Après le décès de Lilian Dejean, agent municipal à la mairie de Grenoble, touché par deux balles au thorax après avoir tenté d'empêcher la fuite d'un automobiliste, des questions se posent autour de la violence grandissante dans la capitale des Alpes.
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00:00Avec nous Yannick Biancheri, secrétaire départementalisaire du syndicat Alliance Police Nationale, bonjour et merci d'être là.
00:06Stéphane Sélamy, grand reporter Investigation Police-Justice à BFMTV, est également avec nous.
00:10Mais on va d'abord prendre la direction de Grenoble où nous attend Chloé Giraud, l'envoyée spéciale de BFMTV.
00:15On la retrouvera dans un petit instant.
00:17Chloé Giraud qui est avec les agents municipaux de Grenoble qui se sont rassemblés spontanément ce matin
00:22pour marcher tous ensemble vers l'hôtel de ville de Grenoble
00:26aux abords du lieu où a été tué cet agent municipal hier matin.
00:31On le rappelle, cet agent municipal de 49 ans a battu de deux balles dans le thorax.
00:36Il a succombé à ses blessures hier, un peu plus tard dans la matinée.
00:40Chloé Giraud, vous êtes avec ces agents municipaux qui sont venus ce matin rendre hommage spontanément à leurs collègues.
00:48Effectivement, comme vous l'expliquez, ils sont allés prendre leur service ce matin.
00:53Une prise de service tout à fait particulière, bien sûr, au vu du contexte.
00:57Et puis, ils ont décidé de marcher jusqu'ici, jusqu'à l'hôtel de ville, tous ensemble pour un moment de recueillement.
01:03Je suis avec Virgile qui était l'un des collègues de Lilian.
01:08Virgile, qu'est-ce que vous ressentez tout d'abord ce matin ?
01:11Ce matin, on ressent de l'énervement. On est curé. On est dégoûté.
01:19Aujourd'hui, on a fait une marche pour rendre hommage à Lilian, ce qu'il mérite.
01:23C'était un pilier de la mairie.
01:25Ce matin, tout le monde est abattu. On ne comprend pas toujours pourquoi c'est passé.
01:31On a tous mal dormi. On est écuré, écuré. On ne comprend pas.
01:37Les nombreux témoignages qu'on recueille depuis hier nous laissent comprendre que c'était quelqu'un de très respecté,
01:43très apprécié par ses collègues et même au-delà, vous confirmez ?
01:47C'était quelqu'un de très apprécié. C'était un pilier à la mairie de Grenoble.
01:52Il a fait beaucoup. Il a fait l'école de la propreté. Il était responsable des jurys.
01:56Il était responsable aussi de la CGT syndicat. Il a fait beaucoup de choses pour la mairie de Grenoble.
02:02Je suis dégoûté. Avant, un collègue de travail, c'était un ami.
02:09Ça fait 21 ans qu'on se connaissait. On a travaillé ensemble. On ne comprend pas.
02:14C'était un pilier. C'était quelqu'un de... C'était Lilian. Il a vu ce qui s'est passé. Il est intervenu.
02:21Ça ne me choque même pas de lui qu'il est intervenu parce qu'il était comme ça.
02:24Il était toujours en train d'aider les copains. Il était toujours en train de défendre les agents.
02:31C'était Lilian.
02:34Qu'est-ce qu'on se dit quand on est agent d'entretien et qu'on voit que dans le cadre de sa mission,
02:40alors qu'on tente d'apporter son aide, il peut arriver de tels drames ?
02:47Le problème de la mairie de Grenoble, c'est qu'on est tourné dehors sur la voirie.
02:52Dès qu'il y a un accident comme ça, on doit intervenir. On ne peut pas partir.
02:57Je ne sais pas. En fait, je n'ai pas de mots. Je n'arrive pas à comprendre.
03:05Vous êtes dans quel état d'esprit aujourd'hui à l'idée de reprendre votre activité, votre travail après ce qui s'est passé ?
03:13L'état d'esprit, c'est qu'aujourd'hui, on n'a pas travaillé. On n'a pas fait les marchés.
