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Matignon : vers une alliance Ensemble-LR ? Le futur Premier ministre pourra t-il toucher à la réforme des retraites ? Autour de Salhia Brakhlia et de Renaud Dély, les informés débattent de l'actualité du mercredi 4 septembre

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Transcription
00:00Les informés jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur le canal 27 de la TNT France Info Télé.
00:13Bonjour Renaud Delis.
00:14Bonjour Salia.
00:14Et bonjour à nos informés du jour, Julie-Marie Lecomte, chef du service politique de France Info.
00:18Bonjour à tous.
00:19Et François-Xavier Bourmont, journaliste à l'Opinion.
00:21Bonjour François-Xavier.
00:22Bonjour Salia.
00:23Renaud Delis, on commence tout de suite parce que ça fait 50 jours.
00:25Et oui, comme le temps passe, Salia, 50 jours, 50 jours sans Premier ministre de plein exercice
00:30et les hypothèses qui continuent de tourner à l'Élysée.
00:34Emmanuel Macron hier en a avancé une nouvelle, en l'occurrence l'idée de conclure une alliance,
00:40un accord entre le Bloc central et les Républicains pour promouvoir à Matignon peut-être un Premier ministre
00:45issu de la droite, donc un Premier ministre de droite, en l'occurrence Xavier Bertrand
00:49dont la cote a successivement grimpé puis rebaissé dans la journée.
00:53Pourquoi un Premier ministre de droite ?
00:54Est-ce qu'effectivement ce sera une solution, une issue à la crise politique ?
00:58Voici ce qu'en disait hier soir chez nos confrères de France 5,
01:01Jean-François Copé, l'ancien patron du parti précisément et aujourd'hui maire LR de Meaux.
01:08Il faut quelqu'un de très politique, de très expérimenté et de mon point de vue,
01:12il vaut mieux quelqu'un de droite pour répondre à ses attentes immédiates en matière de sécurité.
01:16On ne peut pas pleurer toute la journée en craignant l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir
01:19et de l'autre ne pas voir qu'aujourd'hui le sujet numéro un c'est la sécurité partout
01:23et la question évidemment des finances publiques.
01:25Une fois n'est pas coutume d'ailleurs, en l'occurrence Jean-François Copé se retrouve sur la même ligne
01:29que Nicolas Sarkozy qui répète depuis des jours, des semaines voire des mois
01:33que la France n'a jamais été aussi à droite, dit-il.
01:35Dans ce contexte d'ailleurs, un autre responsable politique de droite sort du bois
01:39mais lui déjà pour la présidentielle puisque Édouard Philippe a annoncé,
01:44a officialisé sa candidature dans un entretien à l'hebdomadaire Le Point pour 2027 ou avant
01:51en cas de présidentielle anticipée, dit-il, comme s'il voulait en quelque sorte se poser
01:55en leader potentiel de cette alliance entre le Bloc central et la droite.
01:58Bref, est-ce que la droite peut être une solution à la crise ?
02:02Rappelons que le Rassemblement national a déjà fait savoir hier qu'il censurerait un éventuel gouvernement Bertrand.
02:08Oui, là on est sur une hypothèse Bertrand mais on peut rappeler,
02:10on peut prendre des précautions et dire que ça change tous les jours
02:14mais à l'heure où on parle, c'est l'hypothèse Bertrand.
02:17Non, non, non, non, non, non, parce que l'hypothèse Bertrand elle est testée par l'Élysée
02:27tout comme l'hypothèse Cazeneuve et d'ailleurs il faut faire attention aux mots.
02:31Quand l'Élysée dit on teste les deux profils, ça ne veut pas dire qu'à la fin on en choisit un des deux.
02:39Tester les deux profils, ça peut très bien être pour y renoncer dans les deux cas.
02:45L'hypothèse Bertrand, elle présente un problème majeur d'un point de vue arithmétique.
02:52C'est que contrairement visiblement à ce que Xavier Bertrand a essayé de distiller dans la journée d'hier,
02:59il n'a absolument pas le soutien même tacite du Rassemblement national.
