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Saphia Guereschi, infirmière scolaire et secrétaire générale du syndicat Snics-Fsu revient sur une actualité préoccupante, les jeunes en Europe sont de moins en moins nombreux à utiliser un préservatif pendant leurs rapports. Ce constat de l'OMS se vérifie au quotidien chez les infirmières scolaires. Pour notre invitée, cette situation est liée au manque d'information et de cours d'éducation à la sexualité. 

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00:008h14, l'heure de l'invité d'actualité, une actualité préoccupante aujourd'hui puisque les jeunes en Europe, pas seulement en France, sont de plus en plus nombreux à ne plus utiliser de préservatifs.
00:09Entre 2014 et 2022, le pourcentage d'ados ayant utilisé un préservatif lors du dernier rapport est passé de 70 à 61 % chez les garçons, de 63 à 57 chez les filles, chiffre issu de la dernière enquête de l'OMS.
00:23Et on en parle avec vous, Safia Girechi, bonjour et bienvenue. Vous êtes infirmière scolaire au Collège de Puyset, j'espère que je prononce bien.
00:31C'est à Saint-Fargeau dans Lyon, également secrétaire générale du Syndicat national des infirmières et conseillères scolaires.
00:36Le constat dont on vient de parler et dont on a vu les chiffres, constat de l'OMS, est-ce que c'est quelque chose que vous, vous vérifiez au quotidien avec les jeunes ?
00:43Est-ce qu'effectivement, chez vous aussi, ils se protègent moins ?
00:46Oui, effectivement, chez nous aussi, chez les infirmières scolaires en général et dans l'établissement dans lequel je travaille, effectivement, on peut constater que les élèves n'ont pas les séances d'éducation à la sexualité auxquelles ils ont droit, malgré une loi de 2001.
01:00Et ça a fait l'objet aussi d'un collectif qui s'est mis en place l'année dernière où on a publié un livre blanc pour une véritable éducation à la sexualité.
01:08Donc ils ne sont pas assez informés, donc ils ne pensent pas mettre de préservatif ?
01:11Voilà, il y a la notion d'information et moi je voudrais revenir aussi sur ces jeunes et je sais qu'ils sont nombreux à nous écouter.
01:18Là, avec cette enquête, on a tendance à les considérer comme irresponsables.
01:25Non, ils ne sont pas irresponsables, ils sont très soucieux de leur santé, de leur sexualité, mais c'est vrai qu'ils n'ont que 15 à 20 % des séances auxquelles ils ont le droit.
01:34Ils sont 30 % à se dire mal informés et c'est vrai qu'il y a une profusion d'informations qui n'est pas une information fiable et vérifiable, qui n'est pas celle qui peut être donnée par l'école.
01:44Et ils ont du mal à faire le tri dans toutes ces informations-là.
01:47Alors on va revenir évidemment sur le travail de l'école, mais juste avant, peut-être rappeler tout simplement pourquoi il est important de se protéger.
01:54Oui, alors c'est vrai, voilà, on va s'adresser aux jeunes aujourd'hui.
01:57Pourquoi il est important de se protéger ?
01:58Simplement parce que par la sexualité, qui est un vecteur d'épanouissement et de plaisir, il y a aussi des risques.
02:04Et donc il y a des maladies sexuellement transplicibles, des infections, et le préservatif, c'est une façon très fiable de se protéger.
02:11Il y a aussi les grossesses, c'est quelque chose qui se travaille, qui se décide et qu'on peut partager.
02:20Mais maintenant, du coup, souvent quand ils rentrent dans la sexualité, ils pensent qu'on ne peut pas tomber enceinte dès les premiers rapports.
02:27Il y a beaucoup de jeunes filles qui le pensent.
02:29Ce qui est faux évidemment.
02:31Donc dès les premiers rapports, il faut utiliser le préservatif et ils sont accessibles partout et gratuitement.
02:36Pendant longtemps, c'était un frein, l'économie ou le fait de pouvoir en trouver.
02:40Dans toutes les infirmeries aujourd'hui, ils y ont accès gratuitement et également dans toutes les pharmaces.
02:45J'aimerais qu'on revienne sur cette information, l'accès à l'information pour les jeunes concernant les protections et le préservatif notamment.
02:53Vous disiez qu'il n'y a pas ce qu'il faut en cours.
02:55On ne fait pas les cours.
02:57C'est trois cours par an, je crois, obligatoire.
02:59Trois séances d'éducation.
03:01Comment vous expliquez que ça ne soit pas fait ?
03:03Est-ce que les profs ne veulent pas ? Est-ce qu'ils ne sont pas formés ?
03:05Est-ce qu'ils n'ont pas le temps ? Pourquoi ?
03:07Il y a plusieurs facteurs.
03:09Il y a une loi qui dit bien trois séances d'éducation à la sexualité tout le long de la scolarité.
03:13C'est-à-dire qu'on va commencer à l'école primaire et ça se finira à l'université.
03:17De toute façon, on continue même à l'âge adulte.
03:20Il faut quand même le dire, la sexualité, c'est quelque chose qui évolue.
