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Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste et député de Seine-et-Marne, était l’invité de ce mardi 3 décembre du Face-à-Face sur BFMTV et RMC. Il a été interrogé notamment sur la motion de censure déposée par la gauche, la nomination d'un nouveau Premier ministre. Il a également dénoncé les négociations uniquement avec Marine Le Pen et Michel Barnier.

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Transcription
00:00BFM TV face-à-face. Apolline de Malherbe.
00:08Il est 8h32 et vous êtes bien sûr RMC et BFM TV. Bonjour Olivier Faure.
00:13Bonjour Apolline de Malherbe.
00:14Vous êtes premier secrétaire du parti socialiste. On est à l'aube de quelques journées de crise historique avec cette censure déposée.
00:23Vous rêviez de faire tomber le Premier ministre. Finalement c'est Marine Le Pen qui le fait. Merci Marine.
00:29Vous êtes gonflé. Vous auriez pu faire des pieds et des mains. Vous n'y aurez pas réussi si elle ne venait pas à votre secours.
00:38C'est pas tout à fait comme ça que ça se passe. La réalité c'est que nous avons cherché pendant deux mois à négocier avec le Premier ministre.
00:46Nous avons cherché à faire des propositions, à lui dire qu'il y avait un autre chemin possible et le Premier ministre n'a tendu la main qu'à Marine Le Pen.
00:54La seule avec laquelle il est entré en dialogue, en discussion, au point même de l'assumer par voie de communiqué hier et finalement il n'a pas réussi.
01:02Mais la vérité c'est qu'il n'a jamais, quand je dis bien jamais, cherché à discuter avec nous.
01:08Quand il a reçu nos deux présidents de groupe la semaine dernière, que leur a-t-il dit ?
01:12Il leur a dit je suis prisonnier de mon socle commun et je ne peux donc rien vous concéder.
01:17Il a dit ça ? Il a dit le mot prisonnier ?
01:19Il a dit ça.
01:21Il a reconnu être prisonnier ?
01:23Il a reconnu être prisonnier de son socle commun et donc de ne pas pouvoir faire le moindre geste en notre direction,
01:28alors même qu'il considérait qu'il y avait certainement parmi les projets que nous proposions des choses qui pouvaient être reprises.
01:34On va essayer de se projeter, Olivier Faure.
01:36Il y a beaucoup de questions à voir avec vous sur le contenu de ces concessions, en particulier sur celles qu'il aurait pu ou que vous auriez espéré qu'il fasse envers vous.
01:44On va essayer de se projeter aussi sur l'après.
01:46Si censure, si gouvernement tombe, qui pour le remplacer ?
01:49Est-ce que vous proposerez une alternative ?
01:51S'il y a à nouveau des élections anticipées, qui incarnerait la gauche ?
01:55Toutes ces questions-là, mais d'abord ce qu'il se passe dans les toutes prochaines heures.
01:59Michel Barnier s'exprimera ce soir.
02:01Est-ce que vous en attendez encore quelque chose ?
02:03Est-ce qu'il l'est encore tant ?
02:05Il est un peu tard, mais enfin moi j'espère toujours que les Français vont enfin pouvoir être respectés.
02:12Et donc quand je dis ça, ça veut dire quoi ?
02:14Ça veut dire que j'espère qu'à un moment, le Premier ministre va se dire oui, j'ai commis des erreurs et j'aurais dû écouter.
02:21Et il y a une coalition qui est arrivée en tête au mois de juillet.
02:24Et donc je ne pouvais pas, moi, imposer un projet de budget qui sacrifie pour l'essentiel les Français.
02:30Puisque quand il parle de 40 milliards d'économies, ces milliards d'économies, c'est d'abord des économies sur qui ?
02:35Sur les Français eux-mêmes.
02:36C'est le ticket modérateur, c'est les services publics, c'est toute une série de restrictions qui vont leur être imposées.
02:43C'est 4 000 enseignants en moins. Bref, c'est tout ça qui est en cause aujourd'hui.
02:47Et la raison pour laquelle nous censurons, ce n'est pas parce que nous n'aimons pas Michel Barnier.
02:51Moi, je n'ai aucun différent passif personnel avec Michel Barnier.
02:55Je ne le connais qu'à peine.
02:57Et donc la réalité, c'est que nous voulons, nous, obtenir satisfaction sur des sujets de fond.
