Premier ministre de gauche, gouvernement technique... Notre journaliste François-Xavier Bourmaud passe en revue les options dont disposerait Emmanuel Macron si le gouvernement Barnier était renversé.
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00:00Si le gouvernement de M. Barnier tombe,
00:02M. Barnier ne pourra s'en prendre qu'à lui-même.
00:09La menace que le Rassemblement national vote une motion de censure
00:13déposée par les membres du NFP est une menace crédible.
00:19Mais elle est à double tranchant pour Marine Le Pen et le Rassemblement national.
00:22On voit bien au RN que la base militante demande cette censure
00:27et c'est une demande qui ne cesse de progresser
00:29depuis l'installation du gouvernement de M. Barnier.
00:31Mais de l'autre côté, le Rassemblement national étant engagé
00:34dans un processus de normalisation,
00:37la stratégie de la cravate pour être respectable,
00:39il leur faut aller conquérir des électeurs, des nouveaux électeurs
00:43qui détestent le chaos et qui demandent de la stabilité.
00:46Or, voter la motion de censure,
00:47c'est répondre au cœur de l'électorat du RN,
00:51mais c'est aussi se fermer la porte à ces nouveaux électeurs potentiels,
00:54ceux qui pourraient rejoindre le RN et l'aider à accéder à l'Élysée.
00:58Donc la décision de Marine Le Pen,
00:59de prendre ou pas la censure, est extrêmement complexe pour ça.
01:02Elle a encore un peu de temps pour se décider jusqu'à fin décembre,
01:06mais elle décidera de toute façon en fonction de ces deux enjeux-là.
01:13Si le gouvernement de Michel Barnier est censuré,
01:15il tombe dans la seconde et Emmanuel Macron doit en nommer un nouveau.
01:19Alors il y a plusieurs options qui s'offrent à lui,
01:21un peu comme en juillet dernier après le second tour des élections législatives,
01:25mais avec l'option LR en moins.
01:27Puisque l'alliance avec les Républicains aurait fait preuve en tout cas de son échec,
01:31il pourrait décider de se tourner vers la gauche
01:33et d'aller chercher un Premier ministre issu des rangs socialistes,
01:36ce qui suppose quand même plusieurs choses.
01:37La première, c'est que les socialistes rompent avec la France insoumise.
01:41Et la deuxième, c'est que les socialistes,
01:43qui accepteraient d'entrer dans un gouvernement dirigé par un socialiste,
01:46bénéficient de la bienveillance des Républicains,
01:48ce qui n'est pas gagné non plus en tout état de cause.
01:50Si Emmanuel Macron décidait de nommer un Premier ministre de gauche,
01:53il serait tout aussi exposé à une motion de censure que Michel Barnier
01:56et on en reviendrait un peu à la même situation qu'en ce moment,
01:59avec un gouvernement menacé de tomber à tout moment.
02:01Autre option qui se présente pour Emmanuel Macron,
02:03c'est celle de nommer un gouvernement technique.
02:05C'est une piste qu'il avait explorée déjà à la fin du mois d'août
02:08en évoquant l'hypothèse de nommer le président du Conseil économique,
02:12social et environnemental à Matignon, Thierry Baudet.
02:14Cette piste avait été écartée parce qu'à l'époque,
02:16il avait été jugé qu'il fallait un Premier ministre politique.
02:19Si le gouvernement tombe et donc que le budget 2025 n'est pas voté,
02:23à ce moment-là, le budget 2024 s'appliquera
02:25et un gouvernement technique serait possible.
02:28Ce serait une sorte de gouvernement de gestion des affaires courantes
02:31où il s'agirait d'administrer le pays avec des hauts fonctionnaires,
02:33des diplomates, des experts, mais sans attache partisane,
02:36le temps que le président de la République retrouve ses marges de manœuvre politique,
02:39à savoir son droit de dissoudre l'Assemblée nationale.
02:41Il y a une troisième piste qui s'offre pour Emmanuel Macron,
02:44mais elle est peu probable,
02:45c'est celle de renommer immédiatement Michel Barnier à Matignon
02:47après la censure de son gouvernement.
02:49C'est politiquement explosif,
02:51puisque le Premier ministre se retrouverait tout autant exposé
02:54à une autre motion de censure qu'il l'est aujourd'hui.
03:00Si le gouvernement de Michel Barnier tombe sur une motion de censure,
03:03ça va continuer à entretenir la petite musique
03:07sur la démission du président de la République.
03:09Cette petite musique, ce poing zoulant, il est dans l'atmosphère
03:11depuis que la France insoumise a déposé une motion de destitution
03:15du président de la République, qui n'avait aucune chance d'aboutir,
03:17mais à la rentrée, on se souvient que dans un entretien au magazine Le Point,
03:20l'ancien Premier ministre Edouard Philippe avait laissé entendre
03:23qu'il se préparait pour 2027,
03:24mais pas forcément pour cette échéance-là,
03:26et qu'il pourrait être prêt avant si une élection présidentielle
03:29était provoquée avant 2027.
03:31Effectivement, cette petite musique se fait entendre à échéance régulière.
03:34Plus le chef de l'État enregistre des chèques,
03:37plus cette petite musique jouera fort.