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Les gladiateurs étaient des combattants de la Rome antique qui s'affrontaient dans des arènes pour le divertissement du public.
Le glaive était une épée courte utilisée par les légionnaires romains et parfois par les gladiateurs.
Le thème des gladiateurs a souvent été repris dans la culture populaire, notamment au cinéma, donnant lieu à diverses représentations et fantasmes.
Plusieurs documentaires et films ont exploré l'histoire des gladiateurs, leur vie quotidienne, leurs techniques de combat et leur place dans la société romaine.
Transcription
00:00Et l'Oscar va à Gladiator.
00:21Russell Crowe, Oscar du meilleur acteur.
00:24Nous sommes le 25 mars 2001.
00:27Hollywood célèbre la naissance d'une star.
00:30C'est aussi le triomphe de ce héros.
00:33Général de l'armée romaine devenu esclave,
00:36esclave devenu gladiateur.
00:44Pour Ridley Scott, le réalisateur du film,
00:46c'est aussi l'heure de la victoire.
00:48Cette aventure au temps des gladiateurs
00:50est son plus grand succès.
00:58Au ciné, la vie est une aventure.
01:15Je m'appelle Maximus Decimus Aurelius.
01:18Père des armées du nord,
01:20général de la légion de Félice.
01:22Père à un fils tué,
01:24La célébration de Gladiator, c'est aussi la renaissance de l'antiquité au cinéma.
01:40Cela faisait 40 ans et les 11 Oscars de Bénir en 1960 que ce n'était pas arrivé.
01:46La star ce soir-là, c'était Charlton Heston.
01:54En 2001, le succès mondial de Gladiator est donc une surprise pour l'industrie du cinéma,
02:12car personne ne croyait au retour des héros de l'antiquité.
02:15Il a fallu l'obstination de ces deux hommes, Douglas Wick, scénariste et producteur de Gladiator,
02:27pour convaincre que le métier se trompait.
02:30Associés à Steven Spielberg, ils ont gagné contre tout le monde.
02:34Le directeur du premier studio auquel on a présenté le projet de Gladiator nous a écoutés
02:43et nous a dit que les films sur l'antiquité sont morts.
02:47La plupart de ces types n'ont rien compris.
02:49C'est ça toute la beauté de Gladiator.
02:51La chose que j'aime le plus dans cette histoire, c'est que tout le monde pensait qu'on était complètement fou
02:55quand ils ont entendu parler du projet.
02:57Complètement dingue.
02:59Vous savez, il y a même eu des moments où Russell Crowe a cru que c'était la fin de sa carrière.
03:04La réputation de ces films était qu'avant tout, ils coûtent cher.
03:09Et puis, la plupart des studios ne voulaient pas faire de films historiques
03:13parce que non seulement ils sont coûteux,
03:15mais en plus ils font souvent ringard, figé, dans une époque révolue.
03:20Donc l'idée, c'était que les films antiques n'étaient pas en phase avec le monde moderne.
03:25Voilà.
03:26Donc on a Steven Spielberg et Ridley Scott en train de faire ce film.
03:30Et les gens continuent de penser que c'est un projet de merde.
03:33Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
03:35Ça vous montre à quel point ces gens sont sûrs de leur opinion et comment ils voient le cinéma.
03:40Steven Spielberg et Ridley Scott ont forcément tort puisque eux ont raison.
03:47Enfin, c'est splendide.
03:50Les dirigeants de studios un peu plus malins de leur côté comprennent bien que tout se recycle.
03:57Si on regarde 100 ans d'histoire du cinéma,
04:00on se rend compte que tout ce qui marche se répète.
04:04Donc, tous les 20 ans, quelqu'un va faire un bon film sur un type qui porte une robe.
04:11Tous les 20 ans, les films sur l'Antiquité seront ressuscités.
04:16Et à chaque fois que vous prenez un esclave qui renverse un empire fasciste,
04:24c'est une histoire géniale.
04:29Au début de l'histoire du cinéma,
04:31les films se déroulant dans les temps antiques
04:34sont rapidement devenus les premières superproductions des studios européens et américains.
04:41Dès le milieu des années 1910,
04:44des décors gigantesques,
04:46des milliers de figurants en costume,
04:48les meilleurs effets spéciaux,
04:50les dernières innovations techniques
04:53étaient mobilisés pour proposer au public des spectacles encore jamais vus.
04:59Les scénarios illustraient des épisodes bibliques comme les Dix Commandements,
05:04adaptaient des best-sellers du 19e siècle comme Covadis et ses Martyrs Chrétiens
05:10ou encore Bénure et sa spectaculaire course de char.
05:16Les cinéastes s'inspiraient aussi de grands tableaux
05:19comme L'Assassinat de Jules César,
05:22Cléopâtre essayant des poisons sur des condamnés
05:25ou encore Les Derniers Jours de Pompéi.
05:29Aujourd'hui, on appelle tous ces récits des peplumes
05:33du nom d'un vêtement de l'antiquité.
05:35Mais pour ceux qui les tournaient dans les premières décennies du cinématographe,
05:39c'était des films épiques,
05:41des épopées historiques nourries par l'Empire romain,
05:45l'Egypte des pharaons,
05:46la civilisation grecque.
05:49Au temps du cinéma muet,
05:51rien ne semblait pouvoir arrêter cette source d'inspiration.
05:55Et puis un jour,
06:01un chanteur de jazz est apparu sur les écrans.
06:04Et tout a changé.
06:07En 1927, les films sont devenus sonores
06:11et le peplum est mort.
06:14Une première fois.
06:17L'arrivée du parlant, ça va être très simple, ça va signer l'arrêt du peplum,
06:20l'arrêt des films antiques
06:22parce que les enjeux d'investissement sont tellement considérables
06:27qu'on ne peut pas courir de lièvres à la fois.
06:29On ne peut pas à la fois faire des énormes reconstitutions
06:32avec des décors monstrueux
06:34et en même temps investir dans les techniques sonores.
