• il y a 2 mois
Une image choc à la une du journal "L'Union" : des éleveurs ont déposé des cadavres de moutons devant la préfecture des Ardennes, à Charleville-Mézières, des animaux morts de la fièvre catarrhale ovine. Yohann Sommé fait partie de ces éleveurs désespérés. Il est également président de la Fema, Fédération d'élevage de moutons des Ardennes.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Eric Brunet et Céline Landreau du 05 septembre 2024.

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Transcription
00:00RTL midi, pour tout comprendre de l'actualité.
00:04Une image choc, mesdames, messieurs, à la une d'un grand quotidien régional, l'Union.
00:09Ce matin, hier, des éleveurs ont déposé des cadavres de moutons devant la préfecture des Ardennes,
00:15Charleville-Mézières, des animaux morts de la fièvre catarale ovine.
00:20Ce sont des éleveurs désespérés qui tentent de se faire entendre,
00:24des éleveurs dont vous faites partie, Johan Sommet, bonjour.
00:28Bonjour.
00:28Vous êtes président de la FEMA, Fédération d'élevage de moutons des Ardennes.
00:33Vous êtes éleveur de brebis, principalement de race Texel, et de vaches alétantes, des limousines.
00:39Expliquez-nous d'abord cette action coup de poing, hier, devant la préfecture.
00:44Alors, ce que nous avons voulu montrer hier, c'est avant tout la dépresse dans laquelle se trouvent les éleveurs et leurs troupeaux,
00:49que les gens le sachent et comprennent.
00:52Nous sommes complètement en puissance face à cette maladie,
00:54car elle est causée par un virus contre lequel aucun médicament n'existe.
01:00Et ce qu'on a voulu montrer également, c'est que tout le travail des éleveurs,
01:06toujours un travail de plusieurs générations, auquel on consacre tout pour nos animaux,
01:10on sacrifie nos moments en famille.
01:12Chez nous, il n'y a pas d'week-end, il n'y a pas de jour férié, il n'y a même pas toujours de vacances.
01:17C'est nos animaux qui passent toujours avant le reste.
01:21On se bat pour les mettre au monde, les mois d'annulage, c'est 16 heures par jour dans un bergerie,
01:25on dort très peu, on ne voit pas nos proches.
01:27Et tous ces sacrifices, tout ce travail aujourd'hui, il est anéanti.
01:30Il est anéanti parce que cette situation dramatique, elle a une cause qui est clairement identifiée, malheureusement.
01:38L'État ne nous a pas autorisés à utiliser les vaccins au moment où on aurait pu protéger nos animaux.
01:43Depuis plusieurs semaines, nous parlons de cette épidémie sur RTL,
01:48une épidémie d'ailleurs qui semble être partie des Pays-Bas.
01:52Mais ce que vous dites là, c'est que les choses n'ont pas été prises à temps, c'est ça ?
01:57Vous dites qu'il n'y a pas de médicaments contre cette maladie, très bien.
02:00Mais il y a un vaccin, on aurait pu la prévenir ?
02:05Oui, alors la maladie elle est apparue au mois de septembre 2023 dans les Pays-Bas.
02:09A partir du mois d'octobre, elle a touché le nord de la Belgique et l'ouest de l'Allemagne.
02:14Donc on savait, les épidémiologistes nous avaient dit que la maladie arriverait.
02:18C'est une maladie vectorielle, donc elle est transmise par un moucheron-piqueur qui contamine nos animaux.
02:23Elle est transmise, vous dites, par un moucheron ?
02:26Oui, par un vecteur, un moucheron-piqueur.
02:30Et donc on savait que le mois de juillet serait déterminant dans la transmission de la maladie,
02:34on savait que ça allait arriver.
02:35Alors les Pays-Bas, effectivement il existe des vaccins qui sont très efficaces,
02:39qui ont été mis au point rapidement, qui empêchent la mortalité des animaux.
02:44Les Pays-Bas les ont autorisés dès le 26 avril.
02:47Pour la Belgique, ça a été le 8 mai.
02:49Et l'État français les a seulement autorisés le 27 juillet.
02:52Vous voulez dire que, souvent on critique la lenteur bureaucratique dans les ministères, etc.
