«Pour un fabricant de jouets, produire l'emblème des jeux de son pays, c'est le Graal», explique Alain Joly

  • il y a 2 semaines

Alain Joly président de la manufacture "Doudou et compagnie" était l'invité de "La France Bouge" ce mardi sur Europe 1. Il est revenu sur le succès des ventes de la mascotte des Jeux de Paris 2024 et de la production de ces peluches fabriquées en partie dans son usine en Bretagne.
Retrouvez "La France bouge" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-france-bouge2

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00:00Ça fera 50 ans l'année prochaine que je pratique ce métier et c'est vrai que j'ai vu...
00:06Oui parce que très jeune, à l'âge de 20 ans, vous vous êtes mis à fabriquer, vous aviez eu envie de fabriquer des jouets en peluches.
00:12Oui tout à fait, à l'époque il y avait, je vous parle d'un temps, où il y avait de l'industrie en France
00:19et quand j'ai démarré, il y avait une cinquantaine d'entreprises qui fabriquaient des jouets en peluches,
00:27on n'appelait pas ça le doudou encore, mais qui fabriquaient des... il y avait une véritable industrie du jouet.
00:32Mais c'est important ce que vous nous dites Alain Joly, vous parlez d'une véritable industrie du jouet.
00:36Vous, la mascotte, vous c'est la mascotte des Jeux Olympiques, vous êtes l'emblème de cette relocalisation,
00:43réindustrialisation française, puisque tout est fabriqué en Bretagne.
00:48Alors il y a une partie des mascottes qui sont fabriquées en Bretagne, une partie des mascottes qui sont fabriquées en Asie.
00:56Un produit mascotte, un produit peluche, c'est une heure de travail pour une manufacture, c'est-à-dire qu'il y a dix opérations
01:04et évidemment beaucoup, beaucoup de valeurs ajoutées, beaucoup de main-d'oeuvre.
01:07On est moins dans la technologie, plus dans le bien manufacturé.
01:13Dans le bien, dans le savoir-faire.
01:15Dans le savoir-faire de cette peluche.
01:17Vous allez nous pitcher, vous aussi, cette mascotte, vous allez nous la décrire, pour Paris 2024, pendant une petite minute,
01:23et on se retrouve juste après. Vous êtes prêts ?
01:25Je suis prêt.
01:26C'est à vous.
01:28Alors le groupe Doudou et compagnie, c'est un peu plus d'une centaine de collaborateurs.
01:33C'est un savoir-faire unique, car on détient la recherche, le développement, la modélisation des produits,
01:40et la fabrication, avec deux usines, une usine en Asie, qui nous permet de faire des produits abordables,
01:48et une usine en France, pour faire de l'excellence, des produits de savoir-faire,
01:53et c'est pour cette raison que nous avons été choisis pour fabriquer la mascotte des Jeux Olympiques et Paralympiques.
02:01Bravo, merci Alain Joly, président de Doudou et compagnie.
02:05Comment ça s'est passé ? Je vous pose la même question que Jérôme Giacomoni, président du groupe Aérophiles,
02:10et à Jean-Luc Constanza, cofondateur de Wondercraft, ce soir sur Europe 1.
02:13Vous, vous avez répondu à un appel d'œuvre.
02:15Comment ça s'est passé ? Comment on se retrouve, du jour au lendemain, à se dire, je vais fabriquer la mascotte de Paris 2024 ?
02:22Alors, ça fait partie de beaucoup de techniques et beaucoup de rêves.
02:27C'est votre point commun à tous.
02:30J'ai toujours rêvé d'exception pour mon entreprise, pour mon groupe,
02:36et clairement, j'ai toujours rêvé de fabriquer la mascotte des Jeux, si les Jeux étaient à Paris.
02:42C'était un objectif depuis longtemps ?
02:44Depuis des années.
02:45Ah, c'est extraordinaire !
02:47La mascotte des Jeux, c'est le...
02:49Alors, il faut savoir que la mascotte est le produit dérivé le plus diffusé.
02:55Il y aura plus de 2,5 millions de mascottes de diffusées pendant les Jeux de Paris.
02:59On est dans une très bonne moyenne.
03:01On a été beaucoup aidé par l'explosion de ces Jeux et la sympathie que cette mascotte transpire.
03:12Mais c'est le produit dérivé le plus vendu, le plus distribué.
03:20Donc, pour un fabricant de jouets,
03:24clairement, fabriquer l'emblème des Jeux de son pays, c'est le Graal.
03:30Donc, on vous présente un dossier.
03:32Qui vient vous voir ? Il y a un appel d'offres ?
03:34Alors, il y a un appel d'offres.
03:35On a répondu à deux appels d'offres.
03:37Il y avait deux appels d'offres.
03:38Il y a un appel d'offres pour la création de la mascotte.
03:41Donc là, on lance nos 15 designers et on leur dit, voilà, allez-y.
03:45Donc, les designers, parmi ce qu'on vous a proposé, il y avait ça.
03:50Non, non, les designers design.
03:52Il y a un appel d'offres pour dire comment vous voyez la mascotte des Jeux de Paris.
03:57Et ça, c'était en cours de l'année 2021.
04:00Donc, ça fait plus de trois ans.
04:02On répond, on n'est pas retenu.
04:05C'est un bureau parisien qui a retenu,
04:07qui a la bonne idée et qui crée le produit.
04:12Et après, il y a un deuxième appel d'offres