06:37C'est une époque où le cinéma va être dans l'ère de son temps.
06:41Et l'ère de son temps, c'est la crise économique,
06:43c'est des années de crise.
06:44Et on va avoir des films de gangsters.
06:46On va avoir effectivement aussi des comédies musicales
06:49pour oublier la noirceur des temps
06:50et les difficultés du moment à la fois économique, financière et sociale.
06:54Et le peplum, lui, va être abandonné, écarté de tout cela
06:57parce que ça ne sera plus le propos, parce que tout est révolutionné.
07:02Les années 1930, c'est la fin du premier âge d'or des peplums.
07:07L'oubli va durer près de 20 ans.
07:17L'ère atomique.
07:18L'aube des années 1950.
07:21La science-fiction.
07:23Mais également l'antiquité retrouvée.
07:27Cecil B. De Mille, un des fondateurs d'Hollywood,
07:30un spécialiste des films antiques,
07:32arrive à monter un nouveau film sur fond biblique.
07:35Samson et Dalila, avec Victor Mathur et Eddie Lamar.
07:40C'est le premier peplum en couleur.
07:41Et il va ouvrir un nouvel âge d'or pour ce genre de cinéma.
07:48C'est l'âge d'or de la plus puissante colosse qui a jamais vécu.
08:10Samson, seul et sans peur,
08:13a défendu et défendu l'armée la plus menacée de son temps.
08:18Ses exploits ont devenu légendaires.
08:22Voici la scène la plus spectaculaire de la destruction jamais filmée.
08:27Samson, en utilisant ses forces incroyables,
08:29pour ramener le temple de Dagon en ruine.
08:47C'est un monsieur muscle totalement inexpressif.
08:50Mais c'est la première fois que l'on voyait vraiment
08:54un personnage de héros de peplum musclé, torse nu, aux États-Unis.
08:59Attention, 47.
09:01C'est presque un érotisme torride pour l'époque.
09:05Et on s'est beaucoup moqué de Victor Mathur à cette époque-là
09:09en disant que ce n'était pas un comédien,
09:11c'était juste un espèce de marchand de bœuf totalement inexpressif,
09:15totalement injuste.
09:16Victor Mathur est un très bon comédien.
09:18Mais le film véritablement qui va relancer le genre antique aux États-Unis,
09:24ça va être Covadis.
09:29Alors, Covadis, c'est un roman de Sienskiewicz, un auteur polonais,
09:33un roman très profondément catholique, c'est-à-dire de propagande catholique.
09:38Ce qui est passionnant, c'est que là, nous sommes vraiment dans l'apogée du peplum.
09:46Jamais encore le cinéma américain n'avait fait une telle reconstitution de Rome
09:52aussi gigantesque, aussi intéressante sur le plan de la recherche archéologique,
09:57même si tout est faux, ou presque.
09:59Mais enfin, on sent un effort considérable.
10:02Robert Taylor est la star du film.
10:05Il incarne un officier romain amoureux d'une jeune esclave chrétienne.
10:10Mais ce n'est pas lui qui crève l'écran.
10:12C'est Peter Ustinov, dans le rôle de l'empereur Néron.
10:16Peter Ustinov, il est absolument grandiose.
10:20C'est vraiment le plus bel intraprète de Néron,
10:22est-ce qu'il est un vrai?
10:24Il n'y a aucune preuve de prenu.
10:26Je crois que c'est un?...
10:27Je crois que c'est un...
10:39Peter Ustinov, il est absolument grandiose, c'est vraiment le plus bel interprète de
10:45Néron.
10:46Il y a une séquence étonnante quand il est sur le haut de sa villa en train de contempler
10:52le ciel en feu et lui en train de prendre sa lyre et de faire ses fameux vers de Mirliton.
10:58D'un seul coup il réalise qu'il y a du peuple qui arrive, qui est en train de se sauver et
11:03ça le dérange.
11:04Il est absolument grandiose.
11:05L'incendie de Rome, le règne du despote Néron et le martyr des chrétiens font de
11:32Kovadis le plus grand succès de la MGM en 1951.
11:36Le film marque le retour triomphal de l'antiquité au cinéma, mais Kovadis a une portée plus
11:44importante encore que son succès commercial.
11:46Bien sûr la question qu'il faut se poser c'est pourquoi est-ce que les américains
11:52font ce film à ce moment-là ? Pourquoi est-ce que ce peplum apparaît ?
11:56On est en pleine guerre froide, au début des années 50, l'Amérique est en guerre
12:01contre l'URSS qui est communiste et donc athée et l'Amérique est chrétienne.
12:06Et c'est là où ça devient intéressant, on est en 50, les Etats-Unis sont maintenant
12:12après, depuis la fin de la guerre, une superpuissance et c'est le début, Kovadis, de l'identification
12:19des Etats-Unis à Rome.
12:21Autrement dit, à partir de ce film, quand on voit Rome, il faut comprendre Etats-Unis.
12:26Ce sera toujours la règle qu'il faudra suivre pour comprendre les peplums américains.
12:33Je pense que les américains se posent des questions sur la nature de leur responsabilité
12:40comme superpuissance mondiale, ce que Rome a été.
12:45Et donc à chaque fois que Rome se pose la question de la liberté, de la dictature,
12:55et souvent dans les peplums, c'est le fil du rasoir, c'est le papier à cigarette,
13:01c'est très très étroit souvent, la frontière entre une certaine liberté et la dictature.
13:08C'est une expérience qui ne peut pas être comparée à ce que vous n'avez jamais
13:11vécu.
13:12Donc, dans ce film, qu'est-ce que l'on voit ? On voit un pays sans religion, c'est
13:20le polythéisme mais ce n'est pas encore la vraie religion, la religion chrétienne.
13:24Et on voit un empire qui est sur le point de basculer dans quelque chose d'absolument
13:37affreux.
13:38C'est un monarque despote complètement ivre de lui-même, Néron, qui fait un culte
13:46de la personnalité absolument faramineux.
