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Transcription
00:00Et nous sommes donc en plateau avec notre invité, Brahim Oumansour, bonjour et merci d'être sur France 24.
00:05Vous êtes chercheur associé, directeur de l'Observatoire du Maghreb à l'IRIS.
00:09On vous doit le livre « L'Algérie, un rebond diplomatique » qui est paru l'an dernier chez Erols.
00:14On parle d'abord de cette participation annoncée à 48% par les autorités algériennes.
00:21Dans les faits, quand on regarde dans le détail sur les 25 millions d'inscrits, il n'y a que 5 millions d'Algériens qui se sont mobilisés.
00:27C'est donc une participation très faible à 25%. On est donc loin du chiffre officiel.
00:32Oui, on est loin du chiffre officiel et du chiffre qui aurait été souhaité, bien évidemment.
00:38Et je rappelle que l'enjeu principal de cette élection n'est pas autant la réélection d'Abdelmajid Tebboune, qui est très attendue,
00:47mais plutôt le taux de participation qui représente un moyen de renforcer ou de se donner plus de légitimité électorale.
00:58Et rappelons que, non seulement pour Abdelmajid Tebboune, mais pour le système en soi, en 2019,
01:05l'image du système a été contestée ou fortement contestée par le mouvement de protestation, le Hirak.
01:14Et cela s'est traduit également par un taux de participation en 2019 très bas.
01:21Et aujourd'hui, on est à un taux de participation encore plus bas qu'en 2019.
01:26Et dans un contexte, bien évidemment, ce taux traduit aussi un climat politique et social très tendu.
01:37Je rappelle, comme ça a été rappelé également, l'espace politico-médiatique reste verrouillé,
01:44notamment à l'opposition qui remet en cause le système et qui revendique encore une fois un changement, je dirais, du système en soi.
01:56Et aujourd'hui, entre le chiffre de 48% qui a été donné par l'année, l'autorité indépendante des élections,
02:06ça symbolise cette inquiétude, mais également cette volonté de camoufler en quelque sorte cet échec, je dirais,
02:19d'une élection qui reste un taux, je crois, un des taux les plus bas dans l'histoire du pays.
02:25Donc ce rebond démocratique qu'attendaient les Algériens après la mobilisation du Hirak n'a pas eu lieu.
02:32Là, il s'estompe au fil des années.
02:34Exactement. Je dirais, lors du mouvement, les dirigeants ont fait le choix, en tout cas du statut quo,
02:43de la continuité du système par une élection qui était organisée en décembre 2019, au lieu de satisfaire les revendications du Hirak.
02:54Et aujourd'hui, la contestation se pousse, je dirais, la colère est toujours présente,
02:59même si le mouvement dans la rue n'est plus, à cause notamment de la répression.
03:04Je rappelle qu'il y a plusieurs dizaines, on recense jusqu'à 300 pour certains sources de condamnations,
03:14pour 2-3 ans de prison pour certains. Donc des militants, je parle d'activistes et journalistes.
03:20Et cela, bien évidemment, crée un climat très tendu et surtout renforce le scepticisme des Algériens
03:28vis-à-vis du système, vis-à-vis de l'État. Et derrière le scepticisme, il y a une frange de contestation
03:36qui reste encore endormie mais qui pourrait se réveiller un jour.

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