Choix du Premier ministre: l'interview en intégralité de Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen

  • il y a 2 semaines
Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen, était l'invité de "Tout le monde veut savoir" sur BFMTV ce lundi.

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00:00Bonsoir Karim Bouamran.
00:01Bonjour M. Duhamel.
00:02Merci beaucoup d'être avec nous ce soir dans Tout le monde veut savoir.
00:05Je rappelle donc que vous êtes socialiste, maire de Saint-Ouen
00:08et cité parmi les premiers ministrables.
00:11C'était donc, on en parlait il y a un instant, une journée de consultation
00:14ouverte par l'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve,
00:16Xavier Bertrand, le patron de la région des Hauts-de-France.
00:19Et donc la surprise du jour, c'est l'hypothèse d'une nomination
00:22de Thierry Baudet, ancien mutualiste,
00:23patron du Conseil économique, social et environnemental.
00:26Chantre aux décors intermédiaires, opposé à la loi immigration,
00:30favorable aux compromis, ça devrait vous plaire ça ?
00:34Moi ce qui me plairait c'est qu'on arrive à trouver une issue favorable
00:37parce que comme vous l'évoquiez juste avant que j'arrive au moment
00:39où je disais bonjour à tous vos éminents chroniqueurs, M. Duhamel,
00:42c'est qu'on arrive à trouver un chemin pour faire en sorte que l'expression
00:46des électrices et des électeurs puissent voir concrètement
00:50une traduction avec des mesures.
00:53Je l'ai encore vu ce matin à la rentrée scolaire,
00:56on voit bien le manquerie d'ancienneté d'enseignants,
01:00on voit bien la question du pouvoir d'achat.
01:02Donc là actuellement, les Françaises et les Français commencent à s'impatienter.
01:06Donc moi je l'ai toujours dit depuis le début,
01:08l'histoire du casting ça a été une fausse route.
01:11La question c'est qu'on est dans une situation politique totalement inédite,
01:15inédite depuis la Ve République.
01:17On n'a jamais eu un résultat d'élection où le seul vainqueur
01:21ça a été le Bloc Républicain et tout le monde fait comme si
01:24tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes.
01:26On va parler du fond dans un instant,
01:28mais malgré tout le casting c'est important.
01:30Vous appartenez à un collectif politique, le Nouveau Front Populaire,
01:32qui continue de défendre la nomination de Lucie Castet à Matignon.
01:35Je vous entendais ce matin à la radio sinon tresser les louanges,
01:38du moins reconnaître que Bernard Cazeneuve était un homme d'État.
01:41Sur le profil-ci d'Aventure, c'était Thierry Baudet.
01:43Quel a priori avez-vous quant à cette personnalité,
01:47inconnue des Français, mais qui peut cocher un certain nombre de cases
01:51pour un socialiste modéré comme vous ?
01:54Ce matin on m'a posé la question sur Bernard Cazeneuve,
01:57que j'ai eu la chance de côtoyer.
01:59Je l'ai caractérisé serviteur de la République.
02:03Monsieur Baudet c'est probablement un grand serviteur de la République
02:07parce que c'est le président du Conseil économique et social.
02:09Mais encore une fois, le sujet c'est premièrement
02:14c'est la prérogative du président de la République de nommer le Premier ministre.
02:17Donc très bien, moi mon rôle en tant que responsable politique,
02:20Monsieur Duhamel, encore une fois, c'est comment de m'assurer
02:23que le nouveau front populaire qui est dans le cadre
02:26de cette coalition républicaine est arrivée première.
02:30Comment on s'assure que les différentes mesures que nous poussons,
02:34pouvoir d'achat, logement, la santé, puissent se traduire
02:38par des actions concrètes lors du vote du budget.
02:41Moi ma crainte, c'est à défaut de vouloir 100% de quelque chose.
02:44Parce que c'était ça au départ, l'expression de besoin de certaines et certains.
02:49On veut 100% !
02:50Vous faites référence à Jean-Luc Mélenchon qui le soir du second tour dit
02:53c'est 100% du programme du nouveau front populaire,
02:55tout le programme du nouveau front populaire, rien que le programme du nouveau front populaire.
02:58Absolument. Et tout de suite je m'étais exprimé en disant
03:01il faut avoir un discours de sincérité à l'endroit des Françaises et des Français.
03:05Et le discours de sincérité c'est de dire que le camp qui a gagné
03:08c'est le camp des Républicains.
03:09Il faut faire preuve de compromis, il faut trouver un chemin.
03:12Mais pardon d'insister, est-ce que cette personnalité, est-ce que Thierry Baudet
03:16pourrait porter cet agenda-là que vous défendez,
03:19c'est-à-dire une partie du programme du nouveau front populaire
03:21sur la question des salaires, sur la question des services publics,
03:24sur la question aussi du retour au dialogue avec les corps intermédiaires,
03:27est-ce que vous l'imaginez dans ce rôle-là ?
