Dissimulations de violences, propos obscènes : des enregistrements révèlent de graves dysfonctionnements au sein de la police municipale de Marseille. C'est un ancien employé du centre de supervision urbain de la police municipale marseillaise qui a enregistré ses collègues à leur insu pour dénoncer ces comportements. Me Victor Gioia, avocat de cet ancien opérateur qui a choisi de lancer l'alerte, est l'invité de RTL Midi.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Eric Brunet et Céline Landreau du 04 juin 2024
Regardez L'invité de RTL Midi avec Eric Brunet et Céline Landreau du 04 juin 2024
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00:00 Éric Brunet, RTL Midi.
00:03 Dissimulation de violence, propos obscènes, vous avez peut-être entendu ce matin sur RTL
00:09 ces enregistrements qui révèlent de graves dysfonctionnements au sein de la police municipale de Marseille.
00:15 C'est un ancien employé du centre de supervision urbain de cette police municipale marseillaise
00:20 qui a enregistré ses collègues à l'heure insue pour dénoncer ses comportements.
00:24 Etienne Baudu a pu se procurer les enregistrements pour RTL.
00:27 Tendez l'oreille, mais vous pouvez par exemple entendre dans cet extrait de mai 2023 des opérateurs
00:33 dire à des policiers en intervention qui molestent un ivrogne sur la voie publique
00:37 de le faire plutôt à l'abri des caméras et de mettre, je cite,
00:41 "le taquet à la limite dans la voiture quand personne ne les voit".
00:45 Oui, ben tu le prends, tu le menottes, tu la mets au sol et tu dis "son petit con va me traître"
00:49 mais la de droite, j'en fais pas attention.
00:52 Le taquet à la limite tu le mets dans la voiture quand personne ne te voit.
00:55 Et un autre extrait des opérateurs zoom pour commenter le physique de jeunes femmes dans la rue.
01:00 C'est pas mal, toi.
01:01 Mais attends, je suis retournée là.
01:02 Elle a des bonnes cuisses.
01:03 Elle est là, la pacholette.
01:04 Mais montre-nous la pacholette.
01:06 La pacholette, le nom provençal de l'entrecuisse féminin édifiant.
01:11 On vous le disait, des enquêtes administratives et judiciaires sont en cours.
01:15 Bonjour, maître Victor Joya.
01:17 Bonjour.
01:18 Vous êtes l'avocat de cet ancien opérateur qui a choisi donc de lancer l'alerte.
01:23 Votre client disait enregistrer à l'heure insu ses anciens collègues
01:27 parce que ses comportements, ils n'étaient pas isolés ?
01:30 Au départ, mon client fait un travail remarquable.
01:34 Il est un opérateur extrêmement méticuleux.
01:37 Il fait des recherches qui matchent.
01:39 Il a des félicitations.
01:41 Et quand ses collègues, eux, ne font rien,
01:42 ses félicitations commencent à agacer puisqu'il ne participe pas à ses dérives.
01:47 Et très rapidement, il devient l'empêcheur de ne rien faire.
01:52 Il est ostracisé parce qu'il vit un véritable harcèlement.
01:55 Il s'en ouvre auprès d'une direction qui reste sourde.
01:57 Et puis, il se sent menacé.
01:59 Il était vraiment très inquiet pour sa protection.
02:02 Et il a commencé à enregistrer, effectivement.
02:05 Alors, je l'ai prévenu, c'est une infraction.
02:07 Il ne faut pas le faire.
02:08 C'est ça, c'est interdit d'enregistrer des collègues à l'heure insu.
02:11 On le rappelle quand même.
02:13 C'est tout à fait interdit, mais je l'ai prévenu.
02:15 Mais lui me dit, je n'avais pas d'autre protection, pas de défense.
02:18 Je me sentais menacé et ma hiérarchie ne m'a jamais écouté.
02:20 Alors, il s'est mis à rédiger des rapports, des rapports.
02:23 Mais il en a fait sur son temps libre, le soir en rentrant à la maison,
02:26 en expliquant, avec force, le détail.
02:29 Mais force est de constater que la hiérarchie ne les a jamais lus.
02:32 Et il lui a même reproché d'avoir beaucoup écrit.
02:34 Oui, c'est ça.
02:35 Parce qu'avant de se tourner vers vous, il a donc essayé, c'est ce que vous dites,
02:39 de prévenir sa hiérarchie des comportements de ses collègues.
02:43 Il leur a dit quand même.
