• il y a 2 mois
En avril 2024, les collectifs Éclaircies et Carbon Market Watch ont rédigé un rapport pour définir si les JOP 2024 pourraient être soutenables et respecter les accords de Paris. Guillaume Kerlero de Rosbo avance qu’il est préférable de repenser l’organisation de l'évènement.
Vincent Raimbault, fondateur de start-up Muto raconte comment ils interviennent sur dix sites des Jeux afin de réemployer les matériaux utilisés.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris se terminent sur des bilans sportifs et sociétaux qui sont très positifs.
00:14Il y avait un autre enjeu affiché par les organisateurs, faire baisser l'impact carbone de Paris 2024.
00:20On en parle avec Guillaume Kerlero de Rosbeau.
00:23Bonjour.
00:23Bonjour.
00:24Vous êtes le cofondateur du collectif Éclaircie et vous êtes également directeur des études écologiques à l'Institut Rousseau.
00:30À vos côtés, Vincent Rimbaud.
00:31Bonjour.
00:32Bonjour.
00:32Et bienvenue à vous.
00:33Vous êtes le fondateur de la start-up MUTO qui agit pour le réemploi dans le secteur de l'événementiel.
00:38On est dans le macro et dans le micro avec vous et vous êtes parfaitement complémentaire.
00:44Vous avez publié, je crois que c'était au printemps dernier, un rapport d'évaluation de la stratégie climat et communication des Jeux.
00:52Peut-être qu'on peut rappeler pour commencer quel a été l'objectif des organisateurs.
00:55Ils s'étaient donné une sorte de budget carbone, c'est ça ?
00:58C'est ça exactement et c'est un des gros points positifs déjà de ces JO, c'est qu'ils se sont donné un budget carbone a priori.
01:04Ils se sont dit on va travailler sous contrainte et on va essayer de diviser par deux les émissions de nos JO
01:11par rapport aux deux éditions précédentes de Rio et de Londres.
01:14On laisse de côté Tokyo parce que c'était pendant la pandémie.
01:17Oui, donc il n'y avait quasiment pas de spectateurs donc ce n'était pas comparable.
01:20Donc de tout faire dans un budget de 1,5 million de tonnes de CO2,
01:25ce qui est à peu près le budget carbone du Tchad globalement quand même.
01:29Oui, intéressant.
01:31Mais c'est toujours deux fois moins que les éditions précédentes.
01:33C'était ça l'enjeu.
01:34C'est trop tôt pour dire si l'objectif a été tenu ou on peut déjà imaginer ?
01:38C'est un peu tôt pour dire.
01:39En vrai, en vérité, là on va surtout peut-être parler des objectifs qui s'étaient fixés.
01:45Pour savoir si réellement ces objectifs auront été atteints, il va falloir attendre les bilans post-JO.
01:51Ça nous permet de faire de la pédagogie.
01:53Il y a une info qui semble assez évidente mais en fait ce qui pèse le plus c'est les spectateurs.
01:58On en parlait, c'est le déplacement des spectateurs ?
02:01Oui, en gros le bilan carbone des JO c'est 40% les transports.
02:05Et donc là-dedans il y a essentiellement effectivement le transport des spectateurs.
02:0930% tout ce qui est bâtiment et construction.
02:12Et donc là on va beaucoup parler de réemploi.
02:14Et 30% sur tout ce qui est sur place.
02:18Donc les achats, le mobilier, l'alimentation, etc.
02:24Alors on va démarrer justement sur, on reviendra au déplacement et au transport.
02:29Mais sur ces enjeux de construction, le principe déjà c'était de limiter les nouvelles infrastructures.
02:36Alors on pourrait aller encore plus loin et ne pas en construire du tout mais c'était déjà un bon principe de départ ?
02:42Oui, tout à fait. C'est un des gros points forts aussi là que je voudrais souligner.