03:31Est-ce que M. Duhamel, on a eu, un, la confirmation que ce sera M. Baudet,
03:35et deux, est-ce qu'on a eu connaissance du chemin que souhaiterait avoir
03:41le Premier ministre si c'est M. Baudet sur sa capacité à pouvoir faire en sorte
03:46que toute une partie des mesures qui ont été portées par le nouveau front populaire
03:51pouvaient être mises en œuvre ?
03:53Est-ce qu'on a des informations sur le chemin que pourrait prendre M. Baudet
03:57en intégrant soit une cohabitation, soit une coalition ?
04:01Aucune idée, je ne sais pas.
04:03Donc vous dites qu'on jugera sur pièces.
04:05On jugera surtout sur la méthode qui nous permettra d'éviter que la France tombe
04:09au fond d'un labyrinthe, parce que c'est ça moi qui m'importe aujourd'hui.
04:12Vraiment, je suis inquiet parce que si jamais nous n'arrivons pas à avoir
04:17ce compromis qui nous donnera la possibilité de nous dire
04:21le budget sera voté, vous allez avoir une myriade d'élus locaux comme moi
04:28qui seront dans une situation complexe pour pouvoir se dire
04:32tiens, comment je vais pouvoir voter mon budget ?
04:36Comment je vais pouvoir avoir mes dotations pour pouvoir investir dans des écoles ?
04:41Comment je vais pouvoir construire ma piscine ?
04:43Comment je vais pouvoir avoir, ce matin par exemple,
04:46j'ai discuté avec plusieurs responsables de l'éducation nationale,
04:50cinq ministres ces deux dernières années.
04:54On a des problèmes au niveau des renouvellements des effectifs,
04:57on a des problèmes au niveau des AESH, c'est-à-dire les enfants porteurs d'handicap
05:00au moment où on est en paralympique.
05:03Ça c'est des questions concrètes.
05:05L'augmentation de 200 euros du SMIC, c'est concrètement une évolution
05:10du pouvoir d'achat, concrète, pour une partie de la population.
05:14Ça c'est pour l'agenda et la feuille de route que vous demandez.
05:18C'est que ça qui m'importe.
05:20Il y a aussi quand même, Karim Bouamrane, pardon,
05:22parce que je crois que la question des incarnations compte aussi.
05:25Vous êtes un élu local, maire de la ville de Saint-Ouen,
05:30vous appartenez au Parti Socialiste.
05:33Ce qui était mis en avant quand on évoquait la personnalité de Bernard Cazeneuve,
05:36c'était son expérience ministérielle, d'élu local,
05:39il avait été maire de Cherbourg.
05:41Ce n'est pas faire offense à Thierry Baudet que de constater
05:43qu'il n'a pas ses cordes à son arc.
05:45Est-ce que quand on voit l'état de l'Assemblée,
05:47est-ce que c'est un problème, dans un profil,
05:50d'avoir quelqu'un qui n'est pas un profil politique ?
05:52L'incarnation, la stratégie, le projet.
05:55Aujourd'hui, on est en incapacité de savoir quel sera le projet
05:59et quelle stratégie va être portée pour pouvoir illustrer ce projet.
06:02Et ça a fait depuis 40 jours, on parle d'incarnation
06:05et on voit bien que ça ne fonctionne pas.
06:07Si c'était une histoire de non,
06:09vous pensez vraiment, monsieur Duhamel,
06:11que ça aurait pris 40 jours ?
06:13Donc peu importe que la personnalité soit politique ou pas,
06:16la seule chose qui compte, c'est pourquoi faire ?
06:18Vous savez, sous forme de boutade,
06:20j'avais dit que ce soit Ayanna Kamoura, Zidane ou Olivier Giroud.
06:24Je ne crois pas qu'ils aient été contactés
06:26ou qu'ils soient dans le programme des consultations.
06:28Peu importe, la question c'est comment on réussit à trouver
06:31ce compromis avec toutes les personnes,
06:33et vous l'avez évoqué à juste titre,
06:35les parlementaires, pour nous donner la possibilité
06:37de voter ces mesures.
06:39Parce qu'encore une fois, 1 plus 1 ça fait 2,
06:412 plus 2 ça fait 4.
06:43Et aujourd'hui, le seul bloc majoritaire,
06:46c'est le bloc des Républicains.
06:48Et on peut retourner le problème dans tous les sens,
06:51ça fait depuis 40 jours.
