Interview de Benoît Magimel, président du Jury de Deauville 2024
Interview et reportage autour de la 50e édition du Festival du Film Américain de Deauville 2024
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00:00Il est toujours très occupé, il tourne beaucoup, et pour nous, c'est toujours un plaisir de le voir et de le recevoir.
00:05En plus, on va parler aujourd'hui d'un nouveau rôle, M. le Président, Benoît Magimel.
00:10J'aime bien, j'aime bien.
00:12C'est vrai ? Ça faisait longtemps que vous vouliez être président ?
00:14J'y ai pensé dans ma jeunesse, et puis c'est vrai que c'est plutôt agréable d'entendre M. le Président de cinéma.
00:24Vous êtes président de ce cinquantième anniversaire du Festival de Deauville, mais vous n'avez jamais joué non plus de président au cinéma.
00:29Non, et puis 50, c'est mon âge, donc je me suis dit...
00:32Ah, c'est ça, c'est le point commun.
00:34Vous avez entendu parler de ce festival, parce que je crois que c'est aussi votre première fois à Deauville.
00:38C'est la première fois que je viens, oui.
00:40C'est une ville qui a quelque chose de mythique, en fait, évidemment.
00:44C'est vrai que j'étais toujours curieux quand j'entendais parler de ce festival.
00:48C'est le festival du film américain, donc il n'y avait pas la place pour moi.
00:52Juste membre du jury, c'est bien.
00:54Et qu'est-ce qui vous évoque alors ce cinéma américain ?
00:57Qu'est-ce qui m'évoque ? Simplement, ce que je trouve toujours frappant chez...
01:01Là, les deux films que j'ai vus jusqu'à présent, c'est la faculté qu'ils ont de poser un regard critique sur leur monde,
01:10sur le monde dans lequel on vit.
01:12C'est vraiment vivant.
01:14Ils ont une facilité à raconter leur histoire, et leur histoire contemporaine.
01:18Ils n'attendent pas un siècle pour le faire.
01:21C'est vrai.
01:24Ils sont très rapides pour dresser un constat,
01:28mais en tout cas, poser un regard sur ce qui a marqué leur société et le monde à travers eux.
01:34Moi, j'ai été élevé un peu avec les films des années 70, les films de Cimino,
01:39qui me marquaient beaucoup.
01:41Même, peut-être une fois dans l'Ouest, de Léon, ça parle de la fin d'un monde,
01:45ça parle de société, ça parle du monde dans lequel on est.
01:48Vous avez démarré très tôt votre carrière, mais est-ce que déjà,
01:50vous aviez envie de faire ce métier grâce au cinéma américain ?
01:53Oui, c'est le cinéma américain, clairement.
01:55A chaque fois, je passe un petit message à Eddie Mitchell,
01:59parce que la dernière séance, c'était une fenêtre sur ce cinéma américain,
02:05sur ces westerns, d'abord, qui racontent si bien le monde dans lequel on vit,
02:09et tous ces grands cinéastes dont ils parlaient, ces grands acteurs.
02:12Il y avait les ciné-clubs aussi, sur France 3.
02:15C'est vrai que ça, c'était fantastique.
02:17Et puis, on a eu la chance d'avoir Michael Douglas.
02:20Moi, j'ai eu la chance de rencontrer son père.
02:22Il y a vraiment une trentaine d'années,
02:24et je m'étais beaucoup identifié à Kirk Douglas,
02:26parce qu'on a la même faussette.
02:28C'est vrai ?
02:29Bien sûr.
02:30C'est notre Kirk Douglas.
02:31Il avait des petits cernes et tout, et j'aimais bien, en fait.
02:33Je crois que de Viking aux Ensorcelés, de Vicente Minelli,
02:38c'est vraiment un acteur qui me fascinait,
02:42et dans lequel je m'identifiais beaucoup à lui.
02:45Vous lui avez dit à Michael ?
02:46Bien sûr.
02:47Il m'a dit, tu me fais penser à mon petit frère.
02:50Je lui ai dit, je crois que c'est la marque de fabrication.
02:54Quelqu'un de très élégant.
02:56Michael Douglas, je le rencontre en 2016,
02:58quand je reçois un César pour la tête haute.
03:01Je le vois, il avait eu un César d'honneur.
03:04Il est dans les coulisses, il s'en va, il rentre chez lui.
03:06Il s'arrête, il se retourne et il vient me voir.
03:08Il marche franchement, il fait 40 mètres.
