"Nous censurerons toute forme de continuité avec le macronisme": l'interview d'Olivier Faure

  • il y a 2 semaines
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, était l'invité ce lundi 2 septembre 2024 du Face-à-Face sur RMC et BFMTV. 

Category

🗞
News
Transcript
00:00Il est 8h33 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Olivier Faure.
00:05Bonjour Apolline de Malherbe.
00:06Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:08Vous êtes le premier secrétaire du Parti Socialiste et dans 15 minutes,
00:11Bernard Cazeneuve sera reçu par Emmanuel Macron.
00:14Ce sera d'ailleurs à vivre en direct son arrivée à l'Élysée.
00:17Si Bernard Cazeneuve est nommé Premier ministre, est-ce que vous le soutiendrez ?
00:20Mais Apolline de Malherbe, comprenons-nous bien.
00:23La question n'est pas une question de casting.
00:25La question c'est pourquoi faire ?
00:28Les Français n'ont pas voté simplement pour voir une espèce de balle
00:32avec des gens qui chaque jour se présentent pour dire qu'ils seraient effectivement meilleurs que le voisin.
00:37La réalité c'est qu'ils ont demandé du changement,
00:39des ruptures avec la politique qui était conduite pendant 7 ans par Emmanuel Macron et son équipe.
00:44Et donc nous censurerons toute forme de continuité avec le macronisme.
00:48Vous censurerez toute forme de continuité avec le macronisme ?
00:51Bernard Cazeneuve est socialiste, vous censureriez Bernard Cazeneuve ?
00:55Il est aujourd'hui à la tête d'un mouvement qui s'appelle la Convention.
00:58Moi je ne sais pas au nom de quoi Bernard Cazeneuve va aller parler avec le chef de l'État.
01:03Nous verrons bien.
01:04Mais la réalité c'est qu'il y a une coalition,
01:07celle du Front populaire qui est arrivée en tête de l'élection.
01:10Et que la logique institutionnelle, la logique démocratique, la logique républicaine,
01:13comme dans toutes les démocraties européennes,
01:16c'est en réalité de nommer la force qui est arrivée en tête.
01:20Après, c'est à elle de faire la démonstration qu'elle est capable de gouverner.
01:24Et est-ce que cette démonstration, vous n'auriez pas dû la faire avant ?
01:27Vous dites toutes les démocraties.
01:28Quand on regarde en Espagne par exemple,
01:30le parti qui est arrivé en tête n'a finalement pas gouverné
01:32parce qu'il n'a pas été capable de se créer une coalition.
01:35Mais il a renoncé, oui.
01:36Parce que quand vous avez un parti qui renonce en Espagne,
01:39vous avez raison de le dire qu'au départ,
01:41c'était le Parti populaire, le parti de la droite espagnole qui était arrivé en tête.
01:46Il n'a pas réussi à trouver une majorité.
01:47Et donc, c'est Pedro Sánchez, le socialiste, qui est arrivé derrière
01:50et qui a mené une coalition avec la gauche radicale et avec les régionalistes.
01:54Et donc, il y a un exemple là qui est évident,
01:57c'est que c'est non pas le roi d'Espagne qui a choisi le Premier ministre,
02:02c'est en fait le roi qui s'est plié au suffrage universel,
02:06qui a dit c'est le PPE qui est appelé en premier.
02:08S'il n'y arrive pas, ensuite c'est les autres.
02:10On va revenir sur cette...
02:11En Allemagne.
02:12Vous n'avez pas fait la démonstration pour l'instant
02:14que vous étiez capable d'élargir la coalition.
02:16Vous ne l'avez même pas souhaité.
02:18Mais qui en a fait la démonstration pour l'instant ?
02:20Justement, personne, c'est pour ça que ça continue.
02:23Donc, c'est pour ça que ça continue peut-être.
02:24Mais enfin, la réalité, ce n'est pas en choisissant un Premier ministre
02:27qu'on y parviendra.
02:28On y parviendra si on obtient en réalité une négociation.
02:32Et la réalité, ce que je conteste parfaitement, c'est qu'on nous dit
02:35« à l'instant, vous n'avez pas cherché ».
02:37Mais nous avons bien sûr cherché,
02:39puisque Lucie Castex a dit qu'elle était prête à rencontrer
02:41tous les chefs de groupe et de parti, y compris de la droite,
02:45Macroniste ou autre.
02:47Et elle a aussi expliqué que de toute façon,
02:50nous bâtirions des compromis, projet par projet,
02:53parce que nous n'en avons pas d'autre solution que celle-là.
02:55Il n'y a pas de majorité absolue à l'Assemblée.