06:53On dit la même chose, si jamais vous ne vous mettez pas,
06:55que ce soit monsieur Baudet, monsieur Cazeneuve,
06:57monsieur Boismerhan, madame Castex,
06:59s'ils ne mettent pas autour de la table
07:01tous les parlementaires en leur disant
07:03ça ne fonctionnera jamais.
07:05C'est une espèce de...
07:07Il faut intégrer la notion de proportionnel.
07:09Regardez ce qui s'est passé en Espagne,
07:11en Allemagne, en Italie.
07:14On est assez loin de cette capacité
07:16à se mettre d'accord.
07:18Vous avez échangé avec Bernard Cazeneuve
07:20depuis le rendez-vous qu'il a eu ce matin
07:22avec le président de la République ?
07:24Vous continuez à y croire ?
07:26Pourquoi je vous pose cette question ?
07:28Parce qu'au fond, quand on interroge notamment
07:30l'entourage du président de la République,
07:32comme frein à la possibilité de nommer celui
07:34que vous appeliez il y a un instant
07:36un homme d'État, il y a ce qui s'est passé
07:38ce week-end à Blois, c'était samedi,
07:40à la tribune, Clémentine Autain,
07:42vous êtes au premier rang, et voilà
07:44ce que disait Clémentine Autain.
07:46L'idée que Bernard Cazeneuve
07:48ou d'autres, Karim Ouamran
07:50ou d'autres, puissent
07:52accepter d'être Premier ministre
07:54dans ces conditions
07:56pour non pas assurer la stabilité
07:58du pays, mais pour assurer la continuité
08:00de la politique d'Emmanuel Macron,
08:02eh bien moi je vous le dis,
08:04ça ce n'est pas acceptable.
08:06Et nous ne l'accepterons pas.
08:08Et vous ne l'accepterez pas.
08:11C'est le parti socialiste
08:13qui a tué l'hypothèse Bernard Cazeneuve.
08:15Le Président de la République en voyant ça, il se dit
08:17de toute façon les socialistes ne suivront jamais,
08:19si jamais je décide de le nommer.
08:21Je ne sais pas si c'est le parti socialiste
08:23qui a tué la candidature de Bernard Cazeneuve.
08:25En tout cas, la sortie de Mme Autain
08:27était inélégante, inappropriée
08:29et irrespectueuse
08:31à l'endroit de M. Cazeneuve et de moi-même.
08:33C'est un élément
08:35qui est significatif
08:37d'une façon de faire de la politique
08:40Pour le coup, M. Duhamel,
08:42ce que je retiens, c'est tous les messages de soutien
08:44que j'ai pu avoir,
08:46socialistes, gens de gauche,
08:48républicains,
08:50qui m'ont témoigné du chaleur au soutien
08:52de façon appuyée, en stigmatisant...
08:54Olivier Faure ?
08:56Sur la scène, il est derrière,
08:58j'allais parler comme un...
09:00Il ne bouge pas.
09:02Olivier Faure,
09:04soit qui ne dit mot consent,
09:06option 1,
09:09probablement, il n'a pas entendu.
09:11Vous croyez à quelle option ?
09:13Les deux options sont ouvertes.
09:15Il ne vous en a pas parlé ? Vous n'êtes pas revenu sur ce qui s'est passé là ?
09:17Non.
09:19J'attendais,
09:21M. Duhamel,
09:23ce que j'attendais de la part de
09:25mon premier secrétaire,
09:27c'est effectivement
09:29qu'il y ait une stigmatisation
09:31et une condamnation
09:33sans ambiguïté
09:35du comportement
09:37de Mme Autain.
09:39Aujourd'hui, faire de la politique,
09:41surtout quand on est au NFP, c'est de la bienveillance,
09:43c'est de la camaraderie,
09:45et c'est un esprit de fraternité, de sororité.
09:47Je n'ai pas cherché à jeter en pâture
09:49un camarade
09:51qui plus est socialiste,
09:53dans une université socialiste,
09:55parce que ça renvoie
09:57aussi à une façon,
09:59à une conception de la politique qui consiste à dire...
10:01D'autant plus que
10:03j'avais clarifié à plusieurs reprises
10:05ma position, et là,
10:07ce qui se passe, c'est un peu comme disait Aristote,
10:09que nul d'entre six n'est pas géomètre.
10:11Si tu as le malheur
10:13de penser légèrement différemment,
10:15alors tu es un ennemi
10:17à la cause progressiste
10:19et de gauche.
10:21Ce n'est pas ma façon de faire de la politique.
10:23Il y a Clémentine Autain qui tient ce discours,
10:25il y a Olivier Faure qui derrière ne bouge pas.
10:27Ceux qui sifflent, qui huent,
10:29ce sont des socialistes.
