• il y a 2 mois
La journaliste, Charlotte d'Ornellas, parle de la colère du père de Kamilya :  «Il y a un autre fait de société qui accompagne ces drames, c'est la colère des familles devant la justice».

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Transcription
00:00Oui, il n'aura pas mis longtemps à exprimer sa colère.
00:03C'est à peine quelques heures, la fin de la gare d'Avue,
00:06en réalité, de celui qui conduisait cette moto.
00:08Je crois qu'il y a un autre fait de société.
00:10On parle beaucoup ici du passage du fait divers
00:14au fait de société par les drames qui rythment notre actualité.
00:17Il y a un autre fait de société qui accompagne ces drames,
00:20c'est justement cette colère des familles devant la justice.
00:23Pourquoi ça devient un fait de société ?
00:24Parce que ça interroge la manière dont nous rendons la justice.
00:27Quand tous les gens qui espèrent de la justice
00:30finissent par être en colère,
00:32il y a évidemment une question qui est posée à la société toute entière.
00:36D'autant que, et j'insiste, les familles de ces victimes,
00:40on parle beaucoup de drames,
00:41et il y en a beaucoup dont on ne parle pas.
00:43Et il y a un point commun que tout le monde peut constater,
00:46c'est la dignité de ces familles,
00:49leur silence relatif dans la douleur,
00:51je dis relatif parce que certains s'expriment,
00:53mais de manière générale, c'est extrêmement calme.
00:56Et quand ils parlent, c'est pour participer au débat public,
00:59on n'a pas d'histoire de vengeance,
01:01on n'a pas d'histoire de gens qui se font justice eux-mêmes.
01:03Et quand, par hasard, on a un père qui, pour défendre sa fille,
01:06met une claque, on y passe trois semaines
01:08en expliquant qu'il ne faut pas faire justice soi-même.
01:10Mais quand vous avez autant de familles percutées comme ça
01:13par... Comment dire ?
01:15Par une démarche intentionnelle, c'est pas simplement...
01:19On ne parle pas là de causes naturelles, d'essais.
01:23Et quand vous avez un tel attentisme devant la justice
01:27et une telle colère à chaque fois qu'elle est obligée de s'exprimer,
01:30ça finit par vous prendre un peu aux tripes.
01:32Là, en l'occurrence, le père de Camilla, vous l'avez dit,
01:35il a posté sur les réseaux sociaux,
01:37il donnait les tristes nouvelles concernant sa petite-fille,
01:41et il écrit merci la justice française,
01:43de manière ironique, évidemment.
01:44Et ensuite, quelque chose, à mon avis, encore plus important,
01:47à partir de maintenant, les citoyens qui n'ont pas été arrêtés
01:50en flagrant délit savent qu'ils peuvent rouler comme ils veulent,
01:53faire des fous sur la route, tuer.
01:55Aucun respect pour notre fille ni pour nous-mêmes.
01:58Et évidemment, il dit ça, parce qu'en flagrant délit,
02:00vous risquez la comparution immédiate,
02:02et que là, il a été, en l'occurrence,
02:04relâché par le juge des libertés et de la détention
02:07en attendant son procès.
02:09Il est sous contrôle judiciaire strict, nous dit-on,
02:11donc il doit pointer probablement tous les jours.
02:13Il ne doit pas pouvoir sortir d'un périmètre donné,
02:15mais il dort à la maison.
02:18Voilà, il a dormi à la maison.
02:20Alors évidemment, quand on lit cette phrase du père,
02:22on ne peut pas ne pas penser, quelques jours après,
02:24à Harmonie Comine, qui parlait, elle également, aussi,
02:28du laxisme, qui ne comprenait pas,
02:30et alors elle, elle accusait la France
02:33et la manière dont elle conçoit la justice
02:35d'avoir tué son mari.
02:37Là, en l'occurrence, c'est celui qui était sur le scooter,
02:40où la moto n'avait aucun casier judiciaire,
02:43il n'était connu d'absolument personne,
02:44mais c'est au moment où il percute cette petite fille
02:47en faisant une roue arrière, ce qui est interdit,
02:50en remontant à une grande vitesse une rue,
02:52qui n'est évidemment pas faite pour ça,
02:54il interroge sur le fait qu'il soit laissé libre.
02:57Et il faut reconnaître une autre qualité à ces familles, souvent,
03:01c'est qu'elles s'engagent, elles prennent la parole,
03:04il y en a beaucoup qui montent des associations,
03:05qu'elles soient locales ou nationales,
03:07elles essayent de prendre la parole dans le débat
03:08pour que ça change, et pour que ça change pour les autres.
03:12Parce qu'en l'occurrence, ce papa, son cas, entre guillemets,
03:15est déjà, malheureusement,
03:18réglé, c'est très familier pour dire ce qui lui arrive.
03:21Mais ce que je veux dire, c'est qu'il s'engage aussi pour les autres
03:24et pour que ça évolue, pour que ça n'arrive plus.
03:27C'est un engagement qui est quand même gratuit
03:28par rapport au drame qui leur arrive
03:30et qui mérite, lui aussi, d'être écouté.
03:32L'objet de sa colère, je vous le disais,
03:34c'est que le conducteur a été relâché sous contrôle judiciaire.
03:38Alors, il est chez lui en attendant l'appel du parquet,
03:41qui avait réclamé sa mise en détention provisoire.
03:45Alors, il y a deux choses dans cette décision.
03:46Un, l'incompréhension populaire que représente ce père,
03:50qui pressent, en fait, la gravité de l'acte
03:53et la décision qui n'est pas conforme
03:55à la gravité de l'acte qui vient de se passer.
03:58Et la deuxième chose que je remarque quand même systématiquement,
04:01c'est que la justice ne communique pas sur les décisions qu'elle prend.
04:04Je ne dis pas simplement communiquer pour communiquer,
04:06mais ça veut dire assumer publiquement la décision qui est prise.
04:10Et le cas échéant, puisqu'on nous explique en permanence
04:12que ces décisions sont légitimes,
04:13eh bien, expliquer quel est le ressort de cette légitimité.
04:17Et parfois, vous le savez, la détention provisoire...
04:18Par exemple, là, on a un casier totalement vierge
04:21et un jeune qui n'est absolument pas connu.
04:22Ça peut jouer sur la question de la détention provisoire.
04:26Précisons toutefois que la détention provisoire,
04:28évidemment, ensuite est déduite de la peine qui est prononcée.
04:30Il ne s'agit pas, évidemment, d'une remise en liberté pour toujours.
04:33Il y aura un procès et il aura évidemment une peine, cet homme-là.
04:36Il sera...

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