Michel Barnier, un Premier ministre issu des républicains (LR), nommé avec l’aval de Marine Le Pen et du Rassemblement National (RN), comment comprendre le choix d’Emmanuel Macron ? On en a discuté avec Jonathan Bouchet-Petersen notre éditorialiste politique.
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00:00Je crois que Michel Barnier, donc le nouveau Premier ministre de Macron, il peut remercier Marine Le Pen aujourd'hui,
00:05parce que Macron l'a nommée avec l'aval du Rassemblement National, qui ne le saussurera pas.
00:09Et Jonathan Boucher-Pétersen...
00:10Pas tout de suite en tout cas.
00:11En tout cas, pas tout de suite. Jonathan Boucher-Pétersen, je te présente Anne Augent-Quinon, regarde,
00:15tu es chroniqueur politique à Libération.
00:18Jonathan, qu'est-ce que tu en penses de cette nomination de Michel Barnier ?
00:22Je l'ai un peu écrit dans un édito hier que j'avais de chaque année.
00:26Il y a quand même moitié le sentiment du tout-ça-pour-ça, parce que c'est quand même assez incongru d'imaginer que
00:32le camp présidentiel, et en l'occurrence Emmanuel Macron, dont on peut acter qu'il a connu une défaite sévère aux législatives,
00:39se retrouve à nommer un homme issu d'un parti qui a réuni encore moins de voix que les macronistes, c'est-à-dire LR,
00:45qui est quand même quatrième de la dernière présidentielle, qui doit l'essentiel de sa survie à un front républicain
00:51auxquels eux-mêmes n'ont pas appelé, et Michel Barnier qui se retrouve à être in fine préféré à par exemple Xavier Bertrand,
00:57lui aussi issu de LR. La seule différence entre les deux, c'est que Bertrand le peine d'ignet parce qu'ils ont un passif
01:03dans la région Nord-Pas-de-Calais, parce que Bertrand a eu des propos assez régulièrement très vifs à l'égard du Rassemblement national.
01:11Donc voilà, Barnier, il est là aussi parce que non pas il a plus de soutien, c'est ça qui est un peu incongru dans cette séquence,
01:17c'est qu'on n'a pas choisi le Premier ministre qui avait la plus importante base politique au Parlement,
01:22mais c'est lui qui faisait l'objet du moins de rejets, et notamment de la part du Rassemblement national.
01:27Donc ce qui est un peu surprenant, c'est que cette élection législative, au moins deuxième tour,
01:31elle s'est faite de façon massive sur le réenclenchement du front républicain, et qu'à la fin on a le représentant d'un parti
01:38qui n'a pas appelé au front républicain, et la place d'arbitre des élégances pour le parti contre lequel tout le monde s'est ligué,
01:44le Rassemblement national. Donc oui, il y a un côté, si on veut être dans l'euphémisme, on dirait baroque,
01:50et si on veut être un peu dans l'excès, on dirait qu'il y a un scandale absolu.
01:53Moi, quelque chose m'a surpris avec cette nomination, j'avais l'impression que ce qui ressortait des législatives,
02:00c'est que finalement, la principale leçon, c'est qu'on en a assez du macronisme, on n'en veut plus,
02:07et là, avec la nomination de Barnier, je n'ai pas l'impression qu'il y a une rupture avec le macronisme.
02:11Selon les commentateurs ou les émetteurs, on parle de coexistence exigeante, de cohabitation pour ceux qui veulent dire
02:19que Barnier a sa propre identité, que s'il était candidat à la primaire de la droite, c'était quand même pour être candidat à la présidentielle
02:24contre Emmanuel Macron. Mais j'allais dire qu'on n'est pas face à la rupture attendue, en tout cas.
02:31C'est-à-dire que s'il y a au moins un message qui était clair dans les élections législatives,
02:35ce n'est pas la victoire pleine et entière du nouveau Front populaire, ça, personne ne peut le défendre,
02:39mais c'est de dire qu'il y avait quand même une aspiration à une alternance claire et nette,
02:43à plus de justice sociale, à plus de justice fiscale, à une meilleure répartition des richesses,
02:48à beaucoup d'évolutions. Donc il y a évidemment aussi le fort vote du RN qu'il ne faut pas zapper,
02:54c'est-à-dire que le vote du RN est sûrement porté par des aspirations sociales, mais il est aussi porté par des aspirations identitaires
03:01ou un discours très dur sur l'immigration, donc il ne faut pas se voiler la face là-dessus.
03:06Mais on a le sentiment qu'on va être, sur le plan économique et social, dans une poursuite,
03:12voire une accentuation du libéralisme macronien, puisque le principal critère pour Emmanuel Macron,
03:22c'était de prendre un Premier ministre qui ne remet pas en cause son bilan.
03:25Donc on ne touche pas à la réforme des retraites, donc on ne touche pas à la réforme de l'assurance chômage,
03:28donc on ne touche pas à la politique de l'offre et pro-business, donc on ne touche pas à la fiscalité
03:33qui est quand même très déséquilibrée en faveur des plus grandes fortunes et des plus grands groupes.
03:38Donc tout ce corpus macronien, on ne touche pas.
03:40Finalement, du coup, on ne touche pas à grand chose.
03:42Non, on ne touche pas à ça, mais ça c'est aussi ce qui a barré la route à Bernard Cazeneuve,
03:46beaucoup plus que le fait que le PS n'ait pas voulu lui apporter un soutien plein et entier sans savoir où il mettait les pieds.
03:52C'est beaucoup plus le fait que Cazeneuve, parce qu'il était lucide sur le fait qu'il devait envoyer des gages à la gauche,
03:57a dit qu'il voulait remettre en cause la réforme des retraites, qu'il voulait taxer les plus grandes fortunes.
04:02Et du côté de Macron, c'était juste pas entendable.
04:05Après, ce qu'il y a avec Barnier, c'est qu'il a ce côté très macroniste sur les questions économiques,
04:11beaucoup plus radical sur les questions d'immigration.
04:14On l'a notamment vu lors de la primaire LR en 2021, où c'était le moratoire sur l'immigration,
04:19où c'était un discours qui était très siotiste.
04:22Il était vraiment au diapason de ce qu'il y a de plus extrême à droite.
04:26Donc ça, évidemment que ça contente le RN.
04:29Justement, on peut peut-être faire un point là-dessus.
04:31Est-ce que tu peux nous faire comprendre qui est Michel Barnier et quels sont ses rapports avec les thèses de l'extrême droite ?
04:37C'est compliqué parce que Michel Barnier, il est issu quand même plutôt d'une identité gaulliste, pro-européenne.
04:44Pendant très longtemps, c'était le centre droit assez digne, pas très identifié, pas très charismatique,
04:50mais un élu local qui a connu à peu près tous les échelons de cette réalité.
04:55Il a été un grand commis de l'État quand il a été commissaire à Bruxelles.
04:58Donc après, on peut évidemment critiquer son action, mais c'était plutôt quelqu'un qui avait une image de modéré.
05:03De modéré, un peu inodore et sans saveur.
05:06Plutôt dans la tradition de droite, de dire on ne fricote pas avec l'extrême droite.
05:11Voilà la tradition chiraquienne.
05:13Et en même temps, quand on l'a vu réapparaître sur la scène nationale plus politique,
05:17donc après son passage à la commission et une sorte de, donc pas de traversée du désert,
05:21mais de période où il n'était plus au premier plan de l'actualité.
05:23Donc cette fameuse primaire de la droite en 2021.
05:26Là, on a redécouvert un Michel Barnier beaucoup plus hardcore sur les questions identitaires et d'immigration.
05:32Donc en gros, c'est les deux mamelles de sa proposition.
05:34Et c'est pour ça que ça pourrait être tout à fait le même discours que Ciotti ou que Wauquiez.
05:38C'était la défense de notre mode de vie et la limitation de l'immigration de façon drastique.
05:43Donc là dessus, il était, si on le situe sur l'échelle de la droite,
05:47il était quand même beaucoup plus dans la droite extrémisée que dans le centre droit macro-compatible.