02:57Personne ne peut avancer sans bâtir des compromis.
02:59Simplement, la question, c'est qu'aujourd'hui,
03:01on voit bien que la tentation du chef de l'État
03:03est plutôt d'installer à Matignon quelqu'un
03:05qui serait en réalité son obligé
03:08et qui lui permettrait de continuer peu ou prou
03:10ce qu'il a fait pendant 7 ans.
03:11On va revenir sur la notion de compromis,
03:13parce que quand on dit qu'on va faire tout le programme du NFP,
03:16rien que le programme du NFP...
03:17C'est une fable.
03:18Ce n'est pas un très bon début de compromis.
03:20Mais ça, c'est 20h03, Jean-Luc Mélenchon.
03:2220h03, Jean-Luc Mélenchon.
03:24Le 7 juillet.
03:25Avec autorité.
03:26Peut-être que dans l'euphorie de ce qu'il a cru être une majorité absolue,
03:29il s'est un peu avancé.
03:31Mais moi, ce que je lis, c'est que Mathilde Panot...
03:33Mais ce n'était pas un péché originel
03:34qui vous a empêché ensuite de créer justement ce dialogue ?
03:36Un péché originel parce que...
03:3820h03, comme vous dites.
03:39Mais Jean-Luc Mélenchon n'est pas le leader de la coalition.
03:42Autrement, ça se saurait.
03:43C'est lui qui serait le candidat pour Matignon.
03:45Celle que nous avons choisie, c'est Lucie Castet.
03:47Donc, référez-vous non pas à Jean-Luc Mélenchon,
03:5020h03, le 7 juillet.
03:51Référez-vous à ce que Lucie Castet dit depuis,
03:54semaine après semaine,
03:55qu'elle est prête à rencontrer les patrons.
03:58Je reviens quand même sur cette personnalité de Bernard Cazeneuve,
04:00parce que c'est vrai que c'est quand même assez saisissant.
04:02Bernard Cazeneuve a été ministre de l'Intérieur.
04:05Il a été premier ministre
04:07d'un président socialiste.
04:10Et aujourd'hui, vous avez l'air d'en parler
04:11comme si vous le connaissiez à peine
04:13ou comme s'il n'était plus du tout de votre famille.
04:14Mais ce n'est pas que je le connais à peine.
04:15Je le connais très bien.
04:16Et ce n'est pas du tout un problème personnel.
04:18Je n'ai pas de problème personnel avec Bernard Cazeneuve.
04:21Et ses qualités sont grandes.
04:22Simplement, le problème n'est pas là.
04:24Le problème, ce n'est pas de savoir si
04:26tel ou tel est un personnage,
04:29un homme d'État, etc.
04:30La question, c'est pourquoi faire ?
04:32Avec quel soutien ?
04:33Et dans quelles conditions ?
04:35Avec quelles garanties ?
04:36Aujourd'hui, quelles sont les garanties
04:38pour Bernard Cazeneuve, si ce n'est d'être demain,
04:41en réalité, prisonnier par une majorité,
04:44une coalition, qui est la coalition Ensemble,
04:46celle d'Emmanuel Macron,
04:47qui veut le porter au gouvernement,
04:49alors même qu'il n'a pas obtenu le soutien,
04:51ni même cherché le soutien du Front populaire.
04:53Donc, c'est quand même un peu particulier.
04:54Il ne vous a pas appelé ?
04:55Non, il ne m'a pas appelé.
04:56Donc, ces derniers jours, vous n'avez eu aucun contact
04:58avec Bernard Cazeneuve ?
04:59Il n'a pas cherché à en parler avec vous ?
05:00Absolument pas.
05:01Vous auriez, pour le coup, apprécié
05:04de pouvoir commencer cette discussion
05:05et voir ce qu'il avait éventuellement
05:07dans l'idée de faire.
05:08Ce n'aurait pas été illogique.
05:09Comment est-il possible que vous disiez
05:11« parce que je suis un homme de gauche,
05:13je pourrais devenir le Premier ministre »
05:15parce que c'est le Front populaire
05:16qui est arrivé en tête le 7 juillet ?
05:18Et pour autant, vous ne cherchez pas
05:20le soutien du Front populaire.
05:21Donc, il y a quelque chose d'assez illogique,
05:23comprenez-moi.
05:23Ce n'est pas tout à fait évident
05:25d'avoir quelqu'un qui arrive et qui dit
05:27« parce que je le vaux bien ».
05:28Non, personne ne le vaut bien.
05:29La réalité, c'est que ce qu'il faut,
05:32c'est arriver à avoir une négociation.