03:02Et le sujet de fond, c'est d'abord le pouvoir d'achat des Français, leur santé et puis la transition écologique.
03:07Ce sont les trois grands points sur lesquels nous devons avancer.
03:09Si on est tout à fait honnête, Olivier Faure.
03:11Alors certes, dans la manière, c'est en direction de Marine Le Pen et de manière tout à fait assumée.
03:18Vous évoquez ce communiqué, c'est important qu'on le redise pour tous ceux qui nous écoutent et que nous regardent.
03:22Matignon, qui hier, par voie de communiqué, donc écrit noir sur blanc, indiquait avoir fait un certain nombre de concessions
03:29après un échange téléphonique entre Michel Barnier et Marine Le Pen.
03:34Donc oui, c'est vers elle qu'il s'est tourné.
03:36Mais sur le fond, la question de la taxe sur l'électricité, la question, en effet, du ticket modérateur
03:45et du déremboursement d'un certain nombre de médicaments.
03:48Ces concessions qu'il a faites à Marine Le Pen, vous le souhaitiez aussi.
03:52Sur le fond, vous étiez d'accord.
03:54Il y a des points sur lesquels, effectivement, dans les revendications...
03:57C'est toute l'absurdité de cette situation, quand même.
03:59La vraie difficulté, c'est que quand vous êtes...
04:02Et si on a toujours comme objectif de revenir...
04:04Le déremboursement des médicaments, vous étiez contre.
04:06La hausse des taxes sur l'électricité, vous étiez contre.
04:08Il l'a fait pour elle, mais il aurait pu le faire pour vous.
04:10Le résultat, elle-même.
04:12Non, mais ce n'est pas du tout ce que je veux dire.
04:13Ce que je veux dire, c'est que derrière, il faut compenser.
04:16Dès lors que vous faites...
04:17Ou alors, on dit que cette question-là n'a plus aucun intérêt.
04:20Mais il faut bien qu'on puisse quand même regarder ce qui se passe.
04:24Nous avons des déficits qui sont gigantesques, une dette qui est astronomique.
04:27Et donc, moi, j'entends bien le fait que nous devons redresser les comptes publics.
04:31Mais pour les redresser, comment est-ce qu'on fait ?
04:33Il faut bien qu'à chaque fois qu'on dit, je ne prends pas telle ou telle mesure...
04:36C'est l'équilibre budgétaire dans son ensemble avec lequel vous n'étiez pas d'accord.
04:40Et donc, l'équilibre, il suppose non pas d'opérer par des taux de passe-passe.
04:46Et à chaque fois, quand on dit, l'électricité, ok, je ne prends plus, mais je prends sur le gaz.
04:51Moi, je ne suis pas pour qu'on vienne dire aux gens qui se chauffent au gaz
04:56que c'est eux qui vont payer pour ceux qui ne paieront moins, qui paieront moins.
05:00Du côté du RN, il parle de bricolage. Est-ce qu'au fond, vous êtes assez d'accord avec ça ?
05:05Mais je ne vais pas reprendre les termes du RN.
05:07Vous allez voter ensemble la censure. Il y a bien des trucs qui vous réunissent quand même.
05:11Mais ce que je dis, moi, c'est que le gouvernement avait d'autres possibilités.
05:16Et ce que nous avons proposé pendant tout le débat, c'est de dire, pour faire courir, pour faire simple,
05:21il y a des gens qui ont la possibilité de payer.
05:23Et c'est à eux qu'il faut faire payer, en fait, l'addition et non pas à l'ensemble des Françaises et des Français.
05:28C'est absurde de voir que le Premier ministre n'a fait de concessions qu'à Mme Le Pen
05:32et surtout à sa propre majorité très relative.
05:35Et quand il dit, c'était dans l'élan de première intention,
05:41quand il dit qu'il faut faire payer aussi les grandes entreprises et les plus riches.
05:46Et il avait dit, je vais abroger un certain nombre de dispositions d'allègements de cotisations patronales.
05:51Qu'est-ce qui s'est passé ?
05:53Eh bien, Gabriel Attal est monté sur sa chaise et a sauté comme un cabri.
05:57Et que s'est-il passé derrière ?
05:59Eh bien, il a allégé cette facture-là qui était celle des grandes entreprises.
