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Emmanuel Macron n'a toujours pas nommé de Premier ministre depuis le second tour des élections législatives, où le Nouveau Front populaire est arrivé en tête. La France reste avec un gouvernement démissionnaire pour la 51e journée de suite ce jeudi 5 septembre, mais Michel Barnier pourrait remplacer Gabriel Attal à Matignon.

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Transcription
00:00Avec nous, Michel Fournier, président de l'Association des maires ruraux de France.
00:09Vous êtes le maire des Voivres dans les Vosges.
00:11Merci d'être en direct dans Première Édition ce matin.
00:14Nicolas Dose nous accompagne ainsi que Néla Latrousse, chef du service politique de BFM TV.
00:19D'abord un mot, Néla, toujours pas de fumée blanche, la nuit s'est bien passée ?
00:23Toujours pas de fumée blanche, les discussions sont poursuivies jusque tard dans la nuit.
00:27Autour de qui ?
00:28Autour du nom de Michel Barnier. Alors, Michel Barnier, pour les plus jeunes, c'est un ancien ministre de gouvernement de droite.
00:35Il a été ministre de l'agriculture, de la pêche, il a été ministre des affaires européennes,
00:39il a été ministre de l'environnement, il a été commissaire européen.
00:42Quatre fois ministre, deux fois commissaire européen, négociateur du Brexit.
00:45Absolument, l'homme des négociations difficiles.
00:47Ça coche un certain nombre de cases intéressantes, ça, non ?
00:49Oui, parce que d'abord, Emmanuel Macron cherchait un profil de droite qui ne remette pas en cause son bilan.
00:54Donc, pas la réforme des retraites, pas la réforme de l'assurance-chème.
00:57Il ne remettrait pas en cause la réforme des retraites, Michel Barnier ?
00:59Disons que Michel Barnier, il a un peu moins de risques de les remettre en cause qu'une figure de gauche.
01:04Donc, disons qu'Emmanuel Macron cherchait plutôt quelqu'un de droite,
01:07parce que, aussi, les députés de droite ne veulent pas remettre en cause la réforme des retraites.
01:11Donc, de ce point de vue-là, ça coche plutôt les cases.
01:13Et puis, surtout, il correspond à peu près aux lignes rouges fixées par le Rassemblement national,
01:18puisque c'est Marine Le Pen qui peut faire chuter ou non un gouvernement.
01:23Et Michel Barnier, il n'a pas de passif avec le Rassemblement national.
01:27Pourquoi est-il donc plus compatible avec le RN que Xavier Bertrand ?
01:32D'abord, il y avait une animosité personnelle forte entre Marine Le Pen et Xavier Bertrand,
01:35qui se sont rencontrés dans des élections, notamment régionales, dans les Hauts-de-France.
01:39Et puis, Xavier Bertrand ne mâche pas ses mots vis-à-vis du Rassemblement national, l'inverse est vrai.
01:43Marine Le Pen a dit que ce serait une insulte envers nos 11 millions d'électeurs si jamais Xavier Bertrand était nommé.
01:47Ce n'est pas du tout le cas avec Michel Barnier, il n'y a pas d'historique,
01:51il n'y a pas d'enjeu géographique sur une terre d'élections.
01:55Et puis, attention, Michel Barnier avait par ailleurs radicalisé son discours.
01:59Il a un profil centriste un peu modéré.
02:01Lors de la dernière primaire LR pour désigner le candidat à l'Élysée, c'était en 2021.
02:05Sur quel sujet ?
02:06Immigration.
02:07Alors, justement, permettez qu'on réécoute, justement, ce qu'il disait à cette époque-là.
02:11D'abord, il faut donner le signal que le monde entier n'est pas le bienvenu chez nous,
02:16qu'il y a des règles à respecter.
02:17Bien sûr, nous avons toujours le souci d'accueillir des étudiants.