13:48Donc, un pays où il n'y a pas les deux chrétiens et où il y a un culte de la personnalité,
13:57c'est le cauchemar absolu pour les Américains en 1950, ça veut dire l'Union Soviétique,
14:00c'est le péril rouge.
14:01Donc, d'une manière fantasmatique, voilà ce qui pourrait arriver aux Etats-Unis si
14:10on versait dans le communisme, si la religion n'était plus là.
14:15Donc, le peplum, lui, va parler de la foi de l'Amérique.
14:23C'est en 1956 que le Congrès décide d'adopter comme devise officielle « In God we trust
14:30», « En Dieu nous croyons ». Et c'est très important de réaffirmer à travers
14:35le peplum, c'est-à-dire à travers des films de chrétiens, l'aspect chrétien
14:41de l'Amérique, implicitement contre la dictature athée communiste de l'Est.
14:48Ça, c'est une dimension hyper importante.
14:51On le retrouve d'ailleurs dans « Les Dix Commandements » de Cécile Bédomilu.
14:59Cécile Bédomilu débute son film, écarte un rideau et s'approche pour parler au
15:05spectateur.
15:06Cécile Bédomilu fait une déclaration liminaire où il dit ceci, où il parle très clairement,
15:30de l'opposition qu'il y a entre un pays où l'on vit libre et un pays où l'âme
15:37des citoyens appartient à l'État, où en gros, est-ce qu'il faut vivre libre,
15:41comme les États-Unis, ou vivre sous la dictature de mémoire capricieuse de Ramsès.
15:59C'est assez propre au peplum cette faculté de faire un jeu de miroir entre l'époque
16:16et la soi-disant antiquité dont on parle.
16:18On raconte une histoire pour en dire une autre.
16:29Cette campagne n'est pas pour tuer Spartacus, c'est pour tuer la légende de Spartacus.
16:41Je vous promets une nouvelle Rome, je vous promets une nouvelle Italie et un nouveau Empire.
17:06Spartacus, c'est intéressant parce que là aussi, on a une autre dimension de l'époque
17:33qui est la chasse aux sorcières contre les communistes en Amérique.
17:35Et donc, le sénateur McCarthy et ses fameuses et célèbres commissions, où on voyait défiler
17:43une partie d'Hollywood, où on se met à telle ou telle personnalité de dire si oui
17:50ou non il était communiste et surtout s'il connaissait et s'il pouvait dénoncer les
17:54communistes.
17:55Lors de la chasse aux communistes à Hollywood, Robert Taylor, la star de Covid-19, est venu
18:02témoigner de son patriotisme devant la commission des activités anti-américaines.
18:06Devant cette même commission, d'autres talents ont été inquiétés pour leur sympathie
18:27gauchiste.
18:28Face aux politiciens, le scénariste Dalton Trumbo a refusé de répondre aux questions
18:37le concernant.
18:38Et il a refusé également de dénoncer des collègues.
18:42Alors, en 1950, comme dix autres révoltés d'Hollywood, il a été condamné à plus
18:47d'un an de prison et a été inscrit sur une liste noire lui interdisant de travailler
18:52pour le cinéma.
18:53Une décennie plus tard, en 1960, soutenu par Kirk Douglas, c'est toute cette expérience
19:01que Trumbo laisse transparaître dans son scénario de Spartacus.
19:05À un moment donné, dans le film, dans l'histoire, les Romains triomphent des esclaves et demandent
19:16aux esclaves de leur désigner, de dénoncer Spartacus.
19:20Spartacus fait le geste de se lever, pour se montrer, et à l'instant où il le fait,
19:50chacun de ses camarades, esclaves, se lève en disant « Spartacus, c'est moi ! Spartacus,
19:55c'est moi ! Spartacus, c'est moi ! ». Et là, d'une certaine manière, Trumbo va
20:00témoigner dans ce film de la persécution qu'il a rencontrée à l'intérieur même
20:06des États-Unis.
20:07Il y a, bien sûr, le rappel de ce refus de dénonciation qui a coûté tellement cher
20:29à Trumbo et à beaucoup d'autres.
20:50D'une manière ou d'une autre, Spartacus a une dimension politique et reflète l'Amérique
20:55de la chasse aux sorcières de son époque, tout simplement.
21:00C'est intéressant de parler de Spartacus parce que c'est un message de propagande,
21:03mais c'est un message de propagande qui est relativement voilé par le grand spectacle,
21:09le spectaculaire, si vous voulez.
21:11Le cinéma américain, ce n'est pas un cinéma de patronage.
21:14Ce sont des productions, des super-productions énormes.
21:17L'idée, c'est de donner des frissons aux spectateurs.
21:20On va aller au cinéma pour voir ce qu'on ne peut pas voir à la télévision.
21:23Donc, le peplum, c'est du spectacle, pour lutter contre la télévision.
21:30L'année charnière, c'est 1953.
21:321953, c'est une année dans l'histoire du cinéma américain qui est vraiment très
21:37importante parce que, selon les statistiques, c'est le moment où tous les foyers sont
21:43équipés d'une télévision.
21:44Alors, pour lutter contre la télévision, le cinéma va essayer de jouer sur le côté
22:04technique.
22:05L'homme qui va aider les studios à lutter contre la télévision, c'est ce savant français
22:10qui arrive ici à Los Angeles en 1952.
22:13Il s'appelle Henri Chrétien.
22:15Il est astronome et ingénieur opticien et c'est la 20th Century Fox qui l'a fait venir
22:21à Hollywood.
22:22Henri Chrétien a en effet inventé un objectif qui permet de filmer des images plus larges
22:26qu'auparavant tout en gardant les pellicules traditionnelles.
22:30Le procédé s'appelle Cinémascope.
22:33Et il permet d'agrandir considérablement la taille des écrans de cinéma.
22:38Le Cinémascope est vite imité par d'autres systèmes.