05:52Et c'est là où ça va être intéressant, parce que comme c'est ce qu'il est censé apporter comme gage à l'extrême droite,
05:56c'est d'abord ça, ce côté dur sur l'immigration et assez sécuritaire sur la sécurité.
06:03On se souvient que du côté du, ce qu'on appelait à l'époque la majorité présidentielle,
06:09donc les macronistes, la séquence de la loi immigration qui a été votée,
06:13alors je vais me planter sur les dates, mais la dernière loi immigration en date,
06:16ça a été un moment un peu de psychodrame interne.
06:18C'était soutenu par LR, ça a été voté in fine aussi par le Rassemblement national
06:22et ça a été complètement ou largement détricoté par le Conseil constitutionnel,
06:26avec un Macron qui disait en gros, le principal, c'est de voter cette loi.
06:29Le Conseil constitutionnel fera le ménage après.
06:31Là, on sent que ce qui va être remis sur la table, ce qui va questionner les macronistes
06:35et peut-être pas que l'aile gauche, c'est qu'on va retourner sur le droit du sol.
06:40On va repartir sur la fermeture des frontières et pas simplement le contrôle de l'immigration,
06:45ce qui peut être un sujet républicain pour tout état-nation,
06:49mais une mise à l'index et une mise sur le devant de la scène de l'agenda politique
06:53des paroles les plus extrêmes sur l'immigration.
06:56Et ça, on a suffisamment eu l'occasion de s'en rendre compte ces 20 dernières années.
07:00À la fin, c'est le RN qui en tire les fruits.
07:02Tu penses que Michel Barnier, il pourrait repartir sur les notions de suppression du droit du sol,
07:07préférence nationale, parce que pour moi, c'est ce qui était le plus flippant.
07:12Je pense que ce sera habillé de façon un peu plus habile,
07:15mais en tout cas, l'idée de dire que son principal marqueur de compatibilité avec le RN,
07:20il se joue sur ces questions-là.
07:21Oui, après, je pense qu'il ne faut pas faire de procès excessifs
07:24parce qu'ils deviennent assez facilement insignifiants.
07:27Ce n'est pas quelqu'un qui s'imagine faire un pas de deux institutionnel avec le RN.
07:32Il n'y aura pas de ministre RN et le RN n'en veut pas.
07:34D'ailleurs, dans le gouvernement Barnier, il y aura simplement sous couvert
07:38d'une ouverture d'esprit, d'une façon de parler avec tout le monde.
07:41On parle certes avec tout le monde, mais on écoute avec encore plus d'attention
07:45un groupe qui a 123 députés et qui dit
07:48« Moi, je suis prêt à ne pas vous censurer tant que ce que vous proposez nous plaît ».
07:51Donc, on va être dans quelque chose qu'il faudra observer avec attention.
07:56Avec Michel Barnier, ce qu'on essaie de nous vendre, c'est un changement de méthode
08:00et d'un peu d'habitus politique, c'est-à-dire l'élu local, l'homme d'expérience,
08:05l'homme de dialogue, l'homme de négociation.
08:08Un truc un peu suranné qui viendrait rompre avec les années de com'
08:12des jeunes macronistes à la Gabrielle Attal.
08:15Et je pense que de ruptures, il n'y aura pas.
08:18Dans le casting gouvernemental, il y aura peut-être quelques élus locaux
08:21qui seront représentés, quelques présidents de région,
08:24quelques grands techniciens, comme on veut bien les appeler.
08:27Mais voilà, Barnier, il n'est pas là pour renverser la table.
08:30Il est là pour que le macronisme se poursuive.
08:32Et potentiellement des ministres de gauche ?
08:35Peut-être qu'eux se revendiqueront de gauche.
08:37Moi, j'aurais du mal à les qualifier de gauche si ils embrassent
08:39sur le discours de politique générale qui sera, on peut en faire le pari,
08:43assez droitier, qu'il y aura sûrement des sujets sur l'écologie.
08:46Il y aura sûrement des choses sur ce qu'on a pu entendre hier
08:48dans la passation de pouvoir, c'est-à-dire une glorification du bénévolat,
08:53une glorification de toute cette France qui s'engage.
08:55Tout ça, ça va être très joli, mais ce sera quand même plutôt de l'habillage.
08:58Donc non, en tout cas, il n'y aura pas de...
09:00Olivier Faure a dit qu'il n'y aurait pas de personnalité issue du Parti socialiste.
09:03Et je pense qu'en fait, personne n'a vraiment à y gagner à gauche,
09:06à s'embarquer sur cette galère.
09:08Parce que l'assise politique est très faible,
09:10elle repose globalement sur même pas toute la Macronie,
09:12le groupe LR et la mensuétude jusqu'à quand du Rassemblement national ?
09:16Donc quelle éluse gauche irait dans cet attelage ?
09:19Moi, je n'y crois pas une seconde.
09:21Parce qu'il y a plus de coups à prendre que de gains à capitaliser.
09:26KLCM te demande, pas de ministre RN dans le gouvernement Barnier ?
09:30Est-ce que par contre, on peut avoir des ministres de chez Ciotti, du camp Ciotti ?
09:33Franchement, c'est qui déjà les gens du camp Ciotti à part Éric Ciotti ?
09:38Je rappelle que parmi les...
09:39Je crois qu'il a fait élire 16 députés sur son petit îlot.
09:42Il y en a déjà deux qui siègent avec le Rassemblement national,
09:45donc qui l'ont quitté.
09:47Honnêtement, déjà arrivé à...
09:50C'est pour ça qu'il a commencé par recevoir ce matin...
09:53C'est pour ça que Michel Barnier a commencé par recevoir ce matin
09:55Gérard Larcher, le président du Sénat,
09:57Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat,
09:59et Laurent Wauquiez, qui est à la tête du groupe LR à l'Assemblée.
10:03C'est que son principal enjeu, c'est déjà de faire le plein chez les LR.
10:07C'est important pour lui, et c'est en ça qu'il y a eu une forme d'évolution.
10:10C'est qu'on avait entendu Laurent Wauquiez, au départ,
10:12au sortir de l'été, mettre sur la table son pacte législatif,
10:15qui est en gros le programme des législatives de LR,
10:18en disant qu'on votera ces textes-là, qu'elles se coupent,
10:21mais on ne votera que ça et on ne veut pas participer au gouvernement.
10:24Là où il y a eu une évolution du côté des LR,
10:27c'est qu'aujourd'hui, on a plutôt l'ensemble des LR
10:30qui salue la nomination de Michel Barnier,
10:33parce que ça leur semble presque inespéré,
10:36comme retour sur le devant de la scène,
10:38au regard de ce qui pèse dans les urnes depuis maintenant,
10:41quand même pas mal d'élections.
10:43L'enjeu, je pense, pour Barnier, c'est plus d'avoir des LR de poids,
10:48des LR identifiés ou des LR qui peuvent lui apporter quelque chose.
10:52Je ne crois pas, après je peux tout à fait être détrompé,
10:55mais un, même moi, j'aurais du mal à identifier
10:57qui sont les sciotistes à part Eric Ciotti,
11:00et deux, moi je n'y crois pas trop.
11:04Je remercie aussi French Honey, vous allez voir qu'il vient de nous follow,
11:08ça devrait apparaître à l'écran dans quelques secondes.
11:11Le retour de Valls.
11:13Oui, on a une question de Lionky,
11:15est-ce que ce n'est pas le meilleur moment pour le retour de Manuel Valls ?
11:18Je pense que ça fait partie un peu des sketchs de la vie politique,
11:21oui, Manuel Valls, en tout cas,
11:23est-ce qu'on dirait que le retour de Manuel Valls serait l'entrée d'une personnalité de gauche
11:27dans le gouvernement Barnier ? Je ne suis pas sûr.
11:29C'est devenu un espèce de pistoleros solitaire,
11:32il est plus une source de moqueries sur à chaque fois qu'il y a un poste qui se libère
11:36ou une nomination qui se profile.
11:41Tout le monde se marre en mettant Manuel Valls au bout d'un téléphone
11:45en disant « Allô, allô, pourquoi personne ne m'a appelé ? »
11:48Je n'y crois pas trop. En tout cas, ça ne pèserait pas grand-chose.