05:33Vous ne vous engagez donc pas ce matin,
05:35Olivier Faure, vous ne vous engagez pas
05:36à ne pas censurer Bernard Cazenas.
05:39Vous verrez bien.
05:40S'il doit être censuré,
05:41vous le censurez, socialiste ou pas socialiste ?
05:43Moi, je m'engage à une seule chose,
05:44c'est respecter le vote des Français.
05:45Et ce à quoi j'appelle ce matin,
05:47c'est non pas à choisir un Premier ministre
05:49sur la base de ses qualités personnelles
05:52ou de son curriculum vitae.
05:54Ce que j'appelle, c'est à une négociation.
05:56Faire en sorte que nous puissions sortir
05:58de ce blocage, parce qu'il faut en sortir,
06:01par une négociation qui permette d'associer
06:03les groupes parlementaires, les partis politiques,
06:05toutes celles et ceux qui sont prêts à négocier.
06:08Et comme ça, nous saurons exactement,
06:09sur une durée limitée,
06:12dire par exemple que pour l'année qui vient,
06:14quel est le projet sur lequel nous pouvons nous accorder.
06:17Et on part de quel projet ?
06:18On part du projet du Front Populaire,
06:20parce que c'est le projet qui est arrivé en tête.
06:21Et sur cette base-là, on négocie.
06:22Après, bien sûr qu'il y aura des compromis.
06:24Mais où, quand, dans quel cadre, avec qui ?
06:26Le cadre est à définir.
06:28Je ne suis pas le chef de l'État
06:29et je ne suis pas à moi seul.
06:31Mais est-ce que ça veut dire, Olivier Faure,
06:32que quand Emmanuel Macron dit
06:34« j'invite tous les partis républicains
06:38à venir discuter d'un projet de gouvernement »,
06:41ça ne correspond pas à ce que vous venez de dire ?
06:43Parce que ça, vous dites non, on n'y répond pas.
06:45Merveilleux de Valerbe.
06:46C'est un peu incroyable.
06:46Pour l'instant, on n'a jamais été appelé
06:49à négocier sur quoi que ce soit.
06:50Il faut que vous compreniez que...
06:51Quand il vous a invité à revenir discuter,
06:53pour vous, ce n'était pas ça ?
06:54Parce que vous avez dit non.
06:55Vous voyez bien que ce n'est pas ce qui s'est passé.
06:57Même Laurent Wauquiez qui s'en est dit,
06:59a dit que c'était très décevant.
07:00Pourquoi ? Parce qu'en réalité, on ne parle
07:02que de « est-ce que vous censurez ? »
07:04« Vous ne censurez pas ? »
07:05« Est-ce que machin vous va bien ? »
07:07« Est-ce que machine vous va mieux ? »
07:08Non. En fait, le problème, ce n'est pas...
07:10Encore une fois, je reviens à ce que je dis depuis le début,
07:12c'est que le problème n'est pas le choix
07:14d'un homme ou d'une femme.
07:15Le problème, c'est le choix d'une politique.
07:17Les Français veulent que ça change.
07:19Qu'est-ce qu'on fait pour l'école ?
07:20Ce matin, les enfants rentrent à l'école.
07:21Est-ce qu'on a vraiment envie
07:23que nos services publics
07:24se cassent la figure les uns après les autres ?
07:26Est-ce que pour l'hôpital,
07:27on continue à accepter que les services d'urgence
07:29ferment tous pendant les vacances
07:30parce qu'il n'y a plus de soignants ?
07:32Est-ce qu'on est d'accord pour dire que la police,
07:34aujourd'hui, devrait...
07:36On a vu l'exemple avec les Jeux olympiques,
07:38ne devrait pas être une police de proximité,
07:40ce qui permettrait peut-être aussi,
07:42les drames qu'on vient de connaître ces heures-ci,
07:44d'avoir des policiers qui connaissent leur terrain,
07:46qui ne sont pas simplement des policiers d'intervention,
07:48mais des policiers de proximité
07:50et donc qui connaissent les loulous
07:54qui font n'importe quoi
07:55et qui peuvent, en réalité,
07:57prévenir autant que sanctionner.
07:59Voilà des questions sur lesquelles...
08:01Vous évoquez Valorise,
08:02vous évoquez aussi, sans doute,
08:03le drame de Mougin de la semaine dernière.
08:05Mais Olivier Faure, pardon, je reviens quand même.
08:06Parce que vous dites maintenant,
08:08non, mais l'important, c'est la politique.
08:09Sauf que vous avez quand même passé un mois
08:10à parler du casting.
08:11Mais pas du tout.
08:12Et vous êtes arrêté sur la personnalité de Lucie Castey.
08:15Moi, je voudrais quand même comprendre une chose.