03:17Ce matin, aujourd'hui, on ne travaillera pas. Là, on va attendre la suite.
03:21Mais je pense que demain, je pense que le boulot, ça va être pareil. On ne va pas travailler.
03:25Après, l'état d'esprit, on ne l'a plus. Moi, personnellement, je n'ai pas l'esprit d'aller travailler dehors.
03:33Je suis dégoûté. Je pense à Vivian. Je ne suis pas bien. Tous mes collègues ne sont pas bien.
03:39Aujourd'hui, on n'a pas l'esprit d'aller travailler.
03:43Il y a un ras-le-bol aussi d'être confronté à cette violence au quotidien ?
03:48Il y a un ras-le-bol. Il y a un ras-le-bol de tout. Grenoble, aujourd'hui, ça devient dangereux.
03:53Le dimanche, comme j'ai dit à vos collègues, à 5h30 du matin, on est dehors.
03:58On rencontre des groupes de jeunes. C'est compliqué aujourd'hui de travailler à Grenoble.
04:02Il faut faire attention. Il ne faut pas aller là-bas. Ça devient très compliqué.
04:06Merci beaucoup, Lilian. On va vous laisser pouvoir vous recueillir avec vos collègues.
04:12On rappelle qu'il y a un autre temps d'hommage qui est prévu, cette fois-ci, plutôt chapeauté par la mairie de Grenoble.
04:19Ce sera ici, également, aux alentours de 14h.
04:23Ça sera d'ailleurs ouvert à tous les grenoblois et toutes les grenobloises qui souhaitent venir.
04:28Voilà, 14h et 17h30 devant la mairie où les collègues et les amis de Lilian se retrouveront.
04:34Yannick Biancheri, ce témoignage très touchant de cet agent municipal de la mairie de Grenoble.
04:40On est estomaqué, lorsqu'on regarde les faits, par l'absence d'état d'âme du tueur.
04:45Il a tiré deux fois sur Lilian et qu'il savait non-armer.
04:50Oui, bien sûr. C'est déjà un bon état. Je voudrais m'associer à la famille et apporter tout mon soutien.
04:57Il faudra un temps de recueillement, mais il faudra un temps d'action aussi.
05:01Parce que l'on voit des individus comme ça, sans peur, qui n'hésitent pas à tirer sur une personne désarmée.
05:08Il aurait pu exhiber son arme. Il aurait pu menacer. Il aurait pu tirer en l'air.
05:13Non. Il a sorti son arme pour s'en servir et tiré en direction de l'agent municipal pour le tuer.
05:19Et le malheur, c'est qu'il est arrivé à ses fins et il a tué l'agent municipal.
05:23Donc c'est dramatique. Il faut trouver des solutions.
05:26C'est une nouvelle donne auquel vous-même, policier, êtes confronté.
05:29C'est-à-dire que les gens auxquels vous avez affaire ont de moins en moins d'état d'âme et tirent.
05:35Bien sûr. Je ne cesse pas de le dire.
05:40Que ce soit à Grenoble ou en France en globalité.
05:43Vous savez, avant, c'était très rare de voir une arme.
05:47Maintenant, on l'exhibe. Maintenant, plus que l'exhiber, on s'en sert.
05:51On n'a plus peur de s'en servir. La vie n'importe peu pour certains individus.
05:54Et notamment celui-là.
05:56Vous savez, à Grenoble, il y a souvent des faits de moins de compte.
05:59Mais bien souvent, c'est des fusillades, c'est des trafics de stups, des guerres de territoire.
06:03Maintenant, on n'hésite plus à s'en servir contre n'importe qui.
06:07À 7h30, pour un simple, banal accident.
06:10Même s'il a été un peu important parce que la vitesse de l'audit.
06:15Mais pour un banal accident, on est allé tuer la personne qui est venue au secours.
06:19Vous voyez où ça va ?
06:21Tout ça parce qu'on n'a plus peur.
06:23Ces individus n'ont plus peur. Ils ne respectent plus rien.