11:51Encore une fois, c'est très difficile de faire des pronostics de casting.
11:55C'est juste que, quels que soient les habillages ou ce qui pourrait nous détourner de l'essentiel,
12:00le cœur de ce gouvernement sera de droite.
12:03Ce que j'ai écrit hier, je voudrais juste le dire d'un mot,
12:05c'est qu'on se souvient qu'au moment des législatives,
12:08Emmanuel Macron appelait à la clarification.
12:11On a eu beaucoup de bordélisation.
12:13La seule clarification dont on peut prendre acte aujourd'hui,
12:16c'est que, en même temps, pour ceux qui ont cru,
12:18on ne peut même plus faire croire que ça existe
12:21et que ce gouvernement va être fait en premier lieu
12:24des gens de droite qui étaient déjà chez Macron,
12:26des gens de droite qui sont chez LR,
12:29pour une politique de droite compatible avec les exigences de l'extrême droite.
12:33L'avantage, c'est que ça rétablit ce qui s'était un peu perdu
12:37avec les fantasmes de Nouveau Monde,
12:39en même temps, c'est le clivage droite-gauche.
12:42Là, il va être clair et net sur les sujets éco,
12:44sur les sujets sociétaux, sur les sujets en général.
12:48Donc, ça donne aussi une responsabilité à la gauche
12:51de non pas s'engouffrer dans le boulevard qui s'offre devant elle,
12:54mais d'être au rendez-vous de la responsabilité historique
12:57qui est la sienne de créer une alternance
12:59parce qu'on ne peut plus utile.
13:01Et la question pourrait se poser, plutôt qu'on le croit.
13:04Sur le fait que Michel Barnier,
13:07membre des Républicains, un parti minoritaire à l'Assemblée nationale,
13:11soit Premier ministre,
13:14est-ce que ce n'est pas le signe, comme tu le disais,
13:16d'un retour d'un clivage droite-gauche ?
13:18Et si oui, est-ce que c'est une bonne chose ?
13:20Oui, moi, je pense que c'est une bonne chose,
13:22mais qu'en fait, si on est honnête, nous, ça fait longtemps
13:24qu'on dit que le macronisme n'est plus que de droite,
13:27ou en tout cas que c'est comme ça qu'il faut le qualifier.
13:29On m'a souvent dit, dans des émissions ou dans des discussions,
13:33quand on se cherchait encore à expliquer
13:36que la droite était mal en point,
13:38je disais, ça dépend quelle droite,
13:39et que la droite, elle est en fait déjà au pouvoir.
13:41Quand on voit ce qu'ont été les poids lourds du macronisme
13:43qui se sont imposés au fil des années,
13:45autant en 2017, c'était assez légitime d'y voir
13:48une proposition de centre-gauche qui penche à droite,
13:51autant il n'y a eu que des éléments
13:53qui nous ont emmenés de plus en plus à droite
13:54au fur et à mesure de l'exercice du pouvoir.
13:56Et les figures un peu identifiées,
13:58qu'elles s'appellent Jean-Michel Blanquer,
14:00Gérald Darmanin, Bruno Le Maire,
14:03pour citer qu'eux, il y en a d'autres,
14:05Christophe Béchut, Catherine Vautrin plus récemment,
14:08tous ces gens-là sont issus de la droite
14:10et sont venus parce qu'ils se reconnaissaient
14:13dans la proposition politique et qu'il y avait
14:15dans Emmanuel Macron une forme de leader
14:17qu'ils ne trouvaient plus dans leur camp.
14:19Mais voilà, l'aile gauche de la macronie
14:22qui est un espèce de serpent de mer
14:24qui s'est quand même largement dissolu
14:27ou en tout cas qui n'a jamais réussi à peser,
14:29qui n'a jamais réussi à se structurer
14:32de façon importante.
14:35S'il y en a qui ont mangé leur pain noir
14:38et qui ont accepté d'être dans un attelage
14:41où ils ne se retrouvaient plus vraiment,
14:43c'est eux.
14:44Donc là, on sent quand même que du côté
14:46aile gauche de la macronie,
14:48qui n'est pas très grosse, honnêtement,
14:50la macronie, elle est quand même d'abord de droite,
14:52des gens comme Sacha Houlier,
14:53pour ceux qui y situent, député de la Vienne,
14:55qui était président de la commission des lois,
14:57on sent qu'il y a une autonomie qui est en train de naître.
14:59On sent qu'Annie Espanier-Runacher,
15:01qui était une des rares ministres
15:03qui a été identifiée,
15:04qui était encore présente dans le dernier gouvernement
15:06et qui aujourd'hui se distancie de la nomination
15:08de Michel Barnier.
15:10Mais voilà, les principales figures,
15:12que ce soit Aurore Bergé,
15:14que ce soit Sylvain Maillard,
15:16le président du groupe à l'Assemblée,
15:17voilà, tous ces gens-là sont de droite
15:19et sont très à l'aise avec la nomination de Barnier.
15:21Au moment des législatives,
15:23les électeurs de gauche se sont beaucoup
15:26mis derrière le barrage républicain
15:28face à l'extrême droite.
15:30Notamment vu des réactions à la nomination de Michel Barnier.
15:32En fait, qu'est-ce qu'on va dire aux jeunes
15:34qu'on a poussés à aller voter
15:36pour ces législatives,
15:38contre l'extrême droite,
15:40pour le barrage républicain,
15:41alors que là, c'est un LR qui est mis
15:43Premier ministre ?
15:44Est-ce que Macron,
15:45c'est ce que Yanncki99 te pose comme question,
15:48est-ce qu'Emmanuel Macron vient de détruire
15:50le barrage et le front républicain ?
15:51Oui, déjà, on sentait que quand il a...
15:53Même si lui, alors il faut toujours rappeler
15:55qu'Emmanuel Macron a été élu deux fois
15:57à la présidentielle dans un contexte de barrage.
15:59Des gens qui ont voulu faire obstacle
16:01à Marine Le Pen en votant pour Emmanuel Macron.
16:03Des gens aussi qui soutenaient Emmanuel Macron,
16:05il ne faut évidemment pas le nier,
16:07mais il n'y aurait pas eu d'élection et de réélection
16:09d'Emmanuel Macron sans la dynamique du front républicain.
16:11Donc oui, il y a un côté tout ça pour ça
16:13ou à quoi ça sert de voter
16:15qui interroge parce qu'en plus,
16:17on est dans un contexte quand même
16:19assez structurel et qui vient de loin
16:21de défiance à l'égard de la classe politique,
16:24de cette idée que
16:26le vote n'est jamais écouté,
16:28que ce soit François Hollande
16:30élu par la gauche et qui mène une politique
16:32qui a largement déçu la gauche et qui l'a conduit
16:34à ne pas pouvoir être candidat.
16:36Notamment parce qu'il a nommé Emmanuel Valls
16:38en 2014 à Matignon et que ça a dérivé.
16:40Que ce soit avec Emmanuel Macron,
16:42ce que j'ai dit tout à l'heure avec une promesse
16:44de centre-gauche qui finit par être juste la droite.
16:46Que ce soit là, ce front républicain
16:48où l'idée c'était de dire, il y a quand même quelque chose
16:50qui rassemble les forces républicaines,
16:52c'est de dire que le RN non.
16:54Et ça, beaucoup d'électeurs
16:56ont embrayé dans ce message-là.
16:58On s'est félicité de la participation
17:00que ce soit aux européennes
17:02ou aux législatives avec un sursaut
17:04qui était assez historique,
17:06en tout cas qui avait été noté comme un point positif.
17:08Donc c'est vrai que le côté
17:10on nous l'a fait à l'envers,
17:12où le côté on vote et puis après
17:14ils se débrouillent entre eux,
17:16où il y a des manœuvres, où il y a des contournements.
17:18Oui, évidemment que dans la parole des insoumis
17:20ça se transforme en l'élection a été votée,
17:22déni de démocratie,
17:24etc.
17:26C'est une façon de dire les choses.