03:10Pour m'y observer la main,
03:12pour me féliciter de ce que j'avais dit,
03:14qu'il avait été très touché par mes mots.
03:16Ça fait plaisir.
03:18C'est super de voir ces immenses acteurs
03:20prendre deux minutes pour venir vous saluer.
03:22Et là, vous l'avez recroisé à l'ouverture.
03:24Oui.
03:25J'ai fait des belles photos avec lui.
03:27C'est un prix d'honneur.
03:29Non, c'est vraiment des gens d'une gentillesse rare.
03:33Oui, quand on dit souvent, les plus grands sont les plus simples.
03:36Je crois.
03:38Alors là, vous allez passer tout le festival à voir des films.
03:40Vous allez en voir 14, peut-être plus,
03:42mais en tout cas, vous êtes obligés d'en voir 14,
03:44des films en compétition, dont 8 d'ailleurs premiers à long métrage.
03:46Ça vous arrive rarement, je suppose,
03:48d'aller autant de fois au cinéma.
03:50Oui, c'est vrai.
03:52C'est vrai que j'ai cette mauvaise habitude de la VHS.
03:54Moi, j'étais élevé au vidéoclub.
03:56J'ai eu la chance d'avoir parfois une salle,
03:58de me proposer de faire une salle.
04:00J'ai une fois organisé un ciné-club.
04:02Donc, c'est agréable de voir les films en grand
04:04et puis de les partager avec des amis,
04:06les partager avec des gens.
04:08Là, on est dans une salle magnifique ici.
04:10Je ne m'attendais pas à une salle aussi importante,
04:12aussi grande.
04:15Pour les voir, c'est formidable.
04:17Quel genre de spectateur vous êtes ?
04:19Je crois que je suis un bon spectateur.
04:21Je suis un bon client.
04:23Moi, j'aime tout.
04:25J'aime beaucoup de choses.
04:27J'aime les choses un peu différentes.
04:29Par exemple, les deux films qu'on a vus
04:31qui parlaient de liberté et d'espoir.
04:33Je les ai trouvés vraiment les deux extrêmement intéressants.
04:35En tout cas, vous connaissez bien l'univers des festivals.
04:37Vous avez présenté souvent des films.
04:39Qu'est-ce que ça représente aussi,
04:41de montrer un film dans un festival ?
04:43C'est vraiment un moment,
04:45moi, je trouve important,
04:47de parler avec les gens,
04:49de leur faire plaisir,
04:51et puis de parler de cinéma.
04:53Vraiment, on parle de cinéma. On aime ça, en fait.
04:55On parlait il y a quelques instants de l'audace du cinéma américain
04:57et de leur capacité à affronter leur histoire.
04:59Vous allez quand même être le 18 septembre
05:01à l'affiche de « Ni chaîne, ni maître ».
05:03C'est un premier film du scénariste Simon Monterroux.
05:05Et là, quand même,
05:07c'est un film, justement, je trouve,
05:09qui s'inscrit dans cette lignée du cinéma américain,
05:11d'affronter l'histoire,
05:13parce que ça parle de l'esclavage, à l'île Maurice.
05:15Oui, vous avez raison, en fait.
05:17Pourquoi ? Je crois que c'est peut-être un des premiers,
05:19d'ailleurs, qui traite de ce sujet.
05:21C'est un sujet, on s'étonne quand même
05:23que ça ait mis autant de temps à se faire.
05:25À nous laisser en porte-écran.
05:27La guerre d'Algérie, c'est pareil.
05:29Vous voyez, il y a des traumas, quand même, dans notre société.
05:31On a du mal à les mettre en image,
05:33en parler.
05:35Je pense qu'on devrait
05:37le faire plus souvent, plus rapidement.
05:39Il faut d'ailleurs aller loin
05:41pour justement, parfois, montrer aussi les choses
05:43et la vérité d'une époque.
05:45Oui, sans complaisance,
05:47mais c'est un regard parmi tout ça.
05:49Et c'est vrai que ce qui est triste,
05:51c'est qu'il n'y en ait pas eu d'autres
05:53et qu'il n'y en a pas d'autres encore.
05:55Voilà, c'est pour ça que le cinéma américain,
05:57en ça, il a cette force.
05:59On devrait en tirer plus de leçons, justement.
06:01Alors, justement, pourquoi est-ce que vous n'avez pas tourné
06:03encore pour le cinéma américain ?
06:05Parce que les mecs comme moi, ils en ont plein.