06:03Aujourd'hui, qu'est-ce qui va se passer ?
06:05Cette facture-là, elle va être reportée sur les Français dans leur immense majorité.
06:08Reste-t-il encore, audit Jefford, un trou de souris ?
06:12Un espace pour qu'il arrive à vous convaincre ce soir
06:17et que vous ne votiez pas la censure demain ou jeudi ?
06:21Nous avons écrit un courrier ce week-end avec les deux présidents de groupe,
06:26avec Boris Vallaud et Patrick Cannaire,
06:28dans lequel nous avons listé, à la fois sur le budget de la Sécu et sur le budget de l'État,
06:34ce qu'étaient nos grandes propositions, avec à chaque fois les recettes et les dépenses.
06:38Il faudrait qu'ils reprennent l'intégralité de la liste,
06:40parce qu'une partie de vos revendications ont été acceptées.
06:43Alors, encore une fois, au nom du RN,
06:45mais sur la question, par exemple, du moindre déremboursement des médicaments,
06:49ça coche l'une de vos cases.
06:51Je viens de vous dire que nous, à chaque fois, on compense, ce qui n'est pas le cas.
06:54Et moi, je ne veux pas que ce que l'on donne d'une main, on le reprenne de l'autre.
06:58Donc, je ne veux pas être payé en poudre de parlinpinpin,
07:01mais je veux qu'on ait effectivement un vrai budget.
07:04Donc, soit il répond à tout, ce qui est quand même assez peu probable,
07:08soit censure.
07:10Nous avons nous-mêmes fait beaucoup d'efforts.
07:12Nous avions demandé, sur le PLFSS, donc sur le budget de la Sécu,
07:16eh bien, nous avions, au départ, 17 milliards d'exigences.
07:20Nous sommes revenus à 8 milliards.
07:22Ça représente 1% du volume global du budget de la Sécu.
07:25Vous pensez qu'on en demande trop ? Non.
07:27Je pense qu'à un moment, on est là aussi pour défendre les Françaises et les Français.
07:30Et moi, je ne suis pas d'accord pour qu'on dise, par exemple, que le ticket modérateur,
07:33donc ce qui fait qu'aujourd'hui, on ne paye sa consultation que 2 euros
07:37quand on a une mutuelle et un médecin référent,
07:39eh bien, ça ne passe pas à 21 euros pour ceux qui n'ont ni mutuelle ni médecin référent.
07:43Pourquoi il ne vous a pas écouté ?
07:44Je pense qu'il y a un moment où il faut quand même qu'on dise les choses
07:46et que les Français soient entendus.
07:47Pourquoi il ne vous a pas écouté ?
07:49Je pense qu'il y a une forme de...
07:51On nous a dit qu'ils étaient dans le barrage à l'extrême droite.
07:54Non, je crois qu'il y a eu un barrage à la gauche
07:56et qu'ils ont tout fait depuis le début pour ne jamais être amenés, conduits
08:00à ce que la gauche puisse faire ses propositions.
08:04Et je le regrette parce que la réalité de ce pays,
08:06c'est que sur les valeurs que nous portons, sur les principes
08:09et sur la façon dont nous voulons protéger les Français,
08:12nous sommes largement majoritaires.
08:14Concrètement, c'est une motion de censure déposée par le nouveau Front populaire
08:18qui sera défendue par Éric Coquerel à l'Assemblée.
08:21D'ailleurs, demain ou après-demain.
08:23Ça peut être à partir de 15h42, précisément, demain mercredi.
08:26Ce sera mercredi, jeudi, vous avez déjà une indication ?
08:29C'est la conférence des présidents qui réunit tous les présidents du groupe
08:31ce matin et qui en décidera.
08:33Cette motion de censure, je le disais, défendue par Éric Coquerel
08:37de la France insoumise sera donc votée par Marine Le Pen.
08:40Il n'y a pas quand même quelque chose qui vous dérange, là-dedans ?
08:42Ça ne les dérangeait pas, les macronistes, quand ils ont, eux,
08:46voté avec Marine Le Pen contre le projet de budget que nous avions amendé.
08:50Ça ne les a pas gênés.
08:52Les Français ont voté, il y a 140 députés RN à l'Assemblée
08:57et en fonction de leurs humeurs, puisque c'est comme ça que ça se passe visiblement chez eux,
09:02ils votent pour ou contre.