02:21Nous continuerons de protéger des personnes qui sont menacées au titre du droit d'asile,
02:26mais pour le reste, nous devons pouvoir choisir,
02:28et ce sera d'ailleurs l'objet d'une des questions du référendum proposé aux Français,
02:33si je suis élu, que le Parlement puisse décider chaque année des quotas de personnes
02:38au titre de l'immigration choisie que nous voulons accueillir chez nous.
02:41Si je suis élu à l'époque, évidemment, président de la République,
02:43c'était dans la course à l'investiture républicaine.
02:46Il avait perdu, mais il avait aussi marqué les esprits avec des propositions, par exemple,
02:50de déroger certains engagements européens,
02:52certaines décisions de la Cour de justice européenne ou de la CEDH,
02:56de la Cour européenne des droits de l'homme, pardon.
02:58Donc, ça le rendrait plutôt compatible.
03:00Les cadres du RN aujourd'hui disent qu'il ne faut pas qu'ils méprisent le Rassemblement national
03:04et il faut évidemment qu'ils soient fermes sur l'immigration.
03:07Donc, c'est le RN qui choisit le Premier ministre ?
03:09Donc, c'est le RN qui, par défaut, peut dire qu'il y a droit de vie ou de mort, en fait,
03:13sur le futur gouvernement.
03:14Et de ce point de vue-là, Emmanuel Macron, il y a une partie de son camp qui lui dit
03:18« Mais attends, on n'a pas pu faire le front républicain pour aujourd'hui être dans la main du RN. »
03:21Alors que les mêmes ont tout fait pour empêcher le RN.
03:24Au moment de l'élection.
03:25On est d'accord.
03:26Et une partie de ces troupes qui le lui disent, lui, est plutôt sur une ligne pragmatique
03:30de faire durer le gouvernement le plus longtemps possible.
03:33Bon, Michel Barnier, Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve.
03:36C'est un Michel Fournier, président de l'Association des maires ruraux de France
03:39et maire des Voivres dans les Vosges.
03:40Vous en parle, vos habitants, de ce feuilleton sans fin du Premier ministre ?
03:46Oui, bonjour à vous.
03:48Oui, pourquoi pas Michel Fournier ?
03:51Pourquoi pas ?
03:53Il a l'humour.
03:54On a dit Michel Barnier, pas Fournier.
03:57Oui, j'ai bien compris, j'ai bien compris.
03:59Mais je dis cela parce que c'est une plaisanterie, certes.
04:04Mais il est vrai aussi qu'il faut un Premier ministre qui puisse rassembler parce que ce
04:12qu'attendent les gens chez nous, en fait, ils s'en fichent un peu du nom du Premier
04:17ministre.
04:18Je vous le dis.
04:19Ce n'est pas cela qui les intéresse.
04:20Ce qui les intéresse, c'est qu'enfin, le Parlement se montre un peu plus majeur et
04:27se dise, aujourd'hui, on est dans une situation difficile.
04:30Eh bien, nous devons au moins nous rassembler sur certains points et notamment sur des
04:35services qui ne sont plus d'actualité dans des territoires ruraux comme les nôtres,
04:40notamment la santé.
04:41Et c'est ça, les premières préoccupations des gens chez nous.
04:45Ce n'est pas forcément cette cuisine un peu politicienne qui, finalement, intéresse
04:55un peu, comme quand on s'intéresse, vous savez, à ce qui peut se passer dans la principauté
05:02de Monaco ou chez le roi d'Angleterre.
05:06Voilà.
05:07C'est intéressant ce que vous nous dites, M. Fournier, parce que ça nous ramène, en
05:11fait, aux préoccupations quotidiennes que tout le monde a un peu oubliées, évidemment,
05:16depuis deux mois.
05:17Mais très concrètement, est-ce qu'il y a, par exemple, chez vous, des projets qui n'avancent
05:21plus parce qu'on gère les affaires courantes dans les ministères ?
05:25Vous savez, j'ai une fonction nationale et dans cette fonction nationale, pratiquement
05:30toutes les semaines, j'étais à la rencontre d'un ministre ou de plusieurs ministres.
05:34Aujourd'hui, ce n'est plus le cas depuis les fameux 50 jours.