17:28Mais concrètement, l'idée de dire qu'il y a un décalage
17:30entre l'expression des citoyens
17:32et la lecture et la
17:34concrétisation qu'Emmanuel Macron
17:36en fait, c'est tout à fait vrai.
17:38En fait, il y a deux façons.
17:40Je discutais avec des gens ce matin, un couple
17:42qui avait voté dans le Front républicain
17:44et les deux réagissaient de façon
17:46un peu différente. Il y en avait un qui disait
17:48dans ces cas-là, franchement moi ça me donne plus
17:50envie d'aller voter. Donc cette espèce de
17:52démission citoyenne, en disant tant pis
17:54vous faites sans moi. Franchement je ne juge
17:56pas, ça peut s'entendre. Et l'autre, sa femme
17:58qui elle était en colère et
18:00qui était plutôt dans l'idée, moi ça me donne encore plus
18:02envie de m'engager, ça me donne encore plus
18:04envie l'idée d'une alternance et ça
18:06montre que certes
18:08on a fait le job la fois précédente
18:10mais que l'enjeu c'est de faire gagner la gauche
18:12fondamentalement. On se rend compte que quand la gauche n'est qu'en tête
18:14sans majorité absolue,
18:16il y a suffisamment
18:18d'espace
18:20pour la contourner. Ce qui ne veut pas dire
18:22qu'une nomination de Lucie Castet aurait été un succès
18:24mais je pense qu'il y a
18:26le double sentiment que
18:28un, les urnes n'ont pas été
18:30respectées et que deux,
18:32on a tout fait pour éviter de ne serait-ce
18:34que donner sa chance au Nouveau Front Populaire.
18:36Moi je pense que ça aurait été un fonctionnement
18:38des institutions et de la vie
18:40démocratique beaucoup plus sain si
18:42Emmanuel Macron s'était légitimement tourné
18:44vers Lucie Castet ou les représentants du Nouveau Front Populaire
18:46après l'élection en disant
18:48je vous charge
18:50de trouver les moyens de dégager une majorité.
18:52Ça aurait pu être un échec
18:54et ça n'aurait pas été quelque chose de dramatique
18:56sur le plan démocratique. Mais simplement
18:58on aurait fait les choses dans l'ordre. Là on a eu
19:00le sentiment qu'il y a des gens qui étaient considérés
19:02comme pas légitimes à gouverner parce que
19:04le programme du Nouveau Front Populaire
19:06ne convenait pas à Emmanuel Macron
19:08et donc il a tout fait pour les contourner
19:10et poursuivre le macronisme. Donc là-dessus
19:12ça crée du ressentiment
19:14là où c'est compliqué c'est que ça peut
19:16autant créer du vote anti-système
19:18où on se dit j'ai envie de tout faire péter style
19:20Marine Le Pen quand même qui reste le
19:22réceptacle principal. De l'autre côté évidemment
19:24Jean-Luc Mélenchon, même si là il est très
19:26énervé, vindicatif, tout ça
19:28la nomination de Barnier
19:30toute cette dimension de contournement
19:32du vote c'est aussi
19:34une matière qui crée de la radicalité
19:36à gauche. Mais le plus
19:38confortable je pense que c'est quand même pour Marine Le Pen
19:40parce qu'elle n'a pas fait partie du Front Républicain
19:42puisqu'elle en était la cible.
19:44Elle n'a pas fait partie des discussions sur
19:46potentiellement qui pourrait rentrer à Matignon.
19:48Donc elle est une espèce de spectatrice
19:50qui finit en arbitre des élégances parce qu'Emmanuel
19:52Macron veut bien lui donner ce rôle.
19:54Donc voilà, elle, elle peut attendre
19:56et elle attend avec gourmandise une prochaine
19:58dissolution pour transformer l'essai.
20:00De ton côté, Jonathan, est-ce que tu penses
20:02que Barnier peut
20:04discuter avec El-Effi ? Non,
20:06de toute façon ça n'a pas de sens.
20:08Recevoir c'est le rôle d'un Premier ministre
20:10qui est le chef de la majorité, il reçoit
20:12les forces parlementaires, c'est...
20:14On ne peut plus légitime, Macron a recevé aussi
20:16les forces parlementaires ou ses
20:18premiers ministres en d'autres circonstances.
20:20Ça, j'allais le dire, ça fait partie des usages républicains
20:22et évidemment que comme dans sa feuille de route
20:24c'est stabilité et rassemblement,
20:26il faut qu'ils mettent en scène,
20:28qu'ils reçoivent tout le monde. Donc ça c'est normal.
20:30Après, il y a une réalité politique et je pense
20:32qu'il faudra juger de façon
20:34plus concrète Michel Barnier sur son discours
20:36de politique générale. Mais on ne peut pas dire dans
20:38le même live Twitch ou dans la même
20:40place ou dans le même raisonnement.
20:42Macron s'est mis sous la
20:44main du RN parce que le RN
20:46a la possibilité de
20:48voter une motion de censure que
20:50la gauche ne manquera pas de déposer et qui ferait
20:52tomber le gouvernement Barnier et de dire
20:54qu'il va envoyer des signaux à la gauche ou en tout cas
20:56l'essentiel des signaux.
20:58L'essentiel des signaux, ils seront évidemment
21:00destinés à la droite.
21:02Après, il peut y avoir ce que je disais
21:04sur la question de l'écologie, il peut y avoir
21:06quelque chose qui est un peu moins caricatural que ce
21:08qu'on a entendu dans la bouche d'Emmanuel
21:10Macron malgré les grandes phrases sur
21:12mon quinquennat sera écologique ou ne sera pas.
21:14Peut-être et encore,
21:16ce n'est même pas sûr. Je pense que
21:18le discours de politique générale va être sur
21:20quelques priorités, il ne va pas se projeter trop
21:22loin parce qu'ils savent que la durée de vie est un peu limitée.
21:24Donc non,
21:26LFI n'a aucune raison de topper ni le PS
21:28ni les écolos, ni les communistes.
21:30Ils ont plutôt intérêt à prendre
21:32acte du fait que la droite est au pouvoir,
21:34que la gauche a quelque chose à dire
21:36et que la prochaine fois que les électeurs auront à se prononcer,
21:38il faudra dire les choses encore plus clairement
21:40en espérant que ce soit pas
21:42l'ORN qui remporte le morceau.
21:44J'ai une question un peu naïve pour toi,
21:46j'ai du mal à comprendre
21:48pourquoi est-ce que Macron
21:50voulait éviter la censure de la part du RN ?
21:52Et pourquoi
21:54il s'en fout de celle potentielle
21:56du NFP ?
21:58Parce que le NFP ne peut pas voter une censure tout seul.
22:00En grand terme quantitatif,
22:02il faut qu'il y ait plus de la moitié, la majorité
22:04absolue des députés.
22:06En gros, la seule censure
22:08qui peut passer en l'état
22:10face à un Michel Barnier, c'est
22:12à l'initiative de la gauche,
22:14votée également par le RN.
22:16Ça, ça fait suffisamment de députés pour faire tomber un gouvernement.
22:18A l'inverse, une motion de censure déposée
22:20par le RN ne serait pas votée
22:22par la gauche. On a eu suffisamment
22:24d'exemples dans la mandature précédente
22:26et on imagine par exemple que si
22:28un Xavier Bertrand avait été
22:30nommé, là c'est aussi pour ça qu'il a été écarté.
22:32C'est que le RN avait dit que sur Bertrand,
22:34avec qui il y a eu des bisbis,
22:36des fights politiques,
22:38médiatiques et compagnie, nous on le censure
22:40d'entrée parce qu'on ne peut pas le piffrer.
22:42La gauche a dit Bertrand, c'est un mec de droite,
22:44qui va faire une politique de droite, donc nous aussi on le censure.
22:46Et là il y avait une jonction non pas
22:48rouge-brune sur le fond. Ça je trouve que c'est vraiment
22:50des commentaires bas de gamme
22:52ou à côté de la plaque. C'est simplement que pour
22:54des raisons différentes, il y a la volonté
22:56commune au même moment quand la question se pose
22:58de faire tomber un gouvernement.
23:00Sachant que faire tomber un gouvernement
23:02ne provoque pas des élections.