08:16Vous avez d'un côté...
08:17On a mis 15 jours pour trouver Lucie Castey.
08:21Elle s'appelle Lucie.
08:22Oui, elle s'appelle Lucie.
08:22Moi, c'est Apolli.
08:23Voilà, c'est ça.
08:25J'aurais dit non, mais allez-y.
08:27Bon, alors, on a bien fait de ne pas vous choisir.
08:28Très bien.
08:29Donc, on a choisi Lucie Castey.
08:31On a mis effectivement 15 jours.
08:33Mais ensuite, depuis les 15 jours,
08:35nous n'avons jamais reparlé casting.
08:36Nous avons uniquement parlé de ce que nous voulions faire.
08:39Oui, parce que pour vous, le casting, il est fait.
08:40Mais moi, il y a quand même une question que je me pose.
08:42Vous avez face à vous,
08:43vous avez quand même face à vous,
08:44un homme qui a été premier ministre socialiste,
08:48d'un président socialiste
08:50qui a une expérience au minimum,
08:52et qui a été maire de Cherbourg.
08:54Et vous préférez quelqu'un qui n'a rien fait.
08:57Enfin, c'est-à-dire qui, politiquement, n'a rien fait.
08:58C'est-à-dire comme si, finalement,
09:00ce qui vous arrange, c'est le plus petit dénominateur commun.
09:03C'est-à-dire quelqu'un qui n'a, comme pénigré pour l'instant,
09:06que le fait qu'elle ait été énarque, technicienne,
09:08tout ce que vous avez détesté pendant des années.
09:10Donc, vous nous avez dit qu'on n'en aurait plus,
09:12que c'était vraiment la vieille politique.
09:13Mais ce n'est pas du tout.
09:14Elle n'a jamais été élue,
09:15elle n'a jamais été maire,
09:16elle n'a jamais été conseillère.
09:17Mais Mme Borne, elle avait été élue quand ?
09:24Ou alors, c'est peut-être votre modèle.
09:26Mais moi, ça m'étonne un petit peu que votre modèle
09:28ce soit Elisabeth Borne.
09:29Je ne dis pas que c'était mon modèle,
09:30je dis simplement que la raison pour laquelle
09:32Lucie Cassez a été choisie,
09:33c'est parce qu'elle est, en fait, à la tête d'une association
09:35qui s'appelle Nos Services Publics.
09:37C'est aussi parce qu'elle n'a pas de bilan,
09:38et donc, vous ne vous engueulez pas sur son bilan ?
09:39Ce n'est pas une question de bilan.
09:41La question, c'est une question de qu'est-ce qu'on veut faire.
09:43On est dans une situation inédite.
09:45Elle incarne la société civile organisée.
09:47Les gens qui, en dehors des partis,
09:49ont fait le choix de s'engager,
09:51et de s'engager sur des causes qui sont des causes claires.
09:53Et en l'occurrence, la cause des services publics
09:54est une cause qui nous motive toutes et tous,
09:56parce que nous savons que dans les prochaines années,
09:58l'effort qui est à envisager aujourd'hui,
10:00il est d'abord sur les services publics.
10:01Pourquoi ? Vous savez, aujourd'hui,
10:03je reviens à la rentrée,
10:04vous avez un problème de recrutement des enseignants.
10:07Majeur.
10:09Et donc, vous comme moi,
10:10on aimerait que tous nos enfants
10:12aient l'assurance que toute l'année,
10:14ils auront, dans chaque matière,
10:16un professeur en face d'eux.
10:18Et donc, la question qui est posée aujourd'hui,
10:20c'est comment est-ce qu'on fait
10:21pour remettre de l'ambition sur nos services publics ?
10:24Et je parle de l'école, je pourrais parler de l'hôpital,
10:26je pourrais parler de la justice, de la police,
10:27bref, de tout ce qui fait que ce pays tient debout.
10:30Et pour qu'il tienne debout,
10:31il faut encore qu'il y ait une politique
10:32qui corresponde à cela.
10:34Et pour l'instant, ce n'est pas le cas.
10:35Et donc, voilà un exemple,
10:37mais les exemples peuvent se multiplier.
10:38Sur les retraites, on fait quoi, Pauline de Malherbe ?
10:40Alors, Bernard Cazeneuve lui dit, carrément,
10:42qu'il est pour la fin de cette réforme des retraites.
10:46Et il y en a d'autres qui, pourtant,
10:48sont dans le Nouveau Front Populaire.
10:49Il l'a exprimé par ses proches dans la presse.
10:52Ah, ses proches dans la presse.
10:53C'est vrai que ça aurait été mieux
10:55qu'il vous appelle pour vous le dire.
