«Les Guerriers de l’Hiver» : Olivier Norek est l'invité de Culture médias

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Transcript
00:00On va surtout vous recommander ce matin un livre, un livre que j'ai dévoré ce week-end et pourtant il fait quand même 450 pages.
00:06Autant vous dire que j'ai pas été un excellent père et mari ce week-end.
00:10Ce livre qui décrochera peut-être, qui sait, le Goncourt dans quelques semaines. Il s'appelle Les guerriers de l'hiver et il est signé Olivier Norek.
00:19Bonjour. Bonjour et désolé pour votre week-end.
00:21C'était un bonheur et merci d'avoir accepté notre invitation ce matin
00:25pour ce livre qui vient de sortir, qui est déjà cinquième des ventes de livres.
00:29J'ai vu ça aussi. C'est votre huitième roman. Mais alors il est très différent, Olivier, des sept premiers qui étaient des polars, des polars
00:37engagés, on dit souvent,
00:38inspirés de votre expérience de capitaine de police. Mais là, Les guerriers de l'hiver, c'est un roman qui se déroule en Finlande en
00:451939 et 40.
00:47Vous aviez envie de nous faire découvrir un pan d'histoires assez méconnues en France. C'était ça l'idée au départ ?
00:51Ça fait partie et ça fait partie d'une des raisons pour lesquelles je l'ai écrit. Oui, c'est réparer une injustice.
00:57On en parlera peut-être un peu plus, de manière un peu plus approfondie tout à l'heure, mais
01:01cette guerre, elle a été oubliée, elle a été effacée des manuels scolaires.
01:05Ce qui est de l'histoire aussi. Moi, j'en avais jamais entendu parler. C'est le cas de beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes. Et en fait,
01:10c'est ce sacrifice de 70 000 enfants de la Finlande, hommes et femmes, garçons et filles,
01:15qui vont changer le cours de la Seconde Guerre mondiale.
01:18Donc aujourd'hui, personne ne sait, absolument personne ne sait, ce que serait la France, l'Europe, le monde,
01:22sans le sacrifice de ces 70 000 Finlandais. Et pourtant, on a effacé cette guerre de l'histoire. Donc, moi, face à une injustice, et vous l'avez dit tout à l'heure,
01:29j'étais capitaine de police, donc pour moi, la justice
01:32représente quelque chose de capital, dans ma profession, aujourd'hui, dans ma manière d'écrire.
01:36Et se retrouver en face d'une injustice historique m'a donné vraiment envie de réparer ça.
01:42Et cette histoire, elle est absolument tragique et passionnante, parce qu'elle oppose le géant
01:47russe à l'un de ses anciens territoires, la Finlande. Et Staline a décidé, donc, de conquérir ce pays, qu'il considère un peu comme un petit confetti.
01:55Alors, il va chercher un prétexte pour entrer en guerre. Ça, c'est intéressant.
01:58Oui, alors, c'est amusant, parce que j'écris normalement des polars, et dans les polars, il y a de l'intrigue, il y a de l'enquête.
02:03Et effectivement, ça commence d'abord par une sorte d'enquête de police militaire.
02:06Un matin, les Russes annoncent à la radio que les Finlandais leur ont tiré dessus.
02:11Ils ont tiré sur une garnison, et tout de suite, la Finlande a bien compris que c'était une manœuvre pour rentrer en guerre.
02:17Et c'est donc un pays-continent de 171 millions de personnes qui se prépare à déclarer la guerre à une micronation de 3 millions de personnes.
02:24Donc, un géant face à une nation infinitésimale, diront les historiens.
02:30Et donc, les Russes décident de se tirer dessus, et les Finlandais ont en gros 48 heures pour réussir à prouver
02:35qu'ils sont incapables, en fonction de leur armement, de faire un tir à cette distance-là.
02:40Donc, on va dépêcher des enquêteurs, on va réussir à prouver que non, la Finlande n'a pas tiré sur la Russie, mais la Russie est déjà partie.
02:47La Russie est déjà...
02:48On précise quand même qu'il y a eu des morts dans cette histoire.
02:51Staline a quand même lancé des missiles de sa propre armée sur une base russe, pour accuser derrière la Finlande d'en être l'auteur.
02:59Alors, c'est pas vraiment un problème pour Staline, parce que, souvenons-nous qu'il a déjà abattu 725 000 personnes d'une balle dans la tête,
03:04et qu'il en a mis un million au goulag pendant les grandes purges.
03:07Donc, les 9 ou 14 morts de cette garnison russe, pour lui, c'est pas quelque chose qui va lui faire faire des cauchemars.
03:15Staline est un...
03:16Je vais dire psychopathe, mais ce serait peut-être un peu simple,
03:19mais en tout cas, c'est quelqu'un qui a un rapport à la vie et à la mort qui est assez libéré.
03:24Et puis surtout, il y a son anniversaire qui approche dans 20 jours, c'est ça ?
03:28Son anniversaire approche, oui, et il adorerait fêter son anniversaire sur les marches du Sénat de la Finlande.
03:34Il pense qu'il va terrasser ce petit pays en quelques jours.