23:04C'est pas parce qu'un gouvernement est censuré qu'il y a des législatives
23:06anticipées. Des législatives
23:08anticipées, il n'y en aura pas parce que c'est
23:10pas possible un an après,
23:12c'est pas possible de le faire avant un an
23:14dans l'année.
23:16Il faut qu'il y ait un an entre deux législatives.
23:18Donc à partir du moment où il y en a eu en juin dernier,
23:20ça ne peut pas être avant juin
23:22et sûrement juillet de l'année prochaine.
23:24Donc une censure du gouvernement Barnier, ça obligerait
23:26simplement Emmanuel Macron à
23:28tenter une autre équation
23:30politique. La version hyper optimiste
23:32mais qui peut-être tient pas,
23:34c'est en gros que Michel Barnier,
23:36très à droite, braque une partie
23:38de la Macronie, notamment celle dont on parlait
23:40tout à l'heure, issue du centre-gauche,
23:42qui se décroche, voire qui fait du bruit,
23:44que du coup Emmanuel Macron,
23:46face à une censure qui serait votée
23:48et qui verrait le gouvernement Barnier tomber,
23:50se dit que ce n'est pas de ce côté-là de l'échiquier qu'il y a
23:52quelque chose à faire. Et à ce moment-là,
23:54que ce soit Lucie Casté ou que ce soit une autre personnalité
23:56soutenue par le Nouveau Front Populaire,
23:58permettrait de trouver un accord avec
24:00une partie de la Macronie qui se dit
24:02LR c'est quand même pas notre cas mais c'est trop à droite
24:04et là ça pourrait créer une majorité potentielle.
24:06Même si je pense qu'il n'y a pas assez
24:08de députés dits du centre-gauche
24:10en Macronie pour faire une majorité avec
24:12le Nouveau Front Populaire. Donc tout ça est très compliqué.
24:14En l'état, de toute façon, si ça a duré
24:1650 jours, il y a certes l'envie
24:18d'Emmanuel Macron de ne pas se laisser imposer
24:20quelqu'un, il y a certes une forme de perversité,
24:22il y a certes l'envie de profiter des JO,
24:24il y a certes tout ce qu'on veut, il y a aussi quelque chose
24:26d'assez objectif, c'est que dans la
24:28majorité, dans l'Assemblée Nationale
24:30telle qu'elle a été élue aux dernières
24:32législatives, c'est un casse-tête chinois
24:34que d'arriver à constituer une majorité absolue,
24:36c'est toute la difficulté,
24:38surtout avec des partis politiques qui ont
24:40pas spécialement envie de jouer la
24:42carte constructive et qui se disent
24:44le macronisme c'est fini, vivement 2027.
24:46Dans les présents streams
24:48qu'on a fait ici à Libé, on s'est
24:50beaucoup posé la question de
24:52la place des élections 2027
24:54dans les stratégies des différents politiques.
24:56Et donc du coup, aujourd'hui,
24:58la démission de Michèle Barnier,
25:00qu'est-ce qu'elle raconte quand on
25:02la met en rapport avec les stratégies politiques
25:04vis-à-vis des
25:06présidentielles de 2027 ?
25:08Présidentielle de 2027, où comme
25:10certains veulent bien
25:12le croire ou essayer d'installer l'idée,
25:14une présidentielle anticipée face à un Macron qui
25:16se rend en compte
25:18qu'il n'y a pas d'issue politique
25:20qui décide de démissionner. Moi, personnellement,
25:22sans être un spécialiste de la psyché
25:24d'Emmanuel Macron, et je pense que personne ne peut se targuer
25:26de comprendre toujours ce qui se passe dans la tête du
25:28chef de l'État, l'imaginer
25:30lâcher le pouvoir
25:32de façon anticipée, moi je n'y crois pas
25:34une seconde, mais qu'est-ce qui s'est passé
25:36ces derniers jours ? On a quand même entendu
25:38Édouard Philippe sortir du bois pour
25:40être candidat à la présidentielle,
25:42on a quand même entendu Gabriel Attal
25:44dans son discours de passation de pouvoir
25:46être un homme libre
25:48et qui dit à bientôt
25:50de façon assez claire, donc c'était presque plus
25:52une réponse à Édouard Philippe
25:54en disant il faudra aussi compter avec moi pour
25:56la prochaine présidentielle qu'une vraie
25:58passation à Michel Barnier. On sait
26:00très bien que, que ce soit Laurent Wauquiez,
26:02que ce soit Jean-Luc Mélenchon, que ce soit
26:04plein d'autres leaders, une grande partie
26:06de la façon qu'ils ont eu d'agir
26:08dans ces 50 jours
26:10depuis les législatives, étaient
26:12guidés par le fait que
26:14leur vraie boussole, c'est
26:16la présidentielle. Et un des principaux
26:18atouts
26:20de Michel Barnier,
26:22c'est aussi que personne ne lui prête
26:24des intentions présidentielles. Donc c'est aussi ça
26:26qui fait que ça peut être un Premier ministre
26:28qui n'est pas dangereux pour les autres
26:30et il est utile
26:32pour Macron, dont
26:34je le répète, parce qu'il faut vraiment se le mettre
26:36en tête, la seule obsession c'était
26:38qu'on ne détricote rien de
26:40ce qu'il avait fait, puisqu'il considère qu'il a tout bien
26:42fait, qu'il a raison contre le reste
26:44du monde et que le cercle de la raison ne doit pas être
26:46contesté par les urnes.
26:48Aujourd'hui,
26:50est-ce qu'on peut dire que
26:52la nomination de Michel Barnier,
26:54c'est une victoire pour le
26:56Rassemblement National ?
26:58En tout cas oui, ce n'est pas une vraie victoire,
27:00ça aurait été d'avoir la majorité absolue qu'ils
27:02espéraient et de faire rentrer Jordan Bardella
27:04à Matignon, évidemment. Mais alors qu'ils sont sortis
27:06quand même groggy à des
27:08législatives où c'était compliqué pour eux parce qu'ils avaient
27:10loupé le coche tout en obtenant un nombre de députés
27:12historiquement hauts.
27:14Pendant l'été, on ne les a pas entendus,
27:16ils étaient un peu perdus sur
27:18la meilleure façon de peser.
27:20Et de fait, dans ces
27:22consultations, ils ont fini par occuper
27:24un rôle de plus en plus important
27:26puisque c'était
27:28à chaque fois la chronique de
27:30qui le ERL va censurer,
27:32qui écartait ou remettait en piste
27:34tel ou tel candidat. Donc oui, ils se retrouvent
27:36à être quand même dans une... Et on voyait
27:38la jubilation sur le visage
27:40de, par exemple, Laurent Jacobelli,
27:42qu'on a pu entendre hier, qui est une des principales
27:44figures médiatiques du RN, Sébastien Chenu,
27:46évidemment Marine Le Pen.
27:48Oui, c'est assez inespéré.
27:50Au début, ils étaient un peu dans cette posture de dire
27:52nous, on n'est pas dans les tambouilles,
27:54on défendra les intérêts
27:56des Français, on sera responsables, on votera
27:58les textes qui nous semblent bons. C'est à peu près
28:00le positionnement qu'ils ont essayé de tenir
28:02depuis 2022 avec des belles cravates
28:04et, si possible, pas trop d'esclandres.
28:06Et là, c'est vrai qu'ils se retrouvent
28:08alors que le Nouveau Front Populaire
28:10était le bloc le plus important.
28:12C'était presque inaudible
28:14quand le RN disait non, non, mais c'est nous le groupe
28:16le plus important à nous tous seuls.
28:18Là, de fait, Emmanuel Macron leur a redonné
28:20une place centrale
28:22et une place confortable parce qu'en plus, ils vont
28:24observer, commenter, arbitrer
28:26sans être comptables de quoi que ce soit.
28:28C'est-à-dire, au pire, si ce
28:30qu'ils veulent voir mettre en place ne se fait pas,
28:32ce sera la faute de Macron et de Barnier.
28:34Si ça arrive, ce sera parce qu'ils ont pesé
28:36et, à l'arrivée,
28:38ils ne s'abîment pas tout en
28:40engrangeant du crédit.