09:03Moi, ce que je vois, c'est que jusqu'ici, le gouvernement Barnier
09:06n'existait que grâce à Marine Le Pen.
09:08Il va tomber à cause de Marine Le Pen.
09:10Écoutez...
09:11Si je vous repose la question, merci Marine.
09:13Mais non, pas merci Marine.
09:15Merci Marine de quoi ?
09:17Je rappelle quand même que si le président de la République
09:20a nommé Michel Barnier il y a quelques mois,
09:23c'était précisément parce que Marine Le Pen avait annoncé
09:25qu'elle ne le censurerait pas.
09:27Donc franchement, je ne vais quand même pas maintenant
09:29aller plaindre Michel Barnier qui ne doit à son existence qu'à Marine Le Pen.
09:33Vous avez quelqu'un à proposer ?
09:35Non.
09:36Mais on a des talents nombreux.
09:38Je ne veux pas entrer dans ce jeu-là.
09:40Les talents, on est reparti pour deux mois de psychopathe ?
09:43Absolument pas.
09:44Vous aviez Lucie Castex, c'est fini ça ?
09:46Ce que je vous ai déjà dit la semaine dernière ou la semaine d'avant, je ne sais plus.
09:49En ce moment, chaque jour est une nouvelle étape de la vie politique.
09:53Moi, je suis assez constant.
09:55Ce que je dis, c'est que c'est le chef de l'État qui nomme le Premier ministre.
09:58Je ne vais pas jouer avec lui, lui donner des noms.
10:00De toute façon, il fera ce qu'il voudra.
10:02Je lui dis simplement nommer un Premier ministre ou une Première ministre de gauche
10:06qui permettent d'appliquer, de venir au gouvernement
10:10et de faire en sorte de proposer au Parlement un projet de gauche,
10:15mais avec le souci permanent du compromis.
10:18Si il fallait faire simple, c'est le Front populaire au gouvernement
10:23et c'est le Front républicain à l'Assemblée.
10:25C'est ainsi que nous pouvons progresser.
10:27Ça veut dire que vous estimez que c'est à lui de trouver la personne adéquate.
10:32Imaginons donc à l'inverse qu'il vous appelle, vous, les responsables de LFI,
10:38du Parti communiste et des écolos.
10:41D'ailleurs, si cette alliance existe encore, elle tient ?
10:45Oui.
10:46Donc, il vous appelle tous les quatre.
10:48Il vous dit, moi, je vous propose Bernard Cazeneuve, par exemple.
10:51Vous dites quoi ?
10:53On dira exactement ce qu'on a toujours dit.
10:56On dira que nous, c'est en fonction de ce qui va être projeté,
11:00de ce qui va être proposé.
11:01Si Bernard Cazeneuve part avec le programme du Front populaire
11:05et le suggère au Parlement et fait tout pour faire en sorte
11:09que le maximum de ce que nous proposons soit adopté,
11:12il n'y a aucune raison de le refuser.
11:13Ce n'est pas très enthousiaste, comme réponse.
11:15Mais ce n'est pas une question d'enthousiasme.
11:16Je ne veux pas qu'on trompe les Français.
11:18Mais la question maintenant, c'est comment on sort de cette crise.
11:20Mais bien sûr.
11:21Mais je viens de vous dire les choses.
11:22Je pense qu'à un moment, il faut respecter le vote des Français
11:25et le vote des Français, c'est quoi ?
11:27C'est de dire qu'il y a une coalition qui est arrivée en tête,
11:30mais à laquelle on n'a pas donné de majorité absolue.
11:33Donc, ça veut dire quoi ?
11:34Ça veut dire qu'il faut choisir cette coalition
11:36pour qu'elle soit, elle, avec le pouvoir d'initiative,
11:39mais que derrière, il y ait un Parlement tout respecté.
11:41Et s'il vous appelle et qu'il vous dit
11:42« Écoutez, moi je suis d'accord, finalement, Lucie Castex ».
11:44Il aura ma bénédiction, il n'y a pas de problème.
11:46Je ne suis pas venu ce matin vous dire, c'est tel ou tel,
11:50je suis venu vous dire qu'il faut qu'on respecte le vote des Français
11:53et qu'il y a un certain nombre de protections à leur assurer
11:56et qu'elles doivent être assurées par un homme ou par une femme de gauche.
