras
00:46:40mais immenses,
00:46:41t'as une envergure de malade,
00:46:42fais du fauteuil,
00:46:43tu vas être un monstre
00:46:44et quelques années,
00:46:45quelques années,
00:46:46ouais,
00:46:47parce que ça a pris
00:46:48quand même du temps,
00:46:49il s'est laissé convaincre,
00:46:50on l'a réussi à le persuader
00:46:51et en fait,
00:46:52dès le début,
00:46:53c'était la cité de ouf
00:46:54et aujourd'hui,
00:46:55aujourd'hui,
00:46:56Yasser,
00:46:57il a 19 ans,
00:46:5820 ans au max
00:46:59et il est champion de France
00:47:00devant les plus grandes stars.
00:47:01Ça,
00:47:02je trouve ça intéressant,
00:47:03j'ai une toute petite digression,
00:47:04c'est un truc
00:47:05où je ne m'en étais absolument
00:47:06pas rendu compte,
00:47:07c'est-à-dire que dans,
00:47:08par exemple,
00:47:09pendant la natation
00:47:10où Léon Marchand,
00:47:11on sait qu'il est excellent
00:47:12parce qu'il fait des coulées
00:47:13de faux,
00:47:14parce qu'il a un corps
00:47:15d'une certaine manière,
00:47:16dans l'athlétisme au fauteuil,
00:47:17qu'est-ce qu'il fait
00:47:18dans ta morphologie,
00:47:19dans tes talents naturels
00:47:20qu'est-ce qui fait
00:47:21que tu es meilleur
00:47:22que les autres ?
00:47:23Après,
00:47:24ça va vraiment être,
00:47:25c'est difficile à dire,
00:47:26en fait,
00:47:27alors c'est sûr
00:47:28que quelqu'un
00:47:29qui a des grands bras
00:47:30en fauteuil
00:47:31va être avantagé
00:47:32de malade.
00:47:33Pourquoi,
00:47:34c'est les mouvements ?
00:47:35En fait,
00:47:36c'est ça,
00:47:37il faut une amplitude
00:47:38de faux en fait
00:47:39parce que plus longtemps
00:47:40tu vas appuyer
00:47:41sur ta main courante,
00:47:42plus mieux ça va être
00:47:43et en fait,
00:47:44alors c'est surtout
00:47:45que tu appuies pas,
00:47:46il y en a,
00:47:47ceux qui ont des bras
00:47:48moins costauds
00:47:49par exemple en tétraplégique
00:47:50par exemple,
00:47:51il y en a qui ont
00:47:52des plus petites mains courantes
00:47:53et donc du coup,
00:47:54par contre,
00:47:55qui laissent tout le temps la main
00:47:56et qui font tourner
00:47:57et après tu as ceux
00:47:58vraiment qui font
00:47:59des mouvements amples
00:48:00et ceux qui font
00:48:01des mouvements amples,
00:48:02plus la roue va être grande,
00:48:03plus la main courante
00:48:04va être grande,
00:48:05plus tes mouvements
00:48:06vont être efficaces
00:48:07mais le problème
00:48:08c'est que pour avoir
00:48:09des grandes mains courantes,
00:48:10il faut avoir des grands bras
00:48:11parce qu'il faut les emmener
00:48:12parce que sinon,
00:48:13ta main courante,
00:48:14tu vas la toucher
00:48:15mais sur une toute petite partie
00:48:16et tu avances pas.
00:48:17Et donc,
00:48:18pour revenir à toi,
00:48:19ton rapport au sport,
00:48:20à l'athlétisme,
00:48:21comment est-ce que ça a joué
00:48:25sur ton rapport
00:48:27à ta propre autonomie,
00:48:28ta propre indépendance
00:48:29en tant que sportif ?
00:48:32Déjà,
00:48:34dans un sens,
00:48:36forcément,
00:48:37tu fais du sport,
00:48:38tu te renforces physiquement
00:48:40donc ça te facilite
00:48:43les déplacements quotidiens,
00:48:45les transferts,
00:48:46passer de son fauteuil
00:48:47à son canapé,
00:48:48à sa voiture,
00:48:49à son lit.
00:48:50Donc forcément,
00:48:51à ce moment-là,
00:48:52ça facilite l'autonomie,
00:48:53on ne va pas se cacher.
00:48:54Et principalement,
00:48:59physiquement,
00:49:00en tout cas,
00:49:01le gain,
00:49:02il est là.
00:49:03Et après,
00:49:04tu as plusieurs choses,
00:49:05tu as aussi l'effet physiologique
00:49:06c'est-à-dire que moi,
00:49:07quand je fais une séance de sport,
00:49:08à la sortie de ma séance de sport,
00:49:09mes jambes,
00:49:10elles sont toutes molles,
00:49:11toutes flasques.
00:49:12Alors,
00:49:13les gens vont peut-être
00:49:14pas comprendre ce que je veux dire
00:49:15mais c'est qu'en fait,
00:49:16la plupart des personnes
00:49:17dans ma situation,
00:49:18on a ce qu'on appelle
00:49:19la spasticité,
00:49:20c'est les jambes qui se raidissent
00:49:21très très dur,
00:49:22c'est les muscles
00:49:23qui se contractent involontairement.
00:49:24Donc,
00:49:25au début,
00:49:26on se dit,
00:49:27c'est bien,
00:49:28ça marche quand même.
00:49:29Non,
00:49:30c'est chiant
00:49:31et ça ne sert à rien.
00:49:32Et le problème,
00:49:33c'est que ça peut être dangereux
00:49:34parce que des fois,
00:49:35ça se raidis vraiment fort
00:49:36et tu as vraiment de la force
00:49:37dans la jambe
00:49:38et ça t'envoie en arrière.
00:49:39Et bien,
00:49:40quand je sors de ma séance de sport,
00:49:41je n'ai plus du tout,
00:49:42plus du tout de spasticité,
00:49:43mais rien.
00:49:44C'est le même effet
00:49:45que quand je prends le médicament
00:49:46qui sert à calmer la spasticité,
00:49:48mais en fois deux,
00:49:50ça marche deux fois mieux.