22:43Ils ont tous le même but, diffuser des films en grand large et en son stéréo pour ridiculiser
22:52la lucarne de la télévision.
22:54Alors là aussi, ça demande un investissement colossal parce que projeter un film en Cinémascope,
23:01ça demande de rééquiper les salles parce que les écrans n'étaient pas conçus pour
23:06projeter un film au format allongé du Cinémascope.
23:09Donc ça demandait encore de nouveaux investissements.
23:12Et le premier film en Cinémascope, c'est la Fox qui va le faire et c'est un péplum,
23:18ça sera La Tunique.
23:19Alors La Tunique, comme pratiquement 9 péplums sur 10 aux Etats-Unis, c'est un sujet religieux.
23:25La Tunique va raconter l'histoire de la fameuse tunique de Jésus qui a été tirée au dé.
23:34Et on va imaginer que cette tunique a des vertus extraordinaires.
23:40L'empereur Caligula va essayer de s'emparer de cette tunique.
23:47Bon, le film, très honnêtement, n'est pas très bon.
23:50C'est même un film copieusement ennuyeux.
23:53Mais La Tunique va avoir un très, très grand succès et va vraiment imposer le Cinémascope
23:59qui va pouvoir concurrencer la télévision et donc va pouvoir remplir les salles.
24:05Donc ça relance le cinéma et La Tunique va être suivie par Les Gladiateurs.
24:24Alors Les Gladiateurs, c'est la suite de La Tunique.
24:29Vous êtes là, dans l'arène, quand vous devenez une partie incroyable de l'un des sports les plus mortels jamais vécus par l'Homme.
24:36Mais cette fois-ci, le thème principal, c'est les Jeux du Cirque et l'entraînement des Gladiateurs.
24:45Et c'est le premier film qui va imposer la figure du gladiateur comme héros.
24:50Et ça, c'est vraiment un film fondamental pour ça.
24:53Donc dans Les Gladiateurs, il y a carrément une visite guidée d'un camp d'entraînement des Gladiateurs.
25:00Victor Mathur arrive dans la gladiature privée de l'Empereur Claude.
25:04Il est accueilli, il est enchaîné, il est accueilli par Ernest Bornheim, qui est l'entraîneur des Gladiateurs,
25:11qui leur explique, quand on est gladiateur, on vit bien et on meurt bien.
25:22Les gladiateurs, c'est de l'élevage des talons de combat.
25:27Ils sont nourris comme tels, ils sont programmés comme tels.
25:31Ils ont un entraînement physique comme les athlètes de haut niveau qui vont aux Jeux Olympiques aujourd'hui.
25:35On peut voir dans Les Gladiateurs, vraiment, c'est presque pédagogique.
25:39Voilà comment on tient une arme, voilà comment on combat.
25:42C'est presque un docu-fiction, pratiquement.
25:45Et ça va beaucoup marquer l'histoire du genre.
25:48On comprend aussi une chose pour la première fois, je crois, dans ce film,
25:52c'est l'importance du monde du spectacle dans Rome.
25:55C'est la première fois qu'on réalise à quel point Rome est fascinée par les arènes et les gladiateurs,
26:01c'est-à-dire par le monde du spectacle.
26:06Et aucune autre civilisation, les Égyptiens, n'avaient pas cette fascination marquée.
26:11Les Grecs avaient une civilisation de combattants, comme Alexandre et autres.
26:14Les Romains, c'est la première fois qu'on construit des stades à 50 000, voire 60 000 spectateurs
26:21qui y passent des journées pour voir un spectacle, et où on n'a pas intérêt à décevoir le public.
26:26La foule va réclamer la mort du vaincu, mais c'est au cinéma.
26:31Chaque fois que vous voyez un peplum avec des gens qui mettent le pouce en bas,
26:35c'est police, qui signifie la mise à mort.
26:39C'est faux, ça n'a jamais existé.
26:42C'est l'empereur ou celui qui paie les jeux qui a le droit de dire on vit ou on ne vit pas.
26:52Maintenant, comme une photo de motion, Ben Hur a inspiré l'enthousiasme dans chaque coin de la Terre.
26:58Après les gladiateurs, le public découvre en 1959, dans Ben Hur, de nouveaux champions de l'Antiquité.
27:06Alors les gladiateurs de l'époque sont dépassés par un autre type de vedettes.
27:12Les vedettes de l'époque, c'est les conducteurs de chars.
27:15Ceux qui gagnent beaucoup d'argent, qui ont des centaines de victoires, c'est les conducteurs de chars.
27:20Dans la course de chars de Ben Hur, c'est comme une course automobile, en gros c'est ça.
27:24Elle est représentative d'un grand prix, si vous voulez, où toutes les nationalités viennent, où on engage des paris.
27:31Que les courses de chars soient représentées avec des faux, ça, ça n'existe pas.
27:36Les chars avec faux sont des chars de combat.
27:40Dans les courses automobiles, on n'a pas des tanks, on a des automobiles.
27:44Donc ça, c'est pour ajouter un élément dramatique parce que c'est dans le roman.
27:50On ne va pas se tuer dans l'antiquité, les courses de chars, il peut y avoir des accidents, mais on ne se tuera pas, si vous voulez.
27:57Donc le cinéma a inventé des codes, ça ne correspond pas à une réalité historique.
28:03L'époustouflante course de chars de Ben Hur n'est pas filmée aux Etats-Unis.
28:08Elle est tournée là où la vie est moins chère, en Italie, à Cinecittà, le plus grand studio d'Europe.
28:14Depuis le tournage de Covadis en 1950, la MGM délocalise ici une partie de ses tournages pour faire des économies.
28:38Les autres grands studios américains ont fait la même chose et Cinecittà est maintenant surnommée Hollywood sur Tibre.
28:45Près de 15 000 figurants italiens travaillent sur Ben Hur et ils sont accompagnés par des centaines de techniciens et d'assistants.