03:04C'est-à-dire que le Rassemblement national le censurait immédiatement
03:08et les socialistes le censuraient également, ce qui est moins le cas pour Bernard Cazeneuve
03:15qui lui dans ce groupe socialiste garde une marge de manœuvre.
03:19Donc d'un point de vue arithmétique bête et méchant,
03:23Xavier Bertrand a moins de chances que Bernard Cazeneuve de pouvoir se maintenir un peu durablement à Métignan.
03:29Donc les deux options restent sur la table, François-Xavier Bourbeau, en attendant la troisième.
03:34Oui, l'hypothèse Xavier Bertrand effectivement c'est pour répondre à cette idée,
03:37notamment les extraits que vous diffusiez tout à l'heure selon lesquels la France serait à droite.
03:41Mais en réalité la France ne sait pas trop où elle habite
03:43parce que c'est les élections législatives qui permettent de déterminer de quel côté poche la France.
03:48Qu'est-ce qu'elles ont dit ces élections ?
03:49On sait ce que la France n'est pas.
03:50Première chose, elle n'est pas d'extrême droite, elle n'est pas du Rassemblement national.
03:53Pour le reste, elle ne sait pas où elle est.
03:55Qu'est-ce qu'on voit ?
03:56Il y a bien une majorité qui est possible à l'Assemblée nationale.
03:58Il suffirait, quand on agrège les républicains, le bloc majoritaire et les socialistes, ça fait une majorité.
04:06Le problème, c'est que ça ne coagule pas.
04:08Ça correspond à cette idée de la coalition qu'Emmanuel Macron a appelée de ses voeux pour diriger le pays.
04:12Ça correspond aussi, c'est l'ultime étape du dépassement politique d'Emmanuel Macron,
04:15c'est-à-dire la fusion de la droite républicaine et de la gauche sociale démocrate
04:19dans un espèce de méta-centre qui s'opposerait au Rassemblement national.
04:24Ça ne coagule pas, ça ne fonctionne pas.
04:26Donc le crash test du dépassement politique, pour l'instant, il est raté.
04:29Ça ne marche pas.
04:31D'où le blocage qu'on observe en ce moment.
04:34Et pour Emmanuel Macron, ce qui se profile, c'est le retour au clivage droite-gauche.
04:40On entend déjà des voix, notamment Jean-François Copé, qui regrette cette époque bénie pour la droite et la gauche,
04:47où il y avait deux camps clairement identifiés, avec des extrêmes qui étaient tenus en laisse sur les marges de l'hémicycle.
04:55Et c'est ça qui se joue en ce moment.
05:00Mais là, c'est plus compliqué avec un Rassemblement national qui est beaucoup plus fort.
05:03Oui, c'est plus compliqué, mais je termine juste sur cette histoire de clivage droite-gauche.
05:09Ça ne peut pas se remettre en place parce qu'il y a Emmanuel Macron qui est au centre du jeu
05:14et qui, malgré tout, continue à faire tenir cet édifice du dépassement.
05:18Qu'est-ce qu'on observe en ce moment ?
05:20Il y a la question de la démission du chef de l'État qui est de plus en plus posée.
05:25Premièrement, par la France insoumise qui dépose une motion de destitution.
05:30Deuxièmement, par Éric Ciotti qui a évoqué l'idée encore ce matin chez un de vos confrères.
05:35Et puis, de façon détournée, par Édouard Philippe qui se prépare pour 2027
05:38en expliquant qu'il est prêt s'il l'échéance intervenait avant.
05:41Donc, au bout du bout, on voit bien que derrière ce blocage de l'Assemblée nationale,
05:46il y a l'idée de la recréation d'un clivage droite-gauche
05:49et de la fin de cette forme de macronisme qui était le dépassement politique.
05:52Ce qui est vrai, c'est qu'effectivement, à force de tourner en rond depuis 50 jours,
05:55le risque que prend Emmanuel Macron, c'est que la pression se retourne sur lui,
05:59sur l'Élysée en l'occurrence, et c'est en train de se produire comme le disait François-Xavier Bombeau.
06:03Ce qu'il protège là aussi, ce sont deux choses.