10:31Est-ce que quand vous voyez ces images-là,
10:33de la même manière sifflée Bernard Cazeneuve,
10:35celui que vous qualifiez d'homme d'État,
10:37qu'est-ce que vous faites encore dans ce parti ?
10:39Serviteur de la République.
10:41Donc, premièrement,
10:43ceux qui sifflent, c'est certains socialistes.
10:45Et ils sifflent, pour être précis,
10:47ils sifflent lorsqu'on dit
10:49toutes celles et ceux qui auront poussé la politique,
10:51de poursuivre la politique de Macron,
10:53seront indignes
10:55du soutien du NFP.
10:57Le soir, quand je me retrouve avec les jeunes
10:59socialistes, c'est des messages
11:01de soutien, c'est des messages
11:03d'encouragement, c'est des messages
11:05de fraternité, c'est des messages
11:07de karime,
11:09cher karime, camarade karime,
11:11on a besoin de camarades comme toi,
11:13qui impulsent un souffle nouveau,
11:15qui nous donnent de l'espoir, qui nous donnent de l'espérance,
11:17qui, de part ce que tu fais
11:19à Saint-Ouen, en termes de santé,
11:21en termes de logement, en termes de sécurité,
11:23en termes de régalien, en termes d'autorité,
11:25tu redonnes de l'espoir,
11:27au même titre que ce que font une bonne partie des camarades
11:29maires, je pense à Nicolas Meyard-Rossignol,
11:31je pense aussi à Carole Delga,
11:33présidente de la région Occitanie, je pense à
11:35Hélène Geoffroy, je pense aussi
11:37à Raphaël Guzman, qui porte aussi,
11:39et qui n'est pas socialiste, qui porte aussi
11:41cette parole, je pense à ce que faisait
11:43ce qu'a fait François Ruffin
11:45dans son FIEF, donc
11:47la gauche, elle est diverse,
11:49mais lorsque vous voyez le comportement
11:51de Clémentine Autain, est-ce qu'elle
11:53l'accepte, la diversité de la gauche,
11:55lorsqu'il y a une nuance de pensée ?
11:57Mais il est complice, Olivier Faure, quand il reste derrière ?
11:59Il faudra lui demander.
12:01Il faudra lui demander. Demandez-lui.
12:03Est-ce que lorsqu'il y a un camarade qui se fait
12:05à tort, invectivé,
12:07est-ce que
12:09rester sans voix, c'est être complice
12:11ou c'est un problème d'audition ?
12:13Je n'en sais rien, il faudra lui poser la question.
12:15Mais j'ai la faiblesse de croire
12:17que les deux options
12:19peuvent rester sur la table.
12:21Sur la question d'audition,
12:23je ne suis pas sûr. Une toute dernière question,
12:25Emmanuel Macron, vous avez votre téléphone ?
12:27Non !
12:29Emmanuel Macron vous a appelé,
12:31et parce que vous êtes dans « Tout le monde veut savoir » sur BFM TV,
12:33vous n'avez pas pu lui répondre.
12:35J'ai trop de respect pour M. Duhamel,
12:37et quand je suis en émission, je ne prends pas mon téléphone.
12:39Et vous continuez d'attendre un coup de fil ?
12:41Vous aviez dit que vous étiez en capacité
12:43d'aller à Matignon. Est-ce que vous vous dites encore
12:45« Si Emmanuel Macron m'appelle,
12:47je suis prêt à
12:49regarder et à travailler précisément
12:51sur cette feuille de route que vous évoquiez tout à l'heure ? »
12:53Est-ce que je suis candidat au poste de Premier ministre ?
12:55La réponse est non. Qui désigne le poste de Premier ministre ?
12:57Le Président de la République.
12:59Si le Président de la République me passe un coup de téléphone
13:01une fois que je serai sorti de BFM
13:03avec le grand, l'éminent M. Duhamel,
13:05ma réaction,
13:07ce sera de voir mon premier secrétaire,
13:09de discuter, et ensuite d'avoir
13:11d'entamer une discussion avec tous les membres du NFP,
13:13comme j'ai toujours fait, en tant que socialiste,
13:15discipliné, et qui porte toujours
13:17le même axe, la même stratégie,
13:19avec la même incarnation, à savoir
13:21« Trouvons le chemin pour sauver le pays
13:23avec les mesures sociales qui s'imposent. »
13:25Merci beaucoup, Karim Bouamran, d'avoir été l'invité.
13:27Si par hasard il vous a appelé, vous revenez en plateau
13:29pour nous le dire.
13:31Merci beaucoup.
13:33Restez avec nous, on fait une toute petite pause
13:35et on continue à parler du feuilleton politique.
13:37Faut-il croire ou non à l'hypothèse ?
13:39Thierry Baudet, restez avec nous.
13:41On se retrouve dans un instant.

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