00:49:51Donc,
00:49:52physiologiquement,
00:49:53ça t'apporte ça
00:49:54et puis ce côté bien-être,
00:49:55tu vois,
00:49:56ta petite hormone du bien-être,
00:49:57tu as fait ta séance de sport,
00:49:58tu es bien,
00:49:59tu es soulagé.
00:50:00Puis la dernière,
00:50:01c'est le côté bénéfique social,
00:50:03en fait.
00:50:04C'est que tu t'entraînes,
00:50:05tu vois du monde,
00:50:06tu t'entraînes avec des gens
00:50:08qui ne sont pas forcément handicapés
00:50:09parce que sur une piste d'athlète,
00:50:11la piste,
00:50:12elle n'est pas que à toi.
00:50:13Il y a les valides,
00:50:14etc.
00:50:15Donc,
00:50:16tu sympathises avec les gens,
00:50:17avec les entraîneurs,
00:50:18avec d'autres personnes
00:50:19et ça te fait du bien.
00:50:20Tu vois du monde,
00:50:21tu sors,
00:50:22tu rencontres des gens.
00:50:23Et justement,
00:50:24est-ce que dans ton rapport
00:50:25à ton handicap et au sport,
00:50:26dans ce cadre-là,
00:50:27tu as trouvé des mentors ?
00:50:28Alors,
00:50:29je n'ai jamais eu…
00:50:32Moi,
00:50:33mes modèles,
00:50:34ils sont dans ma famille.
00:50:35Voilà,
00:50:36tu vois.
00:50:37Mais j'ai beaucoup de gens
00:50:38qui sont inspirants,
00:50:39qui m'inspirent vraiment.
00:50:40Bien sûr,
00:50:41j'ai envie de te dire,
00:50:42quand j'ai fait de l'athlète
00:50:43en fauteuil,
00:50:44les mecs qui m'ont inspiré,
00:50:45ils sont en France.
00:50:46C'est Julien Cazolil,
00:50:47c'est le meilleur français.
00:50:48C'est Pierre Fairebanque,
00:50:49qui sera le seul représentant
00:50:50en fauteuil aux Jeux Paralympiques.
00:50:51Et ça,
00:50:52comme toi,
00:50:53tu as voulu participer
00:50:54aux Jeux Paralympiques,
00:50:55je crois que tu as fait
00:50:56des entrainements avec eux,
00:50:57non ?
00:50:58Oui,
00:50:59j'ai eu la chance
00:51:00de faire des compétitions
00:51:01avec eux,
00:51:02des stages,
00:51:03même des courses hors route.
00:51:04Donc,
00:51:05d'avoir des échanges
00:51:06avec ces mecs-là
00:51:07qui sont pour nous
00:51:08des superstars en France,
00:51:09tu vois.
00:51:10Et pareil,
00:51:11j'ai pu échanger
00:51:12avec des athlètes internationaux,
00:51:17et notamment Roger,
00:51:20alors c'est Roger,
00:51:21Roger qui est un Belge.
00:51:23Moi, Roger,
00:51:24je l'ai vu arriver dans l'athlée,
00:51:25on a fait notre première compétition
00:51:27internationale ensemble.
00:51:28Lui, Roger,
00:51:29il est arrivé,
00:51:30il a un fauteuil
00:51:31pas du tout adapté pour lui,
00:51:32il s'est pointé une compétition
00:51:33à Charletti,
00:51:34donc meeting international,
00:51:35le mec,
00:51:36il fait le 100 mètres,
00:51:38il finit dernier,
00:51:39il fait un 800 mètres,
00:51:40je ne sais plus,
00:51:41pareil, il finit dernier,
00:51:42mais loin, loin, loin,
00:51:43et rien à foutre.
00:51:44Le mec, rien à foutre,
00:51:45ce n'est pas grave.
00:51:46Parce que le mec vient du vélo
00:51:47et au vélo,
00:51:48il est troisième
00:51:49ou quatrième dans son pays,
00:51:50donc il n'a aucune chance.
00:51:51Et il se dit,
00:51:52tiens,
00:51:53je vais aller dans un athlée.
00:51:54Ben, Roger,
00:51:55aujourd'hui,
00:51:56il est recordman du monde.
00:51:57Et ce mec,
00:51:58il a eu un parcours
00:51:59mais fulgurant,
00:52:00parce que Roger,
00:52:01il arrive dans l'athlée
00:52:02en 2019, quoi.
00:52:032019.
00:52:04Et il est recordman du monde
00:52:053 ou 4 ans après, quoi.
00:52:07Donc, le sport a eu cet impact
00:52:08sur toi.
00:52:09Oui.
00:52:10Et est-ce que toi,
00:52:11en tant que sportif de haut niveau,
00:52:12tu as été le mentor
00:52:13d'autres athlètes ou pas ?
00:52:14Ben, en fait,
00:52:15quand j'ai commencé,
00:52:16tu vois,
00:52:17à me lancer dans ce projet
00:52:18de dire,
00:52:19tiens,
00:52:20je veux être sportif de haut niveau,
00:52:21je veux faire les Jeux.
00:52:22Pardon,
00:52:23juste,
00:52:24peut-être faisons un point.
00:52:25Du coup,
00:52:26à quel moment est-ce que tu te dis,
00:52:27je veux faire les Jeux ?
00:52:28Les Jeux de Paris,
00:52:29donc ça.
00:52:30Oui, oui,
00:52:31dès que je suis à l'athlée,
00:52:32en fait.
00:52:33Dès que je suis à l'athlée,
00:52:34je me dis,
00:52:35à l'époque,
00:52:36même,
00:52:37je t'avoue,
00:52:38parce que Paris,
00:52:39pour moi,
00:52:40c'était loin,
00:52:41parce que j'ai 38 ans aujourd'hui,
00:52:42c'était vieux,
00:52:43j'étais vieux,
00:52:44et j'étais plus parti
00:52:45même sur Tokyo,
00:52:46moi, à la base.
00:52:47Tokyo,
00:52:48donc 2020.
00:52:49Alors,
00:52:50on était sur un temps très court.