06:05D'abord, c'est qu'une démission du chef de l'État ou une présidentielle anticipée
06:08dans les semaines ou dans les mois qui viennent ne changera rien au blocage politique
06:11puisque de toute façon, il ne peut pas y avoir de nouvelle dissolution
06:14de l'Assemblée nationale avant le mois de juin prochain.
06:15Donc, ça veut dire qu'un nouveau ou une nouvelle présidente de la République
06:18se retrouvera exactement avec la même Assemblée nationale
06:20et donc probablement la même difficulté pour composer un gouvernement.
06:23Et puis l'autre « protection », c'est évidemment la menace du RN,
06:27la menace d'une présidentielle anticipée qui servirait très probablement
06:31Marine Le Pen à l'automne ou à la fin de l'année.
06:33Donc ça, on peut imaginer que les autres formations politiques n'en ont pas envie,
06:37en tout cas pas avant juin prochain et la possibilité à nouveau de pouvoir dissoudre.
06:41Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'Emmanuel Macron ne veut pas se résoudre
06:44dans son attitude à une situation qui pourtant apparaît clairement jour après jour,
06:50c'est-à-dire qu'il n'a plus la main.
06:52Donc, il lui conserve effectivement ce pouvoir de nomination
06:54qu'il n'arrive pas à utiliser, mais il lui reste un deux-trèfle en quelque sorte.
07:00Et si toutes les hypothèses sont mises en avant par l'Élysée jour après jour,
07:06un premier ministre technique, un premier ministre issu de la gauche,
07:08un premier ministre issu de la droite, etc.
07:09et que ça continue et que ça n'en finit plus,
07:11c'est parce que je pense que du côté du chef de l'État,
07:14il y a la volonté de prendre à témoin l'opinion en disant en quelque sorte
07:16« ce n'est pas de ma faute, ce n'est pas de ma faute, regardez,
07:20ce sont eux, ce sont les responsables politiques
07:22qui ne sont pas à la hauteur de la situation
07:23et qui ne sont pas capables de s'entendre un minimum,
07:25au moins de prendre l'engagement de ne pas voter la censure
07:28pour faire tomber tel ou tel, au regard de la situation politique,
07:31c'est eux qui sont inconséquents et irresponsables.
07:33Ça, je pense que c'est la logique d'Emmanuel Macron.
07:35Le problème, et là on revient à l'origine de cette crise,
07:39c'est que l'opinion, et pas seulement d'ailleurs,
07:41les responsables politiques aussi,
07:42n'ont toujours pas compris ce qui a déclenché cette crise politique,
07:46c'est-à-dire la décision de dissoudre l'Assemblée nationale
07:49sur comment démontrer que ce sont les autres qui sont irresponsables,
07:52c'est ce qu'essaye de faire le chef de l'État,
07:54quand on a soi-même, à l'origine de cette crise,
07:56pris une décision considérée par beaucoup comme irresponsable. »
08:00– Julie-Marie Lecomte, vous qui avez souvent
08:01les conseillers du Président au téléphone,
08:03ils se rendent compte de ça ?
08:04De ce que vient de dire Renaud Delis ?
08:06– Ils sont dans la même logique qu'Emmanuel Macron,
08:13la dissolution était nécessaire, le chef de l'État le répète
08:16à tous ses interlocuteurs, encore lors de son dernier déplacement en Serbie,
08:22mais justement, je pense que tout est du point de vue d'Emmanuel Macron,
08:27dans ce qu'il a dit lors de sa conférence de presse en Serbie,
08:30moi je fais tous les efforts, je fais tous les efforts,
08:35et c'est ce que montre ce nouveau tour de table extrêmement poussif,
08:41d'ailleurs hier, parce qu'Emmanuel Macron en est quand même arrivé
08:46à un point où il tente de joindre les insoumis,
08:50et les insoumis, ils lui disent « non, écoutez,
08:52on ne va pas vous prendre au téléphone ».
08:55Pour un Président qui est dans une démarche de préserver la fonction,
09:05là, on en arrive quand même à une situation quelque peu embarrassante,
09:12et je suis d'accord avec François-Xavier et avec Renaud,
09:18l'interview d'Édouard Philippe est extrêmement préoccupante pour Emmanuel Macron,
09:24parce que ce que son ancien Premier ministre dit en sous-texte dans cette interview,
09:30en disant « je serai candidat à la prochaine élection présidentielle,
09:34pas à l'élection présidentielle de 2027 »,
09:38c'est qu'Emmanuel Macron ne va pas trouver de solution pour Matignon,
09:42ne va pas être capable d'assurer la stabilité,
09:45et ne pas trouver de Premier ministre, c'est ne pas trouver de fusible,
09:48donc le prochain fusible, c'est lui.