28:53Chaque matin, c'est en fait tout le cinéma italien qui vient gagner sa vie sur le tournage américain.
28:59Kirk Douglas, qui aurait voulu obtenir le rôle principal de Ben Hur, vient visiter amicalement le plateau et la star du film, Charlton Heston.
29:08Avant même sa sortie, Ben Hur crée l'événement. Il est à l'époque le film le plus cher de toute l'histoire du cinéma.
29:15Et c'est un énorme risque industriel pour la MGM qui produit cette nouvelle version en couleur et pour écran géant.
29:23En cas d'échec, le studio sera ruiné.
29:27On dit que le film a coûté une fortune comme aucun film n'a coûté. Est-ce que c'est exact ?
29:38C'est vrai, c'est exact.
29:38Dites-nous tout sincèrement.
29:40C'est exact mais je crois, en tout cas j'espère comme tout le monde, que l'argent va revenir.
29:49La MGM évite la catastrophe. Ben Hur est un triomphe public.
29:57Et critique. Aux Oscars de 1960, le film remporte 11 récompenses.
30:03John Wayne annonce William Wyler meilleur réalisateur pour Ben Hur.
30:10Ben Hur, meilleur film, meilleur montage, meilleure musique, meilleurs effets spéciaux, meilleurs costumes.
30:22Charlton Heston, meilleur acteur de l'année.
30:28En 1960, l'aventure Ben Hur se termine dans la satisfaction générale.
30:37Au même moment, en Italie, la fin du tournage de ce film monumental n'a pas arrêté l'activité de Cinecitta.
30:50Au contraire, les équipes travaillent même à plein régime.
30:53Car l'argent de la MGM et des autres studios américains, dépensés ici pendant une dizaine d'années, relancent formidablement le cinéma italien.
31:05Il faut comprendre ce qu'est le cinéma italien à la sortie de la Seconde Guerre mondiale.
31:10Au début des années 50, l'Italie est un pays meurtri, ruiné.
31:13Au niveau du cinéma, la machine productive est un peu endommagée.
31:18Les Italiens voient arriver des équipes américaines qui reconstituent une Rome, dans des proportions monumentales, et vont se dire « Formidable ! »
31:27On pourrait aussi en profiter pour récupérer les décors.
31:30À la fin d'un tournage comme Covid-19, où Ben Hur, les Italiens récupèrent les décors, les costumes,
31:38vont pouvoir les réutiliser, pas tel quel évidemment, puisqu'ils vont les réassembler.
31:45Ça va justement leur permettre de produire leurs propres films sur les « restes » des grandes productions hollywoodiennes.
31:51Et ça va contribuer à faire que les Italiens vont aller de plus en plus vers ce filon cinématographique qu'elle déplome,
31:59justement à la suite des Américains, et pour aussi arriver à les concurrencer.
32:05Et le film avec lequel ils vont se démarquer réellement des Américains, c'est « Les Travaux d'Hercule » de Pietro Francesi, en 1957.
32:17Le Hercule de Pietro Francesi, c'est Steve Reeves.
32:26Steve Reeves, c'était Monsieur America, Monsieur Univers, il a reçu beaucoup de titres, il a aussi été Monsieur Côte Pacifique.
32:33Il a commencé avec le bodybuilding, c'était un culturiste magnifique.
32:39C'était même le plus beau mâle que j'aie jamais vu.
32:43Tour de cou 46 cm, biceps 46, mollet 46, tour de taille 74.
32:48S'il marchait dans la rue tout habillé, on pouvait quand même voir sa silhouette en forme de V.
32:52Il attirait l'attention de tout le monde, les gens le regardaient et disaient « Quel bel homme ! »
32:58C'était la fin des années 50, c'était l'époque où l'on était en pleine folie du bodybuilding.
33:10C'était vraiment l'âge d'or du culturisme et des compétitions de culturisme.
33:16Le réalisateur et scénariste Pietro Francesi avait eu l'idée de faire ce film sur Hercule
33:22et il recrute non pas un acteur italien mais un acteur américain
33:26issu de cette passion contemporaine, de cet engouement pour le bodybuilding.
33:32C'est Steve Reeves, il l'est Hercule, sa musculature, sa façon de marcher
33:37correspondent parfaitement à ce que Pietro Francesi entend montrer dans son film.
33:41On est très loin d'un choix théâtral ou de la comédie, ce n'est pas ce qui intéresse Pietro Francesi.
34:12Il y a une scène dans Hercule qui m'a impressionné le plus que tout,
34:17c'est la scène où il devait lancer le disque, ses adversaires testaient sa force
34:21et Steve a jeté le disque en dehors du stade.
34:35Un des gars a dû prendre son char pour trouver le disque,
34:38et lui il était là resplendissant au soleil, c'était la force incarnée, il avait cette force incroyable.
34:46Le culte du corps dans les peplums à partir des travaux d'Hercule, c'est vraiment fondamental.
34:54Hercule c'est un succès phénoménal donc tout le monde va tourner des Hercule,
34:58même si c'est pas des Hercule, ce sera des Macis, ce sera des Goliaths, des Ursus, des Thor,
35:01mais peu importe, en gros c'est un succès phénoménal,
35:04ça permet tout d'un coup de montrer des personnages qui sont plastiquement et esthétiquement très beaux à voir.
35:13Les affiches de peplums de l'époque reprennent une exaltation du corps musclé et bronzé,
35:19avec une espèce comme ça d'exaltation du muscle tendu et de la résistance physique.
35:23On a toute une pléiade de culturistes tout le temps torse nu,
35:26et quand on va au cinéma tout d'un coup on est vraiment dans un autre monde,
35:31et ça a très clairement influencé toute une génération de jeunes garçons comme Lou Ferrigno.
35:36Quand j'étais gamin, j'avais à peine 6 mois, j'ai perdu 80% de mon audition à cause d'une infection des oreilles,
35:44donc j'ai eu aussi de gros problèmes d'élocution.