00:52:51Moi,
00:52:52à l'époque,
00:52:53quand je me dis ça,
00:52:54je ne me rends pas compte
00:52:55du boulot que c'est
00:52:56et je ne me rends pas compte
00:52:57des exigences
00:52:58et surtout que,
00:52:59très clairement,
00:53:00tu ne deviens pas
00:53:01para-athlète au Jeux
00:53:02en deux ans.
00:53:03Parce que tu parles
00:53:04de contraintes,
00:53:05c'est quoi concrètement ?
00:53:06Les entraînements,
00:53:07ça prend du temps.
00:53:08Après,
00:53:09il faut savoir,
00:53:10pendant deux ans,
00:53:11quand je me suis mis
00:53:12dans ce projet-là à fond,
00:53:13je vivais athlée,
00:53:14je mangeais athlée,
00:53:15physiquement,
00:53:16je ne ressemblais pas
00:53:17du tout à ça.
00:53:18Vraiment,
00:53:19ma vie,
00:53:20c'était ça.
00:53:21Je m'organisais
00:53:22entre ça
00:53:23et mon boulot,
00:53:24mais vraiment,
00:53:25dès que j'avais
00:53:26un instant libre,
00:53:27je m'organisais
00:53:28entre ça
00:53:29et mon boulot,
00:53:30mais vraiment,
00:53:31dès que j'avais
00:53:32un instant libre,
00:53:33je m'organisais
00:53:34même les semaines
00:53:35où je n'avais pas ma fille,
00:53:36je m'entraînais plus
00:53:37que quand elle était là.
00:53:38Quand elle était là
00:53:39et qu'elle n'avait pas
00:53:40école le lendemain,
00:53:41elle venait avec moi
00:53:42à la piste d'athlète,
00:53:43je m'organisais comme ça
00:53:44pour pouvoir m'entraîner
00:53:45même quand elle était là.
00:53:46C'est énormément de boulot
00:53:47et surtout,
00:53:48il y a beaucoup de choses
00:53:49à apprendre.
00:53:50On ne performe pas
00:53:51du jour au lendemain,
00:53:52il y a plein de petits détails,
00:53:53ne serait-ce que physiquement,
00:53:54mais matériel aussi,
00:53:55le matériel,
00:53:56le temps de faire un fauteuil,
00:53:58le temps de s'adapter
00:53:59à ton fauteuil.
00:54:00C'est plein de petits réglages.
00:54:02C'est à ce moment-là
00:54:03où tu t'es rendu compte
00:54:04de tout ça
00:54:05que tu as décidé
00:54:06que ce n'était peut-être
00:54:07pas le projet pour toi ?
00:54:09En fait,
00:54:10la décision d'arrêter
00:54:13arrive quasiment
00:54:17à la fin du Covid.
00:54:20J'ai fait une compète,
00:54:21la dernière compète
00:54:22que j'ai faite,
00:54:23ce n'est pas très bien passé
00:54:24parce qu'au niveau de mon club,
00:54:25comme je te disais,
00:54:26les jeunes passent
00:54:27en pôle espoir
00:54:28et c'est un truc à part.
00:54:31C'est une entité à part.
00:54:32Ils s'entraînent toujours
00:54:33au club avec moi,
00:54:34mais ils sont à part.
00:54:35Du coup,
00:54:36je me retrouve tout seul.
00:54:37Je me retrouve tout seul,
00:54:38un peu isolé.
00:54:39Je fais une compète
00:54:40où je me retrouve vraiment tout seul
00:54:41où avant de rentrer sur la piste,
00:54:44c'est un Russe
00:54:46et je ne sais plus quel autre pays
00:54:47qui viennent m'aider
00:54:48à mettre dans mon fauteuil.
00:54:49Ce n'est pas mon enseigneur.
00:54:50À ce moment-là,
00:54:51j'ai les boules,
00:54:52je t'avoue.
00:54:53Je fais ma course.
00:54:54Après ma course,
00:54:55je n'ai personne qui est là
00:54:56pour débriefer avec moi
00:54:57et c'est encore deux étrangers
00:54:58qui m'enlèvent de mon fauteuil.
00:55:00À ce moment-là,
00:55:01j'ai encore une course le lendemain.
00:55:02À l'époque, c'est con,
00:55:04c'est une abonnée
00:55:05qui m'avait accompagné
00:55:06parce que j'étais tout seul.
00:55:08Je n'avais personne dans ma vie
00:55:09et puis j'avais besoin
00:55:10d'une infirmière
00:55:11et donc elle m'avait accompagné.
00:55:12Je lui ai dit
00:55:13écoute, on se casse.
00:55:14Je lui ai dit
00:55:15je rentre,
00:55:16je n'ai plus envie.
00:55:17À ce moment-là,
00:55:18je me rends compte
00:55:19que la compétition,
00:55:20je n'aime pas ça.
00:55:21Je n'aime plus ça.
00:55:22Le club où je suis,
00:55:25il n'y a plus de section d'e-sport.
00:55:26Ça ferme.
00:55:27Donc, je n'ai plus de club.
00:55:28Très clairement,
00:55:30je pourrais aller dans un autre club
00:55:31mais c'est une sacrée organisation à faire, etc.
00:55:35Il faut qu'il y ait,
00:55:36comme tu disais tout à l'heure,
00:55:37je ne suis pas autonome.
00:55:38Il faut qu'il y ait deux personnes
00:55:39pour m'aider à me mettre dans mon fauteuil
00:55:40et à m'enlever à chaque fois.
00:55:41Bref, ce qui fait que
00:55:43je me dis à ce moment-là
00:55:44est-ce qu'avant de te dégoûter du sport,
00:55:48tu vois,
00:55:49est-ce que tu ne passerais pas en loisirs
00:55:51et c'est ce qui se passe en fait.
00:55:52En fait, je passe en loisirs
00:55:54et depuis ce jour-là,
00:55:56je fais autant de sports qu'avant finalement.
00:55:58Sauf que je fais des sports différents.
00:56:01Déjà d'une,
00:56:02je ne suis plus omnibulé
00:56:03et je ne fais plus qu'une seule chose.
00:56:05Ou avant, tu vois par exemple,
00:56:07si j'avais loupé un entraînement d'athlète,
00:56:08j'avais l'impression que j'avais loupé ma semaine
00:56:10ou voir ma compète,
00:56:11ça allait être foutu.