06:08Ils n'ont pas besoin de moi, franchement.
06:10Ils n'ont pas besoin de moi,
06:12ils ont tout ce qu'il faut.
06:14Mais ils ont fait tourner Marion Cotillard,
06:16Camille Cotin, Tarhaïm.
06:18Oui, mais il faut avoir un emploi,
06:20il faut trouver l'emploi.
06:22Ah, moi j'aimerais un western.
06:24Vous savez, je cherchais un western,
06:26mais avec l'histoire française.
06:28J'aimerais justement trouver quelque chose
06:30qui soit proche de cette culture, la mienne.
06:32Comme quand j'étais minot,
06:34on me disait, oui, qu'est-ce que tu penses
06:36Même si j'étais très admiratif,
06:38j'avais besoin d'aller chercher
06:40des références françaises,
06:42parce que c'est plus proche de moi,
06:44c'est plus proche de mon histoire.
06:46Alors moi, j'allais citer, en me racontant un peu,
06:48Jules Berry, Michel Simon,
06:50mais parce que c'était des acteurs…
06:52C'était votre casting idéal.
06:54Oui, on parlait de l'acteur studio,
06:56mais regardez Michel Simon,
06:58regardez Boudu Sauvé des Eaux,
07:00regardez la mise en scène de Renoir,
07:02c'est d'une modernité incroyable.
07:04Quel est le cinéma pour vous ?
07:06Le cinéma américain,
07:08le cinéma de manière globale ?
07:10Oui, ou nous, en France.
07:12Je ne peux pas porter…
07:14Là, tout de suite, je ne saurais pas dire,
07:16mais le meilleur reste à venir.
07:18Moi, j'aime bien, Manuel.
07:20J'ai posé une question à Michael Douglas
07:22sur Le Tapirot, je lui ai demandé
07:24quel est son rôle préféré
07:26dans tous les rôles qu'il a joué au cinéma.
07:28À votre avis, il m'a répondu quoi ?
07:30Le rôle qu'il a eu le plus de plaisir à faire,
07:32la paranoïa de Fincher dans The Game.
07:34Ça aurait pu.
07:36Ça aurait pu.
07:38Est-ce qu'il s'est éclaté dans
07:40La Fosse du Diamant Vert,
07:42dans une comédie, dans un truc plus expressif ?
07:44Je ne sais pas.
07:46Je vous la donne, Chute libre.
07:48Oui, bien sûr, Chute libre.
07:50Chute libre.
07:52Je n'y ai pas pensé, mais oui.
07:54Il y en a tellement en même temps.
07:56Chute libre, c'est vraiment le film
07:58qu'il caractérise dans les années 80-90.
08:00C'est un film, on a tous eu envie de le ressembler.
08:02C'est vrai que,
08:04dans mes souvenirs, c'était extrêmement violent.
08:06C'est vrai.
08:08Il y avait même This Is La Peste,
08:10le rappeur qui avait fait un...
08:12Je pète les plombs.
08:14C'était très réussi.
08:16Mais c'est vrai qu'on avait tous sorti du cinéma
08:18à cette époque, on était tous comme des fous.
08:20Puis son look, surtout.
08:22Sa chemise, sa cravate, ses lunettes.
08:24Vous savez quoi, on va se quitter sur This Is La Peste,
08:26mais j'ai une question avant,
08:28le festival de Deauville a choisi 50 films américains essentiels.
08:30Ils ont fait une liste incroyable.
08:32Je vous en propose 3,
08:34vous me dites celui que vous aimeriez voir ou revoir.
08:36Vous les avez tous vus.
08:38L'Exorciste, Virgin Suicide de Sofia Coppola
08:40ou Edouard aux mains d'argent ?
08:42L'Exorciste.
08:44Je l'ai découvert il y a 2 ans.
08:46Et ce film, il est extraordinaire.
08:48C'est un film qui m'a toujours foutu la trouille.
08:50Mais je ne pensais pas
08:52que c'était un film aussi puissant
08:54et aussi intelligent.
08:56Et si vous deviez rajouter un film à la liste ?
08:58Voyage au bout de l'enfer.
09:00Ben oui, Chimino bien sûr.
09:02Non mais il était une fois dans l'Ouest.
09:04Ah oui aussi, ok.
09:06C'est celui que je préfère en fait.
09:08J'ai le plus de plaisir en fait.
09:10Merci beaucoup Benoît.
09:12Je vous en prie.