35:47Enfant j'étais harcelé, les autres gosses me donnaient des vilains surnoms,
35:50parce que j'avais des appareils auditeurs, j'avais des appareils d'écouteuse,
35:54j'avais des appareils d'écouteuse, j'avais des appareils d'écouteuse,
35:57les autres gosses me donnaient des vilains surnoms, parce que j'avais des appareils auditifs ringards.
36:02Et puis quand j'ai eu 10 ou 11 ans, mon père m'a emmené voir un film,
36:08je n'oublierai jamais ça.
36:10Avant qu'il m'emmène, on a ouvert le journal, il y avait cette photo,
36:13il y avait écrit Steve Reeves et Hercule,
36:16et on le voyait soulever deux colonnes entourées de lions et de tigres.
36:20Et je n'oublierai jamais le jour où j'ai vu ce film,
36:23parce qu'enfant j'étais obsédé par la notion de puissance.
36:27A l'époque, je lisais des bandes dessinées avec des super-héros,
36:30mais quand j'ai vu Hercule, le film, là je me suis dit,
36:33ça c'est un vrai homme, avec de vrais muscles.
36:36Parce que dans les bandes dessinées, tous les muscles sont faux, c'est du dessin quoi.
36:39Donc ça a vraiment changé ma vie, parce que j'ai décidé de devenir comme lui.
36:43Je voulais être comme Steve Reeves, je savais que ça me sauverait la vie.
36:47Adolescent, j'étais maigre, alors j'ai commencé à m'entraîner à l'âge de 12 ans.
36:51J'avais cette photo de Steve Reeves au sous-sol,
36:53et chaque jour je regardais cette photo.
36:55À côté, j'avais un miroir cassé.
36:57Je soulevais des poids, je me regardais dans le miroir,
36:59et je regardais à nouveau la photo en me disant, je veux être aussi musclé que lui.
37:03Je pensais que si j'étais comme lui, je serais vraiment puissant,
37:06et je n'aurais plus de problèmes avec les autres enfants.
37:08Plus personne ne m'embêterait.
37:09C'était la seule personne à qui j'avais envie de ressembler.
37:14Je voulais être acteur, mais je ne l'ai jamais dit à personne.
37:16Je pensais que les gens se moqueraient de moi, donc j'ai gardé le silence.
37:20En 1977, je m'entraînais pour gagner le titre de Monsieur Olympia,
37:24et le téléphone a sonné.
37:26On m'a proposé une audition pour Hulk.
37:29J'ai accepté de faire le pilote de la série,
37:32parce que je voulais passer à la télévision.
37:34Je voulais être comme Steve Reeves, même si Hulk était un rôle sans dialogue.
37:40Mais j'ai toujours voulu montrer mon côté bizarre, le plus monstrueux.
37:45Je voulais que cette métamorphose, les gens puissent la voir.
37:48Je me suis dit, je m'entraîne si dur depuis des années,
37:51pourquoi je ne montrerais pas mes muscles ?
37:54Et ensuite, lors de la dernière année de tournage de Hulk,
37:56un mec à la salle de gym est venu vers moi et m'a dit,
37:59il va y avoir un film sur Hercule, tu serais parfait en Hercule.
38:03Je savais qu'il voulait faire le film en Italie.
38:06Donc c'était un rêve d'enfant pour moi,
38:07parce que Steve Reeves avait joué Hercule, et que j'allais le faire aussi.
38:11Même si c'était un petit film fauché, les gens continuent d'en parler aujourd'hui.
38:16Ma scène préférée ?
38:18C'est quand il y a un char, l'actrice est dessus,
38:22je ne me souviens plus de son nom,
38:23mais je me souviens qu'on me voit marcher, et je prends cet énorme rocher,
38:27je l'entoure d'une corde, et je le fais tourner autour de moi,
38:3010 ou 15 fois, avant de le jeter dans l'espace.
38:34Après, je saute dans le char, et la force du rocher l'entraîne dans l'espace.
38:39Et ouais, c'était trop bien.
38:49Steve Reeves n'est pas le seul à avoir de l'influence
38:52sur les jeunes hommes des années 1950 et 1960.
38:56Il y a également le Britannique Reg Park.
38:59Lui aussi est un champion de bodybuilding qui devient une vedette de peplum italien.
39:05Sa carrière a marqué une génération d'enfants,
39:08et en particulier cet écolier autrichien de 11 ans.
39:13C'est Arnold Schwarzenegger.
39:16Reg Park, Steve Reeves sont ses idoles,
39:19et il va tout faire pour que sa vie ressemble à celle de ses héros.
39:25Le voici maintenant à 19 ans.
39:28Nous sommes en 1966,
39:30et Schwarzenegger gagne déjà des compétitions de bodybuilding.
39:35Il ne sait pas encore que sa volonté et son talent
39:38vont l'emmener bien au-delà de tout ce qu'il avait pu imaginer sur les bancs de l'école.
39:471982, Schwarzenegger a 35 ans.
39:51Après une carrière de champion de bodybuilding sur les podiums,
39:54il devient Conan le barbare au cinéma.
40:02Conan, l'histoire d'un guerrier.
40:07Des muscles et de la force.
40:11Le retour de la grande aventure.
40:15Des obstacles, du sexe,
40:19et une vraie histoire humaine.
40:23Conan est un héros de livres d'aventures et de bandes dessinées.
40:27Le plus important, c'est sa carrière.
40:31Conan est un héros de livres d'aventures et de bandes dessinées.
40:35Le film est une sorte de peplum.
40:39Il associe épée, sandales et sorcellerie.
40:43C'est Dino De Laurentiis et sa fille Raffaella,
40:47une famille de producteurs italiens, qui montent le film
40:51après avoir racheté les droits d'adaptation à Oliver Stone,
40:55qui a écrit le premier scénario à la fin des années 1970.
40:59Conan le barbare, ça vient des bandes dessinées et des grands peplums
41:03qu'on regardait quand on était gosses, vous savez.
