« Je n’ai jamais eu peur. » Jacques Lemanissier avait 16 ans lors du débarquement. Pour neo, il raconte comment il a vécu les événements.
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00:00Il n'y en a que pour leur gueule, les Américains.
00:02Quand on te parle des débarquements, tu te vois avec des Américains.
00:04Ils sortaient et disaient « Je vais m'en faire une ce soir ».
00:07Alors la méchante gamine qui allait traire les vaches, il est violé.
00:10Alors un jour, il y a un bonhomme, le père d'une fille qui vient et dit « T'es dégueulasse ».
00:16Il commence à l'engueuler l'autre, il sort son pétard, il a tué le bonhomme.
00:19Il a fait « Pouf ».
00:20La guerre, c'est une connerie.
00:23Et à l'époque, je ne me rendais pas compte.
00:26Je m'appelle Jacques Lemanissier, j'avais 16 ans au débarquement
00:31et j'ai vécu les événements avec toute mon insouciance.
00:36A 16 ans, on ne réfléchit pas comme à 30 ou 40 ans.
00:39C'est pour ça qu'on fait la guerre avec les gamins.
00:41J'ai jamais eu peur.
00:44La veille du débarquement, le 5, j'étais avec mon cousin.
00:48On monte au clocher.
00:49« Capitaine Vincent, vous voyez déjà des éclairs sur camp ?
00:52Vous voyez déjà des éclairs sur camp ?
00:54Camoufles-toi, mon petit gars, camoufles-toi. »
00:56Il y avait des gendarmes de la guerre de 14.
00:59Et alors, nous nous sommes réfugiés, nous, les gens du village,
01:03une centaine dans les capes du château.
01:05J'avais mon père, ma mère et ma tante.
01:08Toute la nuit, ça pétait.
01:10On avait deux bouchées, il a dit.
01:12« Mon vieux, on ne va pas rester à crever la dalle. »
01:14On a tué deux vaches et puis on les a bouffées.
01:17Et puis on avait du pain qui nous restait.
01:20« On va aller chercher notre pain.
01:21Quand même, on ne va pas le laisser pourrir, notre pain. »
01:24On sort, puis pof, on se fait tirer dessus
01:27par les Allemands qui étaient à 150 m à la mitraillette.
01:31Ça ricochait, mon vieux, j'ai eu une bonne balle.
01:33270 morts la première journée où j'étais.
01:38Ça canardait.
01:39Les vaches, les cochons, tout ça, tous les animaux dans les champs.
01:44Ça sentait mauvais.
01:46C'est pas beau, vous savez, la guerre.
01:49C'est atroce.
01:50Mais avec mes 16 ans, on ne voit pas tout ça.
01:52Comment, à 16 ans, on vit ça ?
01:54Comme une aventure.
01:57Mais mon pauvre vieux, j'ai vu les millions de garde-cœurs piqués
02:03tomber comme des mouches.
02:05J'étais avec le brigalier.
02:07« Ah, mon petit gars, qu'est-ce que tu fais ? »
02:09Il était aplavant dans le fossé.
02:11Moi, j'étais en haut.
02:12Je regardais ça comme au ciné.
02:16Inconscient, tu sais, complètement ravagé.
02:22Bon, alors, il y a un officier canadien qui est arrivé.
02:25Il a dit « Bon, demain, on attaque.
02:27Tous les civils, faut dégager. »
02:30Là, ça fait drôle.
02:32Quand tu pars avec ta petite valise,
02:34tu laisses tout tomber, tout ce que t'as comme affaire.
02:37Tu vois la partie, tu sais pas où.
02:38En partant, les mecs creusaient les tombes pour retirer les gars.
02:42J'ai vu des tas de fringues des gens qui étaient morts
02:45parce que les gars qui étaient tués récupéraient les fringues.
02:48Et vous saviez que ce que vous visiez de débarquement,
02:50ça allait être une période historique et décisive dans l'histoire ?
02:54Ah ben, bien sûr.
02:55Mais c'était pas nécessaire de pilonner,
02:58de nous casser la gueule comme ça,
03:00de détruire.
03:01Il n'y avait personne.
03:03On se faisait casser la gueule et puis il fallait dire merci.
03:06On te barbite la gueule.
03:08On te bousille.
03:10T'es tout au fourbi et puis merci.
03:12Quand on te parle du débarquement,
03:14tu te vois avec des Américains.
03:15Ils n'ont que des intérêts et leurs drapeaux.
03:17Ils n'ont rien à foutre de ta gueule.
03:19Eh ben, moi, je te dis.
03:20Ils ont laissé beaucoup de traces, ces Américains.
03:23J'en ai vu des grands gaillards.
03:24Ils faisaient presque deux mètres.
03:26Des petits Allemands, tu sais, de 17 ans, 16 ans.
03:29Mais des Britanniques.
03:30Ils les attrapaient par les jambes.
03:32Ils leur feraient casser la tête sur les murs.
03:35Ils attrapaient les deux.
03:37Paf !
03:38Comme ça qu'ils les tuaient.
03:39Ils méritaient d'être tués,
03:41mais pas de cette façon-là.
03:43La guerre, c'est une connerie.
03:45Mais tu sais, la propagande, c'est terrible.
03:49Terrible.
03:50Faut voir la propagande allemande.
03:51Un dimanche, on était tranquilles.
03:54Mon patron était tué.
03:55Avec nous, qui tapaient des coups de pied dans le cul.
03:58Les apprentis, ça allait bien.
04:00Seulement avec les Allemands, c'était pas pareil.
04:02Ils voulaient des Allemands
04:04qui étaient en train de prendre des matelas.
04:07Qu'est-ce que vous faites ?
04:08Ah, mais nous, on prend les matelas pour dormir.
04:11Vous allez remettre les matelas à leur place.
04:13Arrive un officier allemand.
04:15Qu'est-ce qu'il se passe ?
04:17Alors, l'Allemand explique.
04:19On avait pris les matelas pour faire ceci,
04:22mais le Français, il a dit de les remettre.
04:24Qu'est-ce qui nous fait chier celui-là ?
04:26Il a pris son pétard et puis il a descendu le même.
04:29Qu'est-ce qu'on serait devenus avec les Allemands ?
04:33Après le débarquement,
04:36t'aurais vu un petit peu le travail.
04:38On allait se balader.
04:40Un jour, je vais dans un char.
04:42Il y avait un mec
04:44qui faisait à peu près comme ça,
04:46calciné complètement.
04:47Je mets mon doigt sur...
04:50Chut !
04:52Il est tombé.
04:54Ah, ça fait drôle.
04:56Ah, les guerres, c'est pas beau.
04:58Il y en a eu toujours et il y en aura toujours.
05:00Voilà, c'est gentil.
05:02Il a preuve.
05:03Il n'y a qu'à voir, ça se déplace.
05:06Ça m'a cassé ma jeunesse.
05:08Jouer de pilote d'avion,
05:10j'ai pas question.
05:11J'ai fait avec, j'ai quand même fait mon trou,
05:13mais pas comme j'aurais voulu.
05:16Je suis content de ce que j'ai fait
05:17parce que ce que j'ai fait,
05:19j'ai toujours été un winner.
05:23Je suis un gagnant.
05:25Je suis un gagnant.
05:26Qu'est-ce que tu veux ?
05:26C'est le numéro un.