28:42C'est tout bénef pour eux.
28:44Évidemment qu'il ne faut
28:46pas les enterrer parce que
28:48s'il y avait des législatives anticipées,
28:50ils sont en train de faire le ménage dans toutes les fédérations
28:52pour virer tous les candidats que
28:54Libération et d'autres ont pu...
28:56Libération, de façon particulièrement notable,
28:58ont pu spotter lors de la dernière législative
29:00avec des candidats
29:02ouvertement racistes, homophobes,
29:04incitant à la haine,
29:06tenant des propos sur les réseaux en public
29:08qui ont quand même aussi plombé
29:10le RN et qui, surtout, ont boosté
29:12le Front républicain.
29:14Comme ils sont en train de faire ce ménage-là,
29:16le jour où il n'y aura plus que des Laurent Jacobelli,
29:18des Julien Audoul et des Sébastien Chenu
29:20comme candidats,
29:22je pense que le RN
29:24gagnera les quelques points qui lui ont manqué
29:26la fois précédente.
29:27Est-ce qu'on peut dire qu'avec cette nomination,
29:29Macron se soumet aux voix
29:31du RN
29:33à Marine Le Pen
29:35ou est-ce qu'il n'avait juste pas le choix ?
29:37Je pense qu'il y avait une absence de choix,
29:39mais je ne dirais pas qu'il se soumet,
29:41parce que...
29:43Non, je ne dirais pas qu'il se soumet,
29:45même si je ne me souviens plus
29:47de ce que je l'ai écrit. Je crois que je sais même le titre.
29:49C'est un peu plus complexe
29:51que ça. C'est parce que
29:53sa grille de lecture, ce n'était pas tant
29:55de dire « je veux absolument contenter
29:57le RN parce que je partage
29:59beaucoup de choses avec eux ». C'est plus cynique que ça.
30:01Au risque de me répéter,
30:03c'est vraiment parce que je veux quelqu'un
30:05qui ne touche pas à mon bilan économique
30:07et social, je suis prêt
30:09à dériver ou envoyer
30:11les signaux qu'il faut sur les questions
30:13identitaires et migratoires.
30:15Et de fait,
30:17c'est un
30:19sujet complexe dans la
30:21Macronie de dire comment est-ce qu'on reste...
30:23Comment est-ce qu'on
30:25n'est pas à la droite sur ces sujets-là ?
30:27C'est compliqué, sachant que
30:29l'opinion publique est aussi chauffée à blanc
30:31par beaucoup de discours populistes,
30:33beaucoup de fake news,
30:35un débat public qui n'est pas de très
30:37haute tenue. Sur les questions d'immigration,
30:39quand on se réfère juste
30:41au sondage, oui, il y a une demande
30:43de fermeté,
30:45dureté, contrôle,
30:47fermeture...
30:49En tout cas, on sait
30:51qu'il y a une...
30:53C'est assez facile de s'appuyer
30:55sur la droite,
30:57l'extrême droite,
30:59voire une partie... Même à gauche, les sondages
31:01ne sont pas aussi
31:03ouverts d'esprit que ce qu'on
31:05pourrait croire. Maintenant,
31:07je ne dirais pas
31:09soumets, mais en tout cas,
31:11il leur offre une position qui est absolument
31:13inespérée, même si les grands
31:15gagnants de l'histoire, c'est quand même à l'air.
31:17Lianky99 te pose une question.
31:19On va retourner à l'époque de la dernière loi immigration,
31:21avec les mêmes débats, en pire, c'est déprimant.
31:23Peut-on dire que Macron ne connaît
31:25pas la culture politique de son propre
31:27pays ? Je pense que c'est juste qu'il
31:29est d'un cynisme absolu.
31:31Après,
31:33je ne sais pas ce qu'il entend par la culture politique
31:35de son propre pays, mais en tout cas, l'idée de dire
31:37que
31:39quelqu'un qui s'est fait élire avec l'idée
31:41de réenchanter la démocratie et de
31:43réconcilier les Français,
31:45de projeter vers quelque chose de positif,
31:47effectivement, oui, il utilise les ressorts
31:49quand même, qui sont des ressorts de la vieille politique,
31:51des ressorts du vieux monde, des ressorts
31:53de la vieille droite
31:55pour surnager dans un pays
31:57qui est, effectivement,
31:59partagé entre
32:01des envies de justice sociale, des envies
32:03d'égalité, une grande humanité
32:05quand on voit le nombre de bénévoles et de personnes
32:07engagées au quotidien dans les assos
32:09ou dans le mouvement sportif,
32:11mais qui, en même temps,
32:13quand on les sonde sur un certain
32:15nombre de questions, ont aussi
32:17quelque chose d'assez
32:19flippé sur le plan de
32:21l'identité, du mode de vie, tout ça.
32:23Je pense qu'il navigue avec un grand cynisme,
32:25très peu de conviction et
32:27pas beaucoup de limites, à part
32:29son maintien au pouvoir.
32:31Est-ce que Barnier,
32:33ça va devenir un
32:35ministre, premier ministre, pentin de Macron,
32:37comme on a pu le dire pour Castex ?
32:39Castex, oui.
32:41Qu'on fera au fur et à mesure ?
32:43C'est un des enjeux,
32:45évidemment.
32:47En tout cas, ce sera un premier ministre
32:49contraint. Ce n'est pas comme si c'était un problème
32:51de fait. La seule moyen
32:53d'imposer une cohabitation digne
32:55de ce nom, c'est d'arriver avec une majorité absolue
32:57et de dire, il n'y a pas de sujet, le pouvoir, il est
32:59chez moi. Là, on est dans quelque chose
33:01de plus subtil. Comme je disais,
33:03Michel Barnier ne peut pas s'appuyer
33:05sur une majorité absolue à l'Assemblée
33:07qui lui permettrait de contraindre le président
33:09en disant, c'est très gentil, monsieur le président,
33:11mais on va faire autrement parce que c'est
33:13à moi qu'incombe la charge
33:15constitutionnelle de gouverner le pays.
33:17Là, on est dans autre chose.
33:19C'est pour ça que les
33:21macronistes ou les commentateurs, on va dire,
33:23bienveillants à l'égard du président, parlent plus
33:25d'une coexistence exigeante que
33:27d'une cohabitation. Déjà parce que, sur le fond,
33:29on ne va pas être sur une alternance,
33:31une rupture et que
33:33sur le poids de l'équilibre des
33:35forces, Macron a besoin
33:37de Barnier autant que Barnier a besoin de
33:39Macron. Les deux
33:41étant sous
33:43la menace d'une
33:45volonté du rassemblement national de dire stop.
33:47Donc, non,
33:49je ne pense pas qu'on va être...
33:51Je pense que ce ne sera pas complètement un pantin parce que
33:53c'est quelqu'un qui peut exister
33:55par lui-même. En revanche, les
33:57orientations, rien ne se fera contre
33:59l'avis du président de la République.
34:01Ou alors, ça ne tiendra pas très longtemps.
34:03Est-ce que le NFP a la moindre
34:05chance de réussir à censurer le gouvernement de Barnier ?
34:07Tout seul, non.
34:09Le NFP, c'est, si je ne me
34:11plante pas, 193 députés.
34:13La majorité absolue, c'est 289 députés.
34:15Donc, voilà. Au même titre qu'ils n'ont pas
34:17la majorité absolue tout seul pour gouverner,
34:19ils n'ont pas la majorité absolue tout seul pour
34:21censurer. Donc, c'est tout l'enjeu.
34:23Maintenant, savoir le jour où ils
34:25proposent une motion de censure,
34:27par exemple, après l'usage du 49-3 pour l'adoption
34:29du budget, ça semble être une
34:31fenêtre et c'est très bientôt puisque
34:33la discussion budgétaire, c'est en ce moment.
34:35Donc, ça va être le gros sujet de la rentrée.
34:37Voilà.
34:39Est-ce qu'à ce moment-là, le RN dit
34:41que nous aussi, on n'est pas satisfait
34:43de la partition de
34:45Michel Barnier, donc on décide de
34:47censurer à ce moment-là ? Est-ce que
34:49ils décident de passer leur tour en disant
34:51on lui laisse encore une chance, mais
34:53maintenant, on accentue la pression ?