41:07Les scénarios de Conan que j'avais écrits auraient permis de faire
41:11une douzaine de films avec de magnifiques décors.
41:15Je pense que ça aurait pu avoir un succès incroyable qui aurait pu durer,
41:19comme la série des James Bond.
41:23Personne ne se serait lassé de ces aventures tellement l'auteur
41:27et l'écrit d'histoire.
41:31À un moment, on a proposé Conan le barbare à Ridley Scott,
41:35mais il ne pouvait pas faire le film parce qu'il devait réaliser Alien.
41:39Bon choix. On a cédé les droits à Dino De Laurentiis parce qu'on avait plus d'argent pour continuer.
41:43Le problème, c'est que Dino De Laurentiis pensait à l'économie.
41:47Il pensait petit. Il a à peine réussi à produire le film
41:51et le deuxième Conan qu'il a fait était encore plus bidon,
41:55mais vous savez, la publicité autour de Conan
41:59a vraiment attiré l'attention sur le bodybuilding et encore aujourd'hui,
42:03vous seriez surpris de voir combien les fans adorent ce genre de films
42:07et les gamins encore plus, parce que tout tourne autour de la puissance
42:11et ça, ça traverse le temps.
42:15La puissance du héros, le corps sculpté par les muscles,
42:19c'est le signe distinctif du peplum à l'italienne ou des films qui s'en inspirent.
42:24Les bodybuilders deviennent de manière inédite des icônes érotiques
42:28de la culture populaire.
42:32Les peplums italiens sont des films extraordinairement érotiques
42:36et il est évident que la figure des messieurs muscles est une figure homoérotique énorme.
42:40D'ailleurs, juste pour signaler, j'ai eu l'occasion
42:44de voir les deux premiers Hercules à New York dans une salle
42:48gay cuir, tellement c'était une idole pour la population spécialisée.
42:52Mais les femmes étaient également très érotisées.
42:56Il y avait vraiment des espèces de bombes sexuelles qui arrivaient sur l'écran.
43:00En fait, d'une manière générale, le peplum italien est un incroyable catalogue
43:04de perversions sexuelles en tout genre
43:08qui a servi de défouloir dans un pays qui est quand même dominé par le Vatican.
43:12Mais comme ça se passait dans un monde gréco-romain, ça passait.
43:16C'est une façon réelle de se démarquer du peplum hollywoodien
43:20qui, lui, est beaucoup plus sérieux et qui a même une volonté
43:24dans sa production d'être quelque chose de noble.
43:28Les Italiens, eux, n'ont pas forcément cette nécessité-là.
43:32Ils veulent célébrer une antiquité qui sera beaucoup plus
43:36proche de ce qu'ils aiment, de ce qu'ils sont, c'est-à-dire ensoleillée et goyeuse.
43:40Et où, franchement, il y a plus de naïveté et de maladresse que de réel talent cinématographique.
43:44Mais tout le monde s'en fiche. C'est ça qui est intéressant.
43:48Parce que c'est un cinéma de quartier.
43:52C'est un cinéma qu'on va voir en famille.
43:56C'est un cinéma populaire par essence.
44:00Ça donne un cinéma qui est un peu un cinéma de série B.
44:04Mais c'est aussi ce qui fait l'identité générique de ce filon italien du film atlantique.
44:08Vous me parlez des films de série B italiens.
44:12Des films pas chers, produits pour quelques centimes avec des acteurs pas terribles.
44:16Ce genre de trucs m'énerve. Et les plateaux, ils avaient l'air en carton pâte.
44:20Au début des années 1960, les producteurs italiens
44:24tournent jusqu'à 30 peplums par an.
44:28Et ils inondent le marché avec leurs séries B antiques, souvent médiocres.
44:32Finalement, en 1963-64, les gens en ont assez.
44:36Le genre est déjà quasiment fini.
44:40C'est un moment d'ailleurs qui est assez intéressant, cette fin du peplum italien.
44:44On a, parallèlement à ce déclin du peplum italien,
44:48un genre qui commence à poindre au même moment en Italie,
44:52qui est ce que l'on appellera plus tard le western spaghetti.
44:56Et cela a fait venir Clint Eastwood et Charles Bronson.
45:00Beaucoup de gens ont percé grâce au cinéma italien.
45:04Ce qui est intéressant, c'est de voir que la plupart des grands réalisateurs
45:08de ce qui sera le western spaghetti par la suite ont commencé, ont fait leurs armes dans le peplum italien.
45:12Pierre Gioleone a réalisé Les dinges de Pompéi, l'excellent Colosse de Rode.
45:16Le peplum, quelque part, est l'antichambre du western spaghetti.
45:20C'est fini, le colt a remplacé le glaive dans l'esprit des gens. C'est terminé.
45:24Au moment où les peplums italiens deviennent moribond,
45:28les superproductions américaines s'apprêtent à les rejoindre dans la tombe.
45:32Personne ne s'en doute à ce moment-là,
45:36mais l'arrêt de mort du genre est signé ici, devant les caméras.
45:40En 1960, Elisabeth Taylor est engagée par la Fox
45:44pour jouer dans Cléopâtre. Elle est la première comédienne
45:48à toucher un million de dollars pour un rôle.
45:52Elle obtient aussi plus de 10% des bénéfices du film.
45:56Cléopâtre va coûter encore plus cher que le bénur de la MGM.
46:00Mais la production va vite devenir calamiteuse
46:04et s'enliser pendant trois ans.
46:08Au Canada, le film est recommencé plusieurs fois avec des équipes
46:12et des réalisateurs différents.
46:16L'état de santé d'Elisabeth Taylor, atteinte d'une pneumonie qui manque de la tuer,
46:20interrompt plusieurs fois le tournage.
46:24Et sa liaison adultère avec Richard Burton provoque un scandale plus fort que le sujet du film.
46:28Lorsque Cléopâtre arrive enfin sur les écrans en 1963,
46:32la superproduction antique a coûté tellement cher
46:36que la Fox frôle la banqueroute.
