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00:00Renaud Darroux, c'est une élection sans réel enjeu politique qui va se jouer demain ?
00:05Écoutez, sans réel enjeu politique dans le sens où, effectivement, le président sortant apparaît quand même comme le favori de ce scrutin.
00:14Ce qu'il faudra regarder de près, en fait, c'est le taux de participation.
00:18Ça a été rappelé en 2019. M. Théboune avait été élu avec 58% des voix, mais avec une participation de 40% seulement.
00:28C'est-à-dire qu'il avait eu 60% d'abstention. C'est énorme.
00:31Donc, il a besoin quand même, si c'est lui qui remporte l'élection, mais il a besoin de se relégitimer,
00:38notamment, effectivement, auprès de cette jeunesse partagée, on l'a un peu entendu,
00:44entre ceux qui trouvent qu'il a fait des choses, ceux qui trouvent que rien ne change et que la vie reste difficile.
00:50Il faut rappeler donc que l'Algérie est un pays jeune, 45% de la population a moins de 25 ans.
00:56Donc, il doit à la fois s'adresser à cette jeunesse, aux femmes également, et faire en sorte qu'il y ait une participation élevée.
01:04Alors, les deux candidats qui sont en face de lui ont été évoqués, donc M. Aouchiche et M. Hassani.
01:12Bon, franchement, ce ne sont pas des candidats qui devraient lui faire beaucoup d'ombre.
01:17On va attendre les résultats, mais voilà, l'enjeu principal à ce stade, c'est surtout une participation forte à ce scrutin.
01:26Et que reste-t-il aujourd'hui du mouvement de l'Irak ?
01:29Alors, le mouvement de l'Irak, ça a été un peu dit également, il a été un peu étouffé après les espoirs qu'il avait fait naître,
01:37toute cette jeunesse, on s'en souvient, les très nombreuses manifestations qui ont lieu,
01:41qui ont provoqué le départ du président Bouteflika et de beaucoup de ses proches qui ont été ensuite arrêtés, soupçonnés et convaincus même de corruption.
01:51M. Tebboune, donc son ancien Premier ministre, a été élu.
01:57Et en fait, ce qui l'a beaucoup servi, c'est la pandémie de Covid, qui de fait a interdit tous les rassemblements.
02:04Donc le mouvement s'est un peu de facto éteint comme ça.
02:08Et ensuite, il y a eu une politique discrète, mais relativement efficace, je vais ça entre guillemets,
02:13de répression des opposants, des principaux dirigeants de ce mouvement,
02:17ce qui fait qu'effectivement, la classe politique n'a pas véritablement évolué.
02:22Donc le mouvement Irak, aujourd'hui, on va dire qu'il est sans doute un peu dans les limbes,
02:27mais c'est un peu comme la braise qui couve, peut-être prêt à se réveiller si les mesures en faveur notamment de la jeunesse ne sont pas améliorées.
02:38Alors le président Tebboune en est conscient.
02:40Il promet notamment, par exemple, une forte augmentation de l'allocation chômage mensuel qui a été instaurée en 2022.
02:47Ça, c'est à mettre à son crédit.
02:48Cette allocation ne concerne que les 19-40 ans, mais en Algérie, c'est l'essentiel de la population active.
02:54Augmentation au niveau, d'ailleurs, du salaire minimum, ce qui n'est pas forcément un encouragement à retrouver du travail,
02:59mais ça, c'est un autre débat.
03:01Il promet aussi près de 500 000 emplois.
03:03Donc il sent bien qu'il doit présenter des choses.
03:06Il dit qu'il veut faire une Algérie nouvelle, faire de l'Algérie la deuxième économie du continent.
03:10Aujourd'hui, c'est la troisième.
03:12Voilà, sur le plan diplomatique, il a un bilan plus mitigé avec une relation qui s'est à nouveau tendue avec le Maroc.
03:19Avec certains pays africains aussi, notamment le Mali.
03:23Et puis avec la France, bien sûr, depuis que Paris a estimé que la question du Sahara occidental pouvait être réglée un peu plus en faveur du Maroc.
03:31Pour faire simple, à nouveau, on est dans cette relation extrêmement compliquée.
03:36L'ambassadeur d'Algérie à Paris a été rappelé en Algérie.
03:40Merci beaucoup, Bruno Darroux, pour votre analyse.