03:23Il y a une loi ambitieuse et à l'éducation nationale, il y a peu de moyens.
03:28Je fais partie d'une fédération, la fédération syndicale unitaire,
03:31qui a vraiment une ambition pour l'école qui est celle d'émanciper les jeunes,
03:36y compris en éducation à la sexualité.
03:39Du coup, il n'y a pas assez de personnel.
03:41Ils ne sont pas assez bien formés.
03:43Il y a quelques référents en éducation à la sexualité,
03:47mais c'est seulement maintenant que l'éducation nationale va sortir un programme,
03:50que l'ensemble des enseignants vont pouvoir y participer,
03:53qu'on n'a pas assez d'infirmières, par exemple,
03:56alors que le fait de faire de l'information collective, c'est une chose.
04:01Mais ensuite, on touche à un sujet intime et il faut pouvoir recevoir les jeunes
04:04parce que l'éducation à la sexualité, c'est aussi le choix de son intimité
04:08qu'on ne partage pas avec la classe.
04:10Il y a aussi, j'imagine, le rôle de la famille, des parents.
04:12Tout ne peut pas reposer sur l'épaule des profs.
04:15On a l'impression que c'est un sujet tabou. C'est français ?
04:17C'est un sujet difficile.
04:19Que disent les parents ?
04:21La majeure partie des parents attendent de l'école qu'on les aide.
04:24C'est la co-éducation sur tous les sujets.
04:26Et donc, qu'on les aide à éduquer leurs enfants.
04:28Sur la sexualité, il y a beaucoup de parents qui ne se sentent pas
04:31parce qu'ils n'ont pas eu d'éducation à la sexualité
04:33ou parce que c'est leur enfant.
04:35Ce n'est pas quelque chose de facile.
04:37Surtout, l'âge à puberté, l'adolescence, la relation,
04:39elle n'est pas toujours très évidente.
04:41Il y a beaucoup de parents, la majorité,
04:43qui attendent une co-éducation de l'école.
04:45Ils prendront leur part dans la mesure où ils s'en sentent capables.
04:48Mais c'est vrai qu'à l'école, on peut faire beaucoup
04:51ou d'autres acteurs associatifs notamment.
04:53Est-ce qu'il y en a qui ne veulent pas de cette éducation ?
04:56Parce que certains disent que ça inciterait les adolescents à passer à l'acte.
05:00Ça, ça existe ?
05:01Je pense que c'est important qu'on en parle aujourd'hui
05:03parce qu'il existe une frange très minoritaire de parents
05:07qui sont victimes, je dirais, de groupuscules
05:11plus réactionnaires, politiques et qui véhiculent
05:16une vision erronée de ce que peut être l'éducation à la sexualité.
05:22Et je tiens à le dire ici parce que sur les réseaux sociaux
05:25et notamment, beaucoup d'infirmières sont agressées
05:28par des parents qui sont victimes de cette désinformation.
05:31Donc non, on n'apprend pas aux élèves à l'école maternelle
05:35à se masturber. On ne les déshabille pas.
05:38On leur apprend quoi ?
05:39On ne les apprend pas à se permettre.
05:40On leur apprend la relation à l'autre parce que la sexualité,
05:43souvent, déjà, ça commence par le respect de l'autre,
05:46la connaissance de ses sentiments, des sentiments d'autrui
05:50et le respect et le consentement.
05:51Est-ce qu'il y a une différence dans l'accès à l'information
05:55pour tous ces jeunes dès le plus jeune âge
05:57entre un milieu rural et un milieu urbain ?
06:00Est-ce qu'on a les mêmes moyens d'informer ?
06:03Est-ce qu'on en parle de la même manière ?
06:05Non. On n'a déjà pas le même moyen, ne serait-ce qu'en infirmier,
06:09puisqu'on va avoir beaucoup moins d'infirmiers dans les lieux de vie,
06:12dans les établissements scolaires, quand on est en milieu rural
06:15que quand on est en milieu urbain.
06:16Donc déjà, ça, c'est un déficit d'accès à l'information.
06:19Mais ensuite, on n'a pas tous les partenaires extérieurs
06:21qu'on peut avoir quand on est en milieu rural.
06:24C'est quoi, c'est le planning familial, par exemple ?
06:25On a, par exemple, le planning familial.
06:27On a aussi les CDAG.
06:28On a des associations aussi pour les minorités sexuelles
06:32d'accueil, d'écoute, l'accompagnement des familles.
06:35Les CDIFF aussi, qui accompagnent aussi à la parentalité.
06:39Tout ça, on va avoir beaucoup moins.
06:41Donc il y a toujours cette difficulté d'accès,
06:43mais qui est récurrente en France, dans d'autres sujets aussi,
06:45d'accès des jeunes à l'information en zone rurale.
06:49Merci, Safia Gherechi, pour votre témoignage ce matin.
06:52Merci d'être venue le dire ici, dans Télématin.
06:55Vous êtes infirmière dans un collège de Lyon,
06:57et donc secrétaire générale du Syndicat national des infirmières
07:00et conseiller scolaire.

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