10:55Ça, j'ai bien compris.
10:56Et même qu'il vienne vous le dire à vous,
10:58s'il ne veut pas le dire à moi.
10:59Il s'exprime, c'est vrai.
11:00Ce n'est pas faute de l'avoir invité,
11:01comme vous pouvez l'imaginer.
11:02Comment voulez-vous que vous me posez une question sur
11:04est-ce que vous voulez M. Cazeneuve ou M. Bertrand ?
11:09Mais sur quoi ?
11:10Sur quelle base ?
11:11Sur quel projet ?
11:12Normalement, quand on est dans une démocratie,
11:15on vient avec un projet devant des électrices et des électeurs.
11:18On leur dit, voilà ce qu'on voudrait faire.
11:20Et ensuite, les électeurs choisissent.
11:21Mais vous-même, au sein du Parti Socialiste,
11:24il y a quand même des divisions.
11:25J'entendais Jérôme Gage.
11:26Pour le coup, il l'a dit à un micro, officiellement.
11:29Lui, il prône un gel de la réforme des retraites,
11:32non pas une abrogation.
11:33Ça veut quand même dire qu'au sein même du Parti Socialiste,
11:36vous n'êtes pas tous d'accord.
11:37Mais ce serait assez rare que le Parti Socialiste
11:40soit tous d'accord.
11:42En ce moment, c'est quand même très divisé.
11:43Très divisé, non.
11:44Ce n'est pas très divisé.
11:45Il y a une majorité.
11:46Et puis, il y a des gens qui s'expriment
11:47et qui disent, qui donnent un avis.
11:48Ils ont le droit de le faire.
11:49Gestion sur les retraites, le gel ou l'abrogation ?
11:51Moi, je suis pour l'abrogation.
11:53Et ensuite, une conférence sociale
11:54qui permette de dire comment nous le financerons.
11:57Mais vous vous rendez compte que sur ce sujet-là,
11:59il y a une majorité à l'Assemblée.
12:01Il y a une majorité, une ultra majorité dans le pays.
12:04Et il faudrait la renoncer.
12:06Alors même que le Fonds Populaire est arrivé en tête
12:07et qu'il s'est prononcé lui-même pour l'abrogation,
12:09c'est quelque chose d'inouï.
12:10Comment voulez-vous ?
12:11Est-ce que vous voulez que les Français continuent à voter ?
12:13Si Bernard Cazeneuve vous appelle là dans une heure,
12:13quand il sort de l'Élysée,
12:14et qu'il vous dit sur les retraites,
12:16Olivier, moi, je suis pour l'abrogation,
12:18déjà, ce sera une victoire pour vous.
12:20Est-ce que dans ces cas-là, vous vous dites,
12:21bon, on peut discuter ?
12:24S'il obtient l'abrogation, je réfléchirai, bien sûr.
12:27Ce serait un énorme pas en avant.
12:29Mais moi, ce que je vous dis,
12:30c'est que pour l'instant, je ne sais pas
12:31ce que dit Bernard Cazeneuve.
12:32Je ne sais pas si c'est un gel, une suspension, une abrogation.
12:34Ce que je vous dis, c'est que là,
12:36il y a quand même un sujet démocratique.
12:37Est-ce que vous voulez que les Français reviennent aux urnes ?
12:41Ou est-ce qu'on leur dise que désormais,
12:42de toute façon, quoi qu'ils votent,
12:44ça ne changera rien ?
12:45Vous avez dit, Olivier Faure, la solution,
12:46c'est de se remettre à discuter
12:49à partir du programme du Nouveau Front Populaire
12:52avec d'autres.
12:53Quand Raphaël Glucksmann,
12:54qui était quand même le candidat du Parti Socialiste
12:56aux dernières élections européennes,
12:58dit dans le journal Le Point,
12:59la gauche ne pourra gouverner
13:00que si elle accepte de négocier des compromis.
13:02Si elle renonce à sa radicalité,
13:04ce qui se pose, dit-il, de tourner la page
13:06à la fois Macron et Mélenchon.
13:09Est-ce que vous êtes d'accord avec cette technique-là,
13:11avec cette stratégie-là ?
13:12Mais que viens-je de vous dire depuis dix minutes ?
13:14Je vous dis que nous sommes toutes et tous d'accord
13:17pour dire qu'il faut bâtir des compromis.
13:19C'est une obligation.
13:20Sur quoi est-ce que vous seriez prêt à faire un compromis ?
13:21Mais sur tous les sujets, nous serons contraints.
13:23Est-ce que sur le SMIC à 1 600 euros,
13:25vous seriez prêt à faire un compromis ?