05:38Et pourtant, on a des dossiers qui sont chauds.
05:41En ce qui concerne ce que nous représentons, les maires ruraux, plus de 13 000 communes
05:45rurales adhérentes à notre association, c'est le statut de l'élu, la réforme du
05:50statut de l'élu, la réforme du système électoral en vue de 2026 pour les élections
05:58communales, pour les communes de moins de 1 000 habitants, etc.
06:02La parité.
06:03On est dans beaucoup de dossiers qui doivent se conclure cette année.
06:10Sinon, la Constitution ne le permet plus.
06:15Et tout ça était prêt.
06:17La dissolution pour nous, c'était aussi ce choc-là, parce que les planètes étaient
06:24un peu alignées entre le Sénat et l'Assemblée et on allait obtenir, effectivement, satisfaction
06:30par rapport à ce besoin-là.
06:32Autre chose, on parle, ce fameux ministre qui vient d'évoquer les dépenses des collectivités,
06:42quand c'est comme ça, il faut balayer devant sa porte, parce que ça, il faut être gonflé
06:46quand même pour faire ce genre d'annonce comme quoi les collectivités, c'est elles
06:51qui participent aux déficits, là, il faut être gonflé.
06:54Mais dans ce cadre-là, nous avons, nous, une notion d'espace que nous défendons et
07:01cette notion d'espace, elle donne droit à une valorisation des territoires que nous
07:06représentons.
07:07C'est 88 % du territoire français et c'est quand même 23 % de la population.
07:13Donc, ce qu'on comprend, et Naila Latrousse, hier, a dressé la liste des dossiers en
07:17suspens pour nous du côté des ministères, mais les entreprises aussi, Nicolas Doze,
07:22sont confrontées à une forme d'impatience parce que plus rien ne bouge depuis deux mois.
07:27Quand vous n'avez plus de visibilité, vous faites pause.
07:29Alors, effectivement, ce à quoi on assiste, c'est qu'aujourd'hui, tous les projets
07:33sont soit abandonnés, soit sur pause.
07:35Donnez quelques exemples.
07:37Je n'ai pas d'exemple, là, tout de suite.
07:39Si il y a eu des projets d'usines qui ont été mis sur pause, je n'ai pas des noms,
07:43là, en tête, à vous donner.
07:44J'avais surtout regardé les textes de loi qui étaient sur pause et le Medef considère
07:48qu'on est en train de perdre un trimestre d'activité.
07:50Voilà, c'est à peu près ça.
07:51Il ne faut pas que ça dure trop longtemps parce qu'à un moment, si vous n'investissez
07:53plus, il n'y a plus de croissance et quand il n'y a plus de croissance, ça finira par
07:55avoir des conséquences sur l'emploi.
07:57Ça, c'est l'avis des entreprises.
07:58Après, sur le terrain législatif, il y avait quand même, on va dire, les trois grands
08:02textes très attendus qui n'existent plus.
08:05C'est la crise la plus aiguë que nous avons.
08:10J'ai l'impression qu'ils ne font pas une rentrée très joyeuse, les agriculteurs, et on attendait
08:14le choc de simplification qui ne verra pas le jour.
08:16Sans compter que ça, c'est à l'arrêt et on s'apprête peut-être à faire marche arrière
08:20cette fois-ci sur les retraites et la fameuse réforme de l'assurance-chômage qui est partie
08:23dans les limbes également.
08:25Pourquoi on parle d'un trimestre à l'arrêt ? Parce que ça correspond au chiffre des
08:28100 jours que l'on met.
08:29Les 100 jours au ralenti, ça correspond aux 50 jours qu'il y a entre la dissolution et
08:33aujourd'hui.
08:34Mais souvenez-vous qu'avant cela, enfin plutôt à la démission du gouvernement et aujourd'hui,
08:37mais avant cela, il y avait la période de réserve, il y avait les européennes, on
08:39les a un peu oubliées.
08:40Et en fait, ça fait depuis le 27 mai, depuis le début de la période de réserve, que la
08:45France tourne au ralenti 100 jours un trimestre.

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