02:45C'est le fait que 70% des bâtiments et des infrastructures sportives étaient déjà existantes.
02:53A peu près 25%, donc c'est les 7 sites du Trocadéro, du Champ de Mars, etc.
02:59étaient des infrastructures temporaires.
03:02Et en fait du coup il ne reste que 5% à peu près de bâtiments neufs.
03:06Donc le centre aquatique, le village des médias, le village des athlètes.
03:12Alors justement on va parler de ce village des athlètes et je me tourne vers vous.
03:18Peut-être présentez-nous MUTO en quelques mots pour commencer ?
03:21Alors MUTO récupère en fait tous les résidus d'aménagement éphémère, donc particulièrement événementiel.
03:27Qu'il s'agisse de salons, de festivals, de conventions professionnelles, de défilés de mode.
03:31Pour les donner à des associations et projets à impact social positif.
03:37Donc là en l'occurrence les Jeux Olympiques ont fait en sorte de récupérer tout ce qui ne va pas pouvoir être réemployé.
03:45Du mobilier, de la matière première, des équipements divers.
03:48Et faire en sorte de les donner à des personnes qui en ont le plus besoin, qui vont raconter des belles histoires aussi.
03:52Et alors ça veut dire que vous êtes en lien avec l'organisation, avec le COJO, avec l'organisation de ces Jeux Olympiques et Paralympiques.
03:59Vous savez déjà ce que vous allez récupérer ?
04:01Alors ça fait plus d'un an qu'ils sont sur les inventaires.
04:05Nous on a été engagés sur le projet il y a six mois.
04:08Donc oui on travaille activement sur l'identification de ce qui va pouvoir ou pas avoir une seconde vie.
04:13Mais moi aussi j'ai un petit bravo à distribuer.
04:17Il y a 90% des équipements JO qui ont déjà une solution de seconde vie qui a été routée d'emblée.
04:24Qui a été anticipée auprès des fournisseurs.
04:27Ils l'ont imaginée pour pouvoir la réutiliser.
04:30C'est très rare en fait.
04:31D'autant plus à cette échelle là.
04:33C'est assez impressionnant.
04:35Et donc nous en fait on travaille finalement que sur les 10% résiduels.
04:38Et potentiellement les quelques trous dans la raquette ici ou là.
04:41Parce qu'un événement de cette ampleur là a forcément quelques failles.
04:44Mais c'est très impressionnant.
04:46Ce village des athlètes, comment il a été conçu ?
04:50En quoi il répondait à des objectifs justement d'impact le plus faible possible.
04:56Et de réemploi d'économie circulaire dont on parle.
04:59Alors peut-être que tu pourras me compléter.
05:01Mais d'une manière générale sur l'ameublement et les équipements.
05:06Il y a eu un vrai questionnement sur le besoin.
05:09Qui vraisemblablement apparemment a permis de réduire déjà de 25% la quantité d'objets.
05:16Qu'il y a dans les différentes infrastructures.
05:18Le village olympique compris mais je parle dans l'ensemble déjà.
05:21Et il y a eu un gros effort de fait sur le fait que les équipements sportifs ne soient pas achetés.
05:28Mais loués ou prêtés par les fédérations sportives.
05:31Et donc de facto ça fait ça de moins aussi dans l'impact matière des DJO.
05:38Pareil pour les tribunes, les tentes.
05:40Tout ça est du matériel globalement loué.
05:43Et donc ça réduit d'autant le bilan.
05:45Et je crois que sur le village olympique il y a eu aussi un gros effort.
05:49Sur typiquement les chambres des athlètes.
05:53Avec des cloisons qui vont être marquées et réutilisées sur d'autres chantiers plus tard.
06:00Et beaucoup d'acteurs de l'économie circulaire qui ont été mis dans la boucle.
06:03Outre Muto.
06:04Je prends l'exemple notamment de Vesto sur les équipements de cuisine professionnels.