46:40Cléopâtre a beau être un succès mondial, le studio s'effondre
46:44et la catastrophe traumatise Hollywood.
46:48C'est la fin de ce genre de cinéma.
46:52A partir de 1965-66, on peut dire que le genre est vraiment mort.
46:56Il n'y a plus du tout de production, il n'y a plus d'intérêt.
47:00Il faudra attendre Gladiator et les années 2000
47:04pour avoir une nouvelle renaissance du genre.
47:08Gladiator
47:32Gladiator, c'est le premier peplum qui a été fait après...
47:36avec Cléopâtre on va dire.
47:40Tant qu'il y avait un témoin de cette histoire, il était hors de question de mettre des jupettes à l'écran.
47:44Non, on a connu plus jamais ça, plus jamais ça.
47:48Et il aura fallu peut-être qu'une nouvelle génération de producteurs,
47:52de réalisateurs qui n'ont pas connu Cléopâtre,
47:56qui n'est pas connu ce désastre, puissent relancer le genre.
48:00La résurrection du peplum, c'est 2000, c'est Gladiator.
48:04c'est Riley Scott mais avec un scénariste assez amusant qui n'était absolument pas
48:10un connaisseur ni un amateur même de peplum et ce scénariste s'appelle David Franzoni.
48:16Ok, donc j'ai quitté les études supérieures en 1972, j'avais 25 ans. Je suis allé à Berlin
48:25Ouest, j'ai pris une moto, une BMW et j'ai traversé toute l'Europe et le bloc de l'Est.
48:31J'étais avec des amis, on est arrivé à Athènes, ils sont allés en Afrique du Nord et moi j'ai
48:37continué vers l'Est. Et j'ai commencé à voir des arènes, il n'y en avait pas des millions non
48:44plus mais chaque ville avait gardé des traces de combats de gladiateurs. Et je me suis rendu
48:50compte que ces jeux étaient hors normes et que ça avait été quelque chose de très important,
48:55c'était énorme. Je me suis dit qu'il fallait à tout prix en faire un film. Donc l'idée de
49:00gladiateurs n'est pas venue d'avoir regardé des peplums sur la Rome Antique, elle est venue de
49:04voir les vraies ruines. Il y a quelque chose d'intéressant à propos de gladiateurs, c'est que
49:12même si le film était pourri à l'arrivée, on pouvait toujours le vendre comme un film d'action.
49:18On pouvait toujours dire, hé les gars, on va prendre un héros incroyable, on va le mettre
49:26dans l'arène et on va organiser sept combats à couper le souffle. Il va se battre contre des
49:32tigres, contre des hordes de guerriers, contre des types qui font deux fois sa taille. Donc c'est
49:39intéressant et les studios pouvaient comprendre ça. Le fait que si la partie dramatique ne marchait
49:46pas, on avait quand même un film d'action. C'est d'ailleurs en partie pour ça que certains peplums
49:52n'ont pas marché, parce que c'était des mélodrames de seconde zone qui coûtaient cinq
49:56fois plus cher à produire que des mélodrames normaux. D'abord il fallait que tout le monde soit
50:00en costume et puis il fallait reconstituer Rome. Gladiator, pour moi c'est un film qui ressemble au
50:07film des années 60-70. C'est vol au dessus d'un nid de coucou, point limite zéro, Easy Rider. C'est
50:12l'histoire de quelqu'un qui se bat contre le système et dans ce monde, quand vous vous
50:16rebellez contre le système, vous êtes broyé. Vous n'en ressortez pas en héros avec une médaille.
50:22Donc pour moi, depuis le début, Maximus devait mourir. Il ne devait pas mourir juste parce que
50:28c'était un film genre années 60, mais parce qu'il allait tenir tête à l'empereur de Rome. Bon,
50:33il y en a quelques-uns qui ont compris. Oliver Stone voulait réaliser le film. Il avait compris.
50:40Il s'est dit, merde, c'est parfait. Mais bon, il a peut-être pensé. Enfin bref, vous savez Oliver.
50:48Je ne suis pas certain. On ne m'a jamais présenté le scénario, non. Mais bien sûr que j'aurais été
50:54intéressé par ce film. Le truc avec Gladiator, vous savez, c'est que ce n'est pas historiquement
50:59correct. C'est assez improbable qu'un commandant de Légion Romaine se retrouve à la place d'un
51:04Gladiator. Et puis à l'époque, certains pouvaient prendre le pouvoir, mais différemment. Mais c'était
51:09un bon sujet pour un film et ça a marché. À cette époque, les effets spéciaux nous ont permis de
51:35faire des choses que les gens n'avaient encore jamais vues. Et c'est difficile de faire plus
51:40cinématographique et spectaculaire que le colisée et les combats qui s'y tiennent. Mais après, du
51:46grand spectacle sans histoire, c'est le navet assuré. Donc ça se résume à ça. Est-ce que c'est
51:52une belle histoire et est-ce que le sujet est pertinent? Si ce n'est pas le cas, les meilleurs
51:59effets spéciaux du monde ne servent à rien. Et c'est pour ça que certains peuples hommes, même
52:04très chers, avec des gens en costume, n'ont pas du tout marché et que le genre avait quasiment
52:09disparu 20 ans plus tôt. Mais vous savez, certains ne retiennent pas les leçons du passé tellement
52:14ils sont pressés de dupliquer un succès. En l'an 2000, Gladiator a ouvert le troisième âge d'or des
52:23films antiques. Mais c'était déjà il y a près de 20 ans. Aujourd'hui, le cycle touche à sa fin. Et
52:36même si d'autres super productions ont eu du succès, il y a désormais trop d'échecs pour
52:41que le genre dure encore longtemps. De nouveaux héros extraordinaires sont à la mode. Un nouvel
52:47univers s'enracine dans la culture populaire. Mais c'est une autre histoire.
53:17Non, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui
53:47!

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