13:27Au moins un étalement dans le temps,
13:28à y aller progressivement ?
13:30Il faudra de toute façon, nous l'avons dit aussi,
13:32compenser parce que si on fait le SMIC à 1 600 euros
13:35sans compenser pour les PME et les TPE,
13:37ce sera très difficile pour nombre d'entre elles.
13:39Mais compenser avec quels sous ?
13:40Compenser avec les sous que nous allons prendre
13:42là où ils se trouvent.
13:43Et donc vous savez très bien que aujourd'hui,
13:46dans notre projet,
13:47il y a la volonté d'aller chercher l'argent
13:50sur les très grandes fortunes,
13:51sur les très grands patrimoines,
13:52parce que vous avez un creusement des inégalités
13:54aujourd'hui qui est incroyable.
13:55Le CAC 40, chaque année, bat des records
13:59quand ils font 100 milliards de distribution
14:01de dividendes ou de rachats d'actions.
14:03Vous pensez qu'on ne peut pas en prendre
14:05une petite partie pour la redistribuer
14:07sur les Français qui, aujourd'hui,
14:08tirent la langue ?
14:09Moi, je crois que si.
14:10Donc vous avez dit qu'on peut éventuellement
14:11discuter sur les compensations.
14:12Encore une fois, sur quel point
14:14vous êtes prêt à faire des compromis,
14:16des ajournements ?
14:17Mais dans une discussion,
14:19dans une négociation,
14:20on ne vient pas en disant,
14:21écoutez...
14:22On est prêt à lâcher là-dessus ?
14:23Je vais tout lâcher.
14:24Non, mais je ne vous dis pas de tout lâcher,
14:25mais enfin, je vous dis d'arriver
14:26avec au moins quelques points sur lesquels...
14:28Je viens avec un projet
14:29et j'accepte l'idée
14:30que ce projet ne sera pas intégralement appliqué.
14:32Vous pourriez discuter
14:34avec les Républicains de leur invoquer ?
14:36Mais on discutera avec toutes celles et ceux
14:37qui sont prêts à discuter.
14:38Donc y compris...
14:39Non, mais je veux que les choses
14:40soient très claires.
14:41Vous êtes prêts à discuter
14:43avec les Macronistes,
14:44les députés Macronistes,
14:45jusqu'aux Républicains, éventuellement ?
14:47Mais bien sûr.
14:48En fait, ce qu'avons nous fait,
14:49même dans la précédente législature...
14:51Est-ce que vous pourriez leur proposer
14:52de faire un gouvernement tous ensemble ?
14:53Quand on discutait sur la réforme des retraites,
14:57nous discutions aussi bien
14:58avec des gens qui étaient chez les Républicains
15:00qu'avec des Macronistes
15:03dont on espérait
15:04qu'ils pourraient ne pas tous suivre
15:05comme un seul homme.
15:06Malheureusement, ce fut même pas le cas
15:08puisqu'il y a eu 49-3.
15:09Mais bien sûr qu'on discute avec tout le monde.
15:11Avec qui voulez-vous que nous passions
15:13des accords pour pouvoir trouver
15:15des majorités au Parlement ?
15:16C'est là où il y a quelque chose
15:17qui est insensé.
15:18C'est que dans le débat,
15:19on nous dit en permanence
15:20qu'il y a ceux qui veulent des compromis,
15:21les gens raisonnables,
15:22et puis les autres qui seraient
15:23les fous feuillauds du champ populaire
15:24qui ne voulaient pas de compromis.
15:25Est-ce que vous êtes prêts aussi à dire
15:26écoutez, Lucie Castex,
15:27c'était une option
15:28mais ça n'est pas la seule.
15:29Nous sommes prêts à envisager
15:30d'autres personnalités
15:31pour diriger ce gouvernement
15:32de compromis.
15:33Mais encore une fois,
15:34vous replacez toujours tout
15:35sur la question de la personnalité
15:37qui dirigera Matignon.
15:38Non, ce n'est pas moi.
15:39Moi, ce que je dis...
15:40C'est une question d'incarnation
15:41du gouvernement,
15:42vous le savez très bien.
15:43Très bien.
15:44Mais enfin, commençons par discuter.
15:45Voyons qui ensuite
15:46incarne le projet
15:47qui aura été trouvé.
15:48En tout cas, vous ne dites pas ce matin
15:49c'est Lucie Castex ou rien.
15:50Mais j'essaie de trouver
15:52une solution pour ce pays.
15:54J'essaie de faire en sorte
15:55que nous puissions avancer.
15:57Et Lucie Castex elle-même
15:58est prête à avancer.