04:14pour savoir qui va fabriquer cette mascotte.
04:18Et là, évidemment, on se bat, on répond.
04:20On concourt.
04:22C'est un très gros dossier.
04:24Plusieurs mois d'élaboration du dossier.
04:27Il faut...
04:29Il y avait des contraintes vraiment compliquées ?
04:31Extrêmement compliquées.
04:33Une qui vous a vraiment marqué ?
04:35Tout était compliqué.
04:36Tout était compliqué.
04:37Mais je crois qu'on l'a tous ressenti.
04:39Tout était compliqué.
04:41On est en aveugle.
04:43On ne connaît pas le produit qu'on va fabriquer.
04:45Puisque tout est secret.
04:48Tout est sous embargo.
04:50Donc, on n'a pas de...
04:52En aveugle, on crée le dossier.
04:56C'est un mémoire important.
04:58Et on coche une case pour le groupe Doudou et compagnie.
05:01C'est la volonté du comité olympique
05:03d'avoir des PME françaises comme partenaires
05:07et surtout d'avoir une PME qui est capable de fabriquer la mascotte en France.
05:12Et ça, ça tombe bien parce que deux ans auparavant,
05:15vous avez repris un petit atelier en Bretagne
05:18que vous ne vouliez pas voir mourir.
05:20Et c'est ça qui vous a porté, entre guillemets, qui vous a aussi porté chance.
05:23Alors, ça a été un levier énorme, extraordinaire.
05:27Il y avait effectivement ce petit atelier qui détenait le savoir-faire,
05:31qui était un atelier artisanal.
05:33On avait, nous, la volonté de relocaliser une partie de notre production.
05:39C'est une volonté du groupe pour détenir l'intégralité de ce savoir-faire,
05:45pour faire progresser notre modèle économique.
05:49Et bien sûr, cet atelier n'avait pas la taille, la dimension pour la mascotte,
05:55mais on avait de toute manière prévu, nous, de gros investissements
05:58pour réindustrialiser la fabrication qui serait faite en France.
06:02Et la mascotte, ça a été le levier.
06:05Et ça vous a permis, en plus, de recruter.
06:07Alors, on a recruté, on a formé.
06:09Vous êtes extraordinaire, rendez compte.
06:10Mais on est toujours en recrutement,
06:12parce qu'il n'y aura pas, pour nous, Gio Blues, ni de Trou d'Air.
06:18On a en interne une école de formation,
06:22on est en train d'ouvrir une nouvelle option formation
06:26pour la modélisation des produits.
06:28Enfin, le projet mascotte est un projet à tiroir.
06:33Elle raconte quoi, cette mascotte, pour terminer avec vous, Alain Joly ?
06:37Elle raconte quoi ? Pourquoi cette forme ?
06:39Que dit-elle ?
06:41Alors, elle a un peu surpris au départ.
06:43Oui, c'est vrai, on s'en souvient.
06:44On se souvient des politiques...
06:45Qu'est-ce que ça a critiqué, on peut l'affirmer ?
06:47Bon, nous, ça ne nous a pas plus bousculé que cela,
06:54puisque c'est un mal un peu français,
06:57et je dois dire qu'on a continué notre route.
07:02Comme chacun d'entre vous, jusqu'au comité olympique.
07:05C'est pour ça qu'on a eu aussi une si belle surprise.
07:08Tout à fait, tout était cadré,
07:11et il y avait une volonté de Tony Estanguet, de ses équipes.
07:18On avait avec nous toute l'équipe artistique du comité olympique.
07:23Il a fallu modéliser cette mascotte.
07:25Qu'est-ce qu'elle raconte ?
07:27L'histoire, elle s'est bâtie dans les trois dimensions
07:30qu'on a données à cette mascotte,
07:32puisque la mascotte, c'était un dessin au départ.
07:34Donc, il n'y avait pas de volume.
07:37Pour donner un volume à cette mascotte,
07:39ça a été huit mois de recherche, de développement, de prototypage.
07:43Pour la modéliser ?
07:45Pour la modéliser, il y a une personne...
07:47Il y a une personne qui arrivait avec la forme ?
07:49Personne n'est arrivé avec la forme.
07:51On nous a donné un dessin,
07:53et on nous a dit, voilà, maintenant, il faut imaginer le volume de ce dessin.
07:57Donc, c'est complexe.
08:00On ne sait pas si la vasque va perdurer.
08:02Est-ce que vous allez continuer à fabriquer des mascottes
08:05après les JO, dans les mois, les prochaines années ?
08:08Alors, c'est la troisième très bonne question.
08:10Nous continuerons à fabriquer des mascottes.
08:13Nous sommes en train de conclure...
08:16Une chose très particulière pour cette mascotte,
08:19c'est que le contrat de licence sortait des frontières du pays organisateur.
08:25Pour la première fois, on a demandé une faveur...
08:28Donc, elle est vendue à l'étranger.
08:30Elle est vendue à l'étranger.
08:31Et on peut le dire aujourd'hui,
08:33puisque pratiquement les JO se terminent,
08:36on a vendu 120 000 mascottes en Chine.
08:38Et ça, moi, je trouve ça juste extraordinaire
08:41pour une PME française,
08:43mais surtout pour les JO,
08:45d'aller porter l'image de la France,
08:48l'image de ce bonnet, de cette mascotte,
08:51de ces mascottes,
08:53parce qu'il faut vendre de la mascotte paralympique en Chine,
08:56d'aller la porter sur un marché qui est quand même...
09:00Qui normalement, c'est l'inverse.

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