Après la découverte des corps de six otages israéliens exécutés par le Hamas, l'opposition à Benyamin Netanyahou a lancé un appel à la "grève générale" pour le contraindre à conclure un accord de cessez-le-feu et permettre la libération des derniers otages. Daniel Shek, ancien ambassadeur de Israël en France, responsable du pôle diplomatique du Forum des familles des otages et disparus, est l'invité de RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 02 septembre 2024.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 02 septembre 2024.
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00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:03RTL 18h45, bonsoir Daniel Scheck.
00:06Bonsoir Yves et Agnès.
00:09Vous êtes ancien ambassadeur d'Israël en France et responsable du pôle diplomatique du forum des otages et disparus israéliens du 7 octobre.
00:15Merci beaucoup d'être en ligne sur RTL depuis Tel Aviv.
00:18Une grande mobilisation est donc en cours en Israël.
00:21Hier, des centaines de milliers de personnes étaient rassemblées dans les rues de Tel Aviv et dans d'autres villes du pays.
00:26Un appel à la grève générale a donc été lancé, suivi partiellement.
00:29Tout cela après l'annonce de la mort de six otages tués par le Hamas, bien entendu, dans la bande de Gaza en fin de semaine dernière.
00:35Daniel Scheck, le tribunal israélien du travail a ordonné la fin immédiate de cette grève cet après-midi.
00:41Quelle est la situation à l'heure où nous parlons ?
00:44C'était une grève d'avertissement selon les syndicats, le grand syndicat du pays.
00:52De toutes les façons, c'était une grève qui devait se terminer à 18h.
00:57Donc une journée de mobilisation.
01:00Le tribunal du travail a décidé que ce serait quelques heures avant.
01:05Je pense que ça ne fait pas une véritable différence.
01:08C'est surtout un message que la société civile israélienne a lancé hier,
01:14que ce soit par la mobilisation vraiment, vraiment hors du commun des centaines de milliers d'Israéliens à travers tout le pays
01:22et avec la participation des syndicats, mais aussi de nombreuses grandes entreprises,
01:28de restaurants qui ont fermé, de cinémas qui n'ont pas voulu fonctionner normalement à partir de 17h hier, etc.
01:39Il y a un vent de mobilisation, un vent surtout de frustration, me semble-t-il.
01:45Est-ce que c'est une mobilisation inédite dans l'histoire du pays à votre connaissance ?
01:50Vous savez, je vais avoir 70 ans.
01:52Inédit, c'est un terme qu'on aime utiliser.
01:55Je ne sais pas, je n'ai pas compté chaque manifestant.
01:58Je pense que c'est assez extraordinaire.
02:01Et c'est surtout, vous savez, il n'y a pas que les chiffres qui parlent.
02:07Il y a aussi un climat, un vent que l'on sent dans la rue.
02:12Et je pense que quelque chose a basculé hier.
02:17Dans des circonstances on ne pourrait plus tragiques, évidemment.
02:21Et la grande question, c'est est-ce qu'il y aura une dynamique qui va maintenir ce sentiment en vie,
02:28ou bien ce sera un sursaut et il va retomber.
02:32Je ne suis pas en mesure de le savoir.
02:34Que réclament exactement ces milliers de manifestants, et peut-être même ces centaines de milliers ?
02:39La libération des otages, un arrêt des combats à Gaza, le départ du Premier ministre Netanyahou ?
02:45Comment faire le tri ?
02:48Difficile, vous avez raison.
02:50Mais en ce qui concerne le forum des familles d'otages,
02:54qui a lancé le mouvement hier dans la matinée,
03:00après une longue soirée entre samedi et dimanche,
03:04une longue nuit de planification où nous nous sommes réunis au forum
03:09pour savoir ce qu'on fait, pour faire quelque chose qu'on n'a pas fait avant.
03:13Parce que vous voyez, en quelques semaines,
03:16douze otages israéliens qui sont entrés vivants en sont ressortis morts.
03:25Véritablement, c'est terrible.
03:28Et puis ces six jeunes gens qui ont été assassinés brutalement par le Hamas,
03:34il y a quelques jours sans doute, pas plus que ça.
03:36C'est quelque chose qui a vraiment déclenché un sentiment
03:40que si les hommes politiques, les dirigeants de ce pays
03:44avaient fait un véritable effort pour conclure un accord de libération,
03:49au moins ces six dames, ces six jeunes gens pourraient revenir vivants.
03:55Et c'est donc, oui, je pense que l'appel essentiel,
04:00c'est de mettre la libération des otages à la tête des intérêts.
04:05Le couloir de Philadelphie, les exigences sécuritaires,
04:11tout ça peut attendre après.
04:13Mais d'abord conclure un accord qui ramènerait un maximum d'otages vivants
04:22pour pouvoir retourner auprès de leurs proches.
04:27Cela veut dire qu'il existe dans le pays maintenant
04:30une colère à l'égard du gouvernement actuel ?
04:32C'est un mouvement qui peut durer ?
04:35Justement, je ne sais pas.
04:36Oui, enfin, la colère contre le gouvernement sur ce sujet.
04:39Oui, sur ce sujet, bien sûr.
04:40Vous avez raison de dire que tout se mélange au final
04:45et qu'il y a aussi un grand mouvement qui provient de l'opposition
04:50et c'est normal pour tomber ce gouvernement.
04:53Mais ce n'est pas l'objectif du forum des otages ni des familles des otages.
04:58L'objectif est un seul, c'est de ramener les otages
05:02et de terminer ce calvaire pour ces gens.
05:05Je voyais que le président américain Joe Biden
05:07estimait que votre premier ministre n'en fait pas assez
05:10pour parvenir à un accord sur la libération des otages.
05:13Vous partagez l'analyse ?
05:16Oui, je la partage.
05:17Je pense que d'ailleurs les deux parties
05:20ne sont pas suffisamment motivées pour conclure un accord.
05:24Dans chaque négociation vient un moment où la substance compte moins.
05:29C'est juste le besoin de trouver le moment, au même moment,
05:34de pouvoir convaincre les deux protagonistes, les deux négociateurs,
05:42d'être véritablement convaincus, mobilisés pour conclure un accord.
05:50Et je pense que pour des raisons très différentes dans les deux cas,
05:56les deux protagonistes ne sont pas entièrement là.
06:00Paradoxalement, ce sont les négociateurs, les intermédiaires,
06:05donc les Américains, les Égyptiens et les Qataris,
06:08qui sont le plus mobilisés, plus que les deux parties à cette négociation.
06:14Et ça, ça doit changer, ça doit absolument changer.
06:17Ce que vous venez de nous dire est extrêmement troublant.
06:19Merci en tout cas d'avoir pris la parole, Daniel Sheik,
06:21ancien ambassadeur d'Israël en France,
06:23responsable du pôle diplomatique du Forum des otages et des disparus.
06:26Bonne soirée à vous.
06:31Dans un instant, Marc-Antoine Lebray, absolument.
06:33Il rentre dans ce studio.