11:59Ensuite, c'est le Parlement qui décidera,
12:01puisque c'est lui qui disposera.
12:02Ce Parlement qui, je le rappelle, ne changera pas.
12:05La constitution de l'Assemblée ne changera pas en fonction de cette censure.
12:10Il y a un des élus de Vauran, du Parti Socialiste, Karim Bouamran,
12:14qui est un des élus de cette syndic,
12:16qui dit qu'il faudrait un gouvernement technique.
12:20Est-ce que ça aussi, c'est-à-dire, en gros,
12:22un gouvernement d'hommes ou de femmes non clivants,
12:26qui soit plutôt issu de la haute fonction publique, des techniciens,
12:30est-ce que ça, vous trouvez que ce serait une solution,
12:33en tout cas, dans l'attente d'autre chose ?
12:35Vous savez, moi, je suis un homme politique
12:38et je souhaite qu'il y ait des décisions politiques qui soient prises.
12:41J'ai du mal à croire que la technique puisse se remplacer
12:44parce que c'est une affaire de choix, on le voit bien.
12:46Ce n'est pas le budget, ce n'est pas une affaire de technique,
12:48c'est une affaire de choix politique.
12:50Est-ce qu'on fait plus ou moins pour les uns pour les autres ?
12:52Et je vois ce qui s'est passé en Italie
12:55lorsqu'on a choisi un gouvernement technique avec Mario Draghi.
12:58Eh bien, ça s'est fini par Giorgia Meloni et par l'extrême droite.
13:00Donc, je ne souhaite pas que nous arrivions au même chemin et au même résultat.
13:04Vous vous méfiez donc de cette fausse bonne idée d'un gouvernement technique ?
13:08Voilà.
13:09Olivier Faure, je voudrais que vous écoutiez le ministre,
13:11encore ministre au moment où on se parle de l'économie,
13:14Antoine Armand, qui parle de la facture pour les Français
13:17et qui s'adresse aussi à vous tous qui allez voter cette censure.
13:20Il vous appelle à une forme de responsabilité,
13:22Catherine Vautrin qui était à mon micro sur RMC,
13:25à une forme de responsabilité vis-à-vis de ceux qui seront les perdants
13:28d'un non-vote du budget.
13:30Elle parle notamment de ces 380 000 Français qui ont des revenus modestes
13:34mais qui, par le jeu juste de l'inflation et du barème des impôts,
13:38vont se retrouver à payer des impôts
13:40alors qu'avec un budget, ils ne l'auraient pas eu.
13:42Que leur dites-vous ce matin ?
13:44Ils sont dans leur rôle.
13:45Il y a des tâches à dramatiser et à dire au fond que c'est eux ou le chaos
13:48et qu'on ne peut rien faire d'autre que de les suivre.
13:51Il y a aussi une part de vérité dans ce qu'ils disent.
13:53Quand on gèle le barème de l'impôt sur le revenu,
13:55on fait mécaniquement rentrer du fait de l'inflation,
13:57vous venez de le dire,
13:58un certain nombre de foyers fiscaux dans l'impôt sur le revenu.
14:01Ça, vous le dites au ministre,
14:02mais qu'est-ce que vous dites aux 380 000 Français
14:04qui vont se retrouver à payer des impôts parce que vous n'aurez pas ?
14:07La vérité, si demain la gauche est appelée au pouvoir,
14:10qu'est-ce qu'elle fait ?
14:11Elle fait un projet de loi de finances rectificative
14:13dès le mois de janvier.
14:14Elle ne laisse pas les Français dans une forme de l'insécurité
14:18et donc on fait tout pour que, évidemment,
14:20à minima, et ça se serait de toute façon voté par tout le monde,
14:23il y aurait le dégel du barème pour éviter que ces gens
14:27la rentrent dans l'impôt sur le revenu.
14:29Mais on est dans la pure théorie, Olivier Faure.
14:30Mais pas du tout, l'action n'est pas dans la pure théorie.
14:32Parce que ce projet-là, de loin, ne serait pas voté non plus.
14:35Mais bien sûr que si.
14:36Avec quelle majorité ?