06:25Ni la police, ni la vie de simples concitoyens.
06:29Le jour où ils comprendront que quand ils atteindront la vie d'une personne,
06:35d'une tentative d'homicide sur policiers, sur élus, sur n'importe qui,
06:40ils feront de la prison ferme et de très très longues années.
06:43Une fois qu'il y aura une justice ferme dans ce pays, peut-être qu'on espèrera, enfin, indiquer cela.
06:48Mais à l'heure actuelle, on ne croit pas.
06:50Et c'est pour ça que je dis qu'il faut un temps de recueillement, mais un temps d'action.
06:54Il faut un choc d'autorité, mais aussi sur Grenoble, mais aussi au niveau national.
06:58Il faut à Grenoble nous redonner des effectifs. On ne peut pas être partout.
07:01C'est malheureux, mais on dirait que c'est une redite que je me répète.
07:04On s'est eu régulièrement avec vous sur ce plateau.
07:08Il manque des effectifs à Grenoble 115.
07:10On aurait pu avoir peut-être un effectif qui était plus proche de l'accident
07:13et être plus rapidement sur les lieux.
07:15Et peut-être qu'ils auraient pu changer la physionomie de cette affaire.
07:17Donc voilà, je vous le répète, il nous faut vraiment des moyens à Grenoble,
07:21mais aussi un choc d'autorité au niveau national pour mettre ces individus
07:25qui menacent, une simple menace par arme, ça doit passer par la casse-prison.
07:30Parce que sinon, ils menacent par une arme.
07:33Ils ne se retrouvent pas en prison.
07:35Et du coup, maintenant, ils n'hésitent plus à s'attirer
07:37parce que vu qu'exhibé énorme, ça ne sert plus à grand-chose.
07:39Ils risquent rien.
07:40Stéphane Sélamy, où en est l'enquête ce matin ?
07:42Où en est la traque de ce chauffard ?
07:44Aujourd'hui, on sait que c'est la police judiciaire de Grenoble
07:46qui est en charge de cette enquête.
07:48Les investigations sont en cours.
07:50Le suspect est toujours activement recherché.
07:53Il y a évidemment cette voiture qui a été retrouvée.
07:55Plein de traces ADN dans le véhicule.
07:57Evidemment, plein de traces ADN en cours d'analyse.
08:00Puisque si cet homme est fiché au Fichier national automatisé des empreintes génétiques,
08:04le fameux FNAEG, qui comporte aujourd'hui plus de 6 millions de profils génétiques,
08:08il va être rapidement identifié.
08:10Donc la traque aujourd'hui se poursuit.
08:13Lorsqu'on voit ce genre de drame,
08:15on se dit que lorsqu'on est confronté à un accident de la route,
08:18chacun d'entre nous, il vaut mieux s'écraser, j'allais dire.
08:23Malheureusement, cet exemple nous laisse...
08:25Parce qu'on peut perdre la vie.
08:27C'est terrible à dire, mais oui, c'est ce qui s'est passé hier du côté de Grenoble.
08:31Maintenant, il va falloir voir aussi les circonstances précises de ce qui s'est passé.
08:35On sait aujourd'hui que cet homme n'a pas hésité à tirer sur cet agent municipal.
08:40Dans quel état était-il, ce tireur ?
08:42On parle d'un homme en état d'ivresse.
08:44Était-il sous l'emprise d'autres produits stupéfiants ?
08:47Il est parti à pied.
08:48Il est parti à pied, effectivement.
08:50Là-dessus, c'est pareil.
08:51On a des caméras de vidéosurveillance un peu partout dans Grenoble.
08:54Effectivement, cette traque est en cours et pourrait se conclure d'ici les prochaines heures.
08:59Merci en tout cas d'avoir été avec nous ce matin dans ce 7 Minutes pour Comprendre.
09:03Dans un instant, l'économie avec Nicolas Dose.
09:05Et puis, c'est Christian Estrosi qui sera ensuite l'invité d'Apolline de Malherbe pour le Face à Face.
09:09A tout de suite.