00:56:12Alors qu'en fait,
00:56:13les séances de muscu,
00:56:14tu en as besoin.
00:56:15Tu as besoin de faire des choses à côté.
00:56:16C'est important.
00:56:17Et à ce moment-là,
00:56:18je me rends compte que
00:56:19quand je suis sur la piste
00:56:21et qu'il y a le starter avec le pistolet,
00:56:23à ce moment-là,
00:56:24je me stresse
00:56:25et je ne suis pas bien.
00:56:26Alors que là,
00:56:27mes entraînements loisirs,
00:56:28je m'éclate.
00:56:29Et le plaisir disparaît.
00:56:30Oui, exactement.
00:56:31Romain,
00:56:32pour revenir un peu à ma question d'avant,
00:56:34est-ce que toi,
00:56:35dans le cadre de l'athlétisme,
00:56:37tu as été le mentor
00:56:39d'autres athlètes handicapés ?
00:56:42Alors en fait,
00:56:44pour vraiment te faire,
00:56:47pour t'expliquer tout ça,
00:56:49quand je fais de l'athlétisme,
00:56:50au départ,
00:56:51j'ai un fauteuil de prêt,
00:56:52comme je t'ai dit.
00:56:53Et il faut à tout prix
00:56:54que je fasse mon fauteuil
00:56:56adapté à ma morphologie.
00:56:58Et pour se faire,
00:56:59il n'y a pas le choix.
00:57:00Il faut débourser beaucoup d'argent.
00:57:01Ça coûte très, très cher.
00:57:02Le fauteuil que je veux à l'époque,
00:57:03c'est 7500 euros.
00:57:05Ce n'est pas le haut de gamme.
00:57:06Ce n'est pas le bas de gamme.
00:57:07Mais ce n'est pas le haut de gamme.
00:57:08On est vraiment dans la gamme standard
00:57:10que tu vois chez beaucoup d'utilisateurs.
00:57:12Et moi, je n'ai pas les moyens.
00:57:14Encore une fois,
00:57:15l'assaut,
00:57:16elle a fermé.
00:57:17L'assaut,
00:57:18j'en ai bien profité.
00:57:19Et à ce moment-là,
00:57:20j'ai l'idée
00:57:23de commencer à mettre mes entraînements
00:57:26ce que je fais sur les réseaux sociaux.
00:57:28C'est à ce moment-là, en fait,
00:57:29où ça débarque.
00:57:30Et je parle uniquement de sport.
00:57:33Voilà, mes entraînements.
00:57:34Alors, des fois,
00:57:35on déconne un peu à l'entraînement
00:57:36avec les autres athlètes
00:57:37parce que du coup,
00:57:38ils ont beau être jeunes,
00:57:39ils sont handicapés
00:57:40avec de l'humour comme moi.
00:57:41Et du coup, on s'éclate.
00:57:43On vraiment s'éclate aux entraînements.
00:57:45Et petit à petit,
00:57:46cette chaîne Instagram,
00:57:48cette page Instagram,
00:57:49elle monte.
00:57:50Alors à l'époque,
00:57:51je ne m'appelle pas Aurore le Costaud.
00:57:52J'ai mis mon nom, mon prénom.
00:57:54Mais c'est vrai qu'il y a de plus en plus de monde
00:57:56qui me rejoint.
00:57:57Et les gens ont plein de questions.
00:57:59Mais comment ça se fait ?
00:58:00Comment tu fais ça ?
00:58:01Mais comment tu viens aux entraînements ?
00:58:03Et comment tu m'embranges ?
00:58:04Et c'est vrai qu'à ce moment-là,
00:58:06je me dis,
00:58:07waouh !
00:58:08Mais attends,
00:58:09ce que je fais là,
00:58:10ça a un impact de fou,
00:58:11en fait.
00:58:12Je me dis,
00:58:13waouh !
00:58:14Mais attends,
00:58:15ce que je fais là,
00:58:16ça a un impact de fou,
00:58:17en fait.
00:58:18Et je commence à recevoir les premiers messages.
00:58:19Les premiers messages,
00:58:20justement,
00:58:21de,
00:58:22écoute,
00:58:23c'est génial.
00:58:24Moi,
00:58:25je suis handicapé depuis trois ans.
00:58:26Je ne faisais plus rien.
00:58:27Tu me donnes envie de me remettre au sport.
00:58:28Tu m'as donné envie de faire ceci,
00:58:29faire cela.
00:58:30Et je me dis,
00:58:31waouh !
00:58:32Moi,
00:58:33j'arrive à faire ça.
00:58:34Mais je dis,
00:58:35attends,
00:58:36mais c'est génial parce que
00:58:37je me dis là,
00:58:38les réseaux sociaux pour moi,
00:58:39avant,
00:58:40je ne m'en occupais pas du tout.
00:58:41Je ne connaissais rien.
00:58:42Je me suis lancé sur Insta.
00:58:43Sauf que je me dis,
00:58:44merde,
00:58:45putain,
00:58:46il y a quand même beaucoup de monde qui m'écrit
00:58:47pour me dire
00:58:48que je les inspire,
00:58:49que,
00:58:50tiens,
00:58:51ils ne savaient même pas que ça existait,
00:58:52etc.
00:58:53Je me dis,
00:58:54waouh !
00:58:55Attends,
00:58:56peut-être qu'il y a quelque chose à faire.
00:58:57Et je me rappelle,
00:58:58surtout,
00:58:59à ce moment-là,
00:59:00que quand j'étais en rééducation,
00:59:01moi,
00:59:02quand j'ai cherché comment on se transfère
00:59:03quand on est C6,
00:59:04C7,
00:59:05c'est sur YouTube.
00:59:06Il n'y avait pas beaucoup d'infos,
00:59:07mais j'en ai trouvé là-bas.
00:59:08Et je me dis,
00:59:09attends,
00:59:12est-ce que c'est bien que je fasse des vidéos ?
00:59:13Et si.
00:59:14En fait,
00:59:15j'avais fait une vidéo
00:59:16longtemps avant
00:59:17où je me transférais dans une voiture,
00:59:18mais j'avais une chaîne YouTube,
00:59:20enfin,
00:59:21je ne sais pas,
00:59:22un truc tout pourri.