02:58Je ne sais pas si on est là-dedans là,
03:00mais vous voulez dire que c'est la lenteur de l'administration française,
03:04le ministère de l'Agriculture, pour autoriser ce vaccin,
03:07qui serait responsable du déploiement, du développement de cette maladie,
03:12qui tue aujourd'hui des milliers d'animaux, de moutons, c'est ça ?
03:15Oui, alors je ne vais pas faire de procès d'intention,
03:17mais clairement ce qui s'est passé, c'est qu'on n'a pas eu les vaccins à temps,
03:22et on aurait dû les avoir, et on pouvait les avoir, nos voisins l'ont fait.
03:27Le règlement européen qui permet aux États de décider d'utiliser un médicament
03:33sans qu'il ait terminé l'autorisation de mise sur le marché, il est commun à tous.
03:37Donc c'est ce règlement qu'ont activé les Pays-Bas et la Belgique.
03:42Et au final la France, mais avec deux mois de retard.
03:46Oui, justement, alors Yoann Sommet, restez avec nous,
03:49je me tourne juste vers Pierre Herbulot qui est avec nous en studio.
03:52Pierre, on pensait que les choses allaient dans le bon sens avec cette vaccination élargie,
03:57et entendre Yoann, visiblement, ce n'est absolument pas le cas.
03:59Oui, c'est ça, et pour plusieurs raisons.
04:01Alors d'abord, c'est ce qu'il disait, parce que la vaccination,
04:04l'arrivée des vaccins a pris et prend toujours du temps.
04:07Alors, moi j'ai eu le ministère de l'Agriculture au téléphone il y a deux semaines,
04:11ils nous ont dit des choses un tout petit peu différentes.
04:13Ils nous ont dit, nous, on était prêt à temps,
04:15puisque les autorisations ont été données le 5 juillet.
04:18Ce qui a pris du temps, c'est la production des vaccins,
04:21et surtout la distribution ensuite.
04:23Le 5 juillet, c'est plus d'un mois avant les premiers cas en France.
04:26Mais derrière, effectivement, ça a traîné.
04:28Ensuite, deuxième raison, c'est que...
04:29Mais 5 juillet, pardon de vous interrompre,
04:315 juillet, c'est déjà un peu tard l'autorisation,
04:34puisqu'en avril, c'est-à-dire pays frontalier, la maladie est en Belgique.
04:38C'est sûr que, effectivement, c'est plus long en France.
04:41Alors, ce n'est pas du ressort du ministère de l'Agriculture,
04:43mais c'est plutôt les autorités de santé.
04:45On a beaucoup de validations pour valider un vaccin en France.
04:48C'est sûr que c'est long.
04:49Ensuite, deuxième problème, c'est que le vaccin met du temps à faire effet.
04:52Trois semaines pour une immunité totale.
04:55C'est-à-dire que, pendant ce laps de temps,
04:57la maladie peut continuer de progresser.
04:59C'est ce que me disait un éleveur, c'est une course contre la montre.
05:02Vaccin, virus.
05:03D'autant que là, je vous parle uniquement de la fièvre catarhal-ovine 3,
05:07celle qui arrive par le nord et l'est.
05:09Il y a un deuxième variant qui arrive par le sud, la fièvre catarhal-ovine 8,
05:14et elle progresse.
05:15Les deux virus sont en train de se croiser.
05:17Enfin, il y a une troisième maladie qui circule en ce moment, la MHE,
05:21la maladie hémorragique épiséotique.
05:23Elle se développe aussi, elle est plus virulente pour les bovins.
05:27Donc, c'est vrai que ça fait beaucoup.
05:28Il y a des vaccins, mais ça prend du temps.
05:30Et les maladies, comme ça, qui se propagent, c'est difficile à indiquer.
05:33Ça fait beaucoup.
05:34Et d'où la détresse des éleveurs, dont vous, Johan Sommet.
05:38Merci beaucoup.
05:39C'est bien qu'on l'ait eu, Johan.
05:40Parce que si on n'avait entendu que la voix du ministère de l'Agriculture,
05:44l'information aurait été incomplète.
05:46Donc, c'est intéressant d'avoir entendu Johan Sommet.
05:49Merci beaucoup à vous de nous avoir parlé au 3210.
05:53Mesdames, Messieurs, dans un instant, on va parler d'un vrai succès français
05:58de la fin du printemps et de l'été.
06:00Montécristo, à tout de suite.
06:03Les auditeurs ont la parole.

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