34:55Est-ce qu'entre-temps,
34:57le MoDem,
34:59l'aile gauche de la Macronie,
35:01l'IOT, enfin voilà, une coalition
35:03qui suffit à faire
35:05suffisamment de députés pour
35:07venir compléter
35:09en 1993 du Nouveau Front Populaire,
35:11c'est ce qu'on va voir. Moi, je ne crois pas
35:13qu'à court terme, il y ait d'autres options que
35:15la gauche qui propose une motion de censure
35:17et le RN qui décide s'il la vote ou pas
35:19dans les semaines ou au
35:21mieux les mois qui viennent.
35:23En tout cas, le Nouveau Front Populaire tout seul
35:25ne peut pas faire tomber ce gouvernement. Mais sinon, ça
35:27ferait longtemps, s'il avait cette puissance à l'Assemblée,
35:29ça ferait longtemps qu'on aurait un Premier ministre
35:31ou une Première Ministre du Nouveau Front Populaire
35:33qui demanderait plus son avis à Macron
35:35et gouvernerait le pays.
35:37La question de
35:39Lianky99 qui te demande, vu sa carrière
35:41à Michel Barnier,
35:43vu sa carrière à Michel Barnier,
35:45c'est qui les hommes de gauche, entre guillemets,
35:47dont il est le plus proche et qui pourraient tenter l'aventure
35:49dans ce gouvernement, s'il y en a ?
35:51Moi, je ne connais pas
35:53totalement toutes les amitiés
35:55ou les connivences ou les fraternités
35:57de Michel Barnier, mais
35:59c'est un mec qui a fait son parcours
36:01à droite,
36:03ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas une forme
36:05de respect pour ce que j'expliquais tout à l'heure,
36:07c'est-à-dire quand il était un peu
36:09une figure haut commis de l'État,
36:11par ailleurs élu local et plutôt
36:13de centre droit pro-européen,
36:15négociateur du Brexit, il y a des gens
36:17de gauche qui peuvent dire, et on entend Bernard Cazeneuve,
36:19avoir plutôt des mots républicains
36:21à l'égard du personnage,
36:23mais ce n'est pas tant le sujet.
36:25Là, il n'y a pas de...
36:27Moi, je pense que s'il y a des surprises ou des gens
36:29qu'on n'attend pas dans le gouvernement de Michel Barnier,
36:31ça va plutôt être des techniciens,
36:33ou des gens issus
36:35de la société civile ou un grand patron
36:37qui va cohabiter
36:39avec des élus locaux et quelques
36:41députés dynamiques et peut-être
36:43un ou deux sages, comme ils veulent les présenter,
36:45issus du vieux monde.
36:47Mais il ne faut pas s'attendre à ce que
36:49des gens identifiés, en tout cas dans
36:51des leaders de la gauche d'aujourd'hui
36:53aillent s'abîmer dans une telle aventure.
36:55Il n'y a pas grand-chose à y gagner,
36:57honnêtement, par rapport aux questions qu'on se pose d'habitude,
36:59c'est-à-dire l'ouverture, par exemple, de Nicolas Sarkozy à l'époque
37:01où on voit un Éric Besson
37:03issu du Parti Socialiste devenir ministre
37:05de l'identité nationale et de l'immigration,
37:07où on voyait une Fadela Amara,
37:09des gens qui étaient plutôt identifiés à gauche
37:11et qui basculent dans l'aventure
37:13Sarkozy, c'est parce que
37:15ce pouvoir était solide et qu'il y avait
37:17une carrière à faire, d'une certaine manière,
37:19plus peut-être la séduction du personnage
37:21et le fait qu'ils y ont cru, ça je ne remets pas
37:23forcément en cause la sincérité.
37:25Quand la question s'est posée en 2017
37:27de voir des personnalités de gauche
37:29rejoindre, ou même en 2016,
37:31l'aventure d'Emmanuel Macron, c'est aussi
37:33dans un contexte où il y avait l'accession
37:35au pouvoir présidentiel,
37:37l'obtention d'une majorité absolue,
37:39la possibilité de faire les choses et l'illusion
37:41que dans le macronisme, il y avait encore de la gauche,
37:43une touche de gauche, centre-gauche,
37:45social-démocrate. Je sais que pour toute une partie de la gauche,
37:47ce n'est pas la gauche, mais quand on en parle,
37:49il faut quand même se dire que la gauche
37:51est diverse et que ça aussi,
37:53c'était en tout cas,
37:55quand la gauche a exercé le pouvoir, elle n'a pas toujours été
37:57dans la plus grande radicalité.
37:59Donc là, ça avait du sens,
38:01mais plus le macronisme s'affaisse,
38:03s'affaiblit, moins la majorité
38:05est stable, plus l'aventure est
38:07compliquée, plus l'aventure est droitière,
38:09moins ça a de sens.
38:11Je ne dis pas qu'il n'y aura pas un mec sorti du chapeau
38:13qu'on avait nous-mêmes oublié et qui
38:15décide de prendre en disant, regardez
38:17comme on est ouvert d'esprit, regardez comme on rassemble.
38:19Il y a même ce mec
38:21qui a eu sa carte au PS en 1975,
38:23enfin, j'en sais rien.
38:25En tout cas, il n'y aura pas de députés PS,
38:27de députés Nouveau Front Populaire, de députés
38:29écolos, communistes ou insoumis
38:31qui vont embarquer dans la galère
38:33Barnier.
38:35Les Yankees 99 posent une question que je trouve intéressante.
38:37Qu'est-ce qu'on peut envisager
38:39de l'avenir du Nouveau Front Populaire ?
38:41Est-ce qu'ils pourront toujours rester unis ?
38:43Est-ce qu'ils vont se diviser
38:45à l'arrivée de la présidentielle ?
38:47Comment ça va se passer pour le NFP ?
38:49En tout cas, ce qu'on peut constater, c'est que
38:51ils sont restés plus unis que ce qu'on
38:53pouvait croire dans cette séquence-là,
38:55parce que l'essentiel du boulot d'Emmanuel Macron
38:57de ce côté-là de l'échiquier,
38:59ça a été d'essayer de décrocher les socialistes
39:01en disant que vous ne pouvez pas
39:03vous laisser imposer l'agenda
39:05ou imposer la tonalité
39:07par la LFI. C'est toujours un peu le même discours
39:09depuis la création de la NUP.
39:11Sauf que
39:13le Nouveau Front Populaire est quand même
39:15un cartel électoral plus équilibré
39:17que la NUP.
39:19La NUP avait été créée après
39:21la séquence de 2022 où, clairement,
39:23la LFI était la force dominante à gauche
39:25par les 22% de Mélenchon à la présidentielle,
39:27par le résultat des législatives.
39:29Après, il y a eu
39:31justement la rupture
39:33sur un certain nombre de sujets
39:35entre une partie
39:37de la gauche et Jean-Luc Mélenchon,
39:39notamment les socialistes. Il y a eu une prise
39:41de distance, les communistes évidemment, les écolos
39:43en partie.
39:45Et le Nouveau Front Populaire a été
39:47une forme de reconstitution post-européenne
39:49avec un rapport de force qui avait
39:51un peu évolué. On le voit d'ailleurs même dans les forces
39:53présentes à l'Assemblée, au sein du
39:55Nouveau Front Populaire qui a un intergroupe.
39:57On va le voir quand la session parlementaire
39:59va commencer.
40:01LFI a toujours le groupe
40:03le plus important, mais
40:05si on prend les communistes, les écolos
40:07et les socialistes, ils pèsent plus que
40:09LFI tout seul. Donc ça, ça rééquilibre forcément
40:11la façon d'exister ensemble.
40:13Après, il faut pas se leurrer. Evidemment que
40:15ce que je disais tout à l'heure, le rétablissement
40:17du clivage droite-gauche donne une responsabilité
40:19importante à la gauche. Donc je pense
40:21que du côté écolo, du côté socialiste,
40:23voire même du côté de Famille Aroussel,
40:25il y aura un discours très unioniste en disant
40:27qu'il faut trouver les moyens de dégager un candidat
40:29commun. Et ils le diront plus ou moins
40:31ouvertement, mais en se disant que ça ne peut pas être Jean-Luc Mélenchon.