16:00Donc, nous sommes dans une situation
16:02où on n'a jamais dit
16:03c'est tout ou rien.
16:04On a toujours dit
16:05ce sera des compromis.
16:06Simplement, respecter
16:07le suffrage des Français.
16:08Faites en sorte de ne pas
16:09pratiquer un hold-up démocratique
16:11qui serait incompris
16:13et qui conduirait une part d'entre eux
16:15soit après à se reporter
16:17sur l'extrême droite,
16:18soit à renoncer à voter.
16:20Et dans les deux cas,
16:21ça veut dire que c'est
16:22un affaiblissement considérable
16:23de la démocratie
16:24et même un danger pour la République.
16:25Est-ce qu'il faut avancer
16:26la rentrée à l'Assemblée nationale ?
16:28Elle est prévue le 2 octobre.
16:29C'est loin ?
16:30C'est loin.
16:31Est-ce que vous faites partie
16:32de ceux qui disent
16:33on appelle à ce que la rentrée
16:34soit beaucoup plus rapide ?
16:35Oui, comme Fabien Roussel
16:36l'a proposé il y a quelques jours.
16:37Session extraordinaire.
16:38On en avait parlé ensemble
16:39d'ailleurs quelques heures auparavant.
16:42Moi, je souhaite effectivement
16:44qu'on ait une session extraordinaire.
16:45Ne serait-ce que parce que
16:46nous ignorons le moment
16:47où il faudra former un gouvernement
16:49et qu'il ne serait pas anormal
16:51d'avoir des questions d'actualité.
16:53Par exemple, de pouvoir interroger
16:54le gouvernement sur ce qu'il fait.
16:56Là, on a un gouvernement
16:57qui est réputé démissionnaire
16:59et pour autant...
17:00Pour autant, il pourrait répondre
17:01d'ailleurs à vos questions.
17:02Il pourrait répondre aux questions
17:03et notamment sur ce qu'il fait
17:04sur le budget par exemple
17:05parce que là, il y a quand même
17:06une anomalie démocratique aussi.
17:08On est dans une situation
17:09où vous avez un gouvernement
17:10qui est censé traiter
17:11les affaires courantes
17:12et pour autant,
17:13qui prépare le budget
17:14de l'année prochaine
17:15et vous savez très bien
17:16que le budget, c'est l'acte essentiel
17:17qui permet de savoir ce qu'on fait.
17:18Vous appelez à ce que
17:19l'Assemblée nationale reprenne
17:20ses travaux, y compris
17:21même s'il n'y a pas
17:22de nouveau Premier ministre
17:23tout de suite.
17:24Là-dessus, vous êtes d'accord
17:25avec Marine Le Pen.
17:26Marine Le Pen, elle envoie
17:27ce matin une lettre
17:28au président de groupe
17:29pour demander
17:30une session extraordinaire.
17:32Elle ajoute aussi
17:33qu'elle voudrait deux thèmes
17:34à l'ordre du jour,
17:35les finances publiques
17:36et la sécurité.
17:37Mais ce n'est pas elle
17:38qui fixe les thèmes.
17:39En tout cas, moi,
17:40je suis favorable à l'idée
17:41d'une session extraordinaire.
17:42Mais vous pourriez vous mettre
17:43tous d'accord en disant
17:44qu'on demande tous
17:45à reprendre plus tôt,
17:46à reprendre la semaine prochaine ?
17:47Oui, absolument.
17:48Ça n'arrive pas de ma compétence.
17:49C'est Boris Vallaud,
17:50le président du groupe socialiste,
17:51qui en fera la demande
17:52explicite lui-même.
17:53Et nous allons, bien sûr,
17:54demander aussi
17:55à pouvoir revenir.
17:56Il n'est pas normal
17:57que la démocratie soit en congé.
17:58Et l'endroit où elle s'exprime,
17:59c'est le Parlement.
18:00Le père de la petite fillette
18:01qui a été tuée à Vallauris,
18:02je voudrais quand même
18:03revenir sur ses mots
18:04parce qu'ils sont très forts.
18:05Il dit merci
18:06la justice française.
18:07Merci de manière
18:08terriblement ironique.
18:09À partir de demain,
18:10cette semaine,
18:11c'est le jour
18:12où la justice française
18:13sera terriblement ironique.
18:14À partir de demain,
18:15c'était hier,
18:16les citoyens
18:17qui n'ont pas été arrêtés
18:18en flagrant délit
18:19savent qu'ils peuvent rouler
18:20comme ils veulent,
18:21faire les fous sur la route,
18:22tuer.