06:07Je prends l'exemple de Lyreco sur le mobilier notamment.
06:11Et il y en a plein d'autres comme ça.
06:13Donc c'est vrai qu'il y a vraiment toutes les solutions qui ont été mises en place.
06:16Sur le réemploi des matériaux BTP finalement.
06:20Notamment du village olympique qui vont être déconstruits.
06:22Parce que vous savez qu'il y a une mutation.
06:24Il y a l'après village olympique.
06:26Il y a notamment un groupement autour de l'entreprise Tricycle.
06:28Qui va prendre en main justement la seconde vie de ces éléments là.
06:31Pour faire en sorte que ces matériaux puissent continuer leur existence.
06:36Donc c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses qui ont été faites.
06:39Et il y a très peu de zones nombre à ce niveau là.
06:42On peut espérer qu'il y a un effet d'entraînement.
06:47On vient de sortir des jeux paralympiques.
06:50Et on peut espérer que le regard d'une majorité de la société française va changer sur le handicap.
06:56Est-ce qu'en matière d'économie circulaire vous pensez que ces jeux peuvent avoir eu cet impact ?
07:01Ou pas ? Parce que peut-être qu'on n'a pas assez communiqué là-dessus.
07:03Quel est votre avis ?
07:04Alors on a beaucoup communiqué là-dessus.
07:06Notamment par l'intermédiaire des canaux.
07:09Les canaux c'est la structure qui gère la communication de tous les projets de l'économie sociale et solidaire.
07:15Autour de Paris 2024.
07:17Et qui a beaucoup valorisé justement l'engagement de MUTO entre autres.
07:20Et il faut dire qu'au-delà de l'économie circulaire.
07:23Pour ce qui me concerne sur le secteur événementiel.
07:25On pense que c'est un vrai précédent.
07:27Qu'on ne pourra plus faire d'événements sans considérer que c'est possible de le faire.
07:31Puisque les Jeux Olympiques...
07:32On aura prouvé que c'était possible.
07:33Exactement.
07:34Et à des échelles qui sont absolument incroyables.
07:37L'anticipation, l'humain, le budget.
07:39C'est tout ce qu'on n'a pas habituellement quand on organise des événements.
07:42Parce qu'il y a un certain flux, un certain volume.
07:45Là pour le coup c'est ce que Paris 2024 a réussi à mettre sur la table.
07:48Et c'est vrai que du coup c'est très rassurant et ambitieux.
07:51Comment on peut aller plus loin d'après vous ?
07:54Parce que l'essence même de ces événements.
08:00C'est de faire venir du monde entier des millions de spectateurs.
08:05Et moi j'avoue que c'est aussi ce qui rend les Jeux Olympiques aussi beaux.
08:10C'est de voir des tribunes avec toutes les couleurs, toutes les langues qui sont parlées.
08:15Des gens qui éventuellement ont espéré que leur équipe bagagne.
08:18Mais qui malgré tout vont être dans un bon esprit.
08:20Si on garde ça, on a toujours un bilan carbone qui est lourd.
08:23Vous voyez ce que je veux dire ?
08:24Tout à fait.
08:25C'est un peu l'éléphant dans la pièce.
08:26Un peu l'impensé à date de la stratégie carbone des JO.
08:30C'est le transport international.
08:32Ça reste au moins 30% du bilan.
08:36C'est plusieurs millions de personnes qui sont venues en avion des quatre coins du monde.
08:41Et reparties chez eux de la même façon.
08:43Donc le principal levier c'est de réduire ce poste.
08:49Et pour ça, ça passe par les différentes possibilités.
08:52Mais globalement ça passerait par l'idée de faire quelque chose de moins gigantesque, plus local.
08:59Donc des jeux complètement différents ?
09:02Profondément différents.
09:04Dans le modèle, on pourrait imaginer des jeux où au lieu d'avoir tout au même endroit,
09:09avec tout le monde qui vient en avion,
09:11de répartir davantage les épreuves dans différentes villes ou différents pays.