00:59:23Je n'avais rien,
00:59:24juste cette vidéo.
00:59:25Je l'avais filmée avec un téléphone.
00:59:26Peut-être un iPhone 3 à l'époque,
00:59:27je n'en sais rien.
00:59:28Mais du coup,
00:59:29c'est drôle
00:59:30parce que
00:59:31cette vidéo,
00:59:32c'est le début de tout.
00:59:33Je me dis,
00:59:34mais attends,
00:59:35en fait,
00:59:36il faut que je leur montre tout ça.
00:59:37Et c'est de là que ça part
00:59:38parce que je me rends compte
00:59:39qu'effectivement,
00:59:40juste en filmant
00:59:41au quotidien
00:59:42et qui, pour moi,
00:59:43n'est pas extraordinaire
00:59:44vu que c'est ma vie.
00:59:45Putain,
00:59:46j'arrive à motiver plein de monde.
00:59:47Bah,
00:59:48go,
00:59:49allez,
00:59:50c'est parti.
00:59:51Et on a Ouidra dans le chat
00:59:52qui dit qu'il vient de suivre ton compte,
00:59:53du coup.
00:59:54Ah bah,
00:59:55merci beaucoup.
00:59:56Bienvenue.
00:59:57Tu parlais du fauteuil
00:59:58que tu as acheté,
00:59:59à peu près 7000 euros.
01:00:00Ça pose une question
01:00:01qui est hyper importante
01:00:02dans le sport et le handicap.
01:00:03C'est,
01:00:04en fait,
01:00:05on fait comment pour faire du sport
01:00:06quand on est handicapé ?
01:00:07Est-ce que c'est vraiment accessible ou pas ?
01:00:08Alors,
01:00:09ça devient de plus en plus.
01:00:10Donc,
01:00:11dans 10 ans,
01:00:12et dans 10 ans,
01:00:13ça sera encore mieux,
01:00:14j'en suis sûr,
01:00:15ce qui se passe,
01:00:16en fait,
01:00:17quand vous débarquez,
01:00:18vous tombez dans le monde du handicap.
01:00:19Donc,
01:00:20soit vous avez une grosse assurance,
01:00:21ça arrive aussi,
01:00:22qui peut tout vous financer
01:00:23et là,
01:00:24après,
01:00:25il n'y a pas de problème,
01:00:26on peut s'acheter tout ce qu'on veut.
01:00:27Mais il y a aussi tous les gens
01:00:28qui, comme moi,
01:00:29n'ont pas d'assurance
01:00:30et le seul moyen,
01:00:31en fait,
01:00:32de rentrer dans le sport,
01:00:33c'est justement
01:00:34les comités départementaux
01:00:35en sport.
01:00:36Ces comités départementaux
01:00:37mettent à disposition
01:00:38du matériel.
01:00:39Ils ont du matériel,
01:00:40ils ont des fauteuils,
01:00:41ils ont des fauteuils,
01:00:42comment ça s'appelle,
01:00:43des fauteuils multisport,
01:00:44pour faire du basket,
01:00:45pour faire du rugby,
01:00:46pour faire ce genre de choses
01:00:47et au départ,
01:00:48c'est du matériel
01:00:49qui est prêté
01:00:50pour faire le sport.
01:00:51Ça veut dire que
01:00:52vous vous renseignez
01:00:53avec le comité départemental
01:00:54en e-sport,
01:00:55ils vous orientent
01:00:56vers un club
01:00:57et ils vous prêtent
01:00:58ce matériel.
01:00:59Alors,
01:01:00attention,
01:01:01il n'est vraiment pas à vous,
01:01:02il est au club,
01:01:03enfin,
01:01:04il est au club,
01:01:05il est au comité départemental
01:01:06et on vous le prête,
01:01:07c'est tout.
01:01:08Mais par contre,
01:01:09tu l'as toute l'année,
01:01:10tu l'as ta guise,
01:01:11tu ne le ramènes pas
01:01:12à chaque entraînement,
01:01:13il reste au club,
01:01:14il est pour toi.
01:01:15Moi,
01:01:16ça a été le cas
01:01:17pour le fauteuil d'athlète,
01:01:18j'avais Yasser justement
01:01:19au départ
01:01:20qui n'avait pas de fauteuil
01:01:21et qui,
01:01:22pour temps en temps,
01:01:23changeait un peu,
01:01:24faisait du handbike,
01:01:25donc on lui a prêté
01:01:26un handbike
01:01:27et puis voilà,
01:01:28ça lui faisait les bras,
01:01:29il faisait des tours de piste
01:01:30et c'est pareil
01:01:31pour plein d'autres matériels
01:01:32en fait.
01:01:33Dans un premier temps,
01:01:34on se fait prêter
01:01:35le matériel.
01:01:36Et est-ce qu'il y a
01:01:38des soucis d'accessibilité
01:01:41dans le sens où
01:01:42il faut trouver la bonne structure
01:01:43parce que bon,
01:01:44tu parles d'athlétisme
01:01:45et aussi de la muscu,
01:01:46il faut bien qu'il y ait
01:01:47des salles de muscu
01:01:49qui soient capables
01:01:50de recevoir des personnes
01:01:51en situation de handicap,
01:01:52c'est facile ou pas ?
01:01:53Alors non,
01:01:54pour le coup,
01:01:55ce n'est pas facile.
01:01:56Ne serait-ce qu'un club,
01:01:57moi je te disais,
01:01:58mon club d'athlète,
01:01:59à l'époque,
01:02:00c'était le seul de mon département
01:02:01mais c'était même le seul
01:02:02de la région centre.
01:02:03Le seul de la région,
01:02:04c'est rien.
01:02:05Et donc là,
01:02:06il y a un autre club
01:02:07qui a pris le relais
01:02:08mais finalement...
01:02:09Surtout que ce n'est pas
01:02:10nécessairement à côté de chez toi.
01:02:11C'est ça en fait,
01:02:12c'est là où je veux en venir,
01:02:13c'est que déjà d'une,
01:02:14il n'y a qu'un club
01:02:15dans le département
01:02:16et il faut encore
01:02:17qu'il soit à côté de chez toi
01:02:18et au-delà du fait
01:02:19d'être à côté de chez toi,
01:02:20pour certains qui n'ont pas
01:02:21la chance d'être véhiculés,
01:02:22il faut aussi qu'ils puissent
01:02:23être accessibles
01:02:24par les transports en commun
01:02:25si tu les prends
01:02:26pour y aller.