09:50Et Édouard Philippe, il formalise ce qui est l'angoisse
09:56de ceux qui restent proches du Président de la République,
10:00parce qu'ils le disent, s'ils ne trouvent pas de Premier ministre,
10:04le prochain fusible, c'est lui.
10:06Emmanuel Macron, Édouard Philippe, il formalise cette angoisse-là,
10:11il la rend concrète et puis surtout, il l'installe dans l'opinion publique.
10:15Pour que ça devienne acceptable, dans un instant,
10:17on va évoquer la ligne rouge d'Emmanuel Macron, c'est la réforme des retraites.
10:21La gauche, l'ERN veulent l'abroger.
10:24On en parle dans un instant, juste après le Fil info de 9h16 avec Maureen Suniard.
10:29Une revalorisation des pensions d'un peu plus de 50 euros en moyenne,
10:33un an après la mise en place de la dernière réforme des retraites.
10:36La Caisse nationale d'assurance vieillesse annonce que 850 000 retraités
10:40verront leurs pensions revalorisées à la fin du mois.
10:43Des personnes payées au SMIC pendant toute leur carrière.
10:45Ils vont aussi percevoir environ 600 euros, un rattrapage pour l'année passée.
10:502024 devient l'année la plus meurtrière dans la Manche.
10:53Une embarcation avec plus de 60 passagers à bord s'est disloquée hier.
10:57Au moins 12 personnes sont mortes, des migrants qui tentaient de rejoindre l'Angleterre
11:02Pour mettre un terme à ces départs, le ministre de l'Intérieur démissionnaire
11:05demande un accord entre la Grande-Bretagne et l'Union Européenne.
11:08Volodymyr Zelensky dénonce des frappes terroristes russes.
11:11Des bombardements ont touché le Vivre dans l'ouest de l'Ukraine.
11:15On compte au moins 7 morts.
11:16Et cela après l'attaque hier contre Poltava.
11:2051 personnes ont été tuées au total.
11:22Ça y est, l'équipe de France paralympique a fait mieux qu'à Tokyo.
11:25Elle décroche plus de titres qu'il y a 3 ans, 12 titres au total.
11:29Mais là, c'est grâce au cycliste Alexandre Léauté qui vient de gagner sa course
11:33un contre la montre individuel.
11:47Et les informés continuent avec Julie Marie Lecompte,
11:49chef du service politique de France Info,
11:51avec François-Xavier Bourmeau, journaliste à l'Opinion
11:54et Renaud Delis au cœur des négociations avec les partis politiques
11:56liées à la réforme des retraites.
11:58Oui, une réforme emblématique du début de ce deuxième mandat,
12:01rappelons-le, adopté au printemps 2023,
12:03dans un contexte politique et social effervescent.
12:05Un long mouvement d'hostilité de l'opinion, de nombreuses manifestations.
12:10Un texte adopté au forceps par l'intermédiaire de l'article 49.3.
12:15Aujourd'hui, la gauche, le nouveau Front populaire,
12:17s'éclaire, réclame l'abrogation de la réforme des retraites.
12:21Ce sujet a d'ailleurs été abordé par Emmanuel Macron
12:23avec un certain nombre de ses interlocuteurs,
12:25de ses fameux noms qu'il teste, de ses fameux visiteurs.
12:30Visiblement, du côté de l'Elysée et de la majorité présidentielle
12:34de l'ancienne majorité parlementaire,
12:35on est prêt à des aménagements, à des ajustements,
12:38mais pas touche au cœur emblématique de cette réforme,
12:42c'est-à-dire le report de l'âge de départ en retraite à 64 ans.
12:45Or, c'est précisément ce que réclament d'abord
12:48nombre d'opposants politiques et aussi la patronne de la CFDT,
12:53la secrétaire générale de la CFDT Marie-Lise Léon.