18:23Aucun respect pour notre fille
18:24ni pour nous-mêmes
18:25parce que le motard du rodéo
18:26qui a tué sa petite fille
18:27a été remis en liberté.
18:28Il est juste sous le coup
18:29d'un homicide involontaire
18:30et encore,
18:31ça n'était que blessure involontaire
18:32puisque c'était avant
18:33le décès officiel
18:34de la fillette.
18:35C'est possible, ça,
18:36que cet homme
18:37soit en liberté ?
18:38C'est possible, ça,
18:39que cet homme
18:40soit en liberté ?
18:41La preuve que c'est possible.
18:42Je comprends la famille,
18:43je comprends le père,
18:44c'est absolument invivable.
18:45Vous venez de perdre
18:46votre enfant,
18:477 ans,
18:48dans l'inconscience
18:49d'un jeune homme
18:50qui fait des rodéos urbains
18:51pour faire le malin
18:52et qui,
18:53évidemment,
18:54involontairement,
18:55tue cette petite fille.
18:56Et donc,
18:57il faut trouver des solutions
18:58pour que cela ne s'interrompe
18:59et je reviens
19:00à la question
19:01de la justice française.
19:02C'est-à-dire
19:03que la justice française
19:04n'a pas été
19:05réunie
19:06par les citoyens
19:07et les citoyens
19:08n'ont pas été
19:09réunis
19:10par la justice française.
19:11Donc,
19:12il faut trouver des solutions
19:13pour que cela ne s'interrompe
19:14et je reviens
19:15à ce que je disais tout à l'heure,
19:16la police de proximité,
19:17c'est un des éléments
19:18qui permet
19:19de justement
19:20prévenir ces situations.
19:21Pourquoi ?
19:22Et est-ce qu'il faut
19:23saisir les véhicules ?
19:24J'avais le maire de Varennes
19:25tout à l'heure en direct
19:26sur RMC
19:27qui a réussi à faire baisser
19:28considérablement
19:29le nombre de rodéos
19:30sauvages dans sa ville
19:31parce qu'il saisit,
19:32parce qu'il détruit
19:33même les motos
19:34ou les engins
19:35qui ne sont même pas rendus
19:36aux criminels.
19:37Bien sûr,
19:38saisir,
19:39détruire.
19:40Moi,
19:41j'avais proposé
19:42il y a quelques années,
19:43malheureusement,
19:44sans succès
19:45au gouvernement Macron,
19:46que la vidéosurveillance
19:47puisse être
19:48un élément
19:49aussi de sanction
19:50pour arriver
19:51à mettre
19:52devant
19:53leur responsabilité
19:54les auteurs
19:55de ces rodéos
19:56et faire en sorte
19:57que comme
19:58pour le port du casque,
19:59la vidéosurveillance
20:00puisse s'appliquer
20:01puisque très souvent,
20:02le problème
20:03de ces rodéos urbains,
20:04c'est que la police
20:05hésite
20:06à se lancer
20:07dans des courses poursuite
20:08de peur que
20:09l'auteur lui-même
20:10puisse être renversé
20:11et qu'elle en soit
20:12portée responsable.
20:13Alors,
20:14que l'auteur soit renversé
20:15ou qu'il renverse
20:16quelqu'un d'autre,
20:17comme c'est le cas
20:18en l'espèce.
20:19Donc,
20:20on a effectivement
20:21des situations
20:22où du coup,
20:23les contrevenants
20:24se sentent dans une forme
20:25d'impunité
20:26et roulent
20:27sans...
20:28Donc,
20:29il faut effectivement
20:30être d'une sévérité absolue.
20:31Ces rodéos urbains,
20:32c'est quand même
20:33une plaie
20:34pour l'élu
20:35de Savigny-le-Temple
20:36que je suis
20:37et qu'on subit
20:38ces rodéos
20:39et que c'est insupportable
20:40et que les populations
20:41n'en peuvent plus.
20:42Heureusement,
20:43la police municipale,
20:44quand elle est là,
20:45eh bien,
20:46elle permet
20:47d'y remédier.
20:48Mais une police de proximité,
20:49ce serait aussi une façon
20:50parce qu'on sait très bien
20:51qui sont les auteurs.
20:52On les identifie,
20:53on les connaît,
20:54on reconnaît les gens.
20:55On les connaît
20:56dans ce genre
20:57de ville moyenne,
20:58mais c'est vrai
20:59que c'est difficile
21:00dans d'autres.
21:01Mais merci Olivier Faure
21:02en tout cas d'avoir répondu
21:03à mes questions ce matin.
21:04Premier secrétaire du Parti socialiste,
21:05Bernard Cazeneuve
21:06Il est 8h53 sur AMC BFMTV.

Recommandée