01:02:27Donc non,
01:02:28aujourd'hui,
01:02:29il n'y a pas assez
01:02:30de clubs en e-sport
01:02:31et je pense que beaucoup de gens...
01:02:33Alors,
01:02:34malgré tout,
01:02:35tu as le choix
01:02:36de faire ce que
01:02:37tu as envie de faire
01:02:38mais peut-être que certains
01:02:39pratiquent un sport
01:02:40aussi par confort
01:02:43mais pas spécialement
01:02:44par...
01:02:45Ce n'est peut-être pas spécialement
01:02:46leur envie numéro une.
01:02:47Dans le sens où c'est
01:02:48le seul sport
01:02:49qu'ils trouvent
01:02:50à côté de chez eux.
01:02:51C'est peut-être le seul sport
01:02:52qu'ils ont à côté de chez eux
01:02:53effectivement
01:02:54ou peut-être qu'il y a
01:02:55d'autres sports
01:02:56qu'ils auraient voulu faire
01:02:57mais il n'y a pas de section
01:02:58et à ce moment-là,
01:02:59ce qui est dommage,
01:03:00c'est que les clubs,
01:03:01certains clubs
01:03:02sont encore un peu réticents
01:03:03à l'accueil des personnes
01:03:05en situation de handicap
01:03:06parce qu'il faut former quelqu'un,
01:03:08parce qu'il faut ouvrir un créneau.
01:03:10Ça veut dire encore...
01:03:11J'imagine,
01:03:12je ne connais pas les emplois du temps
01:03:13des salles de sport
01:03:14mais je pense que c'est très compliqué
01:03:15et ça veut dire qu'il faut encore
01:03:16trouver un créneau
01:03:17pour ces gens-là
01:03:18et puis il faut trouver un créneau
01:03:19qui ne soit pas non plus
01:03:20à 23h30,
01:03:21tu vois.
01:03:22Donc à ce moment-là,
01:03:23c'est vrai que ça reste compliqué
01:03:25parce qu'il faut avoir la chance
01:03:27d'être au bon endroit
01:03:28et d'avoir les transports
01:03:29pour y aller.
01:03:30Lune Virtuelle
01:03:31qui partage mon démonnage
01:03:32et qui dit
01:03:33pour avoir géré le problème
01:03:34au niveau d'un club,
01:03:35en fait c'est un cercle vicieux,
01:03:36on n'a pas d'adhérents handis
01:03:37donc on n'investit pas dans le matos,
01:03:39dans la formation des encadrants,
01:03:40donc on n'a pas d'adhérents handis.
01:03:42C'est ça,
01:03:43mais c'est vrai,
01:03:44elle a raison.
01:03:45Elle a raison
01:03:46et en plus,
01:03:47pour être honnête,
01:03:48le club est un peu aidé
01:03:50mais le club,
01:03:51c'est surtout démerde-toi
01:03:52quand même beaucoup.
01:03:53Alors les comités handisport
01:03:54sont là pour aider...
01:03:55Quand tu dis aider
01:03:56par l'Etat
01:03:57ou les collectivités,
01:03:58c'est ça ?
01:03:59Ouais,
01:04:00je pense par les collectivités
01:04:01mais surtout moi,
01:04:02l'aide que je veux dire,
01:04:03c'est au-delà de l'aspect financier,
01:04:06c'est que tu as
01:04:07le comité départemental
01:04:08qui va être là
01:04:10pour t'accompagner,
01:04:11te dire justement
01:04:12ce que tu dois mettre en place,
01:04:13qu'est-ce qu'il faut faire,
01:04:14quelle est la spécificité
01:04:15de ton athlète,
01:04:17mais par contre,
01:04:18je rejoins tout à fait
01:04:19le commentaire.
01:04:21Le problème,
01:04:22c'est qu'après,
01:04:24et on est totalement inservicieux,
01:04:27c'est que les personnes handicapées
01:04:29ne vont pas oser aller dans le club
01:04:31de peur de se faire refouler
01:04:33ou peut-être qu'ils ont peur
01:04:34que ça se passe mal,
01:04:35alors qu'en fait,
01:04:36quelqu'un a mis quelque chose en place
01:04:37mais vu qu'il n'y a personne,
01:04:38au bout d'un moment,
01:04:39elle laisse tomber.
01:04:40Et je suis tout à fait d'accord,
01:04:41c'est vrai,
01:04:42sauf que tant qu'il n'y a pas
01:04:43une prise de conscience
01:04:44de tout le monde,
01:04:45on n'avance pas,
01:04:46on en est à ce point-là.
01:04:47À l'heure où on enregistre là,
01:04:49on a la cérémonie d'ouverture
01:04:51des paralympiques
01:04:52qui commence dans quelques heures,
01:04:54comme ça va s'ouvrir à 20h.
01:04:56Tu vas y être ?
01:04:57Tu vas regarder les paralympiques ?
01:04:59Qu'est-ce que tu vas regarder ?
01:05:00Alors oui,
01:05:01j'ai la chance d'être
01:05:02à la cérémonie d'ouverture aujourd'hui,
01:05:04donc je suis très très heureux,
01:05:06très très heureux.
01:05:07En plus,
01:05:08cette fois-ci,
01:05:09on a de la chance,
01:05:10il n'y aura pas d'eau.
01:05:11Et en plus,
01:05:12je pense que ça va être…
01:05:13Parce qu'à la première,
01:05:14je l'ai vue à la télé
01:05:15et je suis content
01:05:16de l'avoir vue à la télé
01:05:17parce que c'était très télévisuel.
01:05:18Celle-là,
01:05:19c'est une cérémonie
01:05:20qui je pense va être incroyable
01:05:21à vivre en vrai,
01:05:22vraiment.
01:05:23Donc oui,
01:05:24on va y être
01:05:25et après,
01:05:26je vais assister
01:05:27demain à la natation.