02:45 C'est un lanceur d'alerte véritable.
02:47 Cinq jours après les violences, il les expliquait à son supérieur,
02:52 pas simplement le supérieur de la soirée qui a participé à cette dérive,
02:56 mais à son supérieur, celui du SUE.
02:59 Donc, il expliquait ce qui s'était passé.
03:02 Normalement, un lanceur d'alerte qui donne une information aussi grave
03:06 doit être renseigné.
03:08 On doit lui dire, on a pris en compte la situation,
03:10 on va te protéger et on va t'expliquer.
03:12 Il ne sait rien passer.
03:13 La mairie nous explique que sur les dénonciations de mon client,
03:17 sur les révélations, il y a une enquête en cours,
03:19 mais ça fait 13 mois que ça dure.
03:21 Et ne serait-ce que là, la direction de la police municipale
03:24 était informée de ce qui se passe depuis un mois.
03:26 Que s'est-il passé ?
03:27 Rien.
03:28 On nous explique simplement qu'il y a des enquêtes en cours,
03:30 mais les enquêtes, elles sont toutes faites.
03:32 Pourquoi n'ont-ils pas demandé à mon client de lui communiquer
03:36 les procès verbaux, de communiquer les enregistrements ?
03:39 Il les tient à la disposition.
03:40 Personne n'a envie de les écouter véritablement.
03:43 On a une direction de la police municipale
03:45 qui est dans le déni du réel.
03:47 Qu'est-ce qu'il attend alors de ces enquêtes ?
03:48 Rien du tout, votre client, aujourd'hui ?
03:50 Il a quitté ses fonctions, d'ailleurs ?
03:51 Non.
03:52 Mon client, dans cette affaire, il a tout perdu.
03:54 Un métier qu'il adorait, dans lequel il excédait.
03:56 Il a bradé avec beaucoup de courage
03:59 les réticences qu'on peut avoir
04:01 quand on est dans un environnement hostile.
04:03 Il ne dit pas que la police est pourrie.
04:05 Il dit qu'il y a quelques individus qui n'ont rien à y faire.
04:08 Sauf qu'il était plus facile pour la direction
04:10 d'essayer d'étrangler mon client en le faisant taire,
04:13 en le décrédibilisant.
04:14 Et c'est ça qui est le plus difficile pour lui.
04:16 Aujourd'hui, la position de la direction de la police municipale
04:19 est incompréhensible.
04:20 Au lieu de prendre mon client pour un partenaire,
04:23 ce qu'il a toujours été consciencieux,
04:25 prendre en compte ce qu'il a à dire,
04:27 l'écouter au bout de 13 mois ?
04:28 Non.
04:29 On va expliquer qu'il veut se venger.
04:30 De quoi ? C'est absurde.
04:31 On va expliquer qu'il est de mauvaise foi.
04:33 Non. Il n'a rien à gagner.
04:34 Il a tout à perdre dans cette affaire.
04:36 Ça ressemble au pas de vague quand je vous écoute.
04:40 Mais on est dans le pas de vague.
04:43 En fait, ce qu'il y a de terrible,
04:46 c'est que la direction de la police municipale
04:49 doit enquêter sur ses propres dérapages à elle.
04:52 Parce que si jamais la base a dysfonctionné
04:55 et la colonne de l'information a dysfonctionné aussi,
04:58 c'est bien qu'il y ait un problème de commandement.
05:00 Alors, oui.
05:02 Oui, oui, on vous écoute.
05:04 C'est facile de faire des clips vidéo
05:07 et de mettre en scène la police municipale
05:09 en vendant "tout va bien".
05:12 Mais quand on bat dans le réel, là,
05:14 ils sont confrontés au réel
05:15 et forcés de constater qu'ils ne gèrent plus rien.
05:17 Ils ont perdu leur sang de croix.
05:19 Moi, je les appelle à revenir à la raison.
05:21 Monsieur Florenti n'est pas celui qui déshonore la police municipale.
05:24 Merci, maître Victor Joya,
05:27 avocat de ce lanceur d'alerte à Marseille,
05:31 à propos des dysfonctionnements au sein de cette police municipale.
05:35 On marque une pause dans un instant en direction la Polynésie,
05:38 où vous verrez que les élections européennes
05:42 s'organisent de manière très particulière.
05:43 Et puis, juste après, on vous parlera
05:45 de tous les bienfaits de la sieste,
05:46 même en entreprise.
05:47 A tout de suite.
05:48 RTL, pour tout comprendre de l'actualité.