• il y a 3 mois
Le Conseil économique, social et environnemental tire la sonnette d’alarme : l’État doit soutenir les enseignants qui appliquent les trois séances annuelles obligatoires d’éducation à la sexualité prévues au long de la scolarité. C’est une question de santé publique car les jeunes sont de moins en moins bien informés. 

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Transcription
00:00Normalement, vous saviez qu'il doit y avoir trois séances obligatoires d'éducation à la sexualité par an,
00:08de la sixième à la terminale. Et apparemment, ce n'est pas toujours le cas.
00:12Et avec nous pour en parler ce matin, Madame SVT. C'est comme ça qu'on vous connaît sur les réseaux sociaux.
00:18Camille Magret, vous êtes professeure de sciences et vie de la terre et créatrice de contenus pédagogiques.
00:23Est-ce qu'elles ont lieu, ces trois séances annuelles ?
00:27Eh bien, il y a deux tiers des jeunes qui affirment n'en avoir jamais bénéficié.
00:31Alors, je pense qu'il faut un petit peu tempérer tout ça, que certains en ont eu sans forcément se rendre compte.
00:37Parce qu'en SVT, par exemple, ça fait partie du programme. Mais oui, en effet, c'est très peu respecté.
00:42Trois séances par an, par niveau.
00:44Alors justement, on est allé voir des adolescents. Certains ont vécu ces cours et d'autres non.
00:50Voilà comment ils les vivent.
00:53Il y a eu quatre cours de sexualité. Donc des gens spécialisés qui sont venus nous apporter des connaissances sur les moyens de contraception pour se protéger.
01:04Ils nous ont juste dit comment appliquer une capote, que c'était important pour ne pas refiler les MST.
01:09Ils nous en parlent, mais il n'y a pas vraiment de débat où nous, on ne peut pas vraiment s'exprimer.
01:13Du coup, c'est surtout, ils nous montrent des vidéos et on regarde les vidéos et c'est tout. Du coup, je trouvais ça un peu dommage.
01:18Les enseignants ne sont pas à l'aise, Camille ?
01:21Alors, les enseignants ne sont pas à l'aise et surtout, ils ne sont pas forcément formés sur la question.
01:26Il y a des formations spécialisées. Ce n'était pas partie de notre cursus de base.
01:31Donc, il faut se former. C'est un budget pour aussi l'établissement, pour le rectorat.
01:36Budget qu'il n'y a pas forcément. Donc, c'est vrai que ça peut être compliqué.
01:39On fait venir des intervenants extérieurs, bisexuels par exemple, qui sont vraiment formés sur la question.
01:44Mais c'est pareil, c'est toujours un budget. Donc, c'est toujours difficile des fois pour l'établissement de mettre ça en place.
01:49Mais il faut qu'ils soient formés à quoi ? Pardon, je voudrais comprendre dans le détail.
01:54À quoi correspond cette formation pour les enseignants ?
01:58Alors, en fait, l'éducation à la sexualité, ça fait partie de ce qu'on appelle l'EARS.
02:03Donc, l'éducation affective, relationnelle et sexuelle, qui englobe et du coup, la sexualité,
02:08mais aussi tout ce qui est, par exemple, style de harcèlement, estime de soi, etc.
02:13Et en fait, il y a quand même une façon d'écouter les jeunes, une façon d'aborder l'émotion.
02:18Donc, il faut se former à ça. Vraiment, j'ai fait deux jours de formation en février et c'est vrai que ce n'est pas inutile.
02:25Ce n'est pas quelque chose qui est forcément évident.
02:27Et le fait d'être formé, ça rassure parce que certains sont forcément pas à l'aise avec le sujet, ce que je peux totalement comprendre.
02:33Parce qu'il y a un vrai besoin. Je crois que dans l'exercice quotidien de votre métier,
02:38vous vous étonnez des questions et de l'absence de connaissances que peuvent avoir nos adolescents sur ces questions essentielles.