09:15Ce qui permettrait de coupler ça peut-être avec une mesure de type
09:19réserver une partie des places à des gens qui peuvent justifier d'être venus par voie terrestre.
09:24On peut imaginer ça.
09:27Le fait de faire ça dans différents pays, ce n'est pas si éloigné de ce qu'on fait.
09:31On a fait le surf à Tahiti.
09:33On commence déjà à délocaliser des choses.
09:35Et puis ça permettrait aussi à un niveau social d'être plus inclusif.
09:39De donner accès aux jeux à des gens issus potentiellement de villes plus petites.
09:44Parce qu'elles n'auraient qu'une infrastructure au lieu des 25 nécessaires.
09:48Et d'avoir un bassin de personnes qui pourraient avoir accès par voie terrestre, par train à ces JO
09:54qui soient beaucoup plus importantes.
09:56Donc ça, c'est un axe de travail.
09:58Autre chose qu'on pourrait faire, c'est...
10:00Ce ne sont plus les mêmes jeux.
10:01Ce ne sont plus les mêmes jeux.
10:02Pourquoi pas.
10:03J'avoue que ça me fait moins rêver.
10:05Je suis très honnête avec vous.
10:07C'est vraiment un changement d'ADN.
10:09Il y a un enjeu autour de l'imaginaire qu'on projette sur ces jeux.
10:13Il y a une autre mesure qui me plaît bien.
10:16C'est de développer beaucoup plus fortement des zones conviviales
10:21pour assister collectivement à ces jeux.
10:24Des fan zones, on appelle ça généralement.
10:27Avec des grands écrans, etc.
10:29Pour un peu désacraliser le fait que les jeux,
10:33ça ne va être bien que si je fais 10 000 kilomètres en avion
10:36pour être dans la tribune qui est face au terrain.
10:39La plupart des gens ont regardé ça depuis leur télé.
10:43Il y a tout un juste gradient de choses qu'on peut faire
10:47pour aller vers le collectif, vers le convivial, vers le sympa.
10:50Sans forcément avoir à prendre l'avion.
10:53C'est un travail d'imaginaire, de récit.
10:57Mais ce serait plus inclusif.
11:00C'est un défi compliqué.
11:02Un dernier mot sur ce qui va se passer maintenant.
11:05Où est-ce qu'on va pouvoir récupérer
11:08ou finalement se retrouver, sans le savoir peut-être,
11:11avec de la récupération d'objets ou de matériaux des Jeux Olympiques ?
11:15Il y a plusieurs dispositifs qui ont été mis en place.
11:18Il y a notamment une plateforme seconde vie qui a été mise en place par Paris 2024
11:21pour récupérer des objets, divers assets des Jeux Olympiques.
11:25C'est disponible pour tous.
11:28Si vous voulez récupérer des matériaux que MUTO va pouvoir collecter
11:32sur les différents sites olympiques,
11:34il va falloir intégrer notre matériothèque en ligne,
11:37qui s'appelle MUTOOLS.
11:39Il faut aller sur notre site internet
11:41et faire preuve d'un certain nombre d'engagements sociaux et écologiques
11:44puisqu'on ne donne qu'à ces personnes-là.
11:46On est à plaisir dans 1978 et à Genneville en 1992.
11:49Île-de-France, évidemment, on a essayé de router aux plus proches.
11:52On collabore notamment avec les ressources soviétiques culturelles du réseau RESSAC,
11:55en Île-de-France, qui fait un formidable travail de revalorisation
11:58et de redistribution des matériaux.
12:00Ça peut être un moyen hyper original
12:02de prolonger la magie des Jeux Olympiques.
12:05Merci beaucoup à tous les deux d'être venus partager ce bilan des Jeux.
12:09On passe à notre rubrique Start-up tout de suite.

Recommandations