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00:00On passe à notre invité culture de ce vendredi avec une artiste atypique qui nous vient de la RDC,
00:05diplômée des Beaux-Arts de Kinshasa en 2012, qui est insatisfaite d'un travail de peinture
00:10qu'elle jugea à l'époque trop commun, avait décidé de brûler ses toiles et depuis elle peint à la fumée
00:16transcendant ainsi ses traumatismes d'enfance. Après remarquer à la Biennale, après une remarquable
00:22entrée dans la Biennale de Dakar en 2018, elle s'expose désormais partout dans le monde de
00:28Bruxelles à Tananarive en passant par Paris. Géraldine Taubé, merci et bienvenue dans votre
00:34Journal de l'Afrique, ça me fait plaisir. Merci beaucoup. Merci Géraldine. Alors pour comprendre
00:39votre travail, il faut d'abord sans doute comprendre votre parcours d'enfant, jeune,
00:43vous avez été accusée de sorcellerie, donc enfant sorcier comme on appelle ça en RDC et dans d'autres
00:49pays malheureusement. Soumise, vous avez été soumise à un exorcisme violent et c'est devenu
00:55quelque part votre point de départ de votre création, racontez-nous. Merci pour la question,
01:00en fait oui ce sont des traumatismes du passé et donc moi de nature je ne reste pas collée
01:11aux traumatismes, à ce qui s'est passé mais par contre je me dis toujours pourquoi pas faire de
01:20ces traumatismes une source d'inspiration et pour moi c'est aussi une façon un peu de dénoncer,
01:26d'encourager en même temps tous ces enfants qui sont en train de passer par là où
01:32moi je suis passée et une façon en même temps d'interpeller aussi nos familles parce que les
01:40enfants on est des innocents donc les personnes qui sont mieux placées pour protéger et sécuriser
01:47les enfants ce sont des familles, peu importe la situation spirituelle, bon je ne peux pas parler
01:53trop sur la spiritualité mais ce qui compte est que les enfants ont besoin d'être protégés par
01:57leur propre famille. Absolument et depuis vous êtes une artiste je le disais atypique, on voit sur
02:03cette vidéo un peu votre travail et alors votre technique de création elle est vraiment vraiment
02:12étonnante et il paraît que ça a commencé parce que vous n'étiez pas satisfaite du travail que
02:17vous avez fait au Beaux-Arts et donc vous avez jugé ça trop commun et vous avez décidé de mettre le
02:21feu, racontez-nous. Oui donc moi je suis peintre de formation et j'aimais beaucoup la peinture mais
02:28en même temps pour moi c'était quand même important de trouver un autre médium qui allait
02:33m'aider à m'exprimer au fait d'extérioriser justement tous ces traumatismes et donc du coup
02:40comme je ne savais pas par où commencer parce que j'étais très attachée à la peinture et donc
02:44j'ai dit mais si je partais dans une démarche de détruire et de reconstruire et c'est comme ça
02:51que j'ai eu cette initiative de brûler un peu mais c'était un acte désespéré au fait c'était
02:56pas un acte de joie mais j'étais vraiment désespérée et donc j'ai brûlé les toiles et en observant le
03:04feu qui s'est dégagé devant moi et j'ai eu ces déclics du fait de la fumée qui s'est dégagé et
03:09je me suis dit pourquoi pas utiliser, apprivoiser le feu, travailler avec de la fumée pour m'exprimer
03:15et c'est là où tout a commencé. Alors à présent que vous travaillez avec cette technique justement
03:21avec une lampe à pétrole donc qu'est ce que maintenant ça vous permet de dire que la peinture
03:27classique ne vous permet pas de dire justement ? Alors d'abord c'est quelque chose qui est très
03:33personnel au fait cette fumée qui se dégage et donc ça me permet à m'exprimer parce que j'ai
03:43tellement de choses à dire tout en étant enfant, mon parcours parce que ma démarche artistique
03:48elle est d'abord autobiographie donc je me sers de mes expériences, je les stéréorise parce que je
03:54me dis les mêmes problèmes que j'ai rencontrés sur mon chemin je pense qu'il y a les autres qui
04:00les croisent aussi sur leur chemin et donc du coup ça me permet d'abord moi même à s'auto guérir
04:07par rapport à mon passé et en même temps à travers l'art que je fais j'essaye aussi avec
04:12les autres de mettre ça à la disposition de ma société parce que chacun de nous a quelque chose
04:18où il doit se guérir. Bien sûr et alors il paraît que vous travaillez surtout la nuit voilà
04:25comme beaucoup d'artistes la nuit est propice à la création. Parlez-nous de cette exposition
04:31justement rapidement qui a lieu là et qui a démarré le 5 et qui jusqu'au 12 octobre à la
04:39galerie justement Afikaris qui s'appelle Dans la fumée. Oui c'est une exposition qui parle un peu
04:50des limains de la vie de l'homme sur terre et donc il y a quelques oeuvres qui sont là mais
04:56peut-être je peux m'appuyer sur une série Vanité de vanité où on voit des personnes qui sont en
05:04train de s'évaporer et justement c'est un travail qui moi même ça m'interpelle donc ça me rappelle
05:09que la vie est très courte et si on a l'occasion de faire des choses pour d'autres il faut le
05:16faire. Et bien merci beaucoup Géraldine Taubé jusqu'au 12 octobre à Paris galerie Afikaris
05:22merci infiniment d'être venu c'est ainsi que nous refermons ce journal de l'Afrique. Merci à tous
05:27ceux qui nous ont suivi partout dans le monde et en particulier ce soir à tous nos spectateurs
05:32congolais je sais qu'ils sont nombreux de Kinshasa à Goma en passant par Lumumbashi. Restez avec nous
05:37car l'actualité continue sur France 24. Merci