02:46Oui, des fois, c'est vraiment très inquiétant.
02:49Par exemple, il y a quand même 37% des 15-24 ans qui pensent qu'ils ont moins de risque d'attraper le sida que les autres.
02:57Sans absolument aucune raison, en théorie.
03:00Il y a 18%, c'est énorme, qui pensent que le paracétamol les protège de la transmission du sida.
03:06Voilà, c'est vraiment inquiétant.
03:09Mais est-ce que dans ces cours d'éducation sexuelle, il y a un chapitre sur le préservatif ?
03:15Comment on le met ? Pourquoi on le met ?
03:18Alors, ça fait partie pour le coup du programme de l'SVT en cycle 4, qui est souvent vu en quatrième,
03:23et qu'on revoit ensuite en seconde.
03:26Les professeurs de l'SVT, le fond, parlent de la contraception.
03:29Ça fait vraiment partie du programme.
03:31Il y a un problème d'éducation. Il y a encore un tabou, Johanna, autour de ces questions. Quel est le problème ?
03:37Le problème, c'est que très souvent, les adultes, les parents et parfois même les enseignants
03:42pensent qu'informer, ça veut dire inciter.
03:45Voilà, donc c'est pour ça qu'on a du mal, quand on est un adulte, à parler à sexualité avec son élève ou avec son enfant.
03:51En réalité, informer, c'est réussir à faire de la prévention, c'est éclairer les enfants.
03:55Et en rien, ça ne les incite à des comportements qui seraient répréhensibles,
03:59ou en rien, ça précipiterait une activité sexuelle, alors qu'ils ne sont pas prêts, pas mûrs pour ça.
04:04Moi, ce qui m'étonne, Madame Camille, c'est que nos enfants, ils ont accès à tout.
04:10C'est très facile, d'un coup de souris.
04:13Et là, sur un sujet aussi sensible que celui-là, aussi intime, il y a des lacunes considérables.
04:19Oui, bien sûr. Alors, ils ont accès à plein d'informations grâce à Internet, sur leur téléphone,
04:26mais malheureusement, ils ont aussi accès à énormément de fake news,
04:29notamment la fois où Donald Trump avait déclaré qu'on avait un vaccin contre le sida.
04:35Ce n'est pas le cas. Ils ont aussi accès à la pornographie.
04:38Des choses qui, forcément, vont influer sur leur sexualité.
04:43Est-ce que vous êtes OK avec le fait que ces cours d'éducation sexuelle se déroulent,
04:48et c'est peut-être aussi là le problème, dans des classes où les filles sont séparées des garçons ?
04:53Du coup, ça pose un problème défectif, il faut doubler le cours.
04:56Oui, pourtant, les cours d'éducation à la sexualité, on ne sépare pas toujours les filles et les garçons.
05:04Ça dépend un petit peu aussi de l'âge, parce qu'évidemment, on ne va pas faire les mêmes interventions en sixièmes
05:09qu'en terminale, bien sûr, parce qu'ils n'ont pas du tout le même rapport à tout ça.
05:13Parler de sexualité, ce n'est pas forcément non plus avoir une sexualité active,
05:17donc forcément, des fois, c'est intéressant de le faire quand on se sépare,
05:21et des fois, c'est intéressant de le faire au contraire, de mélanger les filles et les garçons
05:25pour avoir un retour, puis se communiquer entre eux, parce que finalement, on se base sur leur retour à eux.
05:30D'un mot, lorsque vous abordez le sujet, ils ont quelle attitude ? Ils sont gênés ? Ils sont quoi ?
05:35Alors, ça dépend. Il y en a certains qui sont gênés, il y en a certains qui rigolent,
05:42alors ça dépend, pareil, ça dépend toujours de l'âge, qui rigolent un petit peu,
05:45et il y en a qui sont vraiment intéressés, qui posent des questions, qui osent poser des questions,
05:49mais qui ne sont pas forcément informés à la maison non plus,
05:52mais qui trouvent du coup des réponses à leurs questions.

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