01:05:28On reviendra dans la semaine,
01:05:29je sais,
01:05:30mercredi prochain,
01:05:31je ne sais pas encore
01:05:32sur quelle épreuve,
01:05:33mais je sais qu'on va revenir
01:05:34et je viendrai voir
01:05:35la finale du basket aussi,
01:05:36le dernier week-end
01:05:37des Jeux paralympiques.
01:05:38Mais par contre,
01:05:39je t'assure,
01:05:40le reste du temps,
01:05:41je verrai tout à la télé.
01:05:42En fait,
01:05:43c'est comme les JO.
01:05:44Comme les JO,
01:05:45je vais tout regarder.
01:05:46Alors mon patron,
01:05:47il est super sympa.
01:05:48S'il regarde là,
01:05:49il le sait.
01:05:50Je bosse,
01:05:51mais dans un tout petit bout
01:05:52en haut d'un écran,
01:05:53il n'y a pas l'image,
01:05:54mais il y a le son
01:05:55et je suis les paralympiques
01:05:56toute la journée
01:05:57parce qu'obligé
01:05:58que je ne peux pas rater ça.
01:05:59Et c'est quoi le sport
01:06:00que tu préfères regarder ?
01:06:01C'est l'athlétisme ?
01:06:02J'ai forcément envie
01:06:03de te dire l'athlétisme.
01:06:04Maintenant,
01:06:05il y a des sports
01:06:06que j'aime bien regarder
01:06:07parce que j'ai des potes dedans.
01:06:08Donc voilà,
01:06:09je sais que je vais adorer
01:06:10regarder le rugby.
01:06:11Le rugby fauteuil,
01:06:12c'est un des seuls sports
01:06:13où les tétraplégiques
01:06:14peuvent jouer.
01:06:15C'est un des sports
01:06:16où les tétraplégiques
01:06:17peuvent jouer,
01:06:18en fait,
01:06:19en sport collectif.
01:06:20Donc voilà,
01:06:21je vais adorer regarder.
01:06:22Je vais regarder le foot
01:06:23parce que j'ai essayé
01:06:24via ma chaîne YouTube.
01:06:25J'avais essayé
01:06:26et on s'était éclaté
01:06:27à faire du foot fauteuil.
01:06:28Et pareil,
01:06:29je connais du monde
01:06:30dans l'équipe de France.
01:06:31Donc voilà,
01:06:32c'est vrai qu'on va regarder
01:06:33les copains,
01:06:34on va regarder les gens
01:06:35qu'on connaît,
01:06:36mais j'avoue,
01:06:37non,
01:06:38je regarderai vraiment tout.
01:06:39Et moi,
01:06:40je voudrais te demander
01:06:41des conseils
01:06:42à donner aux gens
01:06:43pour bouger
01:06:45et bien comprendre
01:06:46les sports,
01:06:47genre l'athlétisme,
01:06:48etc.
01:06:49Et en gros,
01:06:50donner les clés aux gens
01:06:51pour qu'ils voient
01:06:52que tel ou tel truc,
01:06:53en fait,
01:06:54c'est impressionnant
01:06:55pour telle ou telle raison.
01:06:56Tu as des clés à nous donner
01:06:57comme ça ?
01:06:58Alors,
01:06:59il faut savoir que
01:07:00c'est très, très compliqué.
01:07:01Il faut être honnête.
01:07:02C'est très, très compliqué
01:07:03le handisport
01:07:04parce que
01:07:05chaque sport
01:07:06a sa classification.
01:07:07Donc,
01:07:08c'est-à-dire que
01:07:09ce n'est pas
01:07:10les valides.
01:07:11Tu as un 100 mètres homme,
01:07:12un 100 mètres femme,
01:07:13on n'en parle plus.
01:07:14Là,
01:07:15le 100 mètres,
01:07:16le 100 mètres,
01:07:17pour être honnête,
01:07:18il y a peut-être
01:07:19entre 15 et 20 catégories différentes.
01:07:23Donc,
01:07:24il y a,
01:07:25on essaie de les classer.
01:07:26On essaie de les classer,
01:07:27par exemple,
01:07:28les amputés des jambes.
01:07:29Tu as une autre catégorie,
01:07:31les amputés des membres supérieurs.
01:07:32Tu auras les non-voyants.
01:07:33Tu auras les gens,
01:07:35les blessés médulières,
01:07:36donc tous ceux qui sont
01:07:37en fauteuil roulant.
01:07:38Et encore,
01:07:39dans ces catégories-là,
01:07:40tu as des sous-catégories.
01:07:41Tu vois,
01:07:42les non-voyants,
01:07:44le T11,
01:07:45c'est celui qui ne voit rien.
01:07:46Là,
01:07:47je parle vraiment à Clé.
01:07:48Celui qui ne voit rien.
01:07:49T12,
01:07:50c'est,
01:07:51il a une vue,
01:07:52il a une vue,
01:07:53mais en gros,
01:07:54il voit juste dans un couloir.
01:07:55T13,
01:07:56c'est encore quelqu'un
01:07:57qui voit encore mieux,
01:07:58peut-être panoramique,
01:07:59mais qui voit flou.
01:08:00Voilà.
01:08:01Et,
01:08:02moi,
01:08:03je pense que là,
01:08:04on a des présentateurs
01:08:05qui sont au top
01:08:06pour les paralympiques.
01:08:07Et,
01:08:08pour les avoir déjà regardés
01:08:09toutes les années,
01:08:10il faut savoir qu'ils donnent
01:08:12toutes les indications,
01:08:14tout est très,
01:08:15très bien expliqué
01:08:16à chaque fois
01:08:17sur quelle est la catégorie,
01:08:18qu'est-ce que ça veut dire,
01:08:19quels muscles marchent
01:08:20ou ne marchent pas.
01:08:21Mais,
01:08:22moi,
01:08:23j'ai juste envie de dire,
01:08:24il faut considérer les athlètes.
01:08:25Tu vois,
01:08:26j'ai entendu un quelqu'un
01:08:27ce matin à la télé,
01:08:28et il avait un discours,
01:08:29mais en fait,
01:08:30sans le vouloir,
01:08:31c'était pas méchant
01:08:32ce qu'il disait.