12:55Rappelons que la CFDT était en pointe dans ce mouvement
12:58et Marie-Lise Léon était votre invitée il y a quelques minutes.
13:01Il doit approcher la question de l'âge légal.
13:03C'est ce qu'il y a de plus injuste dans une réforme des retraites,
13:07c'est de bouger le curseur et de faire reposer
13:11des enjeux de solidarité et de justice sociale
13:13sur ceux qui n'ont pas la possibilité de travailler jusqu'à 64 ans.
13:16Les 64 ans, c'est la ligne rouge absolue,
13:20c'est l'élément central d'une réforme profondément injuste.
13:25Donc, s'il n'y a pas de bouger sur les 64 ans,
13:28ce n'est même pas la peine d'en parler.
13:29La ligne rouge 64 ans, c'est clair pour Marie-Lise Léon
13:33au nom de la CFDT, c'est aussi clair pour la gauche
13:36et le Nouveau Front Populaire.
13:37Est-ce que ça ferme la porte à la nomination,
13:40par exemple, de Bernard Cazeneuve ?
13:42On sait que c'est d'ailleurs au cœur des discussions.
13:44Ou est-ce qu'un gel de la réforme ou un certain nombre d'ajustements
13:47portant sur l'emploi des seniors ou les carrières longues
13:50pourraient suffire ?
13:51En tout cas, quelles sont les concessions qui sont prêtes
13:53à être faites du côté de l'exécutif ?
13:55Et est-ce que celles-ci peuvent participer
13:57d'une issue à la crise politique ?
13:59François-Xavier ?
14:01C'est peut-être un peu contre-intuitif,
14:03mais peut-être que la réforme des retraites,
14:04c'est justement le moyen pour Emmanuel Macron
14:06de se sortir de cette crise-là.
14:09On voit là se mettre en place en ce moment
14:11les termes d'un débat qui est ultra balisé.
14:13On en a parlé pendant un an et demi, deux ans,
14:15après cette réforme des retraites.
14:18Tous les critères sont en place.
14:19Alors, il y a l'âge de départ,
14:20il y a le montant des pensions,
14:21il y a le montant des cotisations.
14:22C'est-à-dire, les positions sont figées.
14:23Tout le monde sait tout de tout le monde.
14:25Et Emmanuel Macron, il a moyen d'enjamber
14:27cette réforme des retraites en revenant à sa réforme initiale,
14:29qui était celle d'une réforme par points,
14:32une réforme des retraites universelle.
14:34Le sujet n'est pas encore revenu, mais déjà...
14:37Et là, la CFDT est épours.
14:38Et la CFDT est épours.
14:39Et Marie-Elise Léon le redisait, justement.
14:42En remettant en place la réforme des retraites universelles,
14:44là, les positions ne sont pas connues.
14:47Le terrain a été balisé techniquement,
14:49mais les positions politiques ne sont pas connues
14:51puisque le débat ne s'est pas engagé.
14:53Ça a été abandonné pendant le premier quinquennat.
14:55Et le débat reste à faire.
14:57C'est peut-être le moyen pour Emmanuel Macron
15:00de reprendre la main sur le débat politique
15:04en imposant à son prochain Premier ministre
15:07de prendre ce dossier-là en main.
15:08Et puis, c'est surtout pour lui la façon de mener un combat inachevé,
15:12puisque c'était la mesure phare de son premier quinquennat.
15:15— C'était sa première idée, la réforme des retraites à points.
15:17On entend des proches du chef de l'État, comme François Bayrou,
15:20parler d'aménagements possibles, justement,
15:22pour permettre à la gauche, surtout, d'accepter d'arriver à Matignon
15:28en gardant cette réforme des retraites.
15:30Ça peut marcher ?
15:31— En tout cas, ça coche la case de cette volonté d'Emmanuel Macron,
15:39même si on peut y revenir,
15:41parce qu'elle est quand même contestable.
15:43Mais en tout cas, de faire en sorte que, dans cette nouvelle donne politique,
15:48ce qu'il a fait ne soit pas détricoté.
