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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Thomas Isle reçoit chaque jour un invité.
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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 9h30, 11h, avec Thomas Hille.
00:04Et nous a rejoint dans ce studio un homme à l'ancienne qui laisse vivre ses poils en toute liberté,
00:10M. Olivier Benkemun, pour parler cinéma, et puis face à lui, c'est un bonheur d'accueillir un bonhomme d'aujourd'hui
00:18pour reprendre le titre de son nouveau spectacle, un humoriste dont la tournée est quasi complète.
00:23Il a enfourri depuis qu'il est arrivé.
00:26Donc s'il vient là, c'est vraiment parce qu'il n'avait rien de mieux à faire ce matin.
00:29Bonjour, je suis ravi, je me suis dit que c'est la première fois qu'on me présente comme ça,
00:32mais comment sait-il que je suis poilu ?
00:34Il laisse ses poils en toute liberté.
00:36Moi aussi, c'est la première fois qu'on me présente comme ça.
00:38Merci d'être là, c'est intéressant.
00:41D'ailleurs, le titre de votre spectacle, Bonhomme, parce qu'en fait vous interrogez ce que c'est d'être un homme aujourd'hui, c'est ça votre spectacle ?
00:48Oui, c'est exactement ça, et puis surtout ça faisait rire les gens qui m'entouraient quand je leur ai dit tiens,
00:52j'ai trouvé un nom pour mon prochain spectacle, Bonhomme, tout le monde me disait « Oh mais non, ça te va pas ? »
00:57Parce qu'un homme, c'est viril, ça abat des arbres, ça coupe du bois.
01:02C'est ça, il faut faire de la petite bûche.
01:04Et puis surtout, quand on dit un bonhomme en 2024, c'est positif, alors que bonne femme, c'est péjoratif.
01:08Oui, comment ça se fait ça ?
01:10C'est encore une injustice, alors qu'être un bonhomme, c'est être un homme bon et une femme...
01:15Mais bonhomme, il y a un côté viril un peu.
01:17Il y a un côté viril, mais je suis viril.
01:19Oui, c'est vrai.
01:21J'ai une autorité naturelle.
01:22Mais à l'inverse, le mot efféminé, il est plutôt péjoratif, alors qu'on pourrait le voir comme un compliment.
01:26Ça vient de femme finalement, donc c'est beau.
01:28Oui, c'est ça, mais de toute façon, je pense que le principal problème de tout ça,
01:32c'est qu'on met des mots et qu'on leur donne un autre sens que le premier sens.
01:36J'interroge là-dessus, mais c'est drôle, c'est une interrogation rigolote.
01:39Oui, bien sûr, et alors sur scène, dans le spectacle, vous portez une cape,
01:42une cape de super-héros avec la lettre J, je ne sais pas qui, ce mystérieux J.
01:47On va le découvrir, parce que vous avez le super pouvoir de faire marrer tout le monde,
01:52Oui, en fait, j'ai remarqué, souvent les gens disent,
01:55mais j'aimerais lui ressembler, je trouve qu'il a énormément de chance.
01:57Les gens disent ça.
01:58Oui, les gens projettent beaucoup de super pouvoir chez les autres.
02:01Et en fait, je me suis dit, mais c'est dingue, parce que ces super pouvoirs,
02:04on les a en nous naturellement et pourtant, on passe une partie de notre temps
02:07à désirer ce qu'ont les autres.
02:08Et c'est pour ça que vous dites aux gens de venir habiller aussi eux-mêmes en super-héros.
02:11Alors ça, parce que je trouve ça drôle et surtout, c'est de ne pas accorder de pouvoir au regard des autres.
02:16Parce que souvent dans notre vie, on se dit, j'aimerais tellement porter ça,
02:18mais les gens vont me juger.
02:19Donc, les gens viennent habiller en super-héros,
02:21ce qui fait qu'on a une espèce de sale carnaval.
02:24Et surtout, c'est un...
02:25Sébastien, c'est fou.
02:28Par exemple, il y a deux jours, j'ai eu un monsieur qui est venu habiller en peintre de bière.
02:33Et il m'a dit, ça, c'est mon super pouvoir.
02:34Donc, tu vois, ça détend, ça dédramatise.
02:38Et puis surtout, ça permet aux gens de se lâcher.
02:40Et je pense qu'on a vraiment, vraiment besoin de se lâcher.
02:43Et moi, j'ai l'impression de fêter mon anniversaire, d'avoir sept ans.
02:45Tous les soirs.
02:46Voilà, tous les soirs.
02:47Et puis surtout, on ne juge pas.
02:48Il y a vraiment des gens qui viennent habiller.
02:49Par exemple, j'ai eu des infirmières très...
02:51Ah oui.
02:52Un peu, oui.
02:53Très courte.
02:54J'ai eu des vampires.
02:55J'ai eu des trucs très, très bizarres.
02:58Et puis, il y a des gens aussi qui viennent avec des photos de leurs parents décédés.
03:01Ah, c'est charmant, ça.