40:33C'est un peu la question qui s'est posée pour
40:35qui est le candidat pour le poste de Premier ministre.
40:37En gros, c'est de dire que certes
40:39Mélenchon, on se souvient qu'en 2022
40:41pour les législatives, c'était des affiches de 3ème
40:43tour de la présidentielle. Et c'était
40:45« Votez Mélenchon, élisez Mélenchon à Matignon ».
40:47C'était ça le slogan
40:49de la NUP. Autant là, on s'est rendu compte que
40:51les différents leaders de
40:53gauche disaient de façon beaucoup plus décomplexée
40:55« Jean-Luc n'est pas la solution ».
40:57Donc ça vaut pour jusqu'au sein
40:59de LFI avec ce qu'on a appelé la purge
41:01ou en tout cas la prise de distance,
41:03la clarification avec une Clémentine Autain,
41:05un François Ruffin,
41:07Raquel Garrido, Alexis Corbière,
41:09tous ces gens-là. Donc ça montre que le sujet
41:11de dépasser
41:13le tabou Mélenchon, c'est un sujet
41:15qui évidemment existe à gauche pour plein de raisons.
41:17Une question d'âge très basique.
41:19Je rappelle Jean-Luc Mélenchon, il a le même âge que
41:21Michel Barnier.
41:23L'idée aussi que quand même
41:25la radicalité
41:27mélenchonienne, elle a certes réancré la gauche
41:29à gauche. Elle a fait sûrement beaucoup de bien à la gauche
41:31pendant de nombreuses
41:33années et qu'en même temps, elle a trouvé ses limites.
41:35Après, il y a des postures et
41:37des positionnements de Jean-Luc Mélenchon
41:39qui n'ont pas convaincu le reste de la gauche.
41:41Il s'est beaucoup abîmé, notamment dans le début
41:43de séquence sur le conflit.
41:45D'abord l'attaque du 7 octobre
41:47et puis la réponse disproportionnée
41:49assez
41:51sauvage
41:53de l'armée israélienne à Gaza.
41:55Mais dans cette séquence-là, il s'est
41:57quand même isolé.
41:59Je pense que le Jean-Luc Mélenchon d'aujourd'hui,
42:01même s'il reste une figure majeure,
42:03et je pense que quand il y a des sondages qui sortent,
42:05les Aléphistes sont les premiers à les diffuser,
42:07il reste sûrement la personnalité qui fait le plus gros score
42:09au premier tour, potentiellement.
42:11Mais l'enjeu pour la gauche, c'est d'arriver à...
42:13Si elle veut peser,
42:15c'est quand même de rester unie.
42:17Et si elle veut peser avec
42:19une chance de gagner,
42:21ce n'est pas faire insulte au parcours
42:23de Jean-Luc Mélenchon que de dire que
42:25le plus logique est de dire que c'est
42:27plus lui le mieux placé.
42:29Après, une fois qu'on a dit ça, on n'a pas dit grand-chose sur
42:31la suite parce que, autant
42:33on peut faire le constat que Jean-Luc Mélenchon s'est abîmé
42:35et que ce n'est probablement pas la solution pour la prochaine fois,
42:37autant l'alternative n'est pas du tout évidente.
42:39L'avantage de la vie politique,
42:41c'est qu'on s'est rendu compte
42:43dans différentes circonstances que
42:45des gens pouvaient émerger
42:47de façon forte
42:49et de façon assez soudaine.
42:51Je pense que rien n'est écrit.
42:53Maintenant, il reste quand même
42:55chez les électeurs de gauche
42:57ou la volonté de l'Union ou au moins la lucidité
42:59que c'est que par l'Union que quelque chose est imaginable.
43:01C'est quoi les prochains jours
43:03pour Michel Barnier ?
43:05C'est quoi les prochaines échéances à l'Assemblée nationale ?
43:07Pour l'instant, à l'Assemblée, il n'y a rien
43:09parce que la session parlementaire n'est pas ouverte.
43:11Beaucoup de voix...
43:13Il y a une logique d'ailleurs,
43:15à partir du moment où le Premier ministre est nommé, que la session s'ouvre
43:17et que le travail parlementaire puisse
43:19se poursuivre, que le discours de politique
43:21générale puisse avoir lieu,
43:23qu'il puisse commencer à être questionné,
43:25qu'il puisse être censuré si c'est l'envie des députés.
43:27Mais il ne peut pas y avoir
43:29une forme de Premier ministre
43:31en apesanteur qui
43:33ne fait que du réglementaire
43:35ou qui passe que par la voie du décret
43:37sans se confronter au Parlement.
43:39Parce que la seule légitimité
43:41normalement d'un Premier ministre,
43:43certes, c'est d'être nommé
43:45par le Président de la République, mais c'est surtout
43:47d'avoir,
43:49pas forcément la confiance de l'Assemblée,
43:51mais au moins ne pas recueillir un vote
43:53de défiance et donc de censure à son endroit.
43:55Donc les deux fonctionnent un peu ensemble.
43:57Et c'était d'ailleurs la peur d'Emmanuel Macron,
43:59ou en tout cas une des réserves, dans le fait de nommer
44:01Lucie Castet, c'est que comme il n'y avait pas de Parlement
44:03qui siégeait à ce moment-là, risquer de s'ouvrir
44:05une période de quelques semaines ou d'un mois
44:07ou d'un mois et demi, dans lequel
44:09le locataire de Matignon peut prendre un certain
44:11nombre de décisions et de dispositions
44:13par des voies qui ne sont pas contrôlées par le Parlement
44:15et qui peuvent faire
44:17fi aussi des réalités
44:19du rapport de force au
44:21Palais-Bourbon. Donc oui,
44:23l'enjeu c'est d'abord qu'il va recontinuer, parce qu'il ne va pas recevoir
44:25que Gérard Larcher,
44:27Bruno Retailleau et
44:29Laurent Wauquiez. Il va évidemment enchaîner pour avoir
44:31reçu tout le monde.
44:33C'est aussi une façon de préparer son
44:35discours de politique générale et
44:37de prendre la température sur l'Assemblée
44:39nationale. Mais oui, il y a une logique.
44:41Pour qu'il y ait une
44:43session extraordinaire, parce que normalement la session était
44:45censée commencer début octobre,
44:47visiblement il y a une réunion du bureau mi-septembre,
44:49du bureau de l'Assemblée. Donc voilà, on peut
44:51imaginer que ça donne lieu à...
44:53Sachant qu'il faut
44:55qu'il y ait une majorité de députés qui demandent
44:57la tenue d'une session extraordinaire,
44:59je crois qu'il faut fixer un ordre du jour,
45:01et que ça passe par un décret du Président de la République.
45:03Mais voilà, il n'y aurait pas de sens.
45:05En tout cas, il y aurait une grossièreté
45:07de plus, une grossièreté
45:09largement inacceptable quand même,
45:11qu'on ait un Premier ministre et que le Parlement
45:13ait une vacance
45:15parlementaire.
45:17Je vais
45:19bientôt terminer cette petite séquence de stream
45:21et je voudrais terminer avec une petite blague
45:23que nous a faite Clémentinovitch
45:25dans le chat, qui disait
45:27« Rira bien qui rira le Barnier ».
45:29Qui rira le Barnier. Pour l'instant, je pense qu'il n'y a pas
45:31beaucoup de monde qui rit à part les LR et les RN.
45:33Merci beaucoup Jonathan d'avoir participé
45:35à cette discussion. De rien. Demain
45:37dans le journal, il y aura
45:39quand même un gros dossier sur justement
45:41quelle est l'identité politique de Michel Barnier,
45:43les défis assez
45:45incontournables auxquels il est confronté,
45:47d'essayer de comprendre un peu derrière
45:49l'homme de la circonstance pour Emmanuel Macron,
45:51de quelle droite
45:53et vers où va Michel Barnier.
45:55Merci beaucoup Jonathan.
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