03:38Il lui faudra 114 jours pour ne pas y arriver, par moins 50 degrés,
03:42dans une guerre dont la bravoure et les anecdotes absolument folles qui vont se dérouler pendant cette guerre
03:50sont tellement impensables, tellement incroyables, qu'il a fallu, qu'il a été nécessaire de mettre à la fin du roman
03:55que tout ce que vous allez lire, absolument tout est vrai, sinon personne n'y aurait jamais cru.
03:58J'en revenais pas, en fait, c'est vraiment en lisant les dernières pages, c'est dans les remerciements, d'ailleurs,
04:02que vous expliquez que tout ça est vrai, que toutes les anecdotes, même, n'ont pas été inventées,
04:07je pensais que ça l'était, au moins, je me disais, là, il y a vraiment le travail du romancier,
04:11non, c'est un travail de chercheur que vous avez fait, en fait, pour ce livre.
04:13Alors, c'est un travail de chercheur, c'est un travail de journaliste,
04:15parce que qui dit « guerre oubliée » et « effacer des manuels scolaires » ne dit plus aucune information.
04:19Donc, je fais comme je fais à chaque fois pour mes romans, j'étais un flic de terrain,
04:23je suis devenu un auteur de terrain, donc j'ai pris mon sac à dos et je suis parti en Finlande,
04:26exactement pendant le moment de cette guerre, donc en plein hiver finlandais,
04:30pour partir à la trace et sur les pas de ces soldats, à la frontière de la Russie,
04:34et par ces... Alors, cette guerre s'est déroulée par moins 51 degrés,
04:38je ne les ai pas eues, les moins 51 degrés, mais je suis arrivé jusqu'à moins 40.
04:41Et quand même, ouais, c'est pas mal ça.
04:43En fait, l'important, c'est vraiment de prendre toutes les informations nécessaires,
04:49de ne pas perdre de temps aux lecteurs et aux lectrices,
04:51de leur dire « vous allez passer un bon moment de lecture,
04:53mais en plus, tout ce que vous allez lire est absolument vrai ».
04:55Et pour que ce soit absolument vrai, il faut aller sur le terrain,
04:58donc je suis allé d'église en cimetière, de musée en faculté d'Histoire.
05:03J'ai évidemment pas oublié tout ce qui est Barlouche et milieu interlope
05:07pour réussir à trouver toutes les bonnes informations.
05:09Et bien sûr, évidemment !
05:10Évidemment !
05:11Si ça peut aider !
05:12Et on se retrouve parfois dans des greniers où on nous ouvre les cartons
05:15et où on découvre des informations que...
05:17Et c'est une grande fierté pour moi, des informations que même les archidées lessinghi n'avaient pas.
05:22Et puis évidemment, comme dans tout bon roman, il fallait un héros.
05:26C'est l'un des combattants les plus valeureux, cet homme qui s'appelle Simo Aïa,
05:31un homme qui a vraiment existé, qu'on appelait « La Mort Blanche ».
05:35C'était devenu son surnom dans les troupes russes.
05:37Vous en aviez déjà entendu parler il y a dix ans, c'est ça ?
05:42J'ai bossé avec les militaires de l'UNHCR quand je faisais des missions en ex-Yougoslavie.
05:45Puis après, j'étais moi-même militaire.
05:46Puis après, j'étais flic, gardien de la paix.
05:48Puis après, officier, lieutenant, capitaine.
05:51Et dans ces métiers où on utilise des armes, où on doit connaître les armes,
05:55effectivement, Simo Aïa est connu comme étant le plus grand sniper de toutes les histoires, de toutes les guerres.
06:00Alors pas parce qu'il en a tué le plus, pas parce qu'il a tiré le plus loin,
06:03tout simplement la manière dont c'était fait.
06:05Simo Aïa, c'est un simple garçon de ferme, en harmonie absolue avec la nature, avec la forêt.
06:11Il est bienveillant, il est agréable à vivre, il est souriant.
06:15Ce n'est pas du tout un assassin, ce n'est pas du tout prévu.
06:18Et quand la Russie déclare la guerre à la Finlande,
06:20lui qui avait l'habitude de chasser les ours et les loups pour protéger son bétail,
06:24sa nouvelle proie, ce sont les Russes.
06:27Il va réussir à en tuer 542 en 113 jours.
06:31Il va tellement faire peur aux Russes que les Russes vont l'appeler la mort blanche,
06:34qu'ils vont penser qu'il est invincible, indestructible,
06:37à tel point que pour l'attaquer, on va l'attaquer comme si on attaquait un avion, comme si on attaquait un tank.
06:42On l'attaque au mortier, au canon, au fusil anti-char, à la balle explosive qui normalement est destinée à
06:46descendre les avions en plein vol.
06:48On met un contrat sur sa tête, le Russe qui réussit à tuer Simo a le droit de rentrer à Moscou, la guerre est finie pour lui.
06:55On dit de lui que la mort voyait en lui un si bel allié qu'elle était incapable de le laisser mourir.
07:03Et c'est son histoire que vous allez suivre aussi dans ce livre excellentissime,
07:06Les guerriers de l'hiver, qui est disponible aux éditions Michel Laffont.
07:10Vraiment, je vous le recommande.
07:11Et puis, je vous recommande aussi d'écouter Sébastien Bordenave, mais ça, ce sera dans un instant.

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