15:52C'est quasiment une obsession, même si c'est une lecture très politique
15:56du moment qu'on vit, parce que, finalement,
16:00il y a tout un tas de manières de présenter le paysage politique aujourd'hui.
16:04Mais enfin, il y a quand même, finalement,
16:07deux tiers de l'hémicycle qui n'est pas macroniste.
16:11Donc ça impose quand même de changer de pied.
16:16Mais effectivement, le retour à la réforme par points,
16:19dans un contexte économique et puis dans un contexte
16:24où également, probablement, l'opinion publique a mûri,
16:27a maturé sur ce point-là par rapport à l'avant-Covid,
16:32oui, le retour de la réforme par points permettrait une sortie vers le haut.
16:37Cette hypothèse-là, elle est avancée notamment par un député macroniste
16:41proche du chef de l'État, qui est Marc Ferracci, spécialiste des questions sociales,
16:44qui dit qu'effectivement, on pourrait exhumer cette idée d'une retraite universelle,
16:47la fameuse retraite par points, portée notamment par la CFDT.
16:51Il faut souvenir qu'à l'époque, d'ailleurs, c'était effectivement
16:54le projet originel d'Emmanuel Macron, qui a été aussi en partie détricoté,
17:00enfin, en tout cas, changé par Édouard Philippe.
17:02C'est Édouard Philippe qui a introduit la question de l'âge pivot en 2019
17:06et c'est ça qui, d'ailleurs, a fait dérailler en quelque sorte la réforme
17:10avant que le Covid vienne y mettre un terme,
17:12a fait dérailler la réforme et a justement fait basculer la CFDT
17:15dans l'opposition au texte, dès lors qu'il y avait à l'époque
17:19l'introduction de cet âge pivot qui était de fait déjà une façon, en tout cas,
17:23de préparer le report de l'âge légal du départ en retraite.
17:26Ce qui est très compliqué avec le système universel dit de retraite par points,
17:30c'est qu'il faut recommencer les négociations sur un système
17:33qui semblait assez complexe à mettre en œuvre.
17:35Donc, ça veut dire qu'il faut rouvrir un processus de discussion,
17:37de négociation qui va prendre peut-être des semaines ou des mois à nouveau.
17:40L'autre difficulté, c'est effectivement la droite, c'est-à-dire que du côté de la droite,
17:43a priori, et notamment Édouard Philippe, ce n'est pas sa tasse de thé, si j'ose dire.
17:48L'intérêt qu'elle peut avoir, c'est qu'il y a une ligne rouge aussi
17:51qui est posée par l'exécutif, et pas seulement au regard de la dégradation
17:54des finances publiques en général, c'est que l'exécutif veut rester
18:01dans la trajectoire budgétaire qui a été posée par la dernière réforme,
18:04c'est-à-dire le retour à l'équilibre de notre système de retraite à l'horizon 2030.
18:09Or, la suppression, par exemple, du report de l'âge légal à 64 ans,
18:14et puis l'éventuelle suppression aussi de l'allongement des durées de cotisation
18:17qui figurent dans la réforme, c'est chiffré du côté de l'exécutif,
18:21à 14 milliards d'euros par an, même si l'ENFP n'a pas le même chiffrage,
18:26le Nouveau Front Populaire.
18:27Mais il y a un coût à broger, à broger en tout cas le report de l'âge légal à 64 ans,
18:34qui semble difficilement, dans le contexte calamiteux des finances publiques actuelles,
18:38difficilement...
18:39Oui, sauf que l'exécutif, c'est l'Élysée, l'exécutif ce sera bientôt également Matignon,
18:48et puis il faudra faire passer cette éventuelle nouvelle réforme.
18:53Donc la question c'est de savoir, parce que nomination d'un nouveau Premier ministre,
18:59qu'est-ce qui va se passer entre le moment de la nomination
19:01et le moment où il prononcera le discours de politique générale
19:04qui éventuellement l'exposera à la censure ?
19:06Il va falloir que là s'engage très vite un cycle de consultation,
19:10à moins que les uns et les autres ne disent exactement quelle voie de passage ils imaginent.
19:16Parce qu'encore une fois, Bernard Cazeneuve, on ne sait pas aujourd'hui ce qu'il pense.