14:37Qui refuserait, par exemple,
14:40je mets au défi quiconque de dire qu'il serait contre
14:44un projet de loi de finances rectificatives
14:46dans lequel, notamment, on dirait qu'il y a le dégel du barème
14:50dans l'impôt sur le revenu pour éviter que des gens modestes
14:52ne rentrent artificiellement dans l'impôt sur le revenu.
14:54Vous ne me trieriez que cela dans cette loi ?
14:56Non.
14:57Oui, c'est ça le problème, c'est que si vous mettez aussi
14:58tout le reste du projet du Nouveau Front Populaire,
15:00vous n'aurez pas de majorité.
15:01Mais on peut très bien avoir un projet de loi
15:03qui ne ferait que ça, si vous voulez,
15:05et un deuxième projet de loi qui ferait autre chose.
15:07Je pense que si vous voulez être efficace et que ça marche,
15:09il y a des choses comme ça.
15:10Ce que je veux dire, mesdames et messieurs,
15:11c'est que nous chercherons le compromis
15:12et que nous n'avons pas d'autre choix.
15:13Parce que contrairement au gouvernement Barnier
15:15qui passe par 49.3, nous avons, nous, déjà annoncé
15:17au mois d'août que nous chercherions des compromis
15:20texte par texte et que nous utiliserions
15:22avec parcimonie pour ne pas dire
15:24que nous n'utiliserions pas du tout le 49.3.
15:26Et donc, ça suppose quoi ?
15:27Ça suppose qu'à chaque fois, on soit en mesure de dire
15:30écoutez, voilà avec quoi on vient,
15:32mais on sait déjà, en arrivant au Parlement,
15:34que le projet tel qu'il sortira
15:36ne sera pas tel que nous l'avons présenté initialement.
15:38Je vous avoue que j'ai un peu du mal à imaginer
15:40que vous puissiez faire des compromis
15:41avec les autres groupes politiques,
15:43alors même qu'au sein du Nouveau Front Populaire,
15:45vous ne faites plus grand compromis.
15:47Mais nous avons présenté des amendements communs
15:49tout le long du projet.
15:50Nous avons cherché à avancer tout au long du projet.
15:52Et j'imagine qu'il y a des gens qui peuvent comprendre
15:55qui ne peuvent pas aller de censure en censure.
15:57Mais regardez simplement sur la semaine dernière.
15:59La semaine dernière et la réforme des retraites.
16:02Vous l'avez bien vue et vous l'aviez d'ailleurs assumée
16:04tout à fait à ce micro.
16:05LFI avait quand même glissé une peau de banane pour vous
16:08en ne revenant pas seulement sur la réforme des retraites
16:11voulue par Emmanuel Macron,
16:12mais également sur celle voulue par François Hollande
16:15et Marisol Touraine.
16:16Vous vous êtes retrouvés dans une sorte de piège
16:18qui vous a été tendue.
16:19Et on le voit tous les jours.
16:20Il y avait le piège, je n'en ai pas tombé dedans.
16:22Le piège avait été tendu.
16:23Mais ils ont le droit d'avoir leur position.
16:26Simplement, c'est qu'à un moment,
16:28si on en reste à ce qui a été décidé en commun,
16:31ce que vous venez de dire n'était pas dans le projet commun.
16:33Et donc, il faut rester sur le projet,
16:36revenir sur l'essentiel
16:38et accepter l'idée que nous ne sommes pas majoritaires à nous seuls
16:41et que ça suppose de respecter là aussi les Français
16:44en acceptant l'idée qu'il faudra trouver des compromis.
16:46Que nous ont dit les Français au mois de juillet.
16:48Ils nous ont dit qu'il y a une préférence pour le Front populaire.
16:51Mais ce n'est pas un chèque en blanc.
16:53Et donc, vous avez la possibilité d'avancer.
16:57Mais derrière, il vous faudra trouver des compromis.
16:59Est-ce que vous demandez la démission d'Emmanuel Macron ?
17:01Non.
17:02Non.
17:03Est-ce que vous souhaitez la démission d'Emmanuel Macron ?
17:04Non.
17:05Non.
17:06Vous estimez qu'il faut qu'il aille jusqu'au bout ?
17:08Mais j'estime qu'il y a là une forme d'illusion
17:11que nous ne pouvons pas entretenir.
17:13Pourquoi ?
17:14Parce que si, moi je veux tout simplement
17:16qu'on sorte les Français du marasme
17:19et on ne peut pas aboutir à une espèce de chien en lit
17:22pour reprendre des mots qui étaient ceux du général De Gaulle.