03:02Parce qu'ils se disent, moi, c'était mon papa, mon super-héros.
03:03Sur un t-shirt.
03:04Sur un t-shirt et tout.
03:05Ça met une bonne ambiance.
03:06Ah oui, c'est festif, oui.
03:07C'est génial.
03:08Et vous questionnez d'ailleurs aussi sur les super-héros de nos jeunes, aujourd'hui.
03:14Vous, c'était qui, vos super-héros ?
03:15Moi, c'était Batman, Superman, etc.
03:18Et c'est vrai que mes enfants, aujourd'hui, regardent Peppa Pig.
03:21C'est quand même très inquiétant.
03:23Une tranche de jambon qui parle.
03:25Et Dora l'exploratrice, pour ceux qui ne la connaissent pas,
03:27c'est la fille qui crie carte, carte, carte.
03:29Elle parle moitié français et moitié anglais.
03:31En même temps, on a retrouvé sa mère, Afida Turner.
03:33Donc, la gamine l'a mal tournée.
03:35C'est-à-dire qu'elle a l'air qu'on a un culte à nos enfants, aujourd'hui.
03:38C'est vrai que c'est ça, les super-héros d'aujourd'hui.
03:40Mais oui.
03:42Des mecs habillés en pyjamas.
03:46Ce qui est problématique, plutôt, chez Peppa Pig,
03:48c'est surtout qu'ils sont tout le temps de profil.
03:50Dans la famille Peppa Pig.
03:52Oui, il n'y a pas de 3D.
03:54C'est quoi le point faible de Peppa Pig ?
03:56Non, mais c'est vrai.
03:58Le barbecue, un truc comme ça.
04:00Mais moi, je trouve qu'on ne peut pas se construire...
04:03Nous, on a appris quand même...
04:05Batman, il défendait la veuve et l'orphelin.
04:07Ça donnait envie.
04:08Je sais que j'ai appris le bien, le mal, grâce à eux.
04:11Vous vous souvenez de ce dessin animé ?
04:13Oui, bien sûr, elle épluchait les patates dans la cave.
04:15Voilà.
04:17Je me disais, c'est injuste.
04:19Donc non, quand je serai grand,
04:21je ne serai jamais comme ça avec quelqu'un.
04:23Et là, vraiment, on le voit chez les gamins aujourd'hui.
04:25Il suffit d'aller sur un terrain de jeu,
04:27et on se dit, bon, il y a des problématiques.
04:29Ils mangent des cailloux.
04:31Un gamin qui met des crayons dans les fesses de ses camarades,
04:33on leur trouve des excuses pour tout.
04:35Aujourd'hui, on va te dire, oui, il a besoin d'encre.
04:37Non, c'est inquiétant.
04:39Jari, quand on regarde votre public,
04:41c'est assez intéressant parce qu'il y a une très grande diversité.
04:43Vous arrivez à toucher
04:45tous les publics, toutes les générations,
04:47ce qui n'est pas évident dans le rire.
04:49On le dit souvent, d'ailleurs, en télé,
04:51vous avez dû l'entendre, cette phrase, le rire, c'est segmentant.
04:53On m'a dit, d'ailleurs,
04:55que j'étais très segmentant
04:57quand j'ai commencé à la télé.
04:59Et là, vous arrivez à rassembler l'art.
05:01Oui, mais j'ai du 7,77 ans, j'ai toutes les couleurs,
05:03toutes les religions, tous les âges.
05:05Et moi, je crois que je viens de cette culture-là,
05:07c'est-à-dire que je regardais à la télévision avec mes parents
05:09et on regardait toujours des choses pas gênantes.
05:11Et là, j'avais envie que dans ce spectacle-là,
05:13on puisse venir aussi
05:15et que toute la famille puisse regarder sans être gênée.
05:17Sans que ce soit lisse pour autant.
05:19Ce qui n'est pas évident.
05:21C'est un équilibre, quand même.
05:23Moi, plus la société se radicalise et plus
05:25sur scène, je prends de liberté.
05:27Et je pense que dédramatiser,
05:29c'est un mot aujourd'hui qui devrait être un peu
05:31une carte d'identité.
05:33Votre nouveau spectacle, Bonhomme, est en tournée,
05:35dans toute la France. Vous serez à l'Olympia
05:37ce soir, demain et samedi.
05:39Et au Dôme de Paris, les 4 et 5 avril.
05:41C'est phénomène. Mais c'est complet.
05:43Il faut se dépêcher.
05:45Le Dôme, il reste quelques places.
05:47Il reste quelques places au Dôme. Il reste quelques places à Grenoble
05:49le 23 novembre. Je regarde partout.
05:51Dernière place à Bruxelles, le 9 janvier.
05:53Quelques places à Lyon. Quelques places
05:55à Montréal. Allez à Montréal.
05:57Oui, allez à Montréal pour voir Jerry. Ça fait un beau voyage.
05:5914 février, si vous avez envie de venir.
06:01Avec votre amoureuse.
06:03C'est une belle Saint-Valentin.