19:21La question est de savoir, est-ce qu'un Premier ministre qui ne propose pas la brogation
19:25ou la suspension de la réforme de retraite peut survivre face à l'Assemblée nationale ?
19:29Il y a une possibilité qui consiste à dire, on laisse la réforme se dérouler et on la bloque
19:35tant que la réforme des retraites par points n'est pas actée.
19:39Il y a quelque chose d'intéressant, c'est que celui qui était en charge de la réforme des retraites par points,
19:44c'était Jean-Paul Delevoye qui venait du CESE.
19:46Et là récemment, c'est une piste très sérieuse d'envisager de nommer le président du CESE à Matignon.
19:53Il y a un faisceau de prédomption.
19:58Les difficultés sur la réforme des retraites, c'est qu'il y a évidemment une vraie difficulté politique,
20:01il y a une vraie hostilité d'une bonne partie, en tout cas d'abord de la gauche,
20:05pas seulement, de l'Assemblée nationale aussi, de l'opinion aussi,
20:07mais il y a aussi des impératifs financiers.
20:09C'est-à-dire que la France n'est pas seule et l'Assemblée nationale n'est pas seule,
20:14même si elle a peut-être le sentiment de l'être un peu.
20:16Et on voit jour après jour des lumières rouges d'alarme qui s'allument
20:23pour illustrer la dégradation des comptes publics.
20:25Un déficit budgétaire qui avait déjà dérapé l'année dernière,
20:28qui risque de déraper au moins jusqu'à 5,6%.
20:31Alors Bruno Le Maire, Bercy font porter la responsabilité sur les collectivités locales.
20:35Ce n'est pas le cas, c'est beaucoup plus compliqué que ça évidemment.
20:38Et il y a donc Bruxelles qui a entamé une procédure de déficit excessif à l'endroit de la France.
20:43Il y a les marchés qui regardent la situation française avec une certaine inquiétude.
20:46Il y a les agences de notation qui sont là aussi.
20:48C'est-à-dire que dans un monde où la France serait seule,
20:51abroger la réforme des retraites demain ne pèserait pas sur l'ensemble des comptes publics.
20:58Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
20:59Donc ça aussi, ça va entrer en ligne.
21:00Et on mesure d'ailleurs l'impact aussi de cette crise politique.
21:03C'est qu'on est dans une période où il n'y a pas de gouvernement.
21:06De fait, on gère des affaires courantes,
21:08sauf que ce qui court là, ce sont surtout les déficits dans tous les sens.
21:12C'est-à-dire que la situation des comptes publics en général est en train de s'aggraver conservativement.
21:17Le Trésor public qui annonce ce matin qu'il va falloir faire 110 milliards d'économies en 4 ans,
21:23donc d'ici 2028.
21:26Le prochain Premier ministre va avoir les mains très, très, très, très liées.
21:31Très liées. Et puis surtout, il y a le sujet des hausses d'impôts
21:33qui va forcément revenir sur la table à un moment ou à un autre,
21:36qui est une ligne rouge posée par Emmanuel Macron
21:39au motif que les baisses d'impôts depuis 2017 ont permis le retour de l'activité en France,
21:45la réindustrialisation et la baisse du chômage.
21:47Donc là encore, on va avoir un débat qui risque d'être assez animé.
21:51En attendant, il faut juste savoir qui sera le Premier ministre.
21:55Et ça, c'est Emmanuel Macron qui peut nous le dire.
21:58Merci beaucoup à tous les trois.
21:59Julie Marie Lecomte, chef du service politique de France Info, merci.
22:03François-Xavier Bourmeau, journaliste à l'Opinion.
22:05L'Opinion qui fait sa une aujourd'hui sur les retraites.
22:09Oui, le casse-tête de Macron pour Matignon.
22:11Elle est rejetée par la gauche, le RN, et on l'a vu aussi par les syndicats.
22:15Et donc, on va essayer de savoir ce qui va se passer dans les prochains jours.
22:19Merci à vous, Renaud.
22:20Merci à vous. Salut, à demain.
22:21Les informés du soir sont de retour à 20h,
22:24pas du tout avec Béangère Bronte, mais avec Agathe Lambret, pardon, et Jean-Rémi Baudot.

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