17:25Je veux qu'on puisse leur assurer
17:28une forme de sécurité et de stabilité.
17:33Mais dans la justice.
17:34Vous ne souhaitez pas qu'Emmanuel Macron démissionne.
17:37Vous ne souhaitez donc pas qu'il y ait la fin du macronisme en quelque sorte.
17:40Les mots de Jean-Luc Mélenchon, encore ce matin,
17:42dans le journal Le Parisien,
17:44qui dit que toutes les manœuvres pour sauver le gouvernement Barnier
17:46ont échoué, il va tomber.
17:48Et Macron, seul responsable de la crise financière et politique,
17:51doit s'en aller.
17:53Mais qu'Emmanuel Macron soit responsable de tout cela, c'est vrai.
17:56Mais qu'est-ce qui se passe si demain, il y a une nouvelle élection présidentielle ?
17:59D'abord, je le dis à Jean-Luc Mélenchon,
18:02il est vraisemblable que Marine Le Pen sera très très haute au premier tour
18:05et qu'elle peut l'emporter.
18:07Est-ce que la gauche peut vouloir la victoire de Marine Le Pen ?
18:09Première réponse, non.
18:11La deuxième réponse, c'est que même un président nouvellement élu,
18:14avec quelle majorité gouvernerait-il le pays ?
18:17Vous l'avez dit tout à l'heure, nous ne pouvons pas
18:19dissoudre l'Assemblée avant le mois de juillet.
18:22Et comme il est rare qu'on vote au mois d'août,
18:25il faut repousser cette dissolution au mois de septembre,
18:28c'est-à-dire quelques jours avant le nouveau vote du budget.
18:31Cela veut dire que quand Jean-Luc Mélenchon appelle...
18:34Cela veut dire que nous n'aurons pas les moyens,
18:36même avec un nouveau président et même un président de gauche,
18:39nous n'aurons absolument pas les moyens de mener une politique de gauche.
18:41Lorsqu'il appelle à la démission...
18:43Cela suppose que nous puissions respecter les institutions,
18:45aller jusqu'au terme du mandat présidentiel.
18:47En tout cas, le moment n'est pas venu de faire tomber Emmanuel Macron.
18:49Quand Jean-Luc Mélenchon effectivement demande la démission d'Emmanuel Macron,
18:53quand Manuel Bompard, qui est le coordinateur de la France insoumise,
18:56dit de Jean-Luc Mélenchon qu'il est le mieux placé pour la suite,
19:00est-ce que cela veut dire que, pour vous, il joue avec le feu ?
19:04Cela veut dire que Manuel Bompard, sans surprise, soutient celui qui est son leader.
19:09Et je ne lui reproche pas de soutenir Jean-Luc Mélenchon.
19:11Simplement, ce que je leur dis aux uns et aux autres,
19:14c'est que le feu, ce serait effectivement de pousser au chaos,
19:17alors même que nous savons que les Français sont inquiets.
19:19Petit chaos, oui. Grand chaos, non.
19:22Faire tomber le gouvernement, oui. Faire tomber le président, non.
19:25Il faut arrêter de rentrer dans ce narratif qui est celui du gouvernement.
19:28Il n'y aura pas de chaos. Il y a toute possibilité pour faire avancer le pays.
19:32Et ce que je crois, c'est que si le président de la République
19:34accepte l'idée qu'il n'est plus Jupiter et qu'il doit nommer quelqu'un de gauche,
19:39je vous assure qu'un Premier ministre de gauche demain
19:42fera en sorte que les choses se passent bien
19:44et que nous puissions arriver à la fois à gouverner ce pays
19:47et en même temps à faire en sorte que nous renouillons
19:50avec la justice fiscale et la justice écologique.
19:52Et s'il vous appelle vous ?
19:53Mais je ne suis pas venu faire l'explication directe ce matin.
19:55Si il m'appelle moi, je prendrai mes responsabilités,
19:58comme toutes celles et ceux qui, à gauche, aujourd'hui,
20:01doivent les prendre s'ils sont appelés pour le président de la République.
20:04Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti Socialiste,
20:06merci d'avoir répondu à mes questions ce matin.
20:08Il est 8h52 sur LMC BFM TV.

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