01:08:33Mais,
01:08:34il a dit,
01:08:35ouais,
01:08:36les Jeux Olympiques,
01:08:37ça va être moins,
01:08:38c'était la folie.
01:08:39Là,
01:08:40ça va être,
01:08:41j'aimerais que les gens
01:08:42soient vraiment plus
01:08:43compréhension,
01:08:44etc.
01:08:45Ah non,
01:08:46non,
01:08:47tu n'as pas compris en fait.
01:08:48Là,
01:08:49il faut que ce soit la folie aussi.
01:08:50Les athlètes paralympiques,
01:08:51ils n'ont pas envie
01:08:52qu'on les regarde,
01:08:53ah,
01:08:54ils sont courageux.
01:08:55Non,
01:08:56ils ne sont pas courageux,
01:08:57ils sont sportifs,
01:08:58sportifs de haut niveau,
01:08:59c'est des machines de guerre
01:09:00et ils sont là
01:09:01pour gagner des médailles,
01:09:02ils sont là pour se dépasser
01:09:03et il faut les encourager
01:09:04comme les Jeux Olympiques.
01:09:05Il ne faut pas qu'il y ait de différence
01:09:06et se dire,
01:09:07ah,
01:09:08par pitié,
01:09:09ah ouais,
01:09:10bah dis donc,
01:09:11ils sautent loin
01:09:12ou on va plus vite
01:09:13ou on saute plus loin
01:09:14que les valides.
01:09:15Donc,
01:09:16à la limite,
01:09:17vous ne dites pas,
01:09:18oh,
01:09:19le pauvre,
01:09:20non,
01:09:21parce que le pauvre,
01:09:22il va plus vite qu'un valide.
01:09:23Donc,
01:09:24mais voilà,
01:09:25il faut vraiment supporter
01:09:26et apprécier ce que vous allez voir
01:09:27et parce qu'effectivement,
01:09:28ils ont tous,
01:09:29tous,
01:09:30tous les athlètes
01:09:31des histoires de vie incroyables
01:09:32à raconter,
01:09:33qui raconteront sur les plateaux de télé,
01:09:34mais quand ils sont sur la piste,
01:09:35c'est des guerriers,
01:09:36c'est des sportifs
01:09:37et pour eux,
01:09:38il n'y a pas de handicap.
01:09:39Pour eux,
01:09:40ils sont là pour gagner une médaille
01:09:41parce qu'ils ne le voient plus
01:09:42à ce moment-là.
01:09:43Romain,
01:09:44je vais rappeler la base
01:09:45parce que tu es quand même
01:09:46créateur de contenu.
01:09:47C'est ça.
01:09:48On peut retrouver ton compte.
01:09:49Donc,
01:09:50c'est Roro le Costaud,
01:09:51c'est sur YouTube.
01:09:52Tu es sur TikTok aussi ?
01:09:53Je suis sur TikTok,
01:09:54je suis partout.
01:09:55Je ne suis juste pas
01:09:56sur Facebook actuellement
01:09:57et voilà.
01:09:58Ah tiens,
01:09:59il y a un commentaire,
01:10:00je vais réagir à un commentaire
01:10:01que je vois qui dit,
01:10:02il n'y a tellement rien
01:10:03à la télévision
01:10:04comme les premiers JO
01:10:05pour faire voir ses JO.
01:10:06Alors,
01:10:07il faut savoir que là,
01:10:08les Jeux paralympiques
01:10:09sont entièrement diffusés
01:10:10sur France Télé,
01:10:11la 2 et la 3.
01:10:12Peut-être même la 14,
01:10:13France 4,
01:10:14c'est possible.
01:10:15Plus sur les chaînes digitales
01:10:20de France Télé,
01:10:21c'est intégralement,
01:10:22et c'est la première fois
01:10:23parce que Londres
01:10:24avait fait un truc incroyable,
01:10:25le dispositif était incroyable
01:10:26et on n'avait qu'une heure
01:10:27de décalage,
01:10:28c'est pour ça
01:10:29qu'on s'en est aperçu.
01:10:30Rio,
01:10:31c'était plus compliqué.
01:10:32Tokyo,
01:10:33dans les heures,
01:10:34c'était plus compliqué aussi.
01:10:35Mais là,
01:10:36c'est vraiment intégralement
01:10:37retransmis.
01:10:38Donc là,
01:10:39il n'y a pas d'excuses
01:10:40pour ne pas voir
01:10:41les Jeux paralympiques.
01:10:42On ne peut pas dire
01:10:43qu'on va moins les diffuser
01:10:44que les JO.
01:10:45Non, c'est faux.
01:10:46Et moi,
01:10:47c'est ce que je dis toujours
01:10:48aux gens.
01:10:49Les gens râlent
01:10:50et disent
01:10:51« Ouais,
01:10:52on ne diffuse pas assez
01:10:53les Jeux paralympiques,
01:10:54on ne parle pas assez
01:10:55du handisport. »
01:10:56Oui,
01:10:57mais il ne faut pas oublier
01:10:58que c'est la télé
01:10:59et qu'est-ce qui marche
01:11:00à la télé,
01:11:01c'est l'audience.
01:11:02Donc si les gens sont là
01:11:03pour regarder,
01:11:04il y aura des grosses audiences.
01:11:05S'il y a des grosses audiences,
01:11:06ça sera diffusé.
01:11:07Voilà.
01:11:08Merci,
01:11:09c'était un plaisir.
01:11:10Au revoir.
01:11:11Au revoir.
01:11:12Au revoir.
01:11:13Au revoir.
01:11:14Au revoir.
01:11:15Au revoir.
01:11:16Au revoir.
01:11:17Au revoir.
01:11:18Au revoir.
01:11:19Au revoir.
01:11:20Au revoir.
01:11:21Au revoir.
01:11:22Au revoir.
01:11:23Au revoir.
01:11:24Au revoir.
01:11:25Au revoir.
01:11:26Au revoir.
01:11:27Au revoir.
01:11:28Au revoir.
01:11:29Au revoir.
01:11:30Au revoir.
01:11:31Au revoir.
01:11:32Au revoir.
01:11:33Au revoir.
01:11:34Au revoir.
01:11:35Au